Les chiffres officiels indiquent qu’il y a plus 300 000 jeunes sénégalais qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Parmi eux, beaucoup sont tentés par l’entreprenariat, plus par nécessité que par choix. En effet, selon le rapport du Global Entrepreneurship Monitor Business International (Gem/Ybi) de l’Organisation internationale du Travail (Oif) sur l’entreprenariat des jeunes, parmi toutes les régions du monde, c’est l’Afrique subsaharienne qui concentre la plus forte proportion de créateurs d’emplois parmi les 18-35 ans (60%), dont 32% d’entre eux sont poussés par la nécessité.
Le Sénégal n’échappe pas à la règle. Mais parmi les obstacles (financiers comme non financiers) qui freinent le développement de l’entreprenariat (surtout des jeunes) en Afrique en général, et particulièrement au Sénégal, on peut citer la difficulté d’accéder à des financements abordables, ainsi qu’aux services d’accompagnement et de conseil.
Si l’État du Sénégal tente d’apporter des solutions à cette problématique à travers certaines structures comme la Der/Fj, le défi reste néanmoins entier.
C’est pourquoi, les banques sont régulièrement invitées à apporter leur contribution, en dépit de l’absence de produits adaptés aux besoins de cette cible. Dès lors la finance islamique ne pourrait-elle pas constituer une alternative au financement de l’entreprenariat ?
Selon Dr Abdou Diaw, titulaire d’un PhD en finance islamique obtenu à International Center for Education in Islamic Finance (Inceif) en Malaisie et directeur du cabinet Acoffis (Al-Itqan conseil et formation en finance islamique), les banques, les institutions de microfinance et les guichets islamiques présents au Sénégal, offrent des opportunités dans ce sens. Toutefois, il note que celle-ci est limitée. Il y a selon lui, des produits mis en place par les banques et les institutions de microfinance islamiques pour accompagner les entrepreneurs. D’ailleurs, ajoute-t-il, il ya des projets financés par la Banque islamique de développement avec une composante finance islamique ». Il cite à cet égard l’exemple du Programme de développement de la microfinance islamique au Sénégal (Promise) financé par la BID à hauteur de 35 milliards de FCfa et ciblant 50 000 micro-entrepreneurs.
Il y a aussi le Programme d’appui au développement agricole et à l’entreprenariat rural (PADAER), ou encore le Projet de développement de la chaine de valeur riz (PDCVR).
Conformément à la réglementation, ces projets n’accordent pas directement des financements aux entrepreneurs , ils sont obligés de passer par une structure agréée, mais néanmoins font augmenter l’offre de produits en finance islamique. Dr Diaw conseille aux femmes et aux jeunes entrepreneurs en particulier de s’approcher de ces projets-là pour obtenir des financements.
Une offre qui s’est élargie
Si la finance islamique, qui a été introduite au Sénégal depuis les années 1980, peine à se généraliser dans un pays composé pourtant à 95% de musulmans, il y a cependant des avancées notamment du point de vue réglementaire et autant pour l’offre de produits de finance islamique. « Du point de vue du marché, il y a une demande de plus en plus forte, beaucoup de personnes s’intéressent aujourd’hui à la finance islamique. Et du point de vue de l’offre, on note une augmentation des structures qui offrent des produits de finance islamique », constate Dr Abdou Diaw. En effet, dans le secteur bancaire, il y a évidemment la Banque islamique du Sénégal (BIS) avec un total bilan qui tourne autour de 735 milliards de FCFA en 2022 et qui s’est imposée dans le paysage bancaire sénégalais (top 3 selon Mouhamadou Madana Kane son ancien directeur général) avec environ 10% de parts de marché.
La BIS « a fait beaucoup d’effort en matière de conformité avec la mise en place d’un ‘charia board’ et de produits validés », souligne Dr Diaw.
D’ailleurs, comme le soulignait l’ancien Directeur général de la BIS Mouhamadou Madana Kane, à l’occasion des célébrations du 40ème anniversaire de la banque le 1er mars 2023 « Nous avons une carte à jouer et nous voulons consolider les acquis de notre expérience, notre maturité, notre solidarité et notre responsabilité ». Il ajoute « Nous allons œuvrer pour le développement de la finance à travers la microfinance, l’assurance entre autres », car « nous devons diversifier pour avoir des relais de croissance ». La BIS a également inauguré à cette occasion son centre d’affaires à Dakar dont la vocation est d’accompagner les particuliers, les PME et TPE, avec notamment un espace digital et un pôle expertise, qui met en relation les clients et les conseillers et experts. Toutefois, les responsables de la BIS souhaite la levée de la double imposition, par l’Etat, afin de renforcer la compétitivité de la banque dans un marché concurrentiel. D’un autre côté, ils invitent la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à mettre en place des facilités de refinancement islamiques dans la sous-région en faveur des acteurs de la finance islamique.
La Coris Bank a également ouvert un guichet finance islamique (la Coris Bank International Baraka) qui a commencé à offrir des services à travers des agences à Dakar, à Touba et dans d’autres régions. Au niveau des institutions de microfinance (SFD), on peut citer la Pamecas qui a commencé à expérimenter la finance islamique depuis 2011. Avec l’évolution de la réglementation de la BCEAO, deux SFD ont été agréés pour faire exclusivement de la microfinance islamique. Il s’agit de Taysir Finance (depuis 2022) et de Rahma, filiale de la BNDE. Tout cela pour montrer que l’offre existe, quoique peu variée », selon Dr Diaw.
Au demeurant, si la finance islamique est maintenant bien implantée dans le tissu économique national, le volet micro-crédit en était le parent pauvre. Une brèche que Taysir Finance a tenté de combler avec le démarrage de ses activités en janvier 2022. Taysir Finance S.A avec un capital d’un milliard de FCfa, compte ainsi se déployer dans le respect des règles de la finance islamique, en plus de la digitalisation des opérations. La SFD, mise en place par quatre actionnaires (conduits son président de conseil d’administration, Pape Adama Cissé, par ailleurs expert-comptable, ancien banquier en France et à HSBC) veut apporter ses services aux acteurs du commerce, de l’agriculture, de la pêche, de l’artisanat et de la petite industrie, avec l’ambition de se positionner dans le sous-secteur.
La digitalisation des procédures, qui est une de ses innovations, permet, à partir des données de la carte nationale d’identité, d’ouvrir un compte via une carte référencée et d’effectuer les opérations bancaires courantes, selon les principes de la Charia.
Des avancées sur le plan réglementaire
Du point de vue de la réglementation, Dr Diaw note également « des avancées significatives » en matière de finances islamiques. En effet, en 2018, la BCEAO a publié ses premières instructions pour mettre en place un cadre réglementaire spécifique à la finance islamique. « C’est une avancée très importante, parce qu’avant, même s’il y avait des institutions financières qui offraient des produits de finance islamique, il n’y avait pas de cadre réglementaire », indique-t-il. Dans le même sillage, le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crepmf, devenue l’Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest-africaine – Amf-Umoa) a mis en place des instructions qui vont dans le sens de permettre le développement de certains produits de la finance islamique.
Enfin, lors de sa réunion de septembre 2022, le Conseil des ministres des finances de l’Uemoa avait donné des instructions pour la mise en place d’un cadre réglementaire spécifique à la finance islamique sur le marché financier régional. Pour être complet sur le volet réglementaire, il faut souligner le vote de la loi sur le Waqf en 2015, suivie de la mise sur pied en 2016 de la Haute autorité du Waqf.
Takaful
La finance islamique ne se limite pas au secteur bancaire et à la microfinance. En effet, malgré sa faible percée pour le moment sur le marché sénégalais, l’assurance islamique (takaful) présente un potentiel à valoriser pour les compagnies. En effet, depuis 2019, la Conférence interafricaine des marchés d’assurance (CIMA) a fait évoluer sa réglementation pour favoriser le développement de l’assurance islamique, soit à travers des institutions spécifiquement dédiées à la finance islamique, soit à travers des guichets. « La réglementation n’est plus un obstacle pour offrir des produits d’assurance islamique, mais le secteur tarde à décoller », constate Dr Abdou Diaw.
Il met ces difficultés sur le compte du manque de communication et de sensibilisation des acteurs, afin de travailler dans le sens de mettre en place des compagnies exclusivement dédiées à l’assurance islamique ou tout au moins d’ouvrir des guichets qui y sont dédiés, ce qui est « plus pratique » à l’absence d’un plan cohérent pour le développement de la finance islamique au niveau étatique, à l’image d’un pays comme la Malaisie. Il est convaincu que beaucoup de Sénégalais préféreraient des produits d’assurance islamique s’ils en avaient accès. Les événements religieux comme le Magal et le Gamou, dit-il, sont des moments à saisir pour sensibiliser les fidèles sur les opportunités de l’assurance islamique en particulier et de la finance islamique en général.
Un actif de 4000 milliards de dollars dans le monde
Avec un actif de plus de 4000 milliards de dollars dans le monde, la finance islamique est une niche en pleine évolution. Le Sénégal, qui fait partie des pionniers en la matière en Afrique de l’Ouest, s’oriente résolument vers la finance islamique. « L’exploitation pétrolière et gazière ouvre une nouvelle ère pour le Sénégal », avait déclaré le Premier ministre Amadou Ba, lors de sa Déclaration de politique générale, devant l’Assemblée nationale. Le Sénégal entend ainsi s’approprier les opportunités qu’offre la finance islamique avec un taux de croissance à deux chiffres, dont l’Afrique de l’Ouest ne bénéficie que pour 5%. Le Sénégal compte s’appuyer sur la Banque islamique de développement dirigée par Dr Muhammed Sulaiman Al Jasser, et l’Institut africain de finance islamique (AIIF) de Mouhamed Lamine Mbacké, pour capter les opportunités de financements islamiques pour le secteur de l’énergie (pétrole gaz et énergie renouvelables), mais aussi pour assurer la sécurité alimentaire des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Enfin, il faut souligner que le Sénégal est pionnier en matière d’émissions d’obligations islamiques (sukuk) en Afrique de l’Ouest, dont la dernière lui a permis de lever plus de 300 milliards de FCFA.
Lejecos Magazine
Le Sénégal n’échappe pas à la règle. Mais parmi les obstacles (financiers comme non financiers) qui freinent le développement de l’entreprenariat (surtout des jeunes) en Afrique en général, et particulièrement au Sénégal, on peut citer la difficulté d’accéder à des financements abordables, ainsi qu’aux services d’accompagnement et de conseil.
Si l’État du Sénégal tente d’apporter des solutions à cette problématique à travers certaines structures comme la Der/Fj, le défi reste néanmoins entier.
C’est pourquoi, les banques sont régulièrement invitées à apporter leur contribution, en dépit de l’absence de produits adaptés aux besoins de cette cible. Dès lors la finance islamique ne pourrait-elle pas constituer une alternative au financement de l’entreprenariat ?
Selon Dr Abdou Diaw, titulaire d’un PhD en finance islamique obtenu à International Center for Education in Islamic Finance (Inceif) en Malaisie et directeur du cabinet Acoffis (Al-Itqan conseil et formation en finance islamique), les banques, les institutions de microfinance et les guichets islamiques présents au Sénégal, offrent des opportunités dans ce sens. Toutefois, il note que celle-ci est limitée. Il y a selon lui, des produits mis en place par les banques et les institutions de microfinance islamiques pour accompagner les entrepreneurs. D’ailleurs, ajoute-t-il, il ya des projets financés par la Banque islamique de développement avec une composante finance islamique ». Il cite à cet égard l’exemple du Programme de développement de la microfinance islamique au Sénégal (Promise) financé par la BID à hauteur de 35 milliards de FCfa et ciblant 50 000 micro-entrepreneurs.
Il y a aussi le Programme d’appui au développement agricole et à l’entreprenariat rural (PADAER), ou encore le Projet de développement de la chaine de valeur riz (PDCVR).
Conformément à la réglementation, ces projets n’accordent pas directement des financements aux entrepreneurs , ils sont obligés de passer par une structure agréée, mais néanmoins font augmenter l’offre de produits en finance islamique. Dr Diaw conseille aux femmes et aux jeunes entrepreneurs en particulier de s’approcher de ces projets-là pour obtenir des financements.
Une offre qui s’est élargie
Si la finance islamique, qui a été introduite au Sénégal depuis les années 1980, peine à se généraliser dans un pays composé pourtant à 95% de musulmans, il y a cependant des avancées notamment du point de vue réglementaire et autant pour l’offre de produits de finance islamique. « Du point de vue du marché, il y a une demande de plus en plus forte, beaucoup de personnes s’intéressent aujourd’hui à la finance islamique. Et du point de vue de l’offre, on note une augmentation des structures qui offrent des produits de finance islamique », constate Dr Abdou Diaw. En effet, dans le secteur bancaire, il y a évidemment la Banque islamique du Sénégal (BIS) avec un total bilan qui tourne autour de 735 milliards de FCFA en 2022 et qui s’est imposée dans le paysage bancaire sénégalais (top 3 selon Mouhamadou Madana Kane son ancien directeur général) avec environ 10% de parts de marché.
La BIS « a fait beaucoup d’effort en matière de conformité avec la mise en place d’un ‘charia board’ et de produits validés », souligne Dr Diaw.
D’ailleurs, comme le soulignait l’ancien Directeur général de la BIS Mouhamadou Madana Kane, à l’occasion des célébrations du 40ème anniversaire de la banque le 1er mars 2023 « Nous avons une carte à jouer et nous voulons consolider les acquis de notre expérience, notre maturité, notre solidarité et notre responsabilité ». Il ajoute « Nous allons œuvrer pour le développement de la finance à travers la microfinance, l’assurance entre autres », car « nous devons diversifier pour avoir des relais de croissance ». La BIS a également inauguré à cette occasion son centre d’affaires à Dakar dont la vocation est d’accompagner les particuliers, les PME et TPE, avec notamment un espace digital et un pôle expertise, qui met en relation les clients et les conseillers et experts. Toutefois, les responsables de la BIS souhaite la levée de la double imposition, par l’Etat, afin de renforcer la compétitivité de la banque dans un marché concurrentiel. D’un autre côté, ils invitent la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à mettre en place des facilités de refinancement islamiques dans la sous-région en faveur des acteurs de la finance islamique.
La Coris Bank a également ouvert un guichet finance islamique (la Coris Bank International Baraka) qui a commencé à offrir des services à travers des agences à Dakar, à Touba et dans d’autres régions. Au niveau des institutions de microfinance (SFD), on peut citer la Pamecas qui a commencé à expérimenter la finance islamique depuis 2011. Avec l’évolution de la réglementation de la BCEAO, deux SFD ont été agréés pour faire exclusivement de la microfinance islamique. Il s’agit de Taysir Finance (depuis 2022) et de Rahma, filiale de la BNDE. Tout cela pour montrer que l’offre existe, quoique peu variée », selon Dr Diaw.
Au demeurant, si la finance islamique est maintenant bien implantée dans le tissu économique national, le volet micro-crédit en était le parent pauvre. Une brèche que Taysir Finance a tenté de combler avec le démarrage de ses activités en janvier 2022. Taysir Finance S.A avec un capital d’un milliard de FCfa, compte ainsi se déployer dans le respect des règles de la finance islamique, en plus de la digitalisation des opérations. La SFD, mise en place par quatre actionnaires (conduits son président de conseil d’administration, Pape Adama Cissé, par ailleurs expert-comptable, ancien banquier en France et à HSBC) veut apporter ses services aux acteurs du commerce, de l’agriculture, de la pêche, de l’artisanat et de la petite industrie, avec l’ambition de se positionner dans le sous-secteur.
La digitalisation des procédures, qui est une de ses innovations, permet, à partir des données de la carte nationale d’identité, d’ouvrir un compte via une carte référencée et d’effectuer les opérations bancaires courantes, selon les principes de la Charia.
Des avancées sur le plan réglementaire
Du point de vue de la réglementation, Dr Diaw note également « des avancées significatives » en matière de finances islamiques. En effet, en 2018, la BCEAO a publié ses premières instructions pour mettre en place un cadre réglementaire spécifique à la finance islamique. « C’est une avancée très importante, parce qu’avant, même s’il y avait des institutions financières qui offraient des produits de finance islamique, il n’y avait pas de cadre réglementaire », indique-t-il. Dans le même sillage, le Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crepmf, devenue l’Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest-africaine – Amf-Umoa) a mis en place des instructions qui vont dans le sens de permettre le développement de certains produits de la finance islamique.
Enfin, lors de sa réunion de septembre 2022, le Conseil des ministres des finances de l’Uemoa avait donné des instructions pour la mise en place d’un cadre réglementaire spécifique à la finance islamique sur le marché financier régional. Pour être complet sur le volet réglementaire, il faut souligner le vote de la loi sur le Waqf en 2015, suivie de la mise sur pied en 2016 de la Haute autorité du Waqf.
Takaful
La finance islamique ne se limite pas au secteur bancaire et à la microfinance. En effet, malgré sa faible percée pour le moment sur le marché sénégalais, l’assurance islamique (takaful) présente un potentiel à valoriser pour les compagnies. En effet, depuis 2019, la Conférence interafricaine des marchés d’assurance (CIMA) a fait évoluer sa réglementation pour favoriser le développement de l’assurance islamique, soit à travers des institutions spécifiquement dédiées à la finance islamique, soit à travers des guichets. « La réglementation n’est plus un obstacle pour offrir des produits d’assurance islamique, mais le secteur tarde à décoller », constate Dr Abdou Diaw.
Il met ces difficultés sur le compte du manque de communication et de sensibilisation des acteurs, afin de travailler dans le sens de mettre en place des compagnies exclusivement dédiées à l’assurance islamique ou tout au moins d’ouvrir des guichets qui y sont dédiés, ce qui est « plus pratique » à l’absence d’un plan cohérent pour le développement de la finance islamique au niveau étatique, à l’image d’un pays comme la Malaisie. Il est convaincu que beaucoup de Sénégalais préféreraient des produits d’assurance islamique s’ils en avaient accès. Les événements religieux comme le Magal et le Gamou, dit-il, sont des moments à saisir pour sensibiliser les fidèles sur les opportunités de l’assurance islamique en particulier et de la finance islamique en général.
Un actif de 4000 milliards de dollars dans le monde
Avec un actif de plus de 4000 milliards de dollars dans le monde, la finance islamique est une niche en pleine évolution. Le Sénégal, qui fait partie des pionniers en la matière en Afrique de l’Ouest, s’oriente résolument vers la finance islamique. « L’exploitation pétrolière et gazière ouvre une nouvelle ère pour le Sénégal », avait déclaré le Premier ministre Amadou Ba, lors de sa Déclaration de politique générale, devant l’Assemblée nationale. Le Sénégal entend ainsi s’approprier les opportunités qu’offre la finance islamique avec un taux de croissance à deux chiffres, dont l’Afrique de l’Ouest ne bénéficie que pour 5%. Le Sénégal compte s’appuyer sur la Banque islamique de développement dirigée par Dr Muhammed Sulaiman Al Jasser, et l’Institut africain de finance islamique (AIIF) de Mouhamed Lamine Mbacké, pour capter les opportunités de financements islamiques pour le secteur de l’énergie (pétrole gaz et énergie renouvelables), mais aussi pour assurer la sécurité alimentaire des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Enfin, il faut souligner que le Sénégal est pionnier en matière d’émissions d’obligations islamiques (sukuk) en Afrique de l’Ouest, dont la dernière lui a permis de lever plus de 300 milliards de FCFA.
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