Sénégal: Présidentielle - Le dessous des cartes

Mardi 19 Mars 2024

Le contentieux judiciaire pré-électoral vient de connaître son épilogue, sans pour autant épuiser le contentieux politique


Sénégal: Présidentielle - Le dessous des cartes

La campagne électorale a débuté le dimanche 09 Mars 2024 et va se terminer le 22 soit 12 jours d'effervescence et de propositions pour ne pas dire de promesses, qui comme le dit l'adage " n'engagent que ceux qui y croient ". Cependant il faut noter que ce n'est encore le grand enthousiasme connu par le passé, avec des phrases choc et beaucoup d'ambiance, pour plusieurs raisons, dont la période de ramadan, et surtout le premier faux-départ de la campagne.
 

Mais, ce qui est en train de se jouer dépasse bien le simple registre des déclarations, pour éclairer à bien des égards, ce qui comme une lame de fond dessine les contours d'une recomposition de l'espace politique.

Deux voire trois lignes d'horizon se dessinent au moins en l'état actuel des choses.

C'est d'abord le phénomène des coalitions né de la prolifération tous azimut des candidatures. 93 au départ, et finalement 19 retenus à l'arrivée sur la liste publiée par le conseil constitutionnel. La logique du système impose aux recalés du parrainage de se ranger derrière les candidats éligibles à défaut d'avoir pu s'entendre avec eux sur la candidature unique, consensuelle, autour de ceux-là avec qui ils avaient les mêmes orientations programmatiques et qui disposent d'un appareil politique, entre autres critères.
 

La conséquence directe de cet état de fait est, qu'il faut pour les recalés, trouver un moyen d'exister, et surtout de participer à la campagne à travers une coalition, qui victorieuse, ouvrirait la porte à des strapontins pour le leader et ses acolytes.

Pour les autres candidats officiels, c'est également une forte valeur ajoutée, d'autant que pour l'essentiel, il n'y a pas jusqu'à présent de contrepartie exigée par les nouveaux alliés, qui au décompte créent virtuellement un potentiel électoral que seul le scrutin pourra confirmer. Mais pour « l'affiche » et l'image c'est très intéressant pour le candidat choisi sur la liste des 19, car comme le dit un adage de chez nous « l'élection c'est une affaire d'addition et non de soustraction ».

C'est aussi, que ces différentes alliances sont quelques parts annonciatrices d'un éventuel second tour, qui exige de nouvelles alliances plus exigeantes en termes d'offre de compromis, et de poids électoral, (les résultats du 1er tour étant connu), conditions sine qua non pour réunir les suffrages nécessaires afin de franchir la barre fatidique des 50%, synonyme de victoire.

Tous les concurrents y pensent et donc se dotent implicitement d'un pacte de non-agression, pour ne pas compromettre leurs chances, dans la prochaine redistribution des cartes.

C'est d'ailleurs la lecture que l'on peut faire de l'attitude réservée de tous les candidats en course vis-à-vis des candidats dits « spoliés » ou recalés, qui ont introduit un recours auprès de la cour suprême, pour demander l'annulation du nouveau décret du président de la République convoquant le corps électoral le 24 Mars 2024, C'est-à-dire pour 12 Jours de campagne au lieu des 21 prévus par le code électoral.

Tous les observateurs et experts avait prévu le rejet du recours pour maintes raisons, et principalement par ce que les décisions du Conseil Constitutionnel sont insusceptibles de recours. En l'espèce le Conseil avait décidé de se joindre à la date du 24 Mars 2024 fixée par décret, qui entérine de faite la durée du mandat inférieure à 21 jours.

Mais au fond, il faut reconnaitre que l'affaire était éminemment politique, car les recalés, et le candidat du PDS Karim Wade, ont voulu joindre leurs forces, pour faire reprendre le processus à zéro, donnant ainsi des chances réelles de participation à leurs candidats exclus de la course. Le Conseil Constitutionnel qui est aussi une juridiction politique a bien sûr tranché en droit, mais également a, en vertu de ses prérogatives, tranché la question…politiquement.

Le jeu des acteurs ainsi juridiquement encadré, nul doute que des revirements pourraient intervenir au sein et entre les différentes coalitions en course pendant la campagne et après, directement ou indirectement.

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