Pour le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, il n’y a pas de fatalité. L’Afrique peut nourrir l’Afrique. Mais il y a une condition. Et elle n’est pas hors de portée. A l’occasion de la conférence de haut niveau sur l’agriculture et l’agro-alimentaire, il a plaidé pour la liberation du potential africain, veritable source de richesse.
Selon Adesina, le contraste est flagrant aujourd’hui, en Afrique. Le président de la BAD dit ne pas comprendre qu’un continent doté d’une telle abondance de terres arables, d’eau et de soleil peut-il importer pour 35 milliards de dollars EU de denrées alimentaires par an ? Pire, comment est-il possible que le continent africain ne soit pas en mesure d’assurer sa sécurité alimentaire ? Cela doit changer.
«Nous devons changer l’histoire de l’agriculture africaine, qui emploie les deux tiers de la population et génère près d’un quart du PIB. L’agriculture n’est pas un mode de vie ou un secteur social. L’agriculture est une industrie – une industrie qui aidera les pays à diversifier leur économie, à réduire leur dépendance aux importations de denrées alimentaires, à créer des emplois et à revitaliser les zones rurales», indique-t-il dans son discours d’ouverture.
Pour le président de la BAD, l’exode rural se poursuit à un rythme élevé, et des milliers de jeunes migrants sautent dans des embarcations pour traverser la Méditerranée, en quête de nouvelles opportunités en Europe. Et il se trouve que l’agriculture et l’agro-industrie en Afrique devraient représenter un marché de 1 000 milliards de dollars EU d’ici à 2030, d’après les projections. Par conséquent les instruments de lutte contre le chômage sont là.
«L’Afrique n’est sans doute pas encore en mesure de fabriquer des avions, mais elle peut nourrir sa population grandissante et devenir une puissance mondiale en matière d’alimentation et d’agriculture», ajoute-t-il. Et il se trouve que les opportunités sont là. Car l’Afrique recèle 65 % des terres arables restantes de la planète. Et nourrir les quelque 9 milliards d’êtres humains que comptera le monde à l’horizon 2050 dépendra de la façon dont elle saura en tirer parti. En augmentant sa productivité agricole, en modernisant son agriculture, en développant ses industries liées au secteur agricole et en investissant dans la transformation à valeur ajoutée des produits agricoles de base, fait savoir Adesina, l’Afrique peut libérer son potentiel agricole.
Ismaila BA