Afrique de l'Ouest : L'AN I de l'AES

Samedi 21 Septembre 2024

L’Alliance des Etats du Sahel (AES) vient de boucler sa première année d’existence ce 16 septembre 2024.


Entretemps, elle est devenue la confédération de l’Alliance des états du sahel, optant pour cette forme juridique pour renforcer leur coopération à la suite de leur « bannissement » par les instances de la CEDEAO. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont en effet perpétré des coups d’état militaires pour renverser les régimes en place, ce qui leur a valu des sanctions de l’organisation sous régionale, dans un contexte qui il est vrai été très difficile du fait de la crise sécuritaire, jamais observée dans ces pays, du fait de la montée en puissance des mouvements Djihadistes.

Un an après ces péripéties, l’on est en droit de se demander si les objectifs poursuivis ont été atteints, ou non ? Pourquoi ?

La réponse à la question est pour la plupart des observateurs non. Un non qu’il faut certes relativiser, si l’on se place au niveau des objectifs dit idéologiques.

En effet, pour ce qui concerne la durée de la transition, il y a longtemps que cette échéance est sortie des tablettes des tenants du pouvoir, qui d’ailleurs ont réussi à mettre quasiment tout le monde d’accord sur leur propre agenda, à travers des conférences nationales.

Au plan interne, c’est un truisme de dire que le climat socio politique s’est plutôt calmé, une fois que certains leaders politiques et de la société civile ont été neutralisés.  Mais il faut le dire pour le souligner depuis le mois de juin, les pays de l’AES font face à des intempéries qui ont réduit toute la marge de manœuvre des régimes en place. La vague d’inondation a accru le niveau de complexité de la situation socio-économique et politique. Les dégâts matériels qui apparaissent sur les images sont énormes, sans oublier le nombre de victimes qui se comptent par dizaines.

Si vous ajoutez à cela les attaques sporadiques des Djihadistes avec ou sans revendication précise, qui reprennent de l’ampleur, et surtout les menaces de basculement qui s’accentuent dans les pays voisins, il y a de quoi avoir de sérieuses appréhensions sur les perspectives à court terme.

Pour rappel il faut le dire, le défi sécuritaire a été l’une des raisons de la mise en place de l’AES, et le changement de cap dans la politique de coopération avec les occidentaux, notamment l’union européenne et les Etats unis. Aujourd’hui, force est de constater que les vulnérabilités sécuritaires sont tout aussi marquées qu’auparavant, sinon elles se sont accentuées, car maintenant les terroristes sont dans la Capitale au Mali, au Burkina,  un peu moins au Niger, bien que présents encore dans de grandes villes. Une mutualisation effective des forces reste encore un vœu, d’autant qu’à l’évidence ce sont les moyens qui manquent le plus avec l’ostracisme dont –ils font l’objet y compris de la part des pays de la Cedeao et de l’UA.

Néanmoins le projet politique souverainiste poursuit son chemin, avec la mise en place des organes de la confédération et récemment le lancement du passeport AES, devant coexister avec celui de la CEDEAO.

Le Président Malien Assimi Goïta a, en effet, annoncé lors d’une allocution prononcée le 15 septembre 2024, en tant que président en exercice de l’AES, que l’AES va lancer très prochainement son passeport biométrique, en vue selon lui, d’harmoniser les titres de voyage dans leur espace commun.

Le Burkina Faso d’ailleurs est déjà en avance avec son passeport biométrique, lancé ce 03 septembre, fruit de son partenariat avec la Chine, comme pour dire à la CEDEAO qu’il ne sera plus nécessaire d’acter les restrictions sur l’usage du passeport communautaire et les restrictions à la libre circulation des personnes. Selon certains observateurs le logo de la CEDEAO en toute logique disparait du nouveau passeport Burkinabé.

Devons – nous considérer déjà une apparition des premières dissonances entre le Burkina et les autres, dès lors que l’annonce du Président Goïta elle-même a été « précédée » par le lancement du nouveau passeport Burkinabé ? Rien n’est moins sûr.
L’an II de l’AES sera crucial pour l’avenir de cette nouvelle entité, qui devra travailler à pacifier ses relations avec ses voisins pour sécuriser ses frontières.
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