AMLF 2013 : Que de Bonnes Raisons Pour réunir les Patrons de Presse d'Afrique en Éthiopie

Mercredi 31 Juillet 2013

Du 6 au 8 Novembre 2013, l'African Media Initiative (AMI) organise son événement annuel phare, le Forum des Leaders de Médias d'Afrique (AMLF), à Addis-Abeba, en Éthiopie, sous le thème : « Médias et Renaissance Africaine », pour sa sixième édition. Au fil du temps, le Forum est devenu le plus grand rassemblement de patrons, d’opérateurs et de gestionnaires d’organes de presse du continent et d’ailleurs. En Novembre 2012, quelque 550 délégués ont participé à la cinquième édition du Forum à Dakar, au Sénégal.


AMLF 2013 : Que de Bonnes Raisons Pour réunir les Patrons de Presse d'Afrique en Éthiopie
Si beaucoup ont salué la décision courageuse du Conseil d’administration d’AMI d’organiser le Forum en Éthiopie, d’autres, en revanche, sont restés sceptiques ou critiques. Les critiques se fondent sur les énormes défis que rencontre l’Éthiopie en termes de création d’un environnement favorable au développement des libertés de presse et d’expression. Je comprends et respecte parfaitement ces préoccupations,  mais je demeure convaincu que l’Éthiopie est, pour plusieurs raisons, le pays le plus indiqué pour l’organisation de l’AMLF 2013.
Redéfinir l'Historie en Éthiopie pour 2013 et au-delà
Cette année marque le 50e anniversaire de l'Union Africaine, précédemment connu sous le nom de l'Organisation de l'unité africaine. Depuis sa création en 1963, l'organisation, un symbole de la volonté et de la détermination de l’Afrique à aller de l'avant dans le véritable esprit du panafricanisme, a son siège à Addis-Abeba. Certes, elle n’a toujours pas su se hisser à la hauteur des attentes de l’ensemble de ses parties prenantes. Mais nous devons, cependant, lui reconnaître sa valeur de plus grande organisation intergouvernementale de l'Afrique, au sein de laquelle les questions les plus importantes touchant chaque africain sont débattues à longueur d’année.
A l’instar de beaucoup d'autres panafricanistes, je dois avouer que je suis souvent resté critique au regard de certaines décisions de l'organisation. Mais je reconnais le rôle clé qu'elle a joué dans l'unification de l'Afrique à travers la promotion de la coopération, de l'amitié et du soutien mutuel entre ses États membres, et les positions courageuses qu'elle a prises à l'avant-garde de la lutte pour la  libération des nations qui étaient encore sous le joug colonial.  Sous l’excellente direction de sa présidente, Dr. Nkosazana Dlamini-Zuma, la Commission de l’Union africaine (CUA) est en train d’apporter un regain de positivité à l’Union africaine (UA).
En tant que leaders d’opinions et en tant qu’Africains, il nous incombe de l'encourager avec  toute son équipe, tout en nous retroussant les manches pour participer aux efforts de l’UA en y contribuant au mieux de nos capacités. En définitive, la construction d'un avenir meilleur pour nous-mêmes, nos enfants et nos petits-enfants n'est pas de la seule responsabilité des hommes politiques et des partenaires au développement.
Pour toutes ces raisons, je suis convaincu que l'histoire de l'UA est celle de tous les Africains. Par conséquent, nous devons tous participer à sa narration.  L'organisation mérite d'être honorée à l’occasion de son jubilé d’or, au lieu même de sa naissance, Addis-Abeba, la capitale éthiopienne qui abrite également une autre institution africaine de taille, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, la CEA qui travaille sans relâche à l’amélioration du développement humain et économique du continent.
En tant que fervent défenseur de l'engagement constructif, je vois notre rassemblement en Éthiopie comme une grande opportunité de prendre langue avec les acteurs des médias dans le pays, y compris le gouvernement. Dans nos préparatifs pour le Forum, nous avons été à la fois encouragés et soutenus activement par la communauté des médias éthiopiens - par le biais de son association des éditeurs et des dirigeants du Conseil émergent des médias, reconnu pour son indépendance et son engagement à construire des médias libres et équilibrés. Sous l’égide du Comité national d'organisation de l'AMLF, les dirigeants des médias éthiopiens jouent un rôle fondamental en collaboration avec AMI, l'UA, la CEA et la Banque africaine de développement (BAfD).
Fidèle à l'esprit du thème de l'AMLF, "Les médias et la Renaissance africaine" les responsables des trois institutions africaines les plus influentes ont été invitées en tant que co-présidents du Forum. Il s’agit notamment de : Dr. Donald Kaberuka, Président de la BAD, Dr. Carlos Lopes, Secrétaire exécutif de la CEA et Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, Présidente de la Commission de l'UA.
L’AMLF 2013 a l'intention de se rapprocher de toutes les parties prenantes en Éthiopie et ailleurs pour discuter ouvertement, librement et respectueusement sur les voies et moyens d’amener les médias à contribuer constructivement à redoubler d'efforts pour raconter l’Afrique de manière à favoriser à la fois un panafricanisme dynamique et à refléter les exigences et les attentes des citoyens du continent.
Nos travaux se dérouleront sous forme de sessions plénières et de groupes de travail thématiques portant notamment sur : l’éthique et le leadership, l'accès au financement et le développement des entreprises, ainsi que sur l'innovation et l'adaptation numérique - pour garantir la participation pleine et entière de tous les délégués.
Un certain nombre de défis importants nous attendent pour faire en sorte que dans les 50 prochaines années, la population croissante des jeunes de l'Afrique ait accès à une bonne éducation et à l'emploi, que les segments les plus pauvres de nos communautés sortent des griffes de la pauvreté ;que l’environnement qui constitue une source de moyens de subsistance pour bon nombre de nos populations, ne soit pas détruit, et que la paix et la sécurité règnent durablement.
L’AMLF 2013 permettra au public de jouer un rôle de premier plan dans les discussions. En effet, AMI, en collaboration avec l'Organisation pour la recherche en sciences sociales en Afrique australe et orientale (OSSREA), basée à l'Université d'Addis-Abeba, organisera un débat public le 6 Novembre sous le thème suivant : « Mon Afrique dans 50 ans ».
Dans le cadre des débats entre les médias et le public, une série de discussions contribuera à l’avènement d’un nouveau récit panafricain destiné à nous inspirer et nous revigorer tous ensemble. En effet, l’AMLF va initier ce qu’il est désormais convenu d’appeler la "Semaine de la gouvernance", avec un certain nombre d'institutions organisant d'importantes réunions à Addis-Abeba afin de réaffirmer leur foi profonde en l'avenir de notre continent, de ses citoyens et de ses institutions.  Il s'agit notamment des partenaires traditionnels de l'AMI tels que la Fondation Mo Ibrahim et l'Afrique 2.0.  D'autres organisations se joindront a nous cette fois ci, il s'agit de Femmes, Afrique Solidarité, l’une des organisations de femmes les plus influentes du continent, dirigée par Mme Bineta Diop, et ONE, la fondation créée par la vedette de musique Rock, Bono, pour contribuer au développement de l’Afrique.
Ce que toutes ces organisations ont en commun avec AMI, c'est le conviction que l'Afrique a un grand potentiel pour améliorer considérablement les conditions de vie ses habitants. Nous partageons une confiance ferme que l'Afrique va se départir de ses images stéréotypées pour réécrire sa propre historie.
Je demeure convaincu que la participation à la Semaine de la Gouvernance 2013 à Addis-Abeba est ce qu’il y a de mieux à faire pour la communauté des médias africains. Nous ne pouvons pas nous permettre de rater cette occasion unique d'échanger avec les dirigeants de tout le continent et au-delà pour faire avancer la cause d'une Afrique libre et prospère. En tant que professionnels des médias, notre plus grande force réside dans notre capacité et le courage d'affronter les problèmes, peu importe leur gravité, puisque nous cherchons à accomplir notre mission qui est de servir l'intérêt public. 
Sous ce rapport, il ne faut jamais refuser de s'engager ou se détourner des situations qui peuvent sembler saper notre sens de la communauté et du fair-play. Au contraire, nous devrions accepter ces défis et les relever frontalement.  C’est la seule manière d’aller de l’avant. C'est dans l'esprit de l'engagement constructif que nous devrions voir l'environnement médiatique actuel de l'Éthiopie et, oui, ajouter notre « grosse voix » collective à son amélioration. C'est dans cet esprit, et afin de créer un forum de débats sains que l’AMLF et ses partenaires de la Semaine de la Gouvernance vont en Éthiopie. Je crois que ce n'est qu'en embrassant toutes les voix et les perspectives que nous pourrons susciter la confiance du public aux médias, une institution essentielle pour la consolidation de la gouvernance démocratique. Ensemble, nous allons affiner le panafricanisme et redéfinir un récit qui est adapté à notre renaissance africaine.
Amadou Mahtar Ba 
PDG African Media Initiative(AMI)
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