BRAS DE FER AVEC LES PROFESSIONNELS DU TOURISME : Oumar Guèye déterre la hache de guerre

Après une trêve de quelques mois, la guéguerre entre le ministre du Tourisme et les professionnels du secteur semble reprendre de plus belle. Et la première salve vient cette fois-ci du camp de l’autorité qui attaque sur le terrain de la taxe touristique que les hôteliers collectent au nom de l’Etat pour financer la promotion touristique du pays. Samedi dernier, Oumar Guèye, qui était le parrain de la célébration des 10 ans de l’hôtel Lamantin Beach de Saly Portudal, a fait part de sa volonté de s’appuyer sur les services fiscaux pour récupérer ces fonds détenus par les hôteliers. Lesquels s’élèveraient à près de cinq milliards de francs Cfa.
«La taxe de nuitée, 1 000 francs Cfa, n’appartient pas aux hôteliers qui la collectent mais malheureusement ne la reversent pas intégralement», a dit le ministre. Il soutient qu’aujourd’hui, les statistiques montrent que le Sénégal a à peu près un million de touristes et que les nuitées sont en moyenne de cinq. Ce qui fait cinq milliards de francs Cfa par an. Mais, soutient le ministre, l’Etat n’en reçoit à peine qu’un milliard ou 1,2 milliard. «J’ai envoyé un courrier au ministre des Finances, suite à une réunion technique interministérielle pour le convier à une réunion à laquelle prendront part les services fiscaux afin de trouver une solution à cette affaire. Il faut que nos services soient très efficaces et que les hôteliers acceptent de reverser cette taxe collectée», assure M. Guèye. Qui estime que si cette manne est récupérée, elle pourrait permettre au Sénégal, grâce à une bonne promotion, de capter de nouveaux marchés comme l’Espagne. Ce, parce que la France, principal marché du Sénégal avec 40 %, n’est pas le premier pays émetteur de touristes européens.
C’est plutôt l’Allemagne. Et la «destination Sénégal» n’a quasiment pas de touristes allemands. «Il faut nous attaquer à la Belgique, à la Russie, aux Etats-Unis, à la Chine qui vient de déclarer le Sénégal, pays de destination touristique. C’est quelque chose d’extrêmement important parce qu’en Afrique, il n’y a que trois pays qui l’ont», argue-t-il. Si les hôteliers ont toujours justifié aux autorités le non-reversement de cette taxe par les difficultés dans lesquelles se débat le secteur, ayant entraîné une cascade de fermetures d’hôtels, le ministre assure qu’il ne s’agit nullement d’une nouvelle déclaration de guerre contre les professionnels. «Il ne peut pas y avoir de guéguerre entre un ministre et une profession. Je voudrais que lorsqu’on avance quelque chose, on l’étaye avec des études, des statistiques. Il est très simple de savoir s’il y a progression ou régression du tourisme à Saly. J’ai envoyé à Saly une mission qui a visité 80 % des hôtels et les chiffres ont montré une progression.
Nous ne l’avons pas inventé», explique Oumar Guèye. Qui estime que la régression n’a été constatée que dans les trois hôtels les plus impactés par l’érosion côtière. Une thèse que semble corroborer le directeur du Lamantin Beach, Eric Philibert, qui déclare que 2013 a été une très belle année et 2014 s’annonce encore meilleure. Suffisant pour que le ministre du Tourisme et des Transports aériens se défausse sur les professionnels qui le boudent. «Il faut aussi que les hôteliers investissent pour renouveler le parc. La compétition est rude. Les propriétaires d’hôtels qui, depuis 10 à 15 ans, n’investissent pas vont perdre leur clientèle. Le client est devenu très exigent en matière de qualité de services, d’infrastructure, de personnel qualifié», note le ministre.
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