Jean-François Fourt de Truffle Capital
La Tribune - Quatorze ans après avoir lancé Truffle Capital, vous vous apprêtez à lancer un nouveau fonds, Truffle Partners Commodities and Emerging Markets, à destination des marchés émergents et de certains secteurs spécifiques. Pourquoi ?
Jean-François Fourt - Cela correspond d'abord à une demande d'investisseurs, en Amérique du Nord, qui redemandent certains projets où ils ont, pour certains, réalisé 100 millions d'euros de plus-value pour une mise de 30 millions d'euros. C'est aussi une volonté personnelle. Truffle Capital, que j'avais fondé en 2000, était davantage centré sur les technologies de rupture dans l'énergie, les technologies de l'information. Aujourd'hui, il s'agit de migrer vers un business model moins technologique, et plus international.
Quelles seront ses particularités ?
Il s'agira d'un fonds à compartiments où chaque Limited Partner, chaque investisseur pourra choisir les projets, les deals, les zones géographiques où investir. Nous serons présents sur trois secteurs économiques, le pétrole, gaz et services associés, les mines (exploration et estimation des potentiels, production et traitement), les programmes agricoles, et sur deux zones géographiques, l'Afrique et l'Amérique latine. Nous aurons des bureaux à Paris, Montréal pour le secteur minier et l'Amérique du Sud, et Casablanca pour les opérations en Afrique. Le fond sera géré depuis Londres. L'investisseur pourra choisir zone par zone, projet par projet là où il compte investir. Ensuite, il n'y aura pas de commission de gestion. Le fonds sera payé au moment du débouclage des deals, pas avant, et uniquement selon un coût du traitement défini en amont.
Quelle somme avez-vous déjà réussi à lever ?
Nous avons déjà réussi à lever 500 millions d'euros auprès de nos investisseurs, family offices, institutions, grands groupes originaires d'Europe, de Suisse, des Etats-Unis, ainsi que des pays arabes. Ils ont investi pour le moment dans six projets différents, deux dans les hydrocarbures, deux dans l'exploitation minière, un dans les services Oil&Gas, un service agricole. En moyenne, nous envisageons des sorties tous les trois ans. Même si je suis un spécialiste des sorties partielles, c'est-à-dire le remplacement d'investisseurs présents par d'autres. Chaque sortie partielle engendrant un important taux de rentabilité interne.
Pourquoi cet intérêt pour l'Afrique ?
Je suis allé pour la première fois en Afrique il y a une dizaine d'années, ç'a été une révélation. C'est là que j'ai fait mes plus beaux investissements et généré le plus d'argent. Pour moi, l'Afrique est un continent qui ne ment pas. Les Chinois mentent sur leurs chiffres, les Américains sur leur PIB… Les Africains ne produisent pas de chiffres irréels. Le potentiel y est vrai, non caché. Il y a une démographie dynamique, une croissance très forte depuis plusieurs années, notamment en Afrique de l'Ouest.
Quels sont les pays prioritaires en Afrique ? Les pays anglophones, comme le Nigéria ou le Ghana ?
Non, car tout le monde y va. Il y a de belles affaires à réaliser dans la zone francophone, le Cameroun, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire. Le Niger, par exemple, regorge de ressources minières.
Vous proposez quand même d'investir à proximité directe de l'une des zones les plus instables du monde… N'est-ce pas risqué ?
Bien sûr que c'est risqué, c'est pour ça qu'il y a du return (retour sur investissement)! Mais ce n'est pas parce que nous sommes français que je choisis pas d'aller dans les pays francophones. Le code du travail, le code minier dans ces endroits sont assez similaires à ce qu'on trouve en France.
L'industrie minière est réputée pour n'être pas toujours la plus exemplaire en termes de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), notamment en Afrique. C'est un paramètre qui entre en ligne de compte dans vos investissements ?
Oui, car cela sera d'une extrême profitabilité. J'ai visité une mine dans laquelle j'avais investi au Maroc, où j'avais vu, à 1800 mètres sous terre, des matelas où les mineurs restaient pour dormir. J'ai tout fait brûler, puis construire des maisons. La productivité a explosé. Si les ouvriers ne vont pas bien, vivent sous terre, rencontre des problèmes de sécurité, ils ne travailleront pas bien. Les critères sociaux, environnementaux, déontologiques, sont essentiels à mes yeux. Ce qui implique aussi de refuser toute corruption. Tant pis si ça nous fait perdre quelques deals. Ou plutôt non, tant mieux. Cela permet de donner des garanties.
Latribune.fr
Jean-François Fourt - Cela correspond d'abord à une demande d'investisseurs, en Amérique du Nord, qui redemandent certains projets où ils ont, pour certains, réalisé 100 millions d'euros de plus-value pour une mise de 30 millions d'euros. C'est aussi une volonté personnelle. Truffle Capital, que j'avais fondé en 2000, était davantage centré sur les technologies de rupture dans l'énergie, les technologies de l'information. Aujourd'hui, il s'agit de migrer vers un business model moins technologique, et plus international.
Quelles seront ses particularités ?
Il s'agira d'un fonds à compartiments où chaque Limited Partner, chaque investisseur pourra choisir les projets, les deals, les zones géographiques où investir. Nous serons présents sur trois secteurs économiques, le pétrole, gaz et services associés, les mines (exploration et estimation des potentiels, production et traitement), les programmes agricoles, et sur deux zones géographiques, l'Afrique et l'Amérique latine. Nous aurons des bureaux à Paris, Montréal pour le secteur minier et l'Amérique du Sud, et Casablanca pour les opérations en Afrique. Le fond sera géré depuis Londres. L'investisseur pourra choisir zone par zone, projet par projet là où il compte investir. Ensuite, il n'y aura pas de commission de gestion. Le fonds sera payé au moment du débouclage des deals, pas avant, et uniquement selon un coût du traitement défini en amont.
Quelle somme avez-vous déjà réussi à lever ?
Nous avons déjà réussi à lever 500 millions d'euros auprès de nos investisseurs, family offices, institutions, grands groupes originaires d'Europe, de Suisse, des Etats-Unis, ainsi que des pays arabes. Ils ont investi pour le moment dans six projets différents, deux dans les hydrocarbures, deux dans l'exploitation minière, un dans les services Oil&Gas, un service agricole. En moyenne, nous envisageons des sorties tous les trois ans. Même si je suis un spécialiste des sorties partielles, c'est-à-dire le remplacement d'investisseurs présents par d'autres. Chaque sortie partielle engendrant un important taux de rentabilité interne.
Pourquoi cet intérêt pour l'Afrique ?
Je suis allé pour la première fois en Afrique il y a une dizaine d'années, ç'a été une révélation. C'est là que j'ai fait mes plus beaux investissements et généré le plus d'argent. Pour moi, l'Afrique est un continent qui ne ment pas. Les Chinois mentent sur leurs chiffres, les Américains sur leur PIB… Les Africains ne produisent pas de chiffres irréels. Le potentiel y est vrai, non caché. Il y a une démographie dynamique, une croissance très forte depuis plusieurs années, notamment en Afrique de l'Ouest.
Quels sont les pays prioritaires en Afrique ? Les pays anglophones, comme le Nigéria ou le Ghana ?
Non, car tout le monde y va. Il y a de belles affaires à réaliser dans la zone francophone, le Cameroun, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire. Le Niger, par exemple, regorge de ressources minières.
Vous proposez quand même d'investir à proximité directe de l'une des zones les plus instables du monde… N'est-ce pas risqué ?
Bien sûr que c'est risqué, c'est pour ça qu'il y a du return (retour sur investissement)! Mais ce n'est pas parce que nous sommes français que je choisis pas d'aller dans les pays francophones. Le code du travail, le code minier dans ces endroits sont assez similaires à ce qu'on trouve en France.
L'industrie minière est réputée pour n'être pas toujours la plus exemplaire en termes de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), notamment en Afrique. C'est un paramètre qui entre en ligne de compte dans vos investissements ?
Oui, car cela sera d'une extrême profitabilité. J'ai visité une mine dans laquelle j'avais investi au Maroc, où j'avais vu, à 1800 mètres sous terre, des matelas où les mineurs restaient pour dormir. J'ai tout fait brûler, puis construire des maisons. La productivité a explosé. Si les ouvriers ne vont pas bien, vivent sous terre, rencontre des problèmes de sécurité, ils ne travailleront pas bien. Les critères sociaux, environnementaux, déontologiques, sont essentiels à mes yeux. Ce qui implique aussi de refuser toute corruption. Tant pis si ça nous fait perdre quelques deals. Ou plutôt non, tant mieux. Cela permet de donner des garanties.
Latribune.fr