Selon cette agence onusienne basée à Genève, le ralentissement économique lié à la pandémie n’a réussi à freiner ni les moteurs, ni l’intensification des effets du changement climatique.
Ce nouveau document a donc confirmé les conclusions de décembre dernier indiquant que 2020 a été l’une des trois années les plus chaudes jamais observées, malgré le refroidissement dû à La Niña.
« C’est un rapport effrayant (...) Nous sommes au bord de l’abîme », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, lors d’une conférence de presse conjointe lundi avec le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, sur ce rapport de l’OMM. La publication du document intervient quelques jours avant le Sommet des dirigeants sur le climat, qu’organiseront virtuellement les États-Unis les 22 et 23 avril.
L'année 2020 a été dominée par la pandémie de Covid-19. Mais ce rapport montre que 2020 a également été une autre année sans précédent de catastrophes météorologiques et climatiques extrêmes », a ajouté le chef de l’ONU.
La température moyenne à la surface du globe a été supérieure l’an dernier de 1,2°C par rapport à la période préindustrielle. Sans surprise, les six années écoulées depuis 2015 ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Du coup, la décennie 2011-2020 a été la plus chaude jamais constatée.
« L’ensemble des indicateurs climatiques clés présentés dans ce rapport mettent en lumière l’aspect durable et implacable du changement climatique, l’augmentation du nombre et de l’intensité des phénomènes extrêmes, ainsi que les pertes et dégâts de grande ampleur, qui nuisent aux individus, aux sociétés et aux économies », a déclaré Petteri Taalas.
Pour le Secrétaire général de l’ONU, la responsabilité est claire : c’est « le changement climatique anthropique - le dérèglement climatique causé par les activités, les décisions et la folie des hommes ».
En attendant, les décideurs disposent à présent des données sur 28 années supplémentaires, qui montrent une hausse significative de la température des terres et des océans, ainsi que d’autres changements tels que l’élévation du niveau de la mer ou la fonte de la banquise.
Or selon l’ONU, le climat poursuivra sa tendance négative au cours des prochaines décennies, indépendamment du succès des initiatives entreprises pour atténuer le changement climatique.
« Le climat est en train de changer et ses répercussions sont déjà trop coûteuses pour les populations et la planète », a rappelé M. Taalas.
D’après le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le ralentissement économique a entraîné une baisse temporaire des nouvelles émissions de gaz à effet de serre, mais il n’a pas eu d’impact perceptible sur les concentrations atmosphériques. Et les concentrations des principaux gaz à effet de serre ont donc continué d’augmenter en 2019 et 2020.
Les fractions molaires de dioxyde de carbone (CO2) moyennées à l’échelle du globe ont déjà dépassé 410 parties par million (ppm). Et si la concentration de ce gaz suit le même schéma que les années précédentes, elle pourrait atteindre, voire dépasser, 414 ppm en 2021.
De leur côté, la chaleur à la surface des océans a atteint des sommets. Alors que les océans absorbent plus de 90% de l’excédent de chaleur dû aux activités humaines, plus de 80% de ces zones ont fait face à une canicule marine.
Le pourcentage de zones océaniques qui ont subi des vagues de chaleur marine « fortes » (45%) était supérieur à celui des zones qui ont connu des vagues de chaleur marine « modérées » (28%).
Dans l’ensemble, le niveau moyen de la mer à l’échelle du globe a continué d’augmenter en 2020.
Les conséquences pour les écosystèmes ont été importantes, alors que ceux-ci souffrent déjà de l’absorption de près d’un quart des concentrations de CO2. Et selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’acidification et la désoxygénation des océans se sont poursuivies et ont eu des répercussions sur les écosystèmes, la vie marine et la pêche.
Par ailleurs, les situations extrêmes ont à nouveau affecté l’Arctique, qui s’est réchauffé deux fois plus rapidement que la moyenne depuis environ 35 ans. Depuis le milieu des années 1980, dans l’Arctique, les températures de l’air en surface ont augmenté au moins deux fois plus vite que la moyenne mondiale.
En 2020, l’étendue minimale de la banquise arctique après la fonte estivale était de 3,74 millions de km2. Elle a également atteint des minima record en juillet et en octobre. Selon l’OMM, une perte de 200 Gt de glace par an correspond environ au double du débit annuel du Rhin en Europe.
Autre problème, incendies, ouragans et inondations ont été répandus et ont fait des centaines de victimes.
En 2020, de fortes pluies et de graves inondations ont touché de vastes zones d’Afrique et d’Asie. Elles ont déclenché une invasion de criquets pèlerins dans une grande partie du Sahel et de la corne de l’Afrique.
La sécheresse a persisté dans certaines zones d’Afrique australe, en particulier dans les provinces du Cap-Nord et du Cap-Oriental, en Afrique du Sud, bien que les pluies hivernales aient contribué à poursuivre l’atténuation de la sécheresse extrême qui a culminé en 2018.
Aux États-Unis, des incendies d’une ampleur sans précédent se sont produits à la fin de l’été et en automne, favorisés par une sécheresse généralisée. Dans la vallée de la Mort, en Californie, le mercure a atteint le 16 août 54,4 °C, soit la température la plus élevée enregistrée dans le monde depuis au moins 80 ans.
Avec 30 tempêtes baptisées, la saison des ouragans 2020 dans l’Atlantique Nord a battu tous ses records. Douze tempêtes ont touché terre aux États-Unis, dépassant ainsi le précédent record qui s’établissait à neuf.
Plus largement, plus de 50 millions de personnes ont été frappées en 2020 à la fois par des catastrophes liées au climat (inondations, sécheresses et tempêtes) et par la pandémie de Covid-19, selon la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Des millions de personnes ont été affectées et environ dix millions d’entre elles ont notamment été déplacées, principalement en Asie du Sud et du Sud-Est et dans la corne de l’Afrique.
Cette situation a aggravé l’insécurité alimentaire et a représenté un risque supplémentaire lors des opérations d’évacuation, de rétablissement et de secours.
La Covid-19 a, quant à elle, représenté un nouvel élément indésirable. Les restrictions de déplacement, le ralentissement économique et les perturbations du secteur agricole ont exacerbé les effets des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.
La pandémie a également perturbé la réalisation des observations météorologiques et compliqué les activités de prévention des catastrophes. Ce rapport aide donc à comprendre comment, par un enchaînement d’événements interdépendants, le changement climatique met en danger la concrétisation de nombreux objectifs de développement durable.
« Cette situation peut contribuer à renforcer ou à aggraver les inégalités existantes », ajoute l’OMM, relevant que des circuits de rétroaction pourraient se mettre en place et perpétuer le cercle vicieux du changement climatique ».
Le Sommet des dirigeants sur le climat, qu’organiseront virtuellement les États-Unis les 22 et 23 avril, permettra au Président américain, Joe Biden, d’imprimer un nouvel élan aux efforts déployés par les principales économies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
L’objectif est de contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, et la limiter à 1,5 °C si possible.
Pour le Secrétaire général de l’ONU, « cela implique réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d'ici à 2030 et d'atteindre des émissions nettes nulles d'ici à 2050 ».
Les pays doivent présenter, bien avant la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP26), qui se tiendra à Glasgow (Royaume-Uni), d’ambitieux plans nationaux sur le climat.
« Ils doivent agir maintenant pour protéger les populations contre les effets désastreux du changement climatique », a insisté le chef de l’OMM.
Antonio Guterres et Petteri Taalas, ont tous les deux rappelé que 2021 doit être « l’année de l’action ». Il s’agit pour la communauté internationale d’investir dans les mesures d’adaptation. Et l’un des moyens les plus efficaces de s’adapter est d’investir dans les services d’alerte précoce et les réseaux d’observation météorologique.
« Nous devons nous mettre d'accord sur une direction commune à suivre », a insisté le Secrétaire général de l’ONU. « Les dix prochaines années doivent être une décennie de transformation. Enfin, nous avons besoin que ces engagements et ces plans soient soutenus par des actions concrètes et immédiates ».
En effet, « il s'agit véritablement d'une année charnière pour l'avenir de l'humanité », a-t-il réitéré. « Ce rapport montre que nous n'avons pas de temps à perdre. Le dérèglement climatique est là ». Pour le Secrétaire général de l’ONU, il faut agir de toute urgence afin de « stabiliser notre climat et mettre fin à notre guerre contre la nature ».
https://news.un.org
Ce nouveau document a donc confirmé les conclusions de décembre dernier indiquant que 2020 a été l’une des trois années les plus chaudes jamais observées, malgré le refroidissement dû à La Niña.
« C’est un rapport effrayant (...) Nous sommes au bord de l’abîme », a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, lors d’une conférence de presse conjointe lundi avec le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, sur ce rapport de l’OMM. La publication du document intervient quelques jours avant le Sommet des dirigeants sur le climat, qu’organiseront virtuellement les États-Unis les 22 et 23 avril.
L'année 2020 a été dominée par la pandémie de Covid-19. Mais ce rapport montre que 2020 a également été une autre année sans précédent de catastrophes météorologiques et climatiques extrêmes », a ajouté le chef de l’ONU.
La température moyenne à la surface du globe a été supérieure l’an dernier de 1,2°C par rapport à la période préindustrielle. Sans surprise, les six années écoulées depuis 2015 ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Du coup, la décennie 2011-2020 a été la plus chaude jamais constatée.
« L’ensemble des indicateurs climatiques clés présentés dans ce rapport mettent en lumière l’aspect durable et implacable du changement climatique, l’augmentation du nombre et de l’intensité des phénomènes extrêmes, ainsi que les pertes et dégâts de grande ampleur, qui nuisent aux individus, aux sociétés et aux économies », a déclaré Petteri Taalas.
Pour le Secrétaire général de l’ONU, la responsabilité est claire : c’est « le changement climatique anthropique - le dérèglement climatique causé par les activités, les décisions et la folie des hommes ».
« N’avons pas de temps à perdre » - Petteri Taalas
En attendant, les décideurs disposent à présent des données sur 28 années supplémentaires, qui montrent une hausse significative de la température des terres et des océans, ainsi que d’autres changements tels que l’élévation du niveau de la mer ou la fonte de la banquise.
Or selon l’ONU, le climat poursuivra sa tendance négative au cours des prochaines décennies, indépendamment du succès des initiatives entreprises pour atténuer le changement climatique.
« Le climat est en train de changer et ses répercussions sont déjà trop coûteuses pour les populations et la planète », a rappelé M. Taalas.
D’après le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le ralentissement économique a entraîné une baisse temporaire des nouvelles émissions de gaz à effet de serre, mais il n’a pas eu d’impact perceptible sur les concentrations atmosphériques. Et les concentrations des principaux gaz à effet de serre ont donc continué d’augmenter en 2019 et 2020.
Les fractions molaires de dioxyde de carbone (CO2) moyennées à l’échelle du globe ont déjà dépassé 410 parties par million (ppm). Et si la concentration de ce gaz suit le même schéma que les années précédentes, elle pourrait atteindre, voire dépasser, 414 ppm en 2021.
De leur côté, la chaleur à la surface des océans a atteint des sommets. Alors que les océans absorbent plus de 90% de l’excédent de chaleur dû aux activités humaines, plus de 80% de ces zones ont fait face à une canicule marine.
Le pourcentage de zones océaniques qui ont subi des vagues de chaleur marine « fortes » (45%) était supérieur à celui des zones qui ont connu des vagues de chaleur marine « modérées » (28%).
Dans l’ensemble, le niveau moyen de la mer à l’échelle du globe a continué d’augmenter en 2020.
L’Arctique s’est réchauffé deux fois plus vite que la moyenne mondiale
Les conséquences pour les écosystèmes ont été importantes, alors que ceux-ci souffrent déjà de l’absorption de près d’un quart des concentrations de CO2. Et selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’acidification et la désoxygénation des océans se sont poursuivies et ont eu des répercussions sur les écosystèmes, la vie marine et la pêche.
Par ailleurs, les situations extrêmes ont à nouveau affecté l’Arctique, qui s’est réchauffé deux fois plus rapidement que la moyenne depuis environ 35 ans. Depuis le milieu des années 1980, dans l’Arctique, les températures de l’air en surface ont augmenté au moins deux fois plus vite que la moyenne mondiale.
En 2020, l’étendue minimale de la banquise arctique après la fonte estivale était de 3,74 millions de km2. Elle a également atteint des minima record en juillet et en octobre. Selon l’OMM, une perte de 200 Gt de glace par an correspond environ au double du débit annuel du Rhin en Europe.
Inondations, sécheresses, cyclones tropicaux
Autre problème, incendies, ouragans et inondations ont été répandus et ont fait des centaines de victimes.
En 2020, de fortes pluies et de graves inondations ont touché de vastes zones d’Afrique et d’Asie. Elles ont déclenché une invasion de criquets pèlerins dans une grande partie du Sahel et de la corne de l’Afrique.
La sécheresse a persisté dans certaines zones d’Afrique australe, en particulier dans les provinces du Cap-Nord et du Cap-Oriental, en Afrique du Sud, bien que les pluies hivernales aient contribué à poursuivre l’atténuation de la sécheresse extrême qui a culminé en 2018.
Aux États-Unis, des incendies d’une ampleur sans précédent se sont produits à la fin de l’été et en automne, favorisés par une sécheresse généralisée. Dans la vallée de la Mort, en Californie, le mercure a atteint le 16 août 54,4 °C, soit la température la plus élevée enregistrée dans le monde depuis au moins 80 ans.
Avec 30 tempêtes baptisées, la saison des ouragans 2020 dans l’Atlantique Nord a battu tous ses records. Douze tempêtes ont touché terre aux États-Unis, dépassant ainsi le précédent record qui s’établissait à neuf.
La Covid-19 a représenté un nouvel élément indésirable
Plus largement, plus de 50 millions de personnes ont été frappées en 2020 à la fois par des catastrophes liées au climat (inondations, sécheresses et tempêtes) et par la pandémie de Covid-19, selon la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Des millions de personnes ont été affectées et environ dix millions d’entre elles ont notamment été déplacées, principalement en Asie du Sud et du Sud-Est et dans la corne de l’Afrique.
Cette situation a aggravé l’insécurité alimentaire et a représenté un risque supplémentaire lors des opérations d’évacuation, de rétablissement et de secours.
La Covid-19 a, quant à elle, représenté un nouvel élément indésirable. Les restrictions de déplacement, le ralentissement économique et les perturbations du secteur agricole ont exacerbé les effets des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.
La nouvelle administration américaine veut imprimer un nouvel élan
La pandémie a également perturbé la réalisation des observations météorologiques et compliqué les activités de prévention des catastrophes. Ce rapport aide donc à comprendre comment, par un enchaînement d’événements interdépendants, le changement climatique met en danger la concrétisation de nombreux objectifs de développement durable.
« Cette situation peut contribuer à renforcer ou à aggraver les inégalités existantes », ajoute l’OMM, relevant que des circuits de rétroaction pourraient se mettre en place et perpétuer le cercle vicieux du changement climatique ».
Le Sommet des dirigeants sur le climat, qu’organiseront virtuellement les États-Unis les 22 et 23 avril, permettra au Président américain, Joe Biden, d’imprimer un nouvel élan aux efforts déployés par les principales économies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
« 2021 est l’année de l’action »
L’objectif est de contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, et la limiter à 1,5 °C si possible.
Pour le Secrétaire général de l’ONU, « cela implique réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 45% par rapport aux niveaux de 2010 d'ici à 2030 et d'atteindre des émissions nettes nulles d'ici à 2050 ».
Les pays doivent présenter, bien avant la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP26), qui se tiendra à Glasgow (Royaume-Uni), d’ambitieux plans nationaux sur le climat.
« Ils doivent agir maintenant pour protéger les populations contre les effets désastreux du changement climatique », a insisté le chef de l’OMM.
Antonio Guterres et Petteri Taalas, ont tous les deux rappelé que 2021 doit être « l’année de l’action ». Il s’agit pour la communauté internationale d’investir dans les mesures d’adaptation. Et l’un des moyens les plus efficaces de s’adapter est d’investir dans les services d’alerte précoce et les réseaux d’observation météorologique.
« Nous devons nous mettre d'accord sur une direction commune à suivre », a insisté le Secrétaire général de l’ONU. « Les dix prochaines années doivent être une décennie de transformation. Enfin, nous avons besoin que ces engagements et ces plans soient soutenus par des actions concrètes et immédiates ».
En effet, « il s'agit véritablement d'une année charnière pour l'avenir de l'humanité », a-t-il réitéré. « Ce rapport montre que nous n'avons pas de temps à perdre. Le dérèglement climatique est là ». Pour le Secrétaire général de l’ONU, il faut agir de toute urgence afin de « stabiliser notre climat et mettre fin à notre guerre contre la nature ».
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