Il est clair que les principaux atouts de Silicon Valley qui ont suscité les innovations et stimulé l’esprit d’entrepreneuriat – une concentration élevée de talents, un esprit de forte émulation, un accès aisé au financement et un cadre réglementaire qui vient en appui aux projets d’affaires – peuvent être reproduits et adaptés à un vaste éventail de contextes. En fait, ces piliers de la créativité et du progrès ont été établis même dans des pays dont l’économie, le régime politique et les cultures sont très différents du contexte américain.
Évidemment, ces différents pays n’abordent pas tous l’innovation de la même manière. La Finlande, par exemple, doit sa grappe dynamique des jeux informatiques en grande partie à la tendance des étudiants de poursuivre de plus longes études. Même s’il est vrai que la sortie de la version 2009 du jeu vidéo de masse Angry Birds de Rovio Entertainment a servi de catalyseur à de nombreux projets innovateurs à Espoo, c’est l’Université d’Aalto – l’équivalent pour la Finlande de l’Université de Stanford en Californie – qui continue à stimuler l’innovation dans la région, en permettant aux programmeurs, concepteurs et autres talents essentiels de gagner leur vie en exerçant leur métier. Les étudiants d’Aalto ont également lancé le plus important et le plus dynamique Congrès d’entreprises en démarrage en Europe, qui rassemblera plus de 10 000 entrepreneurs et financiers en novembre prochain.
En outre, le programme d’accélération des projets de sauna d’incubation de l’université aide les nouveaux projets à faire leurs premiers pas vers la réussite. Situés sur le campus, les locaux du programme ont les allures colorées des bureaux de Google, mais avec une touche finlandaise : des salles de vidéoconférence ont été érigées comme des structures abritant des saunas. Depuis sa fondation en 2010, 126 entreprises sont sorties du giron du sauna d’incubation, et ont même obtenu un financement global de 37 millions $.
Aujourd’hui, la Finlande peut se targuer d’avoir lancé 200 entreprises dans le secteur des jeux, qui exportent 90 % de leur production. Selon l’Université d’Aalto, ce même secteur a connu une croissance des revenus de 260 % entre 2012 et 2013, ajoutant 1 000 emplois et 1,5 milliard $ en valeur totale à l’économie finlandaise, dans la dernière année seulement.
Aux Pays-Bas, les instances ont pris les devants en faisant la promotion des activités innovatrices. Il y a deux ans, l’État hollandais s’est associé à IBM et à un groupe de PME du pays pour donner le coup d’envoi d’un centre de traitement massif des données à l’extrême nord du pays dans le village de Dwingeloo, où siège Astron, l’Institut de radioastronomie des Pays-Bas.
Comme des initiatives de Silicon Valley, le projet réunit des acteurs des milieux universitaires, des sociétés locales pleines de talent et des multinationales dans l’atteinte d’un objectif commun – dans ce cas, pour construire le radiotélescope le plus grand du monde. L’instrument traitera et analysera des ondes radioactives recueillies à partir de deux millions d’antennes individuelles, permettant aux chercheurs de cartographier la forme de l’univers d’ici 2020 (du moins ils l’espèrent). IBM fournit la puissance de traitement des données, tandis que des entreprises hollandaises fabriquent tous les autres composants.
Outre ses propres objectifs, l’initiative peut servir de catalyseur d’une plus grande transformation de la culture technologique des Pays-Bas. Jan de Jeu, vice-président de l’Université de Groningue, prévoit que des experts à Dwingeloo et dans les provinces du Nord formeront plus de scientifiques et de chercheurs en informatique pour relever les défis fondamentaux liés au stockage, au transfert et à l’analyse de grands ensembles de données, créant ainsi ce que Jan de Jeu appelle « la vallée du traitement de données ».
En Asie du Sud-Est, Hong Kong est avantagé, d’abord et avant tout, par un cadre des affaires qui n’est pas encombré de lourdeurs administratives ou de corruption. Les délais de constitution d’une nouvelle société ne sont que de deux jours ; les taxes sont peu élevées et de nombreux espaces de travail communs sont offerts.
Il y a aussi le Program me d’incubation Cyberport financé par le secteur public qui vient en appui au développement du secteur des technologies de l’information et des communications de Hong Kong en offrant aux sociétés du capital de départ, un accès aux installations avancées et des formations en entrepreneuriat, en technologie et en développement commercial. Avec pour résultat que les rangs des entrepreneurs ont grossi de 300 %, ces trois dernières années.
De son côté, Singapour voit de plus en plus les retombées d’une décennie de réformes réglementaires, dont des subventions et des mesures fiscales pour encourager les investissements étrangers dans le secteur des technologies. De 2002 à 2009, plus de 11 000 entreprises ont été créées.
La nouvelle coqueluche des médias sociaux, Bubble Motion de Singapour (renommé récemment Bubbly), a généré plus de 20 millions d’abonnés dans les premiers deux ans – presque le double du nombre que Facebook ou Twitter a réussi à gagner pendant la même période de leur historique. Elle compte parmi ses investisseurs des entreprises influentes de Silicon Valley comme Sequoia Capital, Northgate Capital et Comcast Ventures.
En Chine continentale, Alibaba a récemment marqué l’histoire en obtenant 25 milliards $ dans l’appel public à l’épargne le plus important dans l’histoire du monde financier. Le fondateur de cette société chinoise, Jack Ma a déclaré son ambition de créer un « écosystème » prospère autour du siège social de Hangzhou. Les employés d’Alibaba, ses anciens employés et ses actionnaires ont déjà injecté plus de 6 milliards $ dans l’économie locale en 2013, grâce à l’Université Zhejiang et aux centres d’incubation des nouvelles entreprises Fudi (fondés par un ex-employé d’Alibaba) favorisant un rythme effréné de lancements d’entreprise.
L’enclave californienne pour les sociétés de technologie demeure le véritable joyau des écosystèmes entrepreneuriaux. Mais les innovateurs du monde entier se rendent compte de plus en plus qu’à mesure que les valeurs d’entreprise prennent leur essor à Silicon Valley, les vraies occasions d’investissement pour les investisseurs avisés en matière de technologie sont peut-être hors des États-Unis.
Traduit de l’anglais par Pierre Castegnier
Ross Buchanan est un auteur chez UP Global .
Copyright: Project Syndicate, 2014.
www.project-syndicate.org
Évidemment, ces différents pays n’abordent pas tous l’innovation de la même manière. La Finlande, par exemple, doit sa grappe dynamique des jeux informatiques en grande partie à la tendance des étudiants de poursuivre de plus longes études. Même s’il est vrai que la sortie de la version 2009 du jeu vidéo de masse Angry Birds de Rovio Entertainment a servi de catalyseur à de nombreux projets innovateurs à Espoo, c’est l’Université d’Aalto – l’équivalent pour la Finlande de l’Université de Stanford en Californie – qui continue à stimuler l’innovation dans la région, en permettant aux programmeurs, concepteurs et autres talents essentiels de gagner leur vie en exerçant leur métier. Les étudiants d’Aalto ont également lancé le plus important et le plus dynamique Congrès d’entreprises en démarrage en Europe, qui rassemblera plus de 10 000 entrepreneurs et financiers en novembre prochain.
En outre, le programme d’accélération des projets de sauna d’incubation de l’université aide les nouveaux projets à faire leurs premiers pas vers la réussite. Situés sur le campus, les locaux du programme ont les allures colorées des bureaux de Google, mais avec une touche finlandaise : des salles de vidéoconférence ont été érigées comme des structures abritant des saunas. Depuis sa fondation en 2010, 126 entreprises sont sorties du giron du sauna d’incubation, et ont même obtenu un financement global de 37 millions $.
Aujourd’hui, la Finlande peut se targuer d’avoir lancé 200 entreprises dans le secteur des jeux, qui exportent 90 % de leur production. Selon l’Université d’Aalto, ce même secteur a connu une croissance des revenus de 260 % entre 2012 et 2013, ajoutant 1 000 emplois et 1,5 milliard $ en valeur totale à l’économie finlandaise, dans la dernière année seulement.
Aux Pays-Bas, les instances ont pris les devants en faisant la promotion des activités innovatrices. Il y a deux ans, l’État hollandais s’est associé à IBM et à un groupe de PME du pays pour donner le coup d’envoi d’un centre de traitement massif des données à l’extrême nord du pays dans le village de Dwingeloo, où siège Astron, l’Institut de radioastronomie des Pays-Bas.
Comme des initiatives de Silicon Valley, le projet réunit des acteurs des milieux universitaires, des sociétés locales pleines de talent et des multinationales dans l’atteinte d’un objectif commun – dans ce cas, pour construire le radiotélescope le plus grand du monde. L’instrument traitera et analysera des ondes radioactives recueillies à partir de deux millions d’antennes individuelles, permettant aux chercheurs de cartographier la forme de l’univers d’ici 2020 (du moins ils l’espèrent). IBM fournit la puissance de traitement des données, tandis que des entreprises hollandaises fabriquent tous les autres composants.
Outre ses propres objectifs, l’initiative peut servir de catalyseur d’une plus grande transformation de la culture technologique des Pays-Bas. Jan de Jeu, vice-président de l’Université de Groningue, prévoit que des experts à Dwingeloo et dans les provinces du Nord formeront plus de scientifiques et de chercheurs en informatique pour relever les défis fondamentaux liés au stockage, au transfert et à l’analyse de grands ensembles de données, créant ainsi ce que Jan de Jeu appelle « la vallée du traitement de données ».
En Asie du Sud-Est, Hong Kong est avantagé, d’abord et avant tout, par un cadre des affaires qui n’est pas encombré de lourdeurs administratives ou de corruption. Les délais de constitution d’une nouvelle société ne sont que de deux jours ; les taxes sont peu élevées et de nombreux espaces de travail communs sont offerts.
Il y a aussi le Program me d’incubation Cyberport financé par le secteur public qui vient en appui au développement du secteur des technologies de l’information et des communications de Hong Kong en offrant aux sociétés du capital de départ, un accès aux installations avancées et des formations en entrepreneuriat, en technologie et en développement commercial. Avec pour résultat que les rangs des entrepreneurs ont grossi de 300 %, ces trois dernières années.
De son côté, Singapour voit de plus en plus les retombées d’une décennie de réformes réglementaires, dont des subventions et des mesures fiscales pour encourager les investissements étrangers dans le secteur des technologies. De 2002 à 2009, plus de 11 000 entreprises ont été créées.
La nouvelle coqueluche des médias sociaux, Bubble Motion de Singapour (renommé récemment Bubbly), a généré plus de 20 millions d’abonnés dans les premiers deux ans – presque le double du nombre que Facebook ou Twitter a réussi à gagner pendant la même période de leur historique. Elle compte parmi ses investisseurs des entreprises influentes de Silicon Valley comme Sequoia Capital, Northgate Capital et Comcast Ventures.
En Chine continentale, Alibaba a récemment marqué l’histoire en obtenant 25 milliards $ dans l’appel public à l’épargne le plus important dans l’histoire du monde financier. Le fondateur de cette société chinoise, Jack Ma a déclaré son ambition de créer un « écosystème » prospère autour du siège social de Hangzhou. Les employés d’Alibaba, ses anciens employés et ses actionnaires ont déjà injecté plus de 6 milliards $ dans l’économie locale en 2013, grâce à l’Université Zhejiang et aux centres d’incubation des nouvelles entreprises Fudi (fondés par un ex-employé d’Alibaba) favorisant un rythme effréné de lancements d’entreprise.
L’enclave californienne pour les sociétés de technologie demeure le véritable joyau des écosystèmes entrepreneuriaux. Mais les innovateurs du monde entier se rendent compte de plus en plus qu’à mesure que les valeurs d’entreprise prennent leur essor à Silicon Valley, les vraies occasions d’investissement pour les investisseurs avisés en matière de technologie sont peut-être hors des États-Unis.
Traduit de l’anglais par Pierre Castegnier
Ross Buchanan est un auteur chez UP Global .
Copyright: Project Syndicate, 2014.
www.project-syndicate.org