Côte d'Ivoire: Le réveil des vieux démons ?

Lundi 29 Juillet 2024

Au fur et à mesure que l’on s’approche de l’élection présidentielle en Côte d’ivoire, comme dans la plupart de nos pays, on a l’impression que les vieux démons reprennent du service.


A moins de 15 mois de la présidentielle complètement « cadenassée » par l’hypothétique candidature du président Alassane Ouattara, les challengers ne manquent pas en effet au sein des états-majors politiques comme en dehors. Toutefois il y a des motifs certains de préoccupation avec le débat récemment agité sur les origines sénégalaises de Tidjane Thiam, candidat déclaré sous la bannière du PDCI-RDA, dont il est le président depuis le 22 Décembre 2023. Il assume depuis cette date, du legs du défunt président Henry Konan Bédié.

Ses chances sont réelles, mêmes si certains pensent qu’il faudra aussi régler la question de la candidature éventuelle de jean Louis Billon dans les rangs du PDCI qui, le cas échéant, pourrait effriter son électorat.

Ensuite, la question de son absence du pays pendant deux décennies aussi est posée sur la table par certains proches du RHDP, arguant une méconnaissance des réalités du pays, pour essayer de le disqualifier.

Ce grief est battu en brèche par ses partisans pour qui le PDCI qui l’a investi démocratiquement suffit amplement.  Mieux, Tidjane Thiam a occupé des postes stratégiques en Côte d’ivoire y compris celui de ministre, et à l’époque la question de sa nationalité ne s’est pas posée, tout comme celle de Ouattara d’ailleurs, quand le président Houphouët l’avait nommé 1er Ministre.

Ironie de l’histoire, la question de « l’ivoirité » qui naguère avait été brandi par les partisans du PDCI sous Bédié, et qui avait été à l’origine de la plus grave crise que le pays a connue, est aujourd’hui retournée contre ses inventeurs qui à l’époque voulaient écarter Alassane Ouattara, qui en était l’objet, de briguer la magistrature suprême.

Au fond, la candidature de Thiam qui est la cible de partisans du RHDP, inspire deux voire trois considérations. C’est d’abord que le président Alassane Ouattara, ou du moins ses partisans et pas des moindres, le considèrent comme un sérieux concurrent à la présidentielle qui, à défaut de pouvoir les battre, risque de les amener au second tour, et qui sait, précipiter leur défaite. Tous les moyens sont bons pour se défaire d’un concurrent gênant, dont les partisans ne se laissent pas faire. C’est là où le bât blesse.

Cette stratégie a, en vérité, peu de chance de prospérer, même si elle semble réveiller de funestes souvenirs, car le pays est en train de panser ses blessures béantes et se trouve déjà dans une position d’alerte, surtout en prêtant une attention particulière à ce qui se dit dans les réseaux sociaux. Comme disait l’autre « ce que pensent les gens fait partie de la réalité ». Lorsqu’on parle de « sous race » en effet il y a une sérieuse dérive qu’il faut stopper.

Ensuite, Ouattara qui a réussi à installer un doute sur la candidature de Gbagbo (qui attend la grâce présidentielle pour la valider),  maintient le suspense sur  sa nouvelle candidature pour rempiler, et fait du « contingentement » sur les éventuelles candidatures dans le camp du RHDP. Aucune candidature n’ose se signaler pour l’instant, en revanche certains ténors affûtent leurs armes.

Dans le même temps, ses thuriféraires clament tout haut que « c’est Ouattara le candidat » et militent pour un quatrième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire.

La troisième considération est qu’en ciblant Tidjane Thiam avec des attaques sur ses origines, on crée irrémédiablement une bipolarisation du jeu politique, en remettant au goût du jour le Face à Face RHDP/ PDCI, autrement dit entre Ouattara et Thiam. Ainsi, les autres acteurs/ candidats deviennent des arbitres des élections de 2025, ce qui peut être dangereux pour Ouattara ou son candidat, qui risque de se retrouver seul contre tous.
D’ici-là, il est plus que nécessaire de purger ce débat malsain qui risque de réveiller les vieux démons.
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