Wolfgang Schauble, ministre allemand de l'économie
La zone euro s'englue dans la stagnation, et il eut été surprenant que la France connaisse un sort différent. La stagnation du PIB au deuxième trimestre, annoncée ce jeudi par l'Insee n'a rien de surprenant. Voilà un an, quasiment jour pour jour, le gouvernement avait vu dans les bons chiffres du deuxième trimestre 2013 le signe d'une reprise enfin amorcée, le retour assuré et à une croissance pérenne. Las...
En réalité, la ponction fiscale a abouti à des rentrées d'impôts largement inférieures aux prévisions. En raison du ras le bol fiscal ? Surtout parce que la croissance est retombée à zéro, ou presque. Des coupes dans les dépenses auraient eu, elles aussi, un effet négatif sur la croissance.
Comme le soulignent nombre d’économistes américains la zone euro souffre avant tout d'un déficit de demande. Il se mesure à l'aune de l'excédent de la balance courante. Cet excédent, ce sont les Allemands qui sont à l'origine par leur excès d'épargne. L'Allemagne a évidemment les capacités de relancer.
C'est la seule chance du président français. Que le gouvernement allemand, face à une économie qui se détériore, se décide à infléchir sa politique. Pas gagné...
Latribune.fr
Toute perspective de croissance anéantie
De croissance, il n'y a pas. Pour la première fois depuis que l'on mesure en France le PIB, soit le début des années 50, l'économie va connaître trois années de suite une croissance proche de zéro -le ministre de l'Economie, Michel Sapin, évoque désormais 0,5% pour 2014- en tous cas inférieure à 1%. Et pourquoi en serait-il autrement ? Toutes les politiques menées au sein de la zone euro depuis 2011 et qui visent à rééquilibrer les budgets à coups de hausses d'impôts ou de coupes dans les dépenses aboutissent à un résultat prévu et annoncé mois après mois par les économistes keynésiens : l'anéantissement de toute perspective de croissance, et avec pour corollaire le maintien des déficits publics. Le ministre français de l'Économie admet désormais qu'ils seront supérieurs à 4% du PIB en 2014, après 4,3% en 2013.Comment croire qu'un coup de massue fiscal aurait pu ne pas affecter l'économie
La France en est l'exemple flagrant. Arrivant au pouvoir au printemps 2012, François Hollande a voulu croire que son coup de massue de fiscal -30 milliards d'euros, soit deux points de PIB, de hausses d'impôts- aurait peu d'effet sur l'économie, et permettrait un rapide rétablissement des comptes. Comme si l'amputation des revenus des particuliers ou la taxation accrue des profits des entreprises pouvait ne pas avoir d'effet sur l'économie. Comme si la seule perspective d'une réduction du déficit pouvait, redonnant confiance aux consommateurs et investisseurs, contrebalancer cet effet récessif des hausses d'impôts, selon le théorème jamais vraiment démontré de l'équivalence ricardienne.En réalité, la ponction fiscale a abouti à des rentrées d'impôts largement inférieures aux prévisions. En raison du ras le bol fiscal ? Surtout parce que la croissance est retombée à zéro, ou presque. Des coupes dans les dépenses auraient eu, elles aussi, un effet négatif sur la croissance.
Un pacte de responsabilité inopérant
Le pacte de responsabilité peut-il changer la donne ? La baisse du coût travail qu'entreprend le gouvernement, à travers le Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), décidé dès l'automne 2012 - le revirement vers une politique « sociale-démocrate » de l'offre ne date pas de ce mois de janvier- pourrait jouer son rôle, si les entreprises voyaient leurs carnets de commande se remplir un peu. Ce qui n'est évidemment pas le cas. Elles subissent le contrecoup de la stagnation européenne, avec une croissance nulle des exportations au deuxième trimestre, et, en conséquence, une nouvelle baisse de l'investissement.Une réponse européenne
La question est celle de la sortie d'une telle situation. La réponse est bien évidemment européenne. François Hollande en appelle à l'Allemagne, à un effort de relance allemand, mais celle-ci ne veut rien entendre, renvoyant la France à ses réformes structurelles. Le ministre allemand de l'économie, Wolfgand Schauble a osé qualifier sa politique de keynésienne. Argument avancé : Keynes estimait qu'en situation de conjoncture favorable, l'Etat devait engranger les excédents, en prévision des périodes de basses eaux conjoncturelles. Et d'insister sur la situation favorable de l'Allemagne qui, donc, pourrait s'abstraire du contexte de la zone euro. Mais peut-on raisonner ainsi, aussi égoïstement, dans le cadre d'une Union économique et monétaire ? Où est la coordination économique dans la zone euro ? Si seule l'Allemagne compte, comment justifier sa participation à une telle union ? En outre, les derniers résultats économiques incitent à douter de la bonne situation économique de l'Allemagne : la stagnation s'y installe aussi.Comme le soulignent nombre d’économistes américains la zone euro souffre avant tout d'un déficit de demande. Il se mesure à l'aune de l'excédent de la balance courante. Cet excédent, ce sont les Allemands qui sont à l'origine par leur excès d'épargne. L'Allemagne a évidemment les capacités de relancer.
C'est la seule chance du président français. Que le gouvernement allemand, face à une économie qui se détériore, se décide à infléchir sa politique. Pas gagné...
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