À l'heure où les services bancaires mobiles et autres innovations technologiques encouragent l’expansion des services financiers dans beaucoup de pays en développement, ce nouveau rapport exhorte les décideurs à mettre l'accent sur des produits qui profitent d'abord aux pauvres, aux femmes et aux autres groupes vulnérables.
« Lorsqu'ils sont bien conçus, les services propices à l'inclusion financière aident les gens à prendre leurs affaires en main. Les organismes publics de réglementation financière tout autant que les banques du secteur privé ont intérêt à assurer à tous l'accès aux services financiers. Le monde entier en profite, et cela nous aide à combattre la pauvreté. » a déclaré le président du groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim.
Le mois dernier, M. Kim avait annoncé la mise en place d'une nouvelle initiative visant à assurer d'ici 2020 l'accès universel aux services financiers à l'ensemble des adultes en âge de travailler, en tirant parti d'innovations technologiques telles que le compte bancaire et le portefeuille électroniques.
Progrès de l'inclusion financière
Les services bancaires mobiles ont joué un rôle de premier plan dans la promotion de l'inclusion financière des populations à faible revenu de pays comme le Kenya, les Philippines et la Tanzanie. Les nouvelles technologies ont permis au Brésil d'élargir l’accès aux services financiers des habitants des régions éloignées grâce à des réseaux de « correspondants bancaires » qui permettent aux banques d'offrir leurs services dans les commerces de détail et les postes d'essence, ou par l'intermédiaire d'agents qui se déplacent à motocyclette, ou en bateau sur l'Amazone.
« Les pauvres sont les premiers à bénéficier des innovations technologiques qui rendent les services financiers moins coûteux et plus faciles d'accès », explique le rapport. Les économies à faible revenu, en particulier celles comportant des populations éloignées et de faible densité, ont tout à gagner dans la promotion de services financiers hors des succursales bancaires classiques.
Beaucoup de pays ont réussi à promouvoir l'ouverture de comptes bancaires par les pauvres, les femmes, les jeunes et les habitants des zones rurales, sans même faire appel aux nouvelles technologies. Certaines stratégies se sont avérées particulièrement efficaces — par exemple, l'obligation faite aux banques d'offrir des comptes à frais réduits, en dérogeant aux exigences habituelles en matière de documentation, et le recours aux virements électroniques pour le dépôt des prestations d'aide publique sur les comptes des bénéficiaires. L'Afrique du Sud a eu recours à un cadre public-privé pour accroître le nombre de comptes bancaires de six millions en quatre ans. Les réformes réglementaires réalisées au Brésil ont conduit à une augmentation considérable du nombre d'endroits offrant des services financiers : on en trouve désormais dans toutes les municipalités du pays.
Les défis de l'inclusion financière
Cependant de nombreux obstacles s'opposent encore à l'inclusion financière. Bien que plusieurs pays aient réussi à offrir l'accès aux services bancaires de base aux populations jusque-là privées de tels services, on a constaté dans certains cas que des millions de comptes bancaires restaient dormants. Pire encore, à défaut d'une saine concurrence et de règlements efficaces, beaucoup de gens obtiennent des prêts auxquels ils ne devraient normalement pas avoir droit. De plus, la promotion du crédit sans égard aux coûts qu'il entraîne a pour effet d'aggraver l'instabilité financière et économique.
Les pays à faible revenu sont confrontés à des problèmes particulièrement épineux. Selon les analyses de la base de données sur l’intégration financière mondiale (Global Findex) de la Banque mondiale dont fait état le rapport, la proportion des habitants de ces pays qui ont mis de l'argent de côté en 2011 n'était que de 30 %, contre 58 % dans les pays à revenu élevé. De plus, 11 % de ces épargnants ont utilisé un compte bancaire, contre 45 % dans les pays à revenu élevé. Enfin, 9 % environ des adultes du monde entier ont obtenu un prêt d'une institution financière officielle, mais les habitants des pays en développement sont trois fois plus nombreux à compter pour cela sur les membres de leurs familles ou sur leurs amis.
« Beaucoup de gens sont privés de services financiers parce que les pouvoirs publics et les marchés n'ont pas réussi à empêcher les coûts de ces services d'atteindre des niveaux prohibitifs, explique Asli Demirguc-Kunt, directrice de Recherche à la Banque mondiale et co-auteure du rapport. Dans beaucoup de cas, les services ne sont pas disponibles à cause d'obstacles réglementaires et juridiques. »
Corriger les défaillances du marché et de l’État
Pour promouvoir une inclusion financière responsable, le rapport exhorte les décideurs à améliorer les normes de divulgation des informations et à promouvoir les produits financiers novateurs et bien conçus qui permettent de corriger les défaillances du marché, de répondre aux besoins des consommateurs et d'abattre certains obstacles comportementaux. Par exemple, les comptes bancaires qui encouragent l'épargne en n'autorisant les retraits qu'au bout d'une période donnée ou après l'atteinte d'un objectif précis peuvent encourager l'épargne. Par ailleurs, des systèmes d’assurances indicielles bien conçus qui lient le versement des prestations à des indices bien définis — par exemple, le volume des précipitations ou le prix des produits de base — réduisent les problèmes d'aléa moral en liant le versement des prestations à un indice mesurable sur lequel le titulaire de la police n'a pas prise.
Les décideurs peuvent aussi améliorer l’accès aux services financiers en adoptant les nouvelles technologies qui comprennent non seulement les services bancaires mobiles, mais également d'autres innovations comme l'identification du client par capture d'empreinte digitale ou balayage de l'iris. Ils doivent cependant veiller à trouver un juste équilibre entre les mesures qui encouragent la mise au point de nouvelles plateformes de paiement et celles qui favorisent une plus grande concurrence.
L'inclusion financière responsable exige aussi une meilleure connaissance des questions financières de la part des consommateurs. L'étude a permis de constater que l'apprentissage des notions financières dans le cadre d'un programme scolaire normal conçu pour le grand public a peu d'impact. L'éducation financière peut par contre donner des résultats utiles lorsqu'elle est dispensée à des moments clés de la vie d'une personne — par exemple, au moment de commencer un nouvel emploi ou de présenter une demande de prêt hypothécaire. Les gens apprennent mieux lorsque les messages financiers sont transmis par l'intermédiaire des réseaux sociaux ou par d'autres voies populaires — par exemple, les feuilletons diffusés à la radio ou à la télé — selon les résultats mis en lumière par l'étude.
Ecofin
« Lorsqu'ils sont bien conçus, les services propices à l'inclusion financière aident les gens à prendre leurs affaires en main. Les organismes publics de réglementation financière tout autant que les banques du secteur privé ont intérêt à assurer à tous l'accès aux services financiers. Le monde entier en profite, et cela nous aide à combattre la pauvreté. » a déclaré le président du groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim.
Le mois dernier, M. Kim avait annoncé la mise en place d'une nouvelle initiative visant à assurer d'ici 2020 l'accès universel aux services financiers à l'ensemble des adultes en âge de travailler, en tirant parti d'innovations technologiques telles que le compte bancaire et le portefeuille électroniques.
Progrès de l'inclusion financière
Les services bancaires mobiles ont joué un rôle de premier plan dans la promotion de l'inclusion financière des populations à faible revenu de pays comme le Kenya, les Philippines et la Tanzanie. Les nouvelles technologies ont permis au Brésil d'élargir l’accès aux services financiers des habitants des régions éloignées grâce à des réseaux de « correspondants bancaires » qui permettent aux banques d'offrir leurs services dans les commerces de détail et les postes d'essence, ou par l'intermédiaire d'agents qui se déplacent à motocyclette, ou en bateau sur l'Amazone.
« Les pauvres sont les premiers à bénéficier des innovations technologiques qui rendent les services financiers moins coûteux et plus faciles d'accès », explique le rapport. Les économies à faible revenu, en particulier celles comportant des populations éloignées et de faible densité, ont tout à gagner dans la promotion de services financiers hors des succursales bancaires classiques.
Beaucoup de pays ont réussi à promouvoir l'ouverture de comptes bancaires par les pauvres, les femmes, les jeunes et les habitants des zones rurales, sans même faire appel aux nouvelles technologies. Certaines stratégies se sont avérées particulièrement efficaces — par exemple, l'obligation faite aux banques d'offrir des comptes à frais réduits, en dérogeant aux exigences habituelles en matière de documentation, et le recours aux virements électroniques pour le dépôt des prestations d'aide publique sur les comptes des bénéficiaires. L'Afrique du Sud a eu recours à un cadre public-privé pour accroître le nombre de comptes bancaires de six millions en quatre ans. Les réformes réglementaires réalisées au Brésil ont conduit à une augmentation considérable du nombre d'endroits offrant des services financiers : on en trouve désormais dans toutes les municipalités du pays.
Les défis de l'inclusion financière
Cependant de nombreux obstacles s'opposent encore à l'inclusion financière. Bien que plusieurs pays aient réussi à offrir l'accès aux services bancaires de base aux populations jusque-là privées de tels services, on a constaté dans certains cas que des millions de comptes bancaires restaient dormants. Pire encore, à défaut d'une saine concurrence et de règlements efficaces, beaucoup de gens obtiennent des prêts auxquels ils ne devraient normalement pas avoir droit. De plus, la promotion du crédit sans égard aux coûts qu'il entraîne a pour effet d'aggraver l'instabilité financière et économique.
Les pays à faible revenu sont confrontés à des problèmes particulièrement épineux. Selon les analyses de la base de données sur l’intégration financière mondiale (Global Findex) de la Banque mondiale dont fait état le rapport, la proportion des habitants de ces pays qui ont mis de l'argent de côté en 2011 n'était que de 30 %, contre 58 % dans les pays à revenu élevé. De plus, 11 % de ces épargnants ont utilisé un compte bancaire, contre 45 % dans les pays à revenu élevé. Enfin, 9 % environ des adultes du monde entier ont obtenu un prêt d'une institution financière officielle, mais les habitants des pays en développement sont trois fois plus nombreux à compter pour cela sur les membres de leurs familles ou sur leurs amis.
« Beaucoup de gens sont privés de services financiers parce que les pouvoirs publics et les marchés n'ont pas réussi à empêcher les coûts de ces services d'atteindre des niveaux prohibitifs, explique Asli Demirguc-Kunt, directrice de Recherche à la Banque mondiale et co-auteure du rapport. Dans beaucoup de cas, les services ne sont pas disponibles à cause d'obstacles réglementaires et juridiques. »
Corriger les défaillances du marché et de l’État
Pour promouvoir une inclusion financière responsable, le rapport exhorte les décideurs à améliorer les normes de divulgation des informations et à promouvoir les produits financiers novateurs et bien conçus qui permettent de corriger les défaillances du marché, de répondre aux besoins des consommateurs et d'abattre certains obstacles comportementaux. Par exemple, les comptes bancaires qui encouragent l'épargne en n'autorisant les retraits qu'au bout d'une période donnée ou après l'atteinte d'un objectif précis peuvent encourager l'épargne. Par ailleurs, des systèmes d’assurances indicielles bien conçus qui lient le versement des prestations à des indices bien définis — par exemple, le volume des précipitations ou le prix des produits de base — réduisent les problèmes d'aléa moral en liant le versement des prestations à un indice mesurable sur lequel le titulaire de la police n'a pas prise.
Les décideurs peuvent aussi améliorer l’accès aux services financiers en adoptant les nouvelles technologies qui comprennent non seulement les services bancaires mobiles, mais également d'autres innovations comme l'identification du client par capture d'empreinte digitale ou balayage de l'iris. Ils doivent cependant veiller à trouver un juste équilibre entre les mesures qui encouragent la mise au point de nouvelles plateformes de paiement et celles qui favorisent une plus grande concurrence.
L'inclusion financière responsable exige aussi une meilleure connaissance des questions financières de la part des consommateurs. L'étude a permis de constater que l'apprentissage des notions financières dans le cadre d'un programme scolaire normal conçu pour le grand public a peu d'impact. L'éducation financière peut par contre donner des résultats utiles lorsqu'elle est dispensée à des moments clés de la vie d'une personne — par exemple, au moment de commencer un nouvel emploi ou de présenter une demande de prêt hypothécaire. Les gens apprennent mieux lorsque les messages financiers sont transmis par l'intermédiaire des réseaux sociaux ou par d'autres voies populaires — par exemple, les feuilletons diffusés à la radio ou à la télé — selon les résultats mis en lumière par l'étude.
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