ÉTATS-UNIS : Cinquante ans de "guerre contre la pauvreté", pour quoi faire ?

Lundi 13 Janvier 2014

Un demi-siècle après le lancement de la grande croisade du président Lyndon B. Johnson, 46 millions d'Américains vivent sous le seuil de pauvreté.


ÉTATS-UNIS : Cinquante ans de "guerre contre la pauvreté", pour quoi faire ?
Pour de nombreux Américains, la guerre contre la pauvreté déclarée il y a cinquante ans par le président démocrate Lyndon B. Johnson est un échec. Le taux de pauvreté n'est passé que de 19 % à 15 % en deux générations, et 46 millions d'Américains ne disposent toujours pas de ressources suffisantes, selon les chiffres du gouvernement.
Mais, d'un autre point de vue, le gouvernement fédéral a tout de même réussi à enrayer la montée de la pauvreté. Personne ne peut nier que les programmes de protection sociale mis en place depuis le New Deal [notamment entre 1933 et 1938 par le président F.D. Roosevelt] ont considérablement amélioré les conditions de vie des Américains les plus pauvres.
Cinquante ans après le désormais célèbre discours sur l'Etat de l'Union de L.B. Johnson [prononcé le 8 janvier 1964], le débat sur le rôle que doit jouer le gouvernement pour enrayer la pauvreté est à nouveau relancé. Il faut dire que les inégalités entre les riches et les pauvres sont aussi fortes que dans les années 1920, et que le nombre de pauvres et de personnes en situation de précarité atteint des records. (Parallèlement, ces dernières décennies, ce sont surtout les plus riches qui ont engrangé les plus grands bénéfices.) Les programmes sociaux comme les allocations chômage et les bons alimentaires permettent à des millions de familles de maintenir la tête hors de l'eau. Les républicains veulent faire des coupes dans ces deux programmes, preuve des désaccords majeurs qui existent entre les deux partis sur les solutions à apporter à ce problème.
Changer les mentalités des jeunes Américains
A Washington, le président Obama a qualifié les inégalités de "défi majeur de notre temps". Et, pour relever ce défi, il voudrait inciter les Etats à élargir leur programme Medicaid [programme fédéral d'assurance-maladie pour les plus pauvres] et augmenter le salaire minimum, ainsi que le financement de l'aide sociale à la petite enfance.
Mais des conservateurs, comme le député républicain du Wisconsin P.D. Ryan, portent un regard plus sceptique sur les statistiques de la pauvreté. Selon lui, le gouvernement dépense de manière inconsidérée les sommes destinées à la protection sociale et doit délaisser les aides directes pour se concentrer davantage sur la stimulation de l'économie et de l'emploi.
"Notre pays doit prendre en compte deux faits : le taux de pauvreté est trop élevé, notamment chez les enfants, et les aides du gouvernement sous condition de ressources ne sont pas une solution, écrit Ron Haskins de l'Institut Brookings dans son rapport sur les échecs de la guerre contre la pauvreté. Avec les sommes dépensées par Washington dans ses programmes de lutte contre la pauvreté, il ne devrait plus y avoir un seul Américain dans le besoin, déclare-t-il. Pour mener une guerre efficace contre la pauvreté, poursuit-il, nous devons faire changer les mentalités des jeunes Américains."
Des chiffres trompeurs
Pourtant un grand nombre de chercheurs soulignent à quel point la vie des plus pauvres s'est améliorée depuis le début de la croisade de Johnson. La mortalité infantile a dégringolé, le nombre d'Américains terminant leurs études supérieures a explosé, des millions de femmes sont entrées sur le marché du travail et la malnutrition a été éradiquée. Rappelons qu'à l'époque où Johnson a lancé sa campagne, certains foyers des Appalaches n'avaient ni électricité, ni eau courante.
Selon de nombreux économistes, les chiffres officiels de la pauvreté minimisent l'impact des programmes gouvernementaux. Le taux de pauvreté prend seulement en compte les revenus et non les avantages en nature comme les bons alimentaires par exemple. Avec une meilleure prise en compte de ce paramètre, on constate que le taux de pauvreté est passé à 16 % contre 26 % à la fin des années 1960.
Cependant, qu'elle soit évaluée selon les critères officiels du gouvernement ou par ceux des économistes, la pauvreté reste un problème récurrent et persistant de la société américaine. Environ 4 enfants africains-américains sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté ; pour les enfants hispaniques, la proportion est de 3 sur 10.
Selon une étude récente réalisée à la mi-2011, quelque 1,7 million de foyers vivent avec moins de 2 dollars par jour et par personne ; une très grande précarité que l'on observe généralement dans les pays en voie de développement et qui est en augmentation aux Etats-Unis depuis le milieu des années 1990.
Le plus grand espoir pour les Américains les plus pauvres serait une embellie économique qui permettrait de faire baisser le taux de chômage (actuellement de 7 % au niveau national) et au plus grand nombre de reprendre leur place sur le marché du travail. Chez les gens qui travaillent à temps plein le taux de pauvreté est seulement de 3 % alors qu'il dépasse les 33 % chez les chômeurs.
 THE NEW YORK TIMES
Actu-Economie


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