Pour lui, l’Etat doit insister sur la formation continue des enseignants. «Quand il y a des innovations, il faut des mesures d’accompagnements. Le curriculum est là, il n’y a aucune mesure d’accompagnement. Par rapport aux innovations, il faut toujours faire l’accompagnement. Un enseignant doit être continuellement formé». Il invite l’Etat à se pencher plus sérieusement sur la réalité du terrain. « Il faut que les autorités puissent descendre dans les écoles afin de voir dans quelles conditions les enseignants travaillent, parce que ce n’est pas facile», dit-il.
C’est un point de vue partagé par l’inspecteur de l’éducation Mame Séllé Ndiaye, et qui est destiné aux maîtres qui sont sur le terrain et qui manquent d’expériences. «Nous avons eu une formation continue, ça veut dire qu’ils s’organisent à suivre les formations pédagogiques et sont encadrés par des inspecteurs de l’enseignement, par des directeurs d’écoles. Mais aussi la formation diplômante des enseignants, c’est-à-dire que les enseignants qui n’avaient pas encore la qualification, le diplôme professionnel, le Cap, sont repris au niveau des Centres régionaux de formation de professionnels de l’éducation (Crfpe), pour être recyclés, reformés encore afin d’obtenir une meilleure qualification».
Au niveau administratif, on souligne déjà les mesures qui ont été prises dans le cadre du Partenariat pour l’amélioration de la lecture et des mathématiques à l’école élémentaire (Palme). Mais, selon M. Ndiaye, il y a d’autres solutions qu’il urge d’appliquer comme entre autres «la révision du mode de recrutement des enseignants et d’ailleurs, l’Etat s’est engagé dans cette voie par l’organisation d’un concours beaucoup plus transparent, beaucoup plus rigoureux, le recrutement des élèves- maîtres. Cette année, nous qui étions dans ce processus, nous avons constaté que, plus de 80% de ces élèves-maîtres qui ont réussi au concours, ont, un niveau académique supérieur au Baccalauréat. Nous avons eu à faire des entretiens avec des étudiants qui étaient en Master II, d’autres qui étaient en licence. Nous avons vraiment de très bons profils». «Pour dire que le concours a été beaucoup plus sélectif, beaucoup plus sérieux dans le mode de recrutement. C’est dire que, c’est un aspect que l’Etat est en train de réussir», a justifié l’inspecteur Mame Sellé Ndiaye.
Les inspecteurs et autres directeurs à la retraite sont mis à contribution dans le cadre de la recherche de solution note M. Ndiaye, «l’intervention des personnes ressources tels que les directeurs et les inspecteurs à la retraite dans le cadre du Palme qui intervient pour renforcer les enseignants. Mais également, d’autres personnes ressources, les étudiants qui sont dans les quartiers pour appuyer davantage les élèves pendant les week-ends et les après-midis où il n’y a pas cours».
En plus de cela, et selon l’inspecteur Mame Sellé Ndiaye, l’Etat s’est engagé également à mettre à la disposition de tous les élèves, des manuels de lecture, de mathématiques et d’éveils. «En ce qui concerne les matériels didactiques, il existe des formations qui sont déroulées pour aider les enseignants à mieux pouvoir utiliser les matériels didactiques. Je pense même aux matériels d’activités géométriques, comment utiliser par exemple dans des activités de construction, les outils dont on dispose». Pour ce qui est du manque de matériels, «il faudrait davantage que les collectivités locales qui ont la charge d’accompagner les élèves avec la loi portant sur la décentralisation, s’orientent plus vers l’accompagnement au niveau de la qualité», a-t-il suggéré.
DES RESPONSABILITÉS PARTAGÉES, SELON LES SYNDICALISTES
MAMADOU LAMINE DIANTÉ, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SAEMS-CUSEMS : «On a de plus en plus tendance à aller vers une pédagogie de l’échec»
Les enseignants refusent d’endosser la responsabilité de ces échecs massifs et de la baisse de niveau. Ils dénoncent plutôt la désorganisation du secteur et les conditions matérielles d’enseignement qui seraient à l’origine de ces mauvaises performances. Le secrétaire général du Sames-Cusems et coordonnateur du Grand Cadre, Mamadou Lamine Dinaté, reconnait les mauvais résultats mais les met sur le compte du déficit d’enseignants et de salles de cours qui obligent les chefs d’établissement à réduire de fait des horaires hebdomadaires prévus pour chaque matière. « Globalement, on est autour de 33-34% de réussite au Baccalauréat et du Cfee, c’est-à-dire, qu’il y a 66% d’échecs. Ces résultats qui ont baissé, c’est moins le fait des élèves ou le fait des enseignants, mais le fait qu’on n’a pas mis en place un système de pédagogie de la réussite », a souligné M. Dianté. Avant de renseigner : « en revanche, on a de plus en plus tendance à aller vers une pédagogie de l’échec. Parce qu’aujourd’hui, quand vous regardez les conditions d’apprentissage des élèves, avec des effectifs partout pléthoriques, cela impacte sur le taux d’encadrement des élèves ».
« Dans le moyen secondaire, dans certaines disciplines comme par exemple, les mathématiques où les élèves doivent faire cinq heures de mathématiques hebdomadaires, mais à cause des déficits des salles de classe ou des enseignants de mathématiques, ils se contentent de deux heures ou trois heures hebdomadaires. Il est clair qu’ils ne peuvent pas terminer un programme », précisé-t-il.
Dans son explication M. Dianté revient également sur les conditions et le niveau de recrutement des enseignants pour souligner un faisceau de faits qui altère la qualité de l’enseignement et diminue les conditions de performances, «depuis les années 90, les enseignants sont recrutés de plus en plus par la voie de la vacation et de la contractualisation pour l’essentiel au moins les 2/3 des enseignants. Ils rentrent dans le système éducatif sans formation initiale. Ce sont des gens qui se forment sur le tas. Ils parviennent, tant bien que mal, à travers une formation à distance dont la qualité est peut être discutable d’ailleurs, à arriver à obtenir leur diplôme » explique-t-il.
Le syndicaliste pointe du doigt, une méthode pédagogique dite des grands groupes, préconisée pour faire face à la question des effectifs pléthoriques et du manque de matériels didactiques. Or, il se trouve que cette méthode n’est pas prise en compte dans la formation initiale dans la plupart des enseignants et il s’y ajoute que la logistique nécessaire à sa mise en œuvre (ordinateurs, rétroprojecteurs, tableaux mobiles entre autres) fait défaut dans la plupart des écoles.
«L’autre élément, ce sont les conditions de travail puisque depuis une quinzaine voire une vingtaine d’années, la Fastef développe ce qu’on appelle la «pédagogie des grands groupes». Mais pour cette pédagogie des grands groupes, il faut en avoir fait la formation, l’assimiler pour pouvoir travailler dans les conditions des classes à effectifs pléthoriques. Et pour les enseignants qui ont ces effectifs et qui n’ont pas la formation initiale, ils seront incapables de gérer ces classes», dit Mamadou Lamine Dianté. Pour lui, l’autre élément imputable à tort ou à raison aux enseignants, ce sont les grèves, mais cela relève plus de la responsabilité de l’Etat qui, depuis une dizaine d’années, a cette propension à ne pas respecter les accords signés avec les syndicats d’enseignants.
ABDOU FATY, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SYNDICAT DES ENSEIGNANTS LIBRES DU SÉNÉGAL (SELS) : «Les enseignants pour la plupart ne sont pas bien formés avec le curriculum»
Au niveau de l’élémentaire, c’est le même problème qui se pose avec l’introduction d’une nouvelle méthode basée sur le curriculum et pour laquelle la plupart des acteurs n’a été formée. Pour Abdou Faty, « le système a été rattrapé par la généralisation du curriculum, c’est-à-dire de l’enseignement de l’approche par les compétences ».
«Parce qu’on a mis la charrue avant les bœufs. C’est-à-dire, qu’il n’y a pas assez de documents, du CI au Cm2 qui accompagnent l’approche par les compétences du curriculum. Dans beaucoup d’écoles au Sénégal, les documents de la 3ème étape, ne sont pas disponibles. Cette réforme majeure qui doit s’accompagner du matériel didactique, dans beaucoup d’écoles, il n’y a pas d’électricité. Les enseignants pour la plupart ne sont pas bien formés avec le curriculum. Parce que l’Etat n’a pas mis les moyens pour que les enseignants soient formés sur l’échelle du territoire national. Donc, contrairement à ce qui est prévu, ils enseignent les anciennes méthodes, c’est-à-dire les approches globales. Or, les enfants sont évalués avec la nouvelle méthode qui est l’approche par les compétences, le curriculum. Conséquences : les enfants n’ont pas le niveau. Et même temps, les enfants qui sont dans les écoles, sont perturbés. Parce qu’il y’a des enseignants qui ont un peu de capacité par les nouvelles approches du curriculum… D’où une baisse de niveau extraordinaire. De telle sorte que les enfants quand ils vont au moyen secondaire, ils trainent beaucoup de lacunes. Au moyen secondaire, on se retrouve même avec des enfants qui ne savent pas lire en 6ème. L’Etat n’a pas mis les moyens pour qu’effectivement les enseignants soient formés. C’est sa responsabilité...», s’indigne M. Faty. Pour lui, « l’Etat doit financer la formation entière sur ce curriculum au lieu de s’arrêter à l’organisation de séminaire où formateurs et stagiaires émargent juste pour encaisser des perdiems et retourner à leurs vieilles pratiques ».
«Aujourd’hui, ce qu’on doit faire, c’est, de manière régalienne, que l’Etat mette les moyens pour la formation totale au niveau du Sénégal et évalue la formation. Ce n’est pas seulement donné de l’argent pour des séminaires et les gens touchent les perdiems, sans évaluation, ni suivi. Qu’on donne toutes les classes du Ci au Cm2 des livres adaptés, pour toutes les matières. Et, en ce moment, on pourrait, si les enseignants ne font pas correctement leur travail, les sanctionner» a-t-il préconisé.
Toutefois, le syndicaliste n’absout pas ses camarades de tout pêché dans cette situation tragique que traverse l’école sénégalaise. Pour lui, l’enseignant doit opposer aux défaillances de l’Etat, sa volonté et son abnégation. «Même si l’Etat est laxiste en ce qui concerne le matériel didactique, les enseignants doivent également s’ouvrir aux outils informatiques. Nous sommes dans un village planétaire. Il y’a des plateformes pédagogiques qui sont partagés, ils doivent avoir également cette capacité de s’auto former pour pallier aux défaillances de l’Etat.
Tout en reconnaissant la pertinence de la réforme, le responsable syndical n’en dénonce pas moins le pilotage à vue et le tâtonnement de ceux qui sont chargés de la mettre en œuvre. «La réforme majeure est mal utilisée par certains inspecteurs, par les enseignants. Mais qu’est-ce qu’on va administrer aux enfants ? On tâtonne ! Et au finish, les enfants ne sauront absolument rien faire, ni lire, ni avoir un esprit scientifique. C’est ça la réalité. La réforme en soi, est une réforme majeure, notamment l’approche par les compétences. Parce qu’on pousse les enfants à un savoir-faire et un savoir être. Donc, puisse que cette réforme est bonne, il faudrait l’encadrer. En quoi faisant ? En mettant les moyens et ne pas dépendre de l’aide extérieure. C’est une réforme majeure, d’autorité, républicaine, il faudrait que l’Etat mette les moyens, mette de l’argent pour acheter assez de matériels didactiques, former les formateurs, former les formés que sont les enseignants et mettre un dispositif d’évaluation,et évaluer les enseignements apprentissages que les maîtres dispensent tous les jours»,a suggéré M. Faty .
http://www.sudonline.sn
C’est un point de vue partagé par l’inspecteur de l’éducation Mame Séllé Ndiaye, et qui est destiné aux maîtres qui sont sur le terrain et qui manquent d’expériences. «Nous avons eu une formation continue, ça veut dire qu’ils s’organisent à suivre les formations pédagogiques et sont encadrés par des inspecteurs de l’enseignement, par des directeurs d’écoles. Mais aussi la formation diplômante des enseignants, c’est-à-dire que les enseignants qui n’avaient pas encore la qualification, le diplôme professionnel, le Cap, sont repris au niveau des Centres régionaux de formation de professionnels de l’éducation (Crfpe), pour être recyclés, reformés encore afin d’obtenir une meilleure qualification».
Au niveau administratif, on souligne déjà les mesures qui ont été prises dans le cadre du Partenariat pour l’amélioration de la lecture et des mathématiques à l’école élémentaire (Palme). Mais, selon M. Ndiaye, il y a d’autres solutions qu’il urge d’appliquer comme entre autres «la révision du mode de recrutement des enseignants et d’ailleurs, l’Etat s’est engagé dans cette voie par l’organisation d’un concours beaucoup plus transparent, beaucoup plus rigoureux, le recrutement des élèves- maîtres. Cette année, nous qui étions dans ce processus, nous avons constaté que, plus de 80% de ces élèves-maîtres qui ont réussi au concours, ont, un niveau académique supérieur au Baccalauréat. Nous avons eu à faire des entretiens avec des étudiants qui étaient en Master II, d’autres qui étaient en licence. Nous avons vraiment de très bons profils». «Pour dire que le concours a été beaucoup plus sélectif, beaucoup plus sérieux dans le mode de recrutement. C’est dire que, c’est un aspect que l’Etat est en train de réussir», a justifié l’inspecteur Mame Sellé Ndiaye.
Les inspecteurs et autres directeurs à la retraite sont mis à contribution dans le cadre de la recherche de solution note M. Ndiaye, «l’intervention des personnes ressources tels que les directeurs et les inspecteurs à la retraite dans le cadre du Palme qui intervient pour renforcer les enseignants. Mais également, d’autres personnes ressources, les étudiants qui sont dans les quartiers pour appuyer davantage les élèves pendant les week-ends et les après-midis où il n’y a pas cours».
En plus de cela, et selon l’inspecteur Mame Sellé Ndiaye, l’Etat s’est engagé également à mettre à la disposition de tous les élèves, des manuels de lecture, de mathématiques et d’éveils. «En ce qui concerne les matériels didactiques, il existe des formations qui sont déroulées pour aider les enseignants à mieux pouvoir utiliser les matériels didactiques. Je pense même aux matériels d’activités géométriques, comment utiliser par exemple dans des activités de construction, les outils dont on dispose». Pour ce qui est du manque de matériels, «il faudrait davantage que les collectivités locales qui ont la charge d’accompagner les élèves avec la loi portant sur la décentralisation, s’orientent plus vers l’accompagnement au niveau de la qualité», a-t-il suggéré.
DES RESPONSABILITÉS PARTAGÉES, SELON LES SYNDICALISTES
MAMADOU LAMINE DIANTÉ, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SAEMS-CUSEMS : «On a de plus en plus tendance à aller vers une pédagogie de l’échec»
Les enseignants refusent d’endosser la responsabilité de ces échecs massifs et de la baisse de niveau. Ils dénoncent plutôt la désorganisation du secteur et les conditions matérielles d’enseignement qui seraient à l’origine de ces mauvaises performances. Le secrétaire général du Sames-Cusems et coordonnateur du Grand Cadre, Mamadou Lamine Dinaté, reconnait les mauvais résultats mais les met sur le compte du déficit d’enseignants et de salles de cours qui obligent les chefs d’établissement à réduire de fait des horaires hebdomadaires prévus pour chaque matière. « Globalement, on est autour de 33-34% de réussite au Baccalauréat et du Cfee, c’est-à-dire, qu’il y a 66% d’échecs. Ces résultats qui ont baissé, c’est moins le fait des élèves ou le fait des enseignants, mais le fait qu’on n’a pas mis en place un système de pédagogie de la réussite », a souligné M. Dianté. Avant de renseigner : « en revanche, on a de plus en plus tendance à aller vers une pédagogie de l’échec. Parce qu’aujourd’hui, quand vous regardez les conditions d’apprentissage des élèves, avec des effectifs partout pléthoriques, cela impacte sur le taux d’encadrement des élèves ».
« Dans le moyen secondaire, dans certaines disciplines comme par exemple, les mathématiques où les élèves doivent faire cinq heures de mathématiques hebdomadaires, mais à cause des déficits des salles de classe ou des enseignants de mathématiques, ils se contentent de deux heures ou trois heures hebdomadaires. Il est clair qu’ils ne peuvent pas terminer un programme », précisé-t-il.
Dans son explication M. Dianté revient également sur les conditions et le niveau de recrutement des enseignants pour souligner un faisceau de faits qui altère la qualité de l’enseignement et diminue les conditions de performances, «depuis les années 90, les enseignants sont recrutés de plus en plus par la voie de la vacation et de la contractualisation pour l’essentiel au moins les 2/3 des enseignants. Ils rentrent dans le système éducatif sans formation initiale. Ce sont des gens qui se forment sur le tas. Ils parviennent, tant bien que mal, à travers une formation à distance dont la qualité est peut être discutable d’ailleurs, à arriver à obtenir leur diplôme » explique-t-il.
Le syndicaliste pointe du doigt, une méthode pédagogique dite des grands groupes, préconisée pour faire face à la question des effectifs pléthoriques et du manque de matériels didactiques. Or, il se trouve que cette méthode n’est pas prise en compte dans la formation initiale dans la plupart des enseignants et il s’y ajoute que la logistique nécessaire à sa mise en œuvre (ordinateurs, rétroprojecteurs, tableaux mobiles entre autres) fait défaut dans la plupart des écoles.
«L’autre élément, ce sont les conditions de travail puisque depuis une quinzaine voire une vingtaine d’années, la Fastef développe ce qu’on appelle la «pédagogie des grands groupes». Mais pour cette pédagogie des grands groupes, il faut en avoir fait la formation, l’assimiler pour pouvoir travailler dans les conditions des classes à effectifs pléthoriques. Et pour les enseignants qui ont ces effectifs et qui n’ont pas la formation initiale, ils seront incapables de gérer ces classes», dit Mamadou Lamine Dianté. Pour lui, l’autre élément imputable à tort ou à raison aux enseignants, ce sont les grèves, mais cela relève plus de la responsabilité de l’Etat qui, depuis une dizaine d’années, a cette propension à ne pas respecter les accords signés avec les syndicats d’enseignants.
ABDOU FATY, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SYNDICAT DES ENSEIGNANTS LIBRES DU SÉNÉGAL (SELS) : «Les enseignants pour la plupart ne sont pas bien formés avec le curriculum»
Au niveau de l’élémentaire, c’est le même problème qui se pose avec l’introduction d’une nouvelle méthode basée sur le curriculum et pour laquelle la plupart des acteurs n’a été formée. Pour Abdou Faty, « le système a été rattrapé par la généralisation du curriculum, c’est-à-dire de l’enseignement de l’approche par les compétences ».
«Parce qu’on a mis la charrue avant les bœufs. C’est-à-dire, qu’il n’y a pas assez de documents, du CI au Cm2 qui accompagnent l’approche par les compétences du curriculum. Dans beaucoup d’écoles au Sénégal, les documents de la 3ème étape, ne sont pas disponibles. Cette réforme majeure qui doit s’accompagner du matériel didactique, dans beaucoup d’écoles, il n’y a pas d’électricité. Les enseignants pour la plupart ne sont pas bien formés avec le curriculum. Parce que l’Etat n’a pas mis les moyens pour que les enseignants soient formés sur l’échelle du territoire national. Donc, contrairement à ce qui est prévu, ils enseignent les anciennes méthodes, c’est-à-dire les approches globales. Or, les enfants sont évalués avec la nouvelle méthode qui est l’approche par les compétences, le curriculum. Conséquences : les enfants n’ont pas le niveau. Et même temps, les enfants qui sont dans les écoles, sont perturbés. Parce qu’il y’a des enseignants qui ont un peu de capacité par les nouvelles approches du curriculum… D’où une baisse de niveau extraordinaire. De telle sorte que les enfants quand ils vont au moyen secondaire, ils trainent beaucoup de lacunes. Au moyen secondaire, on se retrouve même avec des enfants qui ne savent pas lire en 6ème. L’Etat n’a pas mis les moyens pour qu’effectivement les enseignants soient formés. C’est sa responsabilité...», s’indigne M. Faty. Pour lui, « l’Etat doit financer la formation entière sur ce curriculum au lieu de s’arrêter à l’organisation de séminaire où formateurs et stagiaires émargent juste pour encaisser des perdiems et retourner à leurs vieilles pratiques ».
«Aujourd’hui, ce qu’on doit faire, c’est, de manière régalienne, que l’Etat mette les moyens pour la formation totale au niveau du Sénégal et évalue la formation. Ce n’est pas seulement donné de l’argent pour des séminaires et les gens touchent les perdiems, sans évaluation, ni suivi. Qu’on donne toutes les classes du Ci au Cm2 des livres adaptés, pour toutes les matières. Et, en ce moment, on pourrait, si les enseignants ne font pas correctement leur travail, les sanctionner» a-t-il préconisé.
Toutefois, le syndicaliste n’absout pas ses camarades de tout pêché dans cette situation tragique que traverse l’école sénégalaise. Pour lui, l’enseignant doit opposer aux défaillances de l’Etat, sa volonté et son abnégation. «Même si l’Etat est laxiste en ce qui concerne le matériel didactique, les enseignants doivent également s’ouvrir aux outils informatiques. Nous sommes dans un village planétaire. Il y’a des plateformes pédagogiques qui sont partagés, ils doivent avoir également cette capacité de s’auto former pour pallier aux défaillances de l’Etat.
Tout en reconnaissant la pertinence de la réforme, le responsable syndical n’en dénonce pas moins le pilotage à vue et le tâtonnement de ceux qui sont chargés de la mettre en œuvre. «La réforme majeure est mal utilisée par certains inspecteurs, par les enseignants. Mais qu’est-ce qu’on va administrer aux enfants ? On tâtonne ! Et au finish, les enfants ne sauront absolument rien faire, ni lire, ni avoir un esprit scientifique. C’est ça la réalité. La réforme en soi, est une réforme majeure, notamment l’approche par les compétences. Parce qu’on pousse les enfants à un savoir-faire et un savoir être. Donc, puisse que cette réforme est bonne, il faudrait l’encadrer. En quoi faisant ? En mettant les moyens et ne pas dépendre de l’aide extérieure. C’est une réforme majeure, d’autorité, républicaine, il faudrait que l’Etat mette les moyens, mette de l’argent pour acheter assez de matériels didactiques, former les formateurs, former les formés que sont les enseignants et mettre un dispositif d’évaluation,et évaluer les enseignements apprentissages que les maîtres dispensent tous les jours»,a suggéré M. Faty .
http://www.sudonline.sn