Décidément les autorités de la République ne sont pas satisfaites de la participation des banques commerciales au financement du développement de l’économie nationale. Après une première sortie du président de la République, Macky Sall, il y a quelques semaines fustigeant les taux d’intérêts élevés pratiqués par les banques commerciales, c’est le Premier ministre, Abdoul Mbaye qui est monté au créneau, à l’occasion de la cérémonie officielle d’ouverture de la réunion des ministres des finances de la zone Franc, pour encore parler du sujet. Ayant travaillé à la BCEAO et ancien directeur d’une banque commerciale, Abdoul sait bien de quoi il parle. Devant les ministres des finances de la zone Franc, les gouverneurs des banques centrales, il a abordé la question de l’efficacité de la transmission de la politique monétaire. Dans son discours à cette réunion, le Premier ministre s’est désolé du fait que l’activité économique dans nos pays reste insuffisamment financée. Pour illustrer cet état de fait, Abdoul Mbaye a donné comme exemple les chiffres dans les pays comme l’Afrique du Sud où les banques assurent 147% du financement du développement, le Maroc pour 77% et le Nigéria où les banques assurent 34% du financement du développement. Alors que dans nos pays, le financement du développement est seulement assuré à 20% par les banques. Dans ces conditions, il sera difficile d’atteindre les taux de croissance à deux chiffres indispensables pour prétendre à l’émergence économique. Malheureusement, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest( BCEAO), qui vient encore de baisser ses taux directeurs de 25 points de base n’a aucun levier sur lequel, elle peut appuyer pour pousser les banques commerciales à rendre le loyer de l’argent moins coûteux, en pratiquant des taux d’intérêts accessibles pour les agents économiques. Le gouverneur de la BCEAO, Thiemoko Meyliet Koné a proposé comme unique solution la poursuite de la sensibilisation des banques commerciales sur ce sujet. Cela suffira-t-il pour pousser des banques commerciales pourtant sur liquides à se réajuster , là se trouve toute la question. Les banques commerciales vont sans doute continuer à se réfugier derrière le paramètre risque pour ne pas donner une suite favorable à certains dossiers de demande de crédits.
Ismaila BA
Ismaila BA