L'économie mondiale a une réalité: lorsqu'une puissance ou une région importante éternue, les échanges commerciaux s'enrhument .L'éclatement du russo-ukrainienne va forcément avoir un impact sur l'économie mondiale en général et en Afrique en particulier. Les deux Etats en conflit ont soit des relations économiques directes avec la plupart des pays africains, soit avec d'autres puissances qui, à leur tour, entretiennent des relations commerciales fortes avec eux. De façon directe ou indirecte, les conséquences se sentiront dans les différents échanges commerciaux, même si la dimension de l'impact dépendra de la durée du conflit et des sanctions qui pourraient en découler en défaveur de Moscou. Et ce, en prenant compte du fait que les autres puissances ne peuvent prendre que des sanctions "softs" au regard de la puissance militaire, de l'importance et de la place de la Russie (nouvel allié de la Chine) sur l'échiquier économique mondial.
La hausse du prix du baril du pétrole à plus 100 dollars, une première depuis 2014, annonce la couleur de la flambée prochaine des
coûts d'importations et autres produits finis. Ce qui peut freiner la progression des échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique qui tournent à plus de 20 milliards $ depuis 2018. Il va falloir être mesuré sur les perspectives concernant les importations en provenance de cette région du monde, rappelant que le Sénégal (en ce qui le concerne ) figure en bonne place dans le top 10 des pays africains partenaires de la Russie à côté de l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Egypte, le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Nigeria, le
Soudan et la Tunisie.
Il est important de rappeler que Moscou fournit 11,5% de l’offre mondiale et est le deuxième exportateur ainsi que le troisième producteur de pétrole brut. Quelque 2,3 millions de barils de pétrole brut russe partent chaque jour vers l’Europe.
Les exportations et les importations du Sénégal de produits pétroliers bruts et finis sont exposées. Le Sénégal dont les importations en huiles brutes de pétrole ont été en hausse de +17,8% et ses produits pétroliers finis de +28,8% devra subir la fluctuation du baril, tant sur les produits commerciaux qu'au niveau de la pompe. A moins que l'Etat révise la compensation. Les produits pétroliers
constituent ainsi un des principaux produits exportés du Sénégal avec 8,9% des exportations du pays en 2018 contre 8,4% en 2017. Les exportations sénégalaises en produits pétroliers qui avoisine aujourd'hui les 9% (en croissance depuis 2017) pourraient également avoir des impacts et connaître une stabilisation sinon même un recul, si l'on sait que leur évolution reste tributaire des cours mondiaux de pétrole.
Cela peut également jouer sur le volume de traitement de la Société Africaine de Raffinage (SAR) qui permet l’approvisionnement des pays de la sous-région (le Mali, le Burkina Faso, le Togo, la Mauritanie et le Libéria), tant au niveau des coûts des produits que ceux du
transport, puisque l'approvisionnement se fait par navires et aéronefs. L'impossibilité de protéger la libre-circulation des biens vers
l'Ukraine aura un impact économique sur les échanges commerciaux entre Kiev et Dakar dont les volumes sont insoupçonnés. En effet, rien qu'entre janvier et octobre 2021, le volume des échanges commerciaux sont estimés à 101.58 millions USD avec un solde positif pour l'Ukraine de 97.78 millions USD. Sur la même période, les exportations de l'Ukraine vers le Sénégal sont passées à 99.68 millions USD. Les principaux postes des exportations ukrainiennes concernent la fonte, fer et acier (84,5%), graisses, huiles animales ou végétales (10,0%) et céréales (1.7%).
Les exportations sénégalaises vers l'Ukraine sont évaluées à 1.9 millions USD et se composent principalement des poissons et crustacés (55.3%), des minerais, scories et cendre (38.4%). Le conflit va avoir des conséquences économiques directes et indirectes, plus loin que les questions liées à l’énergie. Au-delà des impacts directs inhérents aux coopérations bilatérales entre le Sénégal et
l'Ukraine ou encore le Sénégal et la Russie, l'on pourrait s'attendre à la hausse de plusieurs produits. La flambée du pétrole affecte sans doute d'autres prix qui augmentent dans d'autres secteurs de l'économie, lesquels peuvent entraîner une croissance plus lente de la demande et donc à une baisse de production.
Cette situation arrive au moment où l'économie mondiale se relance, à la suite des années Covid, installant l'incertitude sur les marchés, mais aussi dans les projets d'investissement (IDE et nationaux).
L’inflation qui peut résulter des prix du pétrole et du gaz à l'international poussera probablement les banques centrales à réagir,
très probablement à revoir à la hausse les taux d’intérêt et aller vers un resserrement monétaire. Mais tout cela dépendra de la
durée du conflit.
CHEIKH MBACKÉ SENE
SPÉCIALISTE EN INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE, VEILLES ET COMMUNICATION
SENSIBLE
ANALYSTE ÉCONOMIQUE
DOCTORANT EN ADMINISTRATION DES AFFAIRES
La hausse du prix du baril du pétrole à plus 100 dollars, une première depuis 2014, annonce la couleur de la flambée prochaine des
coûts d'importations et autres produits finis. Ce qui peut freiner la progression des échanges commerciaux entre la Russie et l’Afrique qui tournent à plus de 20 milliards $ depuis 2018. Il va falloir être mesuré sur les perspectives concernant les importations en provenance de cette région du monde, rappelant que le Sénégal (en ce qui le concerne ) figure en bonne place dans le top 10 des pays africains partenaires de la Russie à côté de l’Afrique du Sud, l’Algérie, l’Egypte, le Kenya, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Nigeria, le
Soudan et la Tunisie.
Il est important de rappeler que Moscou fournit 11,5% de l’offre mondiale et est le deuxième exportateur ainsi que le troisième producteur de pétrole brut. Quelque 2,3 millions de barils de pétrole brut russe partent chaque jour vers l’Europe.
Les exportations et les importations du Sénégal de produits pétroliers bruts et finis sont exposées. Le Sénégal dont les importations en huiles brutes de pétrole ont été en hausse de +17,8% et ses produits pétroliers finis de +28,8% devra subir la fluctuation du baril, tant sur les produits commerciaux qu'au niveau de la pompe. A moins que l'Etat révise la compensation. Les produits pétroliers
constituent ainsi un des principaux produits exportés du Sénégal avec 8,9% des exportations du pays en 2018 contre 8,4% en 2017. Les exportations sénégalaises en produits pétroliers qui avoisine aujourd'hui les 9% (en croissance depuis 2017) pourraient également avoir des impacts et connaître une stabilisation sinon même un recul, si l'on sait que leur évolution reste tributaire des cours mondiaux de pétrole.
Cela peut également jouer sur le volume de traitement de la Société Africaine de Raffinage (SAR) qui permet l’approvisionnement des pays de la sous-région (le Mali, le Burkina Faso, le Togo, la Mauritanie et le Libéria), tant au niveau des coûts des produits que ceux du
transport, puisque l'approvisionnement se fait par navires et aéronefs. L'impossibilité de protéger la libre-circulation des biens vers
l'Ukraine aura un impact économique sur les échanges commerciaux entre Kiev et Dakar dont les volumes sont insoupçonnés. En effet, rien qu'entre janvier et octobre 2021, le volume des échanges commerciaux sont estimés à 101.58 millions USD avec un solde positif pour l'Ukraine de 97.78 millions USD. Sur la même période, les exportations de l'Ukraine vers le Sénégal sont passées à 99.68 millions USD. Les principaux postes des exportations ukrainiennes concernent la fonte, fer et acier (84,5%), graisses, huiles animales ou végétales (10,0%) et céréales (1.7%).
Les exportations sénégalaises vers l'Ukraine sont évaluées à 1.9 millions USD et se composent principalement des poissons et crustacés (55.3%), des minerais, scories et cendre (38.4%). Le conflit va avoir des conséquences économiques directes et indirectes, plus loin que les questions liées à l’énergie. Au-delà des impacts directs inhérents aux coopérations bilatérales entre le Sénégal et
l'Ukraine ou encore le Sénégal et la Russie, l'on pourrait s'attendre à la hausse de plusieurs produits. La flambée du pétrole affecte sans doute d'autres prix qui augmentent dans d'autres secteurs de l'économie, lesquels peuvent entraîner une croissance plus lente de la demande et donc à une baisse de production.
Cette situation arrive au moment où l'économie mondiale se relance, à la suite des années Covid, installant l'incertitude sur les marchés, mais aussi dans les projets d'investissement (IDE et nationaux).
L’inflation qui peut résulter des prix du pétrole et du gaz à l'international poussera probablement les banques centrales à réagir,
très probablement à revoir à la hausse les taux d’intérêt et aller vers un resserrement monétaire. Mais tout cela dépendra de la
durée du conflit.
CHEIKH MBACKÉ SENE
SPÉCIALISTE EN INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE, VEILLES ET COMMUNICATION
SENSIBLE
ANALYSTE ÉCONOMIQUE
DOCTORANT EN ADMINISTRATION DES AFFAIRES