Qu’est-ce qui a motivé la mise en place de la Commission de protection des données personnelles (CDP) au Sénégal ?
Mouhamed Lô : C’est par souci de prévention que la CDP a été mise en place, mais aussi par le souci d’attirer l’attention de ceux qui traitent les données sur les risques liés aux données personnelles. Nous ne sommes pas là pour sanctionner, mais pour faire de la sensibilisation auprès des citoyens et des autorités pour leur faire comprendre les enjeux de la protection des données personnelles. Beaucoup de gens ne sont pas conscients de la dangerosité de laisser à l’air libre ses données. Les cybercriminels en profitent pour créer de vraies fausses cartes d’identité qu’ils utilisent à d’autres fins.
Avec la Sonatel, vous avez défini des modalités de collaboration, qu’est-ce qui sous-tend ce partenariat ?
ML : Il faut relever que la Sonatel n’est pas une petite entreprise. Elle dispose en son sein d’une quantité énorme de fichiers pour ses abonnés. Ce qui fait que nous ne pouvons pas, en un jour, passer l’ensemble de leur base de données. C’est ainsi qu’il a été mis en place un plan d’activités qui consistera à étudier les données de ses clients, de ses fournisseurs et de ses salariés. A cet effet, tous les systèmes de vidéosurveillance et les données biométriques de cette société de télécommunications doivent être déclarés à notre commission.
Comment comptez-vous travailler avec les autres opérateurs de téléphonie concernant la protection des données personnelles ?
ML : Le même travail est en train d’être fait pour tous les opérateurs de téléphonie tels que Tigo et Expresso, ainsi que les ministères et autres structures de l’administration publiques et privées. La Sonatel a été le premier opérateur à se rapprocher de nous. Tous les responsables de traitement de données publiques ou privées seront invités à se présenter à notre commission afin d’effectuer leurs déclarations. S’ils ne viennent pas, nous nous rendrons auprès d’eux.
Il y a actuellement une floraison de réseaux sociaux dans le monde, quand est-il de la sécurisation des données dans ces réseaux sociaux ?
ML : Sur cet aspect, la commission a également son rôle à jouer dès l’instant que cela concerne notre pays. Si des données comme des photos ou l’empreinte digitale de l’un de nos citoyens se retrouve sur Facebook, par exemple, à son insu, cette personne peut saisir notre commission. Il nous reviendra alors de saisir les responsables de ce réseau social, déjà pour les faire enlever. La personne concernée, avec notre accompagnement, va déposer une plainte auprès d’une juridiction compétente pour qu’une enquête soit ouverte. C’est pourquoi nous demandons aux Sénégalais de faire très attention sur la publication de leurs données personnelles sur les réseaux sociaux.
Si la question de la protection des données concerne deux Etats, par exemple le problème d’espionnage, qu’allez-vous faire dans ce cas ?
ML : Il faut savoir qu’il y a toujours eu espionnage entre Etats. Cela existe et existera encore. Il ne faut pas se leurrer. Ce qui est nouveau, par exemple avec l’affaire Snowden, c’est que pour la première fois on a découvert que la surveillance ne portait plus sur une seule personne recherchée ou sur un groupe d’individus, mais sur la population entière de plusieurs pays. Et cela a été fait par un Etat pour des Etats. En tant que commissaire, ce que nous pouvons faire, c’est sensibiliser les personnes concernées et les autorités de notre Etat. Car nous vivons à l’ère du numérique. Et l’on ne peut pas se passer de ces nouvelles technologies. Toutefois, il y a des mesures à prendre et des précautions à adopter. A un moment, il faut que tous les Etats se réunissent pour dire stop à ce qu’on appelle le contrôle de masse. Dans ce cas, il faut que l’Organisation des Nations Unies (Onu) prenne en charge ce chantier. Elle doit également dire aux Etats qui sont en train de contrôler d’autres pays de mettre fin à leurs pratiques d’espionnage.
De quels moyens financiers disposez-vous pour bien mener votre travail ?
ML : Nous avons un budget offert par l’Etat du Sénégal qui nous permet de travailler. Nous sommes une autorité administrative indépendante. Les autorités ont l’obligation de mettre à notre disposition des moyens. Cette commission a été prévue dans une loi qui date de 2008. Mais c’est récemment qu’on nous a donné des moyens pour pouvoir démarrer nos activités. On ne peut pas, pour le moment, avancer un montant, car nous sommes dans un processus. Nous avons une dotation spéciale en 2013 dans la loi des finances rectificatives. Il y a également des dotations qui sont prévues dans le budget de 2014.
Propos recueillis par Abdou Diaw pour le magazine Réseau Télécom No 68.
Ecofin
Mouhamed Lô : C’est par souci de prévention que la CDP a été mise en place, mais aussi par le souci d’attirer l’attention de ceux qui traitent les données sur les risques liés aux données personnelles. Nous ne sommes pas là pour sanctionner, mais pour faire de la sensibilisation auprès des citoyens et des autorités pour leur faire comprendre les enjeux de la protection des données personnelles. Beaucoup de gens ne sont pas conscients de la dangerosité de laisser à l’air libre ses données. Les cybercriminels en profitent pour créer de vraies fausses cartes d’identité qu’ils utilisent à d’autres fins.
Avec la Sonatel, vous avez défini des modalités de collaboration, qu’est-ce qui sous-tend ce partenariat ?
ML : Il faut relever que la Sonatel n’est pas une petite entreprise. Elle dispose en son sein d’une quantité énorme de fichiers pour ses abonnés. Ce qui fait que nous ne pouvons pas, en un jour, passer l’ensemble de leur base de données. C’est ainsi qu’il a été mis en place un plan d’activités qui consistera à étudier les données de ses clients, de ses fournisseurs et de ses salariés. A cet effet, tous les systèmes de vidéosurveillance et les données biométriques de cette société de télécommunications doivent être déclarés à notre commission.
Comment comptez-vous travailler avec les autres opérateurs de téléphonie concernant la protection des données personnelles ?
ML : Le même travail est en train d’être fait pour tous les opérateurs de téléphonie tels que Tigo et Expresso, ainsi que les ministères et autres structures de l’administration publiques et privées. La Sonatel a été le premier opérateur à se rapprocher de nous. Tous les responsables de traitement de données publiques ou privées seront invités à se présenter à notre commission afin d’effectuer leurs déclarations. S’ils ne viennent pas, nous nous rendrons auprès d’eux.
Il y a actuellement une floraison de réseaux sociaux dans le monde, quand est-il de la sécurisation des données dans ces réseaux sociaux ?
ML : Sur cet aspect, la commission a également son rôle à jouer dès l’instant que cela concerne notre pays. Si des données comme des photos ou l’empreinte digitale de l’un de nos citoyens se retrouve sur Facebook, par exemple, à son insu, cette personne peut saisir notre commission. Il nous reviendra alors de saisir les responsables de ce réseau social, déjà pour les faire enlever. La personne concernée, avec notre accompagnement, va déposer une plainte auprès d’une juridiction compétente pour qu’une enquête soit ouverte. C’est pourquoi nous demandons aux Sénégalais de faire très attention sur la publication de leurs données personnelles sur les réseaux sociaux.
Si la question de la protection des données concerne deux Etats, par exemple le problème d’espionnage, qu’allez-vous faire dans ce cas ?
ML : Il faut savoir qu’il y a toujours eu espionnage entre Etats. Cela existe et existera encore. Il ne faut pas se leurrer. Ce qui est nouveau, par exemple avec l’affaire Snowden, c’est que pour la première fois on a découvert que la surveillance ne portait plus sur une seule personne recherchée ou sur un groupe d’individus, mais sur la population entière de plusieurs pays. Et cela a été fait par un Etat pour des Etats. En tant que commissaire, ce que nous pouvons faire, c’est sensibiliser les personnes concernées et les autorités de notre Etat. Car nous vivons à l’ère du numérique. Et l’on ne peut pas se passer de ces nouvelles technologies. Toutefois, il y a des mesures à prendre et des précautions à adopter. A un moment, il faut que tous les Etats se réunissent pour dire stop à ce qu’on appelle le contrôle de masse. Dans ce cas, il faut que l’Organisation des Nations Unies (Onu) prenne en charge ce chantier. Elle doit également dire aux Etats qui sont en train de contrôler d’autres pays de mettre fin à leurs pratiques d’espionnage.
De quels moyens financiers disposez-vous pour bien mener votre travail ?
ML : Nous avons un budget offert par l’Etat du Sénégal qui nous permet de travailler. Nous sommes une autorité administrative indépendante. Les autorités ont l’obligation de mettre à notre disposition des moyens. Cette commission a été prévue dans une loi qui date de 2008. Mais c’est récemment qu’on nous a donné des moyens pour pouvoir démarrer nos activités. On ne peut pas, pour le moment, avancer un montant, car nous sommes dans un processus. Nous avons une dotation spéciale en 2013 dans la loi des finances rectificatives. Il y a également des dotations qui sont prévues dans le budget de 2014.
Propos recueillis par Abdou Diaw pour le magazine Réseau Télécom No 68.
Ecofin