La mutualisation des services financiers pour un meilleur accès au financement des jeunes

Lundi 12 Avril 2021

La problématique du financement de l’entreprise et en particulier des petites et moyennes entreprises (PME) constitue une réelle préoccupation du Chef de l’Etat.


Quand bien même l’Etat dans ses missions classiques n’a pas vocation à créer des emplois ou à accorder des financements , des mesures hardies en matière d’accès au financement pour les PME, pour le secteur informel , les jeunes et femmes entreprenants  ont été initiées à travers l’émergence de plusieurs instruments financiers et non financiers tels que la BNDE, le FONSIS, le FONGIP, la DER, le PLASEPRI et les orientations données à la Caisse des Dépôts et Consignations pour la mise en place d’une Caisse des Marchés Publics, la création du Bureau d’Information sur le Crédit, l’ADPME, le Bureau de mise à Niveau.  

Le trinôme Formation - Formalisation – Accès au Financement reste incontestablement un processus interactif à encourager. Il s’agira à ce titre de favoriser l’émergence de TPE/PME performantes et compétitives par un accompagnement adapté et efficace à travers le développement d’un partenariat gagnant-gagnant et inclusif entre le secteur privé, les banques, et le dispositif d’accompagnement financier de l’Etat
  • Lever les contraintes de financement des banques pour accroitre les crédits des PME, du secteur informel au service d’une émergence du secteur privé et de la croissance économique
Le tissu des entreprises au Sénégal est composé, à près de 90%, de petites et moyennes entreprises (PME). Avec une contribution moyenne au PIB estimée à 30%, ces entreprises emploient environ 60% de la population active, soit 42% du total des emplois du secteur moderne. Les PME sont constituées en majorité d’entreprises artisanales ou commerciales de tailles et de formes juridiques variables.

Le financement par emprunt, notamment auprès des banques et des institutions constitue au Sénégal la principale source de financement externe des entreprises, notamment des PME. Or, malgré la diversification de l’offre de financement due à la présence de vingt et neuf (29) établissements de crédit et d’une multitude d’institutions de microfinance (dont au moins 10 grands réseaux), les TPE/PME font toujours face à de nombreuses difficultés pour le financement de leurs activités. 

Cette situation, largement reconnue par les acteurs, perdure nonobstant la mise en place dans le PSE, de lignes de garantie et de crédit. En l’absence d’un financement adéquat, les investissements privés et les fonds de roulement pour l’exploitation sont étouffés. Or, la performance des entreprises est un facteur déterminant d’une croissance économique inclusive et de  création d’emplois.

Au niveau des banques, les limites ci-après sont invariablement relevées :
- une offre de crédit contrainte par l’insuffisance et la nature des ressources d’épargne mobilisées (dépôts essentiellement à vue), au regard notamment des normes de solvabilité et de liquidité requises par la réglementation prudentielle ;
- la prudence paralysante dans la prise de décision d’octroi de crédit ou d’engagement par signature (financement d’avances sur marchés ou cautionnement, financement du fonds de roulement, etc.)
- une tarification peu compétitive des crédits destinés aux PME ;
-  un déséquilibre entre la structure de l’offre et la demande d'épargne : préférence pour la liquidité et sécurité du côté des ménages, besoins de financement à long terme et plus ou moins risqués du côté des entreprises, des ménages et des administrations publiques.

Le rôle des intermédiaires financiers doit être de « transformer » la maturité et le risque des fonds pour les mettre en adéquation avec les besoins des PME, ce qui implique une prise de risque de plus en plus grande.

Dans le même sillage que le plaidoyer du Président Macky Sall sur l’annulation de la dette, nous attirons l’attention des dirigeants des établissements de crédits que si les conditions d’octroi de crédits aux PME ne sont pas amplement assouplies pour la relance de l’économie post-Covid, la faillite des entreprises va inévitablement conduire à la défaillance des banques. La situation appelle à plus d’audace, de rapidité et de flexibilité de la part des décideurs des institutions financières. Le comité de crédit doit être allégé tant dans sa composition que dans la diligence à apporter au traitement des dossiers de crédit.

Si les opérateurs financiers veulent survivre, elles doivent oser prendre plus de risque surtout dans des secteurs comme le tourisme qui a su rebondir malgré les attentats de la bande à Bader, la prise d’otages à la Mecque, les attentats du 11 septembre, les attentats de Paris, la crise du SRAS, la crise des subprimes. 
  • La mutualisation de l’offre de services financiers et non financiers destinée aux PME, une étape fondamentale pour résoudre la lancinante question de l’accès au financement des jeunes
Les progrès de l’inclusion financière iront de pair avec l’émergence de nouveaux défis qui devront être relevés de manière à assurer un développement durable et inclusif dans l’écosystème entrepreneurial.
En vue de faire jouer efficacement au secteur de l’entreprise son rôle moteur, des avancées significatives sont encore nécessaires dans la prise en charge de la lancinante question de l’accès au crédit pour les PME, en dépit des nombreux efforts initiés par l’Etat à travers les interventions ciblées des structures d’appui et d’encadrement de la PME.

C’est tout le sens qu’il faut donner à la directive du Chef de l’Etat qui a réitéré son appel en conseil des ministres à une évaluation et à une mutualisation des services financiers et non financiers d’appui aux petites et moyennes entreprises (PME)du secteur informel et du financement de l’entreprenariat-jeune.

En effet, le constat relevé est que la faiblesse de la contribution du secteur bancaire au financement de l’économie sénégalaise (près de 36%) est liée à la fois à la structure du marché et aux conditions d’accès au crédit. A ce niveau, plusieurs facteurs entrent en jeu dont le degré d’asymétrie d’informations entre institutions financières et emprunteurs, une complexité des conditionnalités d’accès, des taux d’intérêt jugés non incitatifs, le niveau et les types de garanties exigées, etc.

Les interventions coordonnées des services financiers et non financiers devront contribuer à avoir un effet catalyseur important sur la levée des obstacles susvisés et tirer substantiellement à la hausse le volume des financements et singulièrement des crédits d’investissements aux secteurs porteurs de croissance.

A ce titre, la création d’une structure à guichets multiples (garantie, participation, bonification et refinancement, etc.) pourrait être étudiée.

Dans le schéma organisationnel proposé, il s’agira de mettre en place une structure financière forte, unique, dénommée : « BANQUE UNIQUE DE L’ENTREPRISE ». La Banque vient soutenir les banques de la place en matière de financement de l’entreprise en renforçant l’apport en equity et en fournissant des garanties et des mécanismes de financements innovants.  

La mission de la nouvelle société vise principalement l’accompagnement des orientations et politiques publiques en matière de facilitation d’accès au financement aux entreprises TPE/PME et ce compte tenu de leur poids et de leur rôle stratégique et important dans l’économie nationale.

Ces financements viennent s’ajouter à ceux du secteur et apportent de l’additionnalité au marché en faveur des TPE/PME, notamment celles opérant dans des domaines considérés prioritaires pour les pouvoirs publics.
  • Rôle de la Banque Unique de l’Entreprise :
Mettre en cohérence les dispositifs publics en matière de financement, de garantie, de levée de capital pour les projets et activités des TPE/PME. La Banque sera donc l’union consacrée de divers organismes qui s’occupaient du financement des entreprises.
Cette nouvelle entité permettra aux entreprises d’avoir un guichet unique qui regroupe tous les services. Chaque région disposera d’un guichet.
  • Objectifs de la Banque unique de l’Entreprise
  • Améliorer l’accès au financement des TPE et PME ;
  • Accompagner les entreprises dans leur croissance ;
  • Agir en tant que catalyseur dans la levée d’équity (via les capitaux privés, les assurances, les fonds de retraite, etc.)
  • Missions de la Banque
  • Accompagnement des entrepreneurs et porteurs de projets dans les différentes phases de réalisation de leurs projets (identification jusqu’à la réalisation) ;
  • Facilitation de l’accès au financement pour la création et le développement des TPE/PME ;
  • Garanties pour les prêts accordés aux entreprises
  • Investissements directs dans les entreprises ou projets à travers le capital-risque ;
  • Financement des start ups, de l’amorçage et de l’innovation.
 
Par ailleurs, il est souhaitable de consolider les mécanismes de refinancement à long terme des banques et des institutions de microfinance et de promouvoir la reconversion de l’épargne nationale en crédit (fonds des sociétés d’assurance, caisses de sécurité sociale, diaspora, etc.) et son orientation vers des investissements productifs.

Aussi, l’opérationnalisation de la caisse des marchés pourrait contribuer fortement à promouvoir l’accès des PME à la commande publique. Elle aura pour objectif d’apporter à la petite entreprise des produits de financement adaptés à toutes les étapes d’exécution des marchés publics. En outre, la disponibilité des ressources devra leur permettre de réduire les délais d’exécution des marchés publics et d’assurer aux financements accordés des niveaux de rendement satisfaisants.

Enfin, en raison de son importance dans le tissu économique, la facilitation des conditions d’accès au crédit du secteur informel, à travers la mise en place de lignes de crédit et des fonds de garantie dédiés à appuyer les autoentrepreneurs qui présentent des potentialités de croissance, constitue un autre enjeu majeur.
 
Habib NDAO, Secrétaire Exécutif de l’OQSF
Contributions



1.Posté par Henri Bossou le 13/04/2021 03:18
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