Le Sida risque de ne pas être une priorité dans l’agenda post 2015

Lundi 19 Janvier 2015

La lutte contre le VIH Sida risque de ne pas être une priorité dans l’agenda post 2015, a relevé le Directeur de Enda Santé, Daouda Diouf, dans un entretien avec l’APS en marge d’une rencontre sur la mobilisation des ressources pour les programmes de santé.


''Depuis plusieurs mois il y a des négociations en cours au niveau international pour l’agenda post 2015 et il est ressorti de toutes les discussions qu’un certain nombre d’objectifs comme celui relatif à la lutte contre le Vih Sida, le paludisme et la tuberculose, ne soit plus une priorité dans les programmes de développement'', a t–il expliqué.

Pour le Directeur de Enda Santé, ‘’il y a de fortes tendances qui indiquent que cet objectif risque d’être compris, fusionné et intégré dans un objectif global de santé’’.

''La crainte que nous avons c’est de voir le Vih Sida qui était un objectif majeur, une priorité mondiale en matière de développement, ne plus devenir un objectif spécifique’’, a t –il précisé. 

Ainsi, a t –il souligné, ''il va y avoir une perte dans l’attention et la place prioritaire que le Sida, le paludisme et la Tuberculose occupaient dans les programmes de santé’’.

‘’C’est une véritable préoccupation et c’est pour cela qu’il faut continuer à sensibiliser les Etats et les bailleurs qu’on en a pas fini avec la lutte contre le Sida. Il y a tous les jours des personnes qui s’infectent même si aujourd’hui on a des traitements qui marchent dans la prise en charge, ils sont pas accessibles partout’’, a indiqué Daouda Diouf.

''On a encore des défis dans la réduction de la transmission mère-enfant, encore des défis pour que les antirétroviraux puissent être accessibles aux enfants’’, a t –il ajouté.

En effet, renseigne t-il, ''une frange importante de la population est aujourd’hui représentée par les jeunes. Ces jeunes qui constituent plus de 51% de la population ont été faiblement touchés par les messages et les activités de prévention au temps où le Sida était une véritable priorité’’.

‘’Si on ne fait pas attention, on risque de se retrouver dans une situation où nous devrions faire face à une problématique majeure en matière de lutte contre le Sida’’, a t –il relevé.

Pour le Directeur de Enda Santé, il est impératif de maintenir le cap de la mobilisation autour du Sida, même s’il va de soi qu’il ne faudrait pas s’arrêter à cette seule pandémie. Selon lui, ''il est pertinent d’élargir vers d’autres maladies''.

Il est également important que ''tous les efforts, toutes les capacités, les compétences qui ont été développés en plus de l’investissement énorme fait dans la lutte contre le Sida, soient utilisés et optimisés pour renforcer les systèmes de santé et les programmes de santé en général''.

‘’C’est une opportunité extraordinaire que nous avons de partir des acquis obtenus en matière de lutte contre le Sida pour la santé sexuelle et reproductive, les maladies chroniques et d’autres pathologies’’, a t –il assuré.

Sur la mobilisation des ressources qui reste la principale problématique, Daouda Diouf a relevé que la situation est caractérisée par une baisse considérable des ressources et des financements pour le Sida.

Cela, a t –il dit, peut se justifier par le fait que la lutte contre le Sida a obtenu des résultats très positifs en matière traitements. Aujourd’hui, il y a moins de personnes qui meurent de la maladie avec des traitements qui marchent. 

Il y a deux ans seulement, l’initiative ‘’tester et traiter’’ a été lancée, mais maintenant on en est à ‘’tester et supprimer’’ parce qu’il est possible aujourd’hui de supprimer la charge virale, a souligné M. Diouf.

Des avancées considérables ont été faites de manière à faire en sorte que la charge virale soit indétectable et que les possibilités de transmission soient réduites à zéro, a t-il relevé.

''Mais cela c’est dans le meilleur des cas de traitement. D'énormes disparités existent dans l’accès à ces traitements efficaces entre les pays et au sein d’un même pays entre les régions'', selon lui. 

Il a donné l’exemple des régions de Tambacounda et Kédougou où il y a énormément d’efforts à faire pour l’accessibilité des traitements.
APS
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