Marché unique africain de l’électricité : Des experts pour le renforcement de l’intégration régionale et des infrastructures

Jeudi 30 Janvier 2025

L’énergie est la pierre angulaire du développement et il est nécessaire d’avoir une approche intégrée des questions liées à l’électricité en Afrique, ont souligné, mardi à Dar es Salaam, des intervenants de haut niveau au Sommet africain de l’énergie – Mission 300.


Selon un communiqué de presse, ils s’exprimaient dans le cadre d’un panel intitulé, « Tirer parti du plan directeur continental africain et du marché unique de l'électricité en tant que catalyseurs ». 

Des échanges entre spécialistes du secteur énergétique ont émergé plusieurs grands axes autour du rôle moteur de l’électricité dans le développement continental. Il s’agit d’abord de travailler au maintien de tarifs d’électricité abordables sur tout le continent ; ensuite, d’accorder une place croissante aux énergies renouvelables et au mix énergétique mais aussi de maintenir la position de l’Afrique comme étant le continent émettant le moins de gaz à effet de serre et, enfin, de renforcer les capacités des États membres et de préparer les projets à temps. 

Selon le directeur de l’Infrastructure et de l’Énergie de la Commission de l’Union africaine, Kamugisha Kazaura, « l’objectif est de mettre en place un marché unique de l’électricité, un des plus grands au monde avec 54 États membres africains, un marché harmonisé et compétitif » en promouvant une approche régionale basée sur l’intégration.  La mise en œuvre de ce marché est fixée à l’horizon 2040, a indiqué M. Kazaura.

« Pour réaliser le plan directeur africain en faveur d’un marché unique africain de l’électricité, il faudra mobiliser des investissements à hauteur de 1 300 milliards de dollars d’ici à 2040, a précisé Kevin Kariuki », lit-on dans le document. Le partenariat est ressorti comme un des maîtres-mots de cette session. Au niveau continental, renseigne le communiqué, la Commission de l’Union africaine travaille avec le Nepad et d’autres partenaires à la mise en œuvre de projets d’infrastructures énergétiques pour attirer les investisseurs et réduire les barrières à la création de ce marché, selon M. Kazaura. La vice-présidente de la Banque mondiale pour l’Afrique australe, Victoria Kwakwa, a insisté sur l’importance de renforcer les partenariats dans la mobilisation des investissements.

« Depuis 2017, nous avons mobilisé sept milliards de dollars pour l’intégration des marchés sur financement concessionnel. En 2022, nous avons réalisé l’interconnexion entre le Kenya et l’Éthiopie, ce qui permet au Kenya d’acheter 100 mégawatts aujourd’hui à l’Éthiopie, et cela peut monter jusqu’à 400 mégawatts. Ces partenariats sont faits avec la Banque africaine de développement, les coopérations allemande, norvégienne, suédoise, etc… », a-t-elle déclaré. Mme Kwakwa a aussi expliqué le caractère novateur de la « plateforme régionale pour le commerce et le transport de l'énergie et la décarbonisation » qui accompagnera la Mission 300 « au moins pour les cinq prochaines années ». 

Les partenariats multi-acteurs entre secteur public et privé et entre banques multilatérales de développement ont aussi été encouragés. Kamugisha Kazaura a expliqué le travail de l’Union africaine pour développer des instruments clés afin d’harmoniser les mécanismes de tarification, pour des lignes directrices, et faciliter les échanges entre et au sein des pools énergétiques. Le rôle de l’Union africaine dans le renforcement des capacités des institutions régionales de réglementation, en harmonie avec les règles du marché de l’électricité, a été mis en exergue. Cependant, selon les intervenants, des réformes sont nécessaires dans le secteur de l’énergie, dans une perspective d’intégration régionale, pour créer et tirer parti des synergies.

Les pools électriques régionaux représentent également une approche validée avec des actions déjà mises en place. Mme Kwakwa a indiqué que la Banque mondiale avait mobilisé 1,2 milliard de dollars pour le pool électrique d’Afrique de l’Est qui renforcera celui d’Afrique australe, contribuant ainsi à créer un vaste marché de l’électricité. Le secrétaire d’État au ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), Jochen Flasbarth, a indiqué que l’Allemagne avait débloqué 16,5 millions d’euros pour apporter une assistance technique à l’Union africaine dans le domaine de l’électricité en Afrique australe. Le secrétaire permanent du ministère tanzanien de l’Énergie, Felchesmi J. Mramba, a invité les États et partenaires à miser sur une stratégie de long terme : « Il nous faudra investir 30 milliards de dollars d’ici à 2030 dans les réseaux de transmission régionaux et nationaux pour réaliser le marché unique de l’électricité », a-t-il appelé. 

Le vice-président pour l’Afrique au sein de l’Alliance mondiale de l'énergie pour les peuples et la planète, Joseph Nganga, a souligné l’un des principes de la Déclaration de Dar es Salaam axé sur l’intégration régionale : « Les grands projets dépassent l’échelle d’un seul pays, et avec un pool électrique régional, on peut réduire les coûts et opérer efficacement, tout en assurant une durabilité de la production électrique. ». Le directeur général de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), Francesco La Camera, a insisté sur la qualité des infrastructures pour attirer les investissements. L’IRENA est prête à « travailler avec les porteurs de projets pour assurer leur bancabilité », a-t-il soutenu.
Adou FAYE
Actu-Economie


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