Martina Larkin est directrice du Réseau des conseils des programmes mondiaux 2014-2016 du Forum économique mondial
Elle a laissé les gens de toutes les régions, les riches comme les pauvres, se débrouiller avec les difficultés – de la faillite des États à celle des banques, de la surpêche au chômage, des changements climatiques à la stagnation économique – auxquelles la mondialisation a contribué sans pouvoir vraiment y remédier. Des institutions fragiles ont donné lieu à des réactions politiques et à de très grands risques sur plusieurs fronts.
Mark Leonard, directeur du Conseil européen des relations internationales et vice-président du nouveau Conseil du programme mondial sur la géoéconomie du Forum économique mondial a fait remarquer que l’interdépendance, auparavant une manne économique, fait désormais partie des menaces. « Personne ne se porte volontaire pour renoncer aux avantages de l’économie mondiale », écrivait-il récemment, « mais toutes les grandes puissances étudient les moyens de se protéger des risques que la mondialisation présente, de nature militaire ou autre ». En fait, « Après 25 ans de resserrement des liens entre les économies, les pays semblent vouloir revenir à un cloisonnement plus étanche des frontières ».
Outre cette « nouvelle tendance isolationniste », on retrouve le fait que les États, les sociétés multinationales et les organismes internationaux peuvent souvent se faire distraire de ce qu’ils doivent accomplir dans le cadre d’un programme exhaustif de mesures de résolution des problèmes. Pour les dirigeants politiques, qui doivent composer avec les échéances électorales ou d’autres contraintes à court terme, « la planification à long terme » dépasse rarement un horizon de quatre ans ou moins.
De leur côté, les cadres du secteur privé et les administrateurs des sociétés doivent atteindre leurs cibles de rendement annuelles ou trimestrielles, parfois aux dépens des intérêts supérieurs de l’entreprise sur le long terme – sans compter le bien commun de la société tout entière. Les chercheurs universitaires savent très bien définir les problèmes, mais ils ont souvent de la difficulté à obtenir toute l’attention des décideurs et sont parfois bâillonnés par leur devoir de réserve, et par des contraintes financières ou politiques. Même si certains organismes régionaux et internationaux ont connu des réussites notoires, ils sont la plupart du temps paralysés par les rivalités nationales et la rareté des crédits.
Pourtant l’existence des phénomènes d’interdépendance ne peut être niée. Du dioxyde de carbone aux questions de régie de l’Internet en passant par l’épuisement des ressources halieutiques et l’évasion fiscale des sociétés, un grand nombre de problèmes mondiaux actuels sont intrinsèquement transnationaux. L’épidémie actuelle d’Ebola qui ravage une grande partie de l’Afrique de l’Ouest et menace de se répandre ailleurs en est un autre exemple cruel.
En clair, les 7,2 milliards d’habitants de la Terre n’ont pas seulement besoin de nouvelles idées, mais aussi de nouvelles méthodes pour arriver à un consensus qui mobilise toutes les parties concernées et ainsi faire passer les plus brillants concepts du stade de théorie à l’application pratique. Aucune des problématiques recensées, tant au sein des États et des sociétés qu’entre les nations, ne peut être vraiment réglée sans consultation approfondie et suivie de l’ensemble des parties prenantes.
Heureusement, pour ce faire, les nouvelles sont plutôt bonnes : le monde ne manque pas de personnes extrêmement bien informées. Les États, les sociétés, les associations de la société civile, les milieux universitaires et les organismes internationaux regorgent d’experts qui, lorsqu’on les réunit, sont en mesure d’atteindre une masse critique de connaissances.
Qui plus est, les outils de communication modernes signifient que les idées et les pratiques exemplaires peuvent se diffuser dans le monde entier à une vitesse sans précédent. Les sociétés multinationales comme les villageois peuvent partager les fruits du progrès. Par exemple, le système de microfinance et de services bancaires sur appareil portable appelé M-Pesa s’est répandu sous diverses formes dans sa région d’origine de l’Afrique de l’Est et même ailleurs.
En parallèle, les laboratoires publics et privés sont en train de développer des technologies et des matériaux dans le monde entier qui construira l’avenir. Des thérapies d’ARN messager à l’extraction de métaux à partir de saumures de dessalement, des projets de recherche et développement ouvrent la voie à de nouvelles possibilités de progrès.
Le monde foisonne d’idées – bon nombre d’entre elles, par ailleurs, excellentes – sur les plans de la technologie, de l’environnement et de la gouvernance ; hélas, la capacité d’obtenir un consensus et de déployer des programmes porteurs est beaucoup plus rare. Personne ne doute que les idées sont le moteur du progrès et du développement pour l’humanité. La fragmentation menaçant de supplanter la mondialisation, il est maintenant urgent de mettre en commun les concepts, les analyses et les pratiques exemplaires afin de réunir toutes les forces en présence pour maîtriser les risques.
Traduit de l’anglais par Pierre Castegnier
Martina Larkin est directrice du Réseau des conseils des programmes mondiaux 2014-2016 du Forum économique mondial, 86 groupes d’experts, tous spécialisés dans un problème d’urgence planétaire, un secteur, ou une région, qui ont amorcé leurs travaux ce mois-ci.
Copyright: Project Syndicate, 2014.
www.project-syndicate.org
Mark Leonard, directeur du Conseil européen des relations internationales et vice-président du nouveau Conseil du programme mondial sur la géoéconomie du Forum économique mondial a fait remarquer que l’interdépendance, auparavant une manne économique, fait désormais partie des menaces. « Personne ne se porte volontaire pour renoncer aux avantages de l’économie mondiale », écrivait-il récemment, « mais toutes les grandes puissances étudient les moyens de se protéger des risques que la mondialisation présente, de nature militaire ou autre ». En fait, « Après 25 ans de resserrement des liens entre les économies, les pays semblent vouloir revenir à un cloisonnement plus étanche des frontières ».
Outre cette « nouvelle tendance isolationniste », on retrouve le fait que les États, les sociétés multinationales et les organismes internationaux peuvent souvent se faire distraire de ce qu’ils doivent accomplir dans le cadre d’un programme exhaustif de mesures de résolution des problèmes. Pour les dirigeants politiques, qui doivent composer avec les échéances électorales ou d’autres contraintes à court terme, « la planification à long terme » dépasse rarement un horizon de quatre ans ou moins.
De leur côté, les cadres du secteur privé et les administrateurs des sociétés doivent atteindre leurs cibles de rendement annuelles ou trimestrielles, parfois aux dépens des intérêts supérieurs de l’entreprise sur le long terme – sans compter le bien commun de la société tout entière. Les chercheurs universitaires savent très bien définir les problèmes, mais ils ont souvent de la difficulté à obtenir toute l’attention des décideurs et sont parfois bâillonnés par leur devoir de réserve, et par des contraintes financières ou politiques. Même si certains organismes régionaux et internationaux ont connu des réussites notoires, ils sont la plupart du temps paralysés par les rivalités nationales et la rareté des crédits.
Pourtant l’existence des phénomènes d’interdépendance ne peut être niée. Du dioxyde de carbone aux questions de régie de l’Internet en passant par l’épuisement des ressources halieutiques et l’évasion fiscale des sociétés, un grand nombre de problèmes mondiaux actuels sont intrinsèquement transnationaux. L’épidémie actuelle d’Ebola qui ravage une grande partie de l’Afrique de l’Ouest et menace de se répandre ailleurs en est un autre exemple cruel.
En clair, les 7,2 milliards d’habitants de la Terre n’ont pas seulement besoin de nouvelles idées, mais aussi de nouvelles méthodes pour arriver à un consensus qui mobilise toutes les parties concernées et ainsi faire passer les plus brillants concepts du stade de théorie à l’application pratique. Aucune des problématiques recensées, tant au sein des États et des sociétés qu’entre les nations, ne peut être vraiment réglée sans consultation approfondie et suivie de l’ensemble des parties prenantes.
Heureusement, pour ce faire, les nouvelles sont plutôt bonnes : le monde ne manque pas de personnes extrêmement bien informées. Les États, les sociétés, les associations de la société civile, les milieux universitaires et les organismes internationaux regorgent d’experts qui, lorsqu’on les réunit, sont en mesure d’atteindre une masse critique de connaissances.
Qui plus est, les outils de communication modernes signifient que les idées et les pratiques exemplaires peuvent se diffuser dans le monde entier à une vitesse sans précédent. Les sociétés multinationales comme les villageois peuvent partager les fruits du progrès. Par exemple, le système de microfinance et de services bancaires sur appareil portable appelé M-Pesa s’est répandu sous diverses formes dans sa région d’origine de l’Afrique de l’Est et même ailleurs.
En parallèle, les laboratoires publics et privés sont en train de développer des technologies et des matériaux dans le monde entier qui construira l’avenir. Des thérapies d’ARN messager à l’extraction de métaux à partir de saumures de dessalement, des projets de recherche et développement ouvrent la voie à de nouvelles possibilités de progrès.
Le monde foisonne d’idées – bon nombre d’entre elles, par ailleurs, excellentes – sur les plans de la technologie, de l’environnement et de la gouvernance ; hélas, la capacité d’obtenir un consensus et de déployer des programmes porteurs est beaucoup plus rare. Personne ne doute que les idées sont le moteur du progrès et du développement pour l’humanité. La fragmentation menaçant de supplanter la mondialisation, il est maintenant urgent de mettre en commun les concepts, les analyses et les pratiques exemplaires afin de réunir toutes les forces en présence pour maîtriser les risques.
Traduit de l’anglais par Pierre Castegnier
Martina Larkin est directrice du Réseau des conseils des programmes mondiaux 2014-2016 du Forum économique mondial, 86 groupes d’experts, tous spécialisés dans un problème d’urgence planétaire, un secteur, ou une région, qui ont amorcé leurs travaux ce mois-ci.
Copyright: Project Syndicate, 2014.
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