Pr Abdou SAlam Sall, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad)
Le chevauchement des années académiques qui tend à affaiblir le système d’enseignement universitaire demeure un fait préoccupant. Ce phénomène qui menace la qualité des enseignements et même jusqu’à la validité des diplômes sénégalais s’explique par plusieurs facteurs. Cependant, cette situation ne laisse pas du tout perplexes les acteurs du système avec qui nous avons eu à échanger sur le sujet.
Ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le Pr Abdou Salam Sall, est ainsi revenu largement sur les fondements du phénomène et son impact, avant de recommander des solutions. Cela, afin de corriger ces écarts qui plombent l’enseignement supérieur au Sénégal. Ainsi, en analysant la situation, il liste les raisons qui expliquent le chevauchement des années académiques.
Du constat de l’ancien recteur, les causes des perturbations sont au nombre de trois. Il y a, d’après lui, des grèves des divers démembrements de la communauté universitaire, de la massification notamment à l'Université Cheikh Anta Diop et dans les autres universités consécutive au ratio infrastructures apprenants. Il y a aussi le déficit en enseignants, les équipes pédagogiques faiblement structurées et l'insuffisance de locaux qui font partie des causes des grèves cycliques qui minent le secteur.
«Si les diplômés n'ont pas les compétences requises, aucune des fonctions n'est remplie»
Concernant justement l’impact des grèves sur la validé des diplômes, le chimiste explique que «les diplômes sont adossés à un temps de travail, à un programme, à un niveau d'encadrement, à des infrastructures et à des équipements scientifiques. Au-delà du Cames (Ndlr : Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur), il s'agit de l'efficience tant interne qu'externe des établissements qui sont en jeu».
Poursuivant, le Pr Sall ajoute que «la réduction du temps de travail impacte négativement les performances internes des établissements. Le flux de transit interne est un élément de qualité. Si la formation n'est pas consistante, les performances des diplômés dans le monde du travail ne sont pas appréciables positivement». L’universitaire de souligner ainsi que «l'enseignement supérieur, outre le placement de ses diplômés, a en charge l'ouverture du marché du travail. Si les diplômés n'ont pas les compétences requises, aucune des fonctions n'est remplie».
Dès lors, le Pr Sall avertit que «la reconnaissance du Cames autorise une reconnaissance dans les universités membres du Cames, voire au-delà si nous intégrons la convention d'Arusha. Avec la réforme Licence-Masters-Doctorat (Lmd), il y a le complément au diplôme qui décrit les enseignements. Si la communauté internationale n'est pas convaincue, la mobilité internationale de nos diplômés se trouvera inhibée. En somme, au-delà du Cames, nous perdons progressivement notre raison d'être et les attentes que la communauté est en droit d'attendre de l'enseignement supérieur».
«Accorder collectivement et individuellement une haute priorité à l'enseignement supérieur»
Pour solutionner le mal, l’universitaire d’indiquer qu’il faut «une volonté de l'ensemble des parties prenantes : le ministère, les universités, les enseignants, les étudiants et le personnel administratif et technique. Nous devons collectivement et individuellement accorder une haute priorité à l'enseignement supérieur, afin de mieux construire les réponses de notre développement».
Car, relève l’ancien recteur de l’Ucad, «seul le dialogue entre les parties prenantes est à même d'autoriser des solutions durables. La responsabilisation des enseignants avec une obligation de résultat est certainement une piste à étudier. Les situations étant différenciées entre les établissements au sein desquels une fois le cadre de dialogue établit, il appartiendra aux structures pédagogiques d'élaborer des plans de retour à l'ordre conforme aux normes établies».
Explorant toujours les pistes de solutionner, il estime qu’«il faudra certainement aider les équipes pédagogiques à se renforcer par le recrutement, l'apport des doctorants et autres vacataires, mais aussi avoir une attention particulière sur les infrastructures et les ressources financières». Parce que, de son avis, «la fonction de l'enseignement supérieur ce n’est pas seulement l'enseignement, nous devons aussi accorder une attention particulière à la recherche et aux services à la société. Nous devons accorder plus d'attention et d'énergie à l'insertion des diplômés et à la création d'entreprises par les diplômés de l'enseignement supérieur. Il s'agira de déconstruire le modèle existant pour mettre en place un modèle beaucoup plus conforme à nos moyens et à l'enseignement supérieur de nos jours, dans un monde de plus en plus globalisé. Plusieurs autres paramètres sont à adresser pour créer un environnement de stabilité dynamique et durable».
«La réduction du temps de travail impacte négativement l'efficience du système»
Toutefois, en dépit de toutes ces imperfections, Abdou Salam Sall soutient que, comme «il est dit plus haut que la réduction du temps de travail impacte négativement l'efficience du système, il faut reconnaître que les établissements qui pratiquent une sélection à l'entrée sont dans une année académique normale avec un bon flux de réussite. Leur taux de placement qu'il faut mesurer avec plus de précision semble acceptable». Selon lui, «il reste les autres Facultés et Ufr (Unités de formation et de recherche). Et si nous considérons nos diplômés qui poursuivent leurs études dans nos écoles doctorales ou dans les universités du Nord, nous aurons à relativiser nos inquiétudes». Cependant, précise-t-il, il s'agit de talents qui, quelles que soient les conditions, rayonnent. Or, nous n’avons pas besoin des seuls talents, mais d'une masse critique de ressources humaines, diversifiées et compétentes pour prendre en charge les divers problèmes du développement.
«L'enseignement supérieur est le trésor caché du monde moderne fondé dans une large mesure par l'économie de la connaissance. La presse peut beaucoup aider à sa meilleure compréhension», conclut le recteur Abdou Salam Sall
LePopulaire
Ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le Pr Abdou Salam Sall, est ainsi revenu largement sur les fondements du phénomène et son impact, avant de recommander des solutions. Cela, afin de corriger ces écarts qui plombent l’enseignement supérieur au Sénégal. Ainsi, en analysant la situation, il liste les raisons qui expliquent le chevauchement des années académiques.
Du constat de l’ancien recteur, les causes des perturbations sont au nombre de trois. Il y a, d’après lui, des grèves des divers démembrements de la communauté universitaire, de la massification notamment à l'Université Cheikh Anta Diop et dans les autres universités consécutive au ratio infrastructures apprenants. Il y a aussi le déficit en enseignants, les équipes pédagogiques faiblement structurées et l'insuffisance de locaux qui font partie des causes des grèves cycliques qui minent le secteur.
«Si les diplômés n'ont pas les compétences requises, aucune des fonctions n'est remplie»
Concernant justement l’impact des grèves sur la validé des diplômes, le chimiste explique que «les diplômes sont adossés à un temps de travail, à un programme, à un niveau d'encadrement, à des infrastructures et à des équipements scientifiques. Au-delà du Cames (Ndlr : Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur), il s'agit de l'efficience tant interne qu'externe des établissements qui sont en jeu».
Poursuivant, le Pr Sall ajoute que «la réduction du temps de travail impacte négativement les performances internes des établissements. Le flux de transit interne est un élément de qualité. Si la formation n'est pas consistante, les performances des diplômés dans le monde du travail ne sont pas appréciables positivement». L’universitaire de souligner ainsi que «l'enseignement supérieur, outre le placement de ses diplômés, a en charge l'ouverture du marché du travail. Si les diplômés n'ont pas les compétences requises, aucune des fonctions n'est remplie».
Dès lors, le Pr Sall avertit que «la reconnaissance du Cames autorise une reconnaissance dans les universités membres du Cames, voire au-delà si nous intégrons la convention d'Arusha. Avec la réforme Licence-Masters-Doctorat (Lmd), il y a le complément au diplôme qui décrit les enseignements. Si la communauté internationale n'est pas convaincue, la mobilité internationale de nos diplômés se trouvera inhibée. En somme, au-delà du Cames, nous perdons progressivement notre raison d'être et les attentes que la communauté est en droit d'attendre de l'enseignement supérieur».
«Accorder collectivement et individuellement une haute priorité à l'enseignement supérieur»
Pour solutionner le mal, l’universitaire d’indiquer qu’il faut «une volonté de l'ensemble des parties prenantes : le ministère, les universités, les enseignants, les étudiants et le personnel administratif et technique. Nous devons collectivement et individuellement accorder une haute priorité à l'enseignement supérieur, afin de mieux construire les réponses de notre développement».
Car, relève l’ancien recteur de l’Ucad, «seul le dialogue entre les parties prenantes est à même d'autoriser des solutions durables. La responsabilisation des enseignants avec une obligation de résultat est certainement une piste à étudier. Les situations étant différenciées entre les établissements au sein desquels une fois le cadre de dialogue établit, il appartiendra aux structures pédagogiques d'élaborer des plans de retour à l'ordre conforme aux normes établies».
Explorant toujours les pistes de solutionner, il estime qu’«il faudra certainement aider les équipes pédagogiques à se renforcer par le recrutement, l'apport des doctorants et autres vacataires, mais aussi avoir une attention particulière sur les infrastructures et les ressources financières». Parce que, de son avis, «la fonction de l'enseignement supérieur ce n’est pas seulement l'enseignement, nous devons aussi accorder une attention particulière à la recherche et aux services à la société. Nous devons accorder plus d'attention et d'énergie à l'insertion des diplômés et à la création d'entreprises par les diplômés de l'enseignement supérieur. Il s'agira de déconstruire le modèle existant pour mettre en place un modèle beaucoup plus conforme à nos moyens et à l'enseignement supérieur de nos jours, dans un monde de plus en plus globalisé. Plusieurs autres paramètres sont à adresser pour créer un environnement de stabilité dynamique et durable».
«La réduction du temps de travail impacte négativement l'efficience du système»
Toutefois, en dépit de toutes ces imperfections, Abdou Salam Sall soutient que, comme «il est dit plus haut que la réduction du temps de travail impacte négativement l'efficience du système, il faut reconnaître que les établissements qui pratiquent une sélection à l'entrée sont dans une année académique normale avec un bon flux de réussite. Leur taux de placement qu'il faut mesurer avec plus de précision semble acceptable». Selon lui, «il reste les autres Facultés et Ufr (Unités de formation et de recherche). Et si nous considérons nos diplômés qui poursuivent leurs études dans nos écoles doctorales ou dans les universités du Nord, nous aurons à relativiser nos inquiétudes». Cependant, précise-t-il, il s'agit de talents qui, quelles que soient les conditions, rayonnent. Or, nous n’avons pas besoin des seuls talents, mais d'une masse critique de ressources humaines, diversifiées et compétentes pour prendre en charge les divers problèmes du développement.
«L'enseignement supérieur est le trésor caché du monde moderne fondé dans une large mesure par l'économie de la connaissance. La presse peut beaucoup aider à sa meilleure compréhension», conclut le recteur Abdou Salam Sall
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