Le directeur général adjoint de la Banque nationale pour le développement économique (Bnde) qui pris part audit panel, a avoué que le financement des Petites et moyennes entreprises (Pme) reste encore à un taux très faible dans les crédits accordés par les banques.
Sur le plan régional (Uemoa Ndlr), Babacar Thiaba Ndiaye, en charge de l’exploitation à la Bnde, souligne que « nous sommes à un taux d’environ 15% des financements des banques alloués aux Pme. Ce qui est, selon lui, un pourcentage très faible si l’on sait que les Pme constituent un élément important dans la croissance endogène de l’économie.
Pour lui, si on parle d’émergence, on doit parler d’accès important aux financements pour les Pme. Or au Sénégal, il a souligné que les chiffres sont encore très faibles, se situant autour de 7%.
Pour régler le problème d’accès des Pme aux financements, M. Ndiaye note qu’il faut améliorer l’éducation financière en mettant l’accent sur un certain nombre d’éléments qui permettront aux banques de recevoir des dossiers de demande de financements qui seront d’une meilleure qualité.
Pour cela, il a suggéré qu’il faut d’abord de relever le défi lié à l’asymétrie d’informations. Car, argue-t-il, les Pme connaissent, de manière générale, un déficit de formalisation : très peu des Pme ont une régularité de leurs états financiers.
Parmi les contraintes liées à l’accès facile aux financements, il y a également une méconnaissance de l’environnement bancaire. Car , Babacar Thiaba Ndiaye signale qu’il y a trop de distance entre le banquier et le client Pme qui ne connaît pas les spécificités de la réglementation bancaire.
En ce sens, il a souligné qu’il faut connaître les limites des banques qui ont une réglementation renforcée avec les fameuses normes Bâle II et Bâle III.
Également, note-t-il, il y a un aspect lié au cycle de vie de l’entreprise. A l’en croire, il est très difficile pour une banque de financer une Pme en démarrage, parce que les investissements ne sont pas faciles à évaluer.
Il soutient que la Pme base sa croissance sur des hypothèses avec une probabilité très importante de se tromper. « Et qui dit probabilité de défaut en finance, parle de risque et quand le banquier entend risque, il va demander beaucoup de garanties », explique le Dga de la Bnde.
Par ailleurs Awa Fall de Ecobank a indiqué : « Nous avons un marché qui n’est pas très grand au niveau du Sénégal. Nous connaissons pratiquement les entreprises qui y évoluent mais, nous n’avons pas de process, ni d’outils harmonisés ».
A ce titre, elle a magnifié la mise en place du guichet unique d’accès aux financements par l’Adempe et ses partenaires, disant que cette plateforme digitale est une excellente initiative qui devrait permettre de simplifier les procédures de traitement des dossiers de crédits et améliorer la communication entre les Pme et les institutions financières.
Sur l’éducation financière, elle a soutenu qu’il y a un volet culturel, car « certains dirigeants de Pme ne comprennent pas le français ». Or, l’information doit leur être accessible grâce aux langues locales.
Au niveau de la région de Thiès, la chambre de commerce a pris des initiatives dans le but de faciliter l’accès aux financements aux Pme. Dans cette lancée, la chambre consulaire a fait, la cartographie des institutions financières dont les acteurs ont été réunis avec les dirigeants de Pme, les assureurs pour améliorer la communication autour des sources de financements existants.
Mme Sangaré qui a représenté la chambre de commerce de Thiès a confié qu’après cela, ils se sont rendus compte que pour 20 secteurs identifiés, il y a 598 sources de financements (bancaire, non remboursable, projet/programme etc). Cela leur a permis de relever un « défaut de communication ».
Il faut reconnaître que des efforts ont été faits et continuent de l’être en vue de renforcer les financements accordés aux Pme, avec la lutte contre l’asymétrie d’informations. A cet égard, il faut signaler l’existence du Bureau d’informations sur le crédit (Bic) qui couvre les 8 pays de l’Uemoa.
D’après Mme Ndiaye Rokhaya qui a représenté le Bic dans le panel, la structure aide les institutions financières et les clients à avoir un dispositif qui leur permet d’établir des relations de confiance basées sur une meilleure connaissance de part et d’autre.
D’après elle, la finalité du Bic est de lutter contre l’asymétrie d’informations et surtout améliorer l’inclusion financière dans la zone Uemoa. Le Bic met à disposition des rapports de crédits consultables par ses partenaires : pour les banques ces rapports permettent de mieux connaître les entreprises.
Bassirou MBAYE