Bonjour Dr. Maria Rebollo Polo. Vous êtes la Coordonnatrice du Projet ESPEN. Est-ce que vous pouvez nous parler des grandes lignes de ce projet mis en place pour lutter contre les Maladies Tropicales Négligées au sein de l’Organisation mondiale de la santé ?
Le Projet spécial élargi pour l'Élimination des Maladies tropicales négligées (ESPEN) est un projet quinquennal lancé en mai 2016 par le Bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé pour l'Afrique (OMS/AFRO). Nous avons pour objectif d’accélérer le contrôle et l'élimination des cinq maladies tropicales négligées pouvant faire l'objet d'une chimiothérapie préventive sur le continent africain (PC-MTN), à savoir l'onchocercose, la filariose lymphatique, la schistosomiase, les vers intestinaux et le trachome.
Les Maladies tropicales négligées (MTN) sont des pathologies qui touchent plus de 1,4 milliard personnes et sont à l’origine de plus de 534 000 décès par an à travers le monde. Très répandues dans les régions tropicales, avec notamment 39% des cas en Afrique, les MTN ont un impact énorme sur l'espérance de vie, l'éducation et les opportunités économiques des individus affectés et de leurs communautés.
Ainsi, nous fournissons aux Programmes nationaux de lutte contre les MTN à travers l’Afrique, un appui technique et financier. Nous nous assurons qu’ils disposent des données, de l'expertise et des ressources financières dont ils ont besoin pour accélérer la lutte contre ces maladies en coordonnant les partenaires et en fournissant une assistance technique.
Pour pouvoir atteindre les objectifs de notre feuille de route au niveau de l’OMS, ESPEN s’est fixé quatre priorités stratégiques.
La première c’est de pouvoir atteindre une couverture géographique de 100%. Faire de sorte qu’à travers le continent africain, 100% des populations qui en ont besoin ait accès au traitement contre les Maladies Tropicales Négligées. Ce qui nous a permis de faire une certaine analyse au niveau des pays pour la mise à l’échelle des interventions.
La deuxième priorité d’ESPEN, c’est de pouvoir aider les pays à atteindre l’élimination de ces cinq maladies, notamment à travers la mise en place d’un système de surveillance performant et l’obtention de la validation de l’OMS à chacune des étapes clés.
La troisième c’est d’améliorer la qualité des données au niveau des pays pour leur permettre de prendre des décisions éclairées basées sur des données fiables.
La quatrième priorité stratégique c’est d’aider les pays à faire une distribution effective des médicaments qui sont donnés par des firmes pharmaceutiques. ESPEN veut renforcer les chaines d’approvisionnement pour que les malades puissent avoir accès à tous les médicaments possibles.
ESPEN est caractérisé par un partenariat public-privé, comment appréciez-vous l’apport du secteur privé dans la réalisation des objectifs d’élimination d’ici 2030 ?
Ces dernières années, notre lutte longue et difficile contre les MTN a pris un tournant important. En 2012, une coalition d'organisations philanthropiques comme la Fondation Bill & Melinda Gates, de pays donateurs comme les États-Unis et le Royaume Uni, de gouvernements de pays endémiques et de laboratoires pharmaceutiques a signé la Déclaration de Londres, s'engageant à contrôler, éliminer ou éradiquer 10 MTN d'ici janvier 2020. Simultanément, les plus grandes compagnies pharmaceutiques, y compris GlaxoSmithKline, Merck KGaA, Merck & Co, Eisai, Pfizer et Johnson & Johnson se sont engagées à donner tous les médicaments nécessaires pour atteindre ces objectifs audacieux, pour une somme d’environ 17,8 milliards de dollars américains.
La création d’ESPEN fait suite à cet engouement au niveau international. L’OMS a jugé nécessaire de mettre sur pied ce partenariat public-privé pour assurer la coordination des efforts.
La chimiothérapie préventive est un traitement révolutionnaire qui consiste à atteindre chaque année des communautés entières avec des médicaments sûrs et efficaces pour prévenir les MTN. Le contrôle et l'élimination des PC-MTN coûtent moins de 0,50 dollars américains par personne et par an, tout en offrant un énorme retour sur investissement tant pour les gouvernements des pays affectés que pour les partenaires techniques et financiers.
En marge de la dernière Assemblée générale de la santé célébrée à Genève il y a quelques semaines, le président de Merck, Dr. Frank Stangenberg-Haverkamp a organisé un évènement pour célébrer le 350e anniversaire du Groupe Merck et notre progrès collectif contre la schistosomiase. En 2012, Merck s'est engagé à faire don de 25 à 250 millions de comprimés de Praziquantel à l'OMS chaque année jusqu'à l'élimination de la schistosomiase.
Avec ce type de leadership de la part de Merck et des autres leaders pharmaceutiques qui ont participé à la Déclaration de Londres, nous avons l'opportunité de progresser vers l'élimination des MTN.
L’action d’ESPEN s’inscrit donc à part entière dans ce partenariat public-privé. Les dons de médicaments sont une grande victoire, mais il est essentiel de s'assurer que ces médicaments atteignent ceux qui en ont le plus besoin, même dans les zones difficiles d'accès.
Ce projet va boucler ses deux ans d’exercice. Est-ce que vous pouvez nous faire un bilan à mi-parcours ? Et nous dire si vous êtes sur la bonne voie pour atteindre les objectifs fixés au départ ?
Grâce à un partenariat dynamique, nous avons pu accomplir de nombreux progrès dans la lutte contre les 5 maladies citées plus haut.
Rien qu’en 2017, ESPEN a fourni un appui opérationnel et technique à 32 pays à travers le continent. Nous avons pu atteindre et administrer des traitements préventifs à 30 millions de personnes supplémentaires. Grâce à une analyse de la chaîne d'approvisionnement dans sept pays dont le Nigéria, l’Éthiopie et l’Ouganda, 132 millions de comprimés ont été récupérés.
Sachant l’importance de la maitrise des données dans notre contexte de contrôle et d’élimination des MTN, ESPEN a complété un exercice sans précédent, qui a consisté à cartographier la répartition des maladies à travers les pays, y compris au niveau sous-national. Nous avons ainsi mis en ligne un portail (http://espen.afro.who.int ) reprenant toutes les données collectées afin de donner aux Ministères de la santé et aux autres partenaires, les informations nécessaires pour une prise de décision découlant à des investissements intelligents pour le contrôle et l’élimination des MTN.
Aucune de ces réalisations n'aurait été possible sans le soutien actif, l'engagement et la participation de tous les membres de notre partenariat : les ministères de la santé, les bailleurs, les partenaires d'exécution, les institutions académiques et la coalition pour la recherche opérationnelle sur les MTN (COR-MTN).
Grâce à une analyse de la chaîne d'approvisionnement dans sept pays dont le Nigéria, l’Éthiopie et l’Ouganda, 132 millions de comprimés ont été récupérés.
Mais nous travaillons à trouver des moyens pour l’élimination des Maladies Tropicales Négligées. Le continent africain a encore besoin de plus de partenaires. Pour vraiment atteindre les objectifs fixés, il faut s’assurer à avoir plus de partenaires pour trouver d’autres opportunités. Qu’ils s’agissent des partenaires du Moyen Orient ou du continent asiatique qui veulent appuyer ESPEN à accélérer l’élimination de ces MTN.
L’une des réalisations clés de ces deux dernières années, c’est qu’ESPEN est parvenu à asseoir une appropriation au niveau des pays. Le programme a aidé les gouvernements à développer des plans nationaux stratégiques. Il les accompagne pour avoir une vision claire devant leur permettre d’avancer vers l’élimination de ces maladies.
L’une des grandes réalisations a été de s’assurer à ce qu’ESPEN puisse aider les pays africains à atteindre 100% de couverture en termes de prévention. C’est le volet stratégique du projet. Il y a des zones qui ne bénéficient pas de traitement et de prévention donc il faut faire de sorte que les pays puissent mobiliser les ressources nécessaires pour assure une bonne couverture. C’est grâce à cela que nous avons pu atteindre trente millions de personnes supplémentaires qui n’auraient pas été touchées par ces interventions de traitement et de prévention sans l’appui d’ESPEN.
Quels sont les éventuels défis auxquels le projet ESPEN et les pays africains sont confrontés dans la lutte contre les Maladies Tropicales Négligées ?
Outre les questions de logistique et de coordination des efforts, je dirais que notre défi majeur consiste à faire prendre conscience de l’importance d’arriver à une élimination totale de ces maladies.
Nous ne pouvons aspirer à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) sans avoir mis un terme à ce fléau humain et économique que représentent les MTN.
Ces maladies portent le nom de « négligées » pour une bonne raison. Elles ne tuent pas autant que d’autres pathologies et par conséquent, dans notre contexte de raréfaction des ressources, elles sont mises de côté.
Pourtant, l’élimination des MTN fait partie intégrante de notre lutte pour une Afrique saine et prospère. Nous estimons que si nous suivons la feuille de route de l’OMS, nous arriverons à notre objectif et protègeront les 600 millions de personnes qui sont exposées à ces maladies en Afrique.
Pour accélérer l’élimination des maladies tropicales négligées, les gouvernements africains doivent s’approprier cette lutte. Afin d’arriver à des programmes de lutte contre les MTN efficients et durables, il nous faudra, entre autres,relever le défi de mobilisation des ressources financières au niveau national et international.
Parallèlement aux activités d’ESPEN, comment évaluez-vous le dispositif de lutte contre MTN actuellement en place en Afrique, précisément contre les cinq MTN qui sont les plus fréquentes dans le continent ?
Nous observons un accroissement considérable de l’intérêt porté aux MTN, qui se matérialise par une mobilisation des États endémiques pour le contrôle et l’élimination de ces maladies tropicales négligées.
Cette mobilisation des États se traduit par l’inscription de la lutte contre les MTN dans les agendas de rencontres internationales à l’instar de la conférence des ministres de la santé de l’Union Africaine tenue à Addis Abeba en avril 2013 ou encore la mention des MTN comme étant une priorité dans le cadre du Plan Stratégique 2014-2020 de l’Organisation Ouest Africaine pour la santé. En janvier 2018, un indicateur sur l’indice de couverture relatif au traitement de masse contre les MTN a été intégré à la feuille de suivi de ALMA (l’Alliance des Chefs d’États Africains contre le Paludisme) et présenté lors du dernier Sommet de l’Union Africaine.
Au niveau des pays, des dispositions ont été prises à plusieurs niveaux. Il s’agit de l’érection de programmes nationaux de lutte contre les MTN, la mise en œuvre des interventions ciblant l’élimination des PC-MTN telles que les campagnes de distribution de médicaments de masse aux populations exposées.
A cela s’ajoutent l’élaboration des plans stratégiques de lutte contre ces maladies et l’orientation vers une approche multisectorielle de la réponse aux MTN.
Cette tendance d’harmonisation du dispositif de réponse aux PC-MTN des pays endémiques est un gage de réussite et d’atteinte de l’objectif d’éradication de ces maladies.
Estimez-vous que nous sommes assez outillés pour atteindre l’élimination de ces maladies sur le continent africain ?
Des exemples comme le Togo qui est le premier pays en Afrique sub-saharienne à éliminer la filariose lymphatique comme problème de santé publique ou encore le Ghana, qui est sur le point d’éliminer le trachome, nous montrent que nous en sommes capables. A travers le continent, des pays comme le Sénégal, ont atteint les niveaux de contrôle nécessaires pour arrêter les traitements de masse.
Par ailleurs, il faut souligner que les PC-MTN sont aussi celles qui infligent le plus lourd fardeau à nos pays. Nous avons une réelle opportunité de mettre un terme à ces 5 maladies car les traitements sont disponibles et gratuits. Il nous faut à présent nous assurer que nous faisons le nécessaire pour que les populations aient effectivement accès à ces traitements et que nous mettions enfin un terme à la transmission. A cet effet, d’avantage de ressources financières seront nécessaires tout comme la conduite de recherche opérationnelle pour l’élaboration de formules pédiatriques ou encore de stratégies efficaces pour éliminer l’onchocercose notamment.
Si vous aviez un message à lancer à toutes ces populations vivant dans des zones à risque, quel serait-il ?
L’élimination des maladies tropicales négligées est à notre portée, mais elle ne sera possible que grâce à l’implication de communautés informées et autonomes. Les médicaments contre ces cinq maladies sont disponibles et sont distribuées gratuitement par des membres de nos communautés à travers tout le continent. Nous sommes à la croisée des chemins et il important que nous investissions dans l’éducation de nos communautés afin qu’elles s’approprient cette lutte. Les MTN peuvent être évitées à condition que les communautés aient accès aux bonnes informations et aux moyens de prévention tels que les moustiquaires imprégnées. Les familles sont des acteurs clés lorsqu’il s’agit de passer le message à travers les communautés et pour mettre un terme aux MTN pour notre génération tout comme pour les générations futures.
Allafrica.com
Le Projet spécial élargi pour l'Élimination des Maladies tropicales négligées (ESPEN) est un projet quinquennal lancé en mai 2016 par le Bureau régional de l'Organisation mondiale de la santé pour l'Afrique (OMS/AFRO). Nous avons pour objectif d’accélérer le contrôle et l'élimination des cinq maladies tropicales négligées pouvant faire l'objet d'une chimiothérapie préventive sur le continent africain (PC-MTN), à savoir l'onchocercose, la filariose lymphatique, la schistosomiase, les vers intestinaux et le trachome.
Les Maladies tropicales négligées (MTN) sont des pathologies qui touchent plus de 1,4 milliard personnes et sont à l’origine de plus de 534 000 décès par an à travers le monde. Très répandues dans les régions tropicales, avec notamment 39% des cas en Afrique, les MTN ont un impact énorme sur l'espérance de vie, l'éducation et les opportunités économiques des individus affectés et de leurs communautés.
Ainsi, nous fournissons aux Programmes nationaux de lutte contre les MTN à travers l’Afrique, un appui technique et financier. Nous nous assurons qu’ils disposent des données, de l'expertise et des ressources financières dont ils ont besoin pour accélérer la lutte contre ces maladies en coordonnant les partenaires et en fournissant une assistance technique.
Pour pouvoir atteindre les objectifs de notre feuille de route au niveau de l’OMS, ESPEN s’est fixé quatre priorités stratégiques.
La première c’est de pouvoir atteindre une couverture géographique de 100%. Faire de sorte qu’à travers le continent africain, 100% des populations qui en ont besoin ait accès au traitement contre les Maladies Tropicales Négligées. Ce qui nous a permis de faire une certaine analyse au niveau des pays pour la mise à l’échelle des interventions.
La deuxième priorité d’ESPEN, c’est de pouvoir aider les pays à atteindre l’élimination de ces cinq maladies, notamment à travers la mise en place d’un système de surveillance performant et l’obtention de la validation de l’OMS à chacune des étapes clés.
La troisième c’est d’améliorer la qualité des données au niveau des pays pour leur permettre de prendre des décisions éclairées basées sur des données fiables.
La quatrième priorité stratégique c’est d’aider les pays à faire une distribution effective des médicaments qui sont donnés par des firmes pharmaceutiques. ESPEN veut renforcer les chaines d’approvisionnement pour que les malades puissent avoir accès à tous les médicaments possibles.
ESPEN est caractérisé par un partenariat public-privé, comment appréciez-vous l’apport du secteur privé dans la réalisation des objectifs d’élimination d’ici 2030 ?
Ces dernières années, notre lutte longue et difficile contre les MTN a pris un tournant important. En 2012, une coalition d'organisations philanthropiques comme la Fondation Bill & Melinda Gates, de pays donateurs comme les États-Unis et le Royaume Uni, de gouvernements de pays endémiques et de laboratoires pharmaceutiques a signé la Déclaration de Londres, s'engageant à contrôler, éliminer ou éradiquer 10 MTN d'ici janvier 2020. Simultanément, les plus grandes compagnies pharmaceutiques, y compris GlaxoSmithKline, Merck KGaA, Merck & Co, Eisai, Pfizer et Johnson & Johnson se sont engagées à donner tous les médicaments nécessaires pour atteindre ces objectifs audacieux, pour une somme d’environ 17,8 milliards de dollars américains.
La création d’ESPEN fait suite à cet engouement au niveau international. L’OMS a jugé nécessaire de mettre sur pied ce partenariat public-privé pour assurer la coordination des efforts.
La chimiothérapie préventive est un traitement révolutionnaire qui consiste à atteindre chaque année des communautés entières avec des médicaments sûrs et efficaces pour prévenir les MTN. Le contrôle et l'élimination des PC-MTN coûtent moins de 0,50 dollars américains par personne et par an, tout en offrant un énorme retour sur investissement tant pour les gouvernements des pays affectés que pour les partenaires techniques et financiers.
En marge de la dernière Assemblée générale de la santé célébrée à Genève il y a quelques semaines, le président de Merck, Dr. Frank Stangenberg-Haverkamp a organisé un évènement pour célébrer le 350e anniversaire du Groupe Merck et notre progrès collectif contre la schistosomiase. En 2012, Merck s'est engagé à faire don de 25 à 250 millions de comprimés de Praziquantel à l'OMS chaque année jusqu'à l'élimination de la schistosomiase.
Avec ce type de leadership de la part de Merck et des autres leaders pharmaceutiques qui ont participé à la Déclaration de Londres, nous avons l'opportunité de progresser vers l'élimination des MTN.
L’action d’ESPEN s’inscrit donc à part entière dans ce partenariat public-privé. Les dons de médicaments sont une grande victoire, mais il est essentiel de s'assurer que ces médicaments atteignent ceux qui en ont le plus besoin, même dans les zones difficiles d'accès.
Ce projet va boucler ses deux ans d’exercice. Est-ce que vous pouvez nous faire un bilan à mi-parcours ? Et nous dire si vous êtes sur la bonne voie pour atteindre les objectifs fixés au départ ?
Grâce à un partenariat dynamique, nous avons pu accomplir de nombreux progrès dans la lutte contre les 5 maladies citées plus haut.
Rien qu’en 2017, ESPEN a fourni un appui opérationnel et technique à 32 pays à travers le continent. Nous avons pu atteindre et administrer des traitements préventifs à 30 millions de personnes supplémentaires. Grâce à une analyse de la chaîne d'approvisionnement dans sept pays dont le Nigéria, l’Éthiopie et l’Ouganda, 132 millions de comprimés ont été récupérés.
Sachant l’importance de la maitrise des données dans notre contexte de contrôle et d’élimination des MTN, ESPEN a complété un exercice sans précédent, qui a consisté à cartographier la répartition des maladies à travers les pays, y compris au niveau sous-national. Nous avons ainsi mis en ligne un portail (http://espen.afro.who.int ) reprenant toutes les données collectées afin de donner aux Ministères de la santé et aux autres partenaires, les informations nécessaires pour une prise de décision découlant à des investissements intelligents pour le contrôle et l’élimination des MTN.
Aucune de ces réalisations n'aurait été possible sans le soutien actif, l'engagement et la participation de tous les membres de notre partenariat : les ministères de la santé, les bailleurs, les partenaires d'exécution, les institutions académiques et la coalition pour la recherche opérationnelle sur les MTN (COR-MTN).
Grâce à une analyse de la chaîne d'approvisionnement dans sept pays dont le Nigéria, l’Éthiopie et l’Ouganda, 132 millions de comprimés ont été récupérés.
Mais nous travaillons à trouver des moyens pour l’élimination des Maladies Tropicales Négligées. Le continent africain a encore besoin de plus de partenaires. Pour vraiment atteindre les objectifs fixés, il faut s’assurer à avoir plus de partenaires pour trouver d’autres opportunités. Qu’ils s’agissent des partenaires du Moyen Orient ou du continent asiatique qui veulent appuyer ESPEN à accélérer l’élimination de ces MTN.
L’une des réalisations clés de ces deux dernières années, c’est qu’ESPEN est parvenu à asseoir une appropriation au niveau des pays. Le programme a aidé les gouvernements à développer des plans nationaux stratégiques. Il les accompagne pour avoir une vision claire devant leur permettre d’avancer vers l’élimination de ces maladies.
L’une des grandes réalisations a été de s’assurer à ce qu’ESPEN puisse aider les pays africains à atteindre 100% de couverture en termes de prévention. C’est le volet stratégique du projet. Il y a des zones qui ne bénéficient pas de traitement et de prévention donc il faut faire de sorte que les pays puissent mobiliser les ressources nécessaires pour assure une bonne couverture. C’est grâce à cela que nous avons pu atteindre trente millions de personnes supplémentaires qui n’auraient pas été touchées par ces interventions de traitement et de prévention sans l’appui d’ESPEN.
Quels sont les éventuels défis auxquels le projet ESPEN et les pays africains sont confrontés dans la lutte contre les Maladies Tropicales Négligées ?
Outre les questions de logistique et de coordination des efforts, je dirais que notre défi majeur consiste à faire prendre conscience de l’importance d’arriver à une élimination totale de ces maladies.
Nous ne pouvons aspirer à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) sans avoir mis un terme à ce fléau humain et économique que représentent les MTN.
Ces maladies portent le nom de « négligées » pour une bonne raison. Elles ne tuent pas autant que d’autres pathologies et par conséquent, dans notre contexte de raréfaction des ressources, elles sont mises de côté.
Pourtant, l’élimination des MTN fait partie intégrante de notre lutte pour une Afrique saine et prospère. Nous estimons que si nous suivons la feuille de route de l’OMS, nous arriverons à notre objectif et protègeront les 600 millions de personnes qui sont exposées à ces maladies en Afrique.
Pour accélérer l’élimination des maladies tropicales négligées, les gouvernements africains doivent s’approprier cette lutte. Afin d’arriver à des programmes de lutte contre les MTN efficients et durables, il nous faudra, entre autres,relever le défi de mobilisation des ressources financières au niveau national et international.
Parallèlement aux activités d’ESPEN, comment évaluez-vous le dispositif de lutte contre MTN actuellement en place en Afrique, précisément contre les cinq MTN qui sont les plus fréquentes dans le continent ?
Nous observons un accroissement considérable de l’intérêt porté aux MTN, qui se matérialise par une mobilisation des États endémiques pour le contrôle et l’élimination de ces maladies tropicales négligées.
Cette mobilisation des États se traduit par l’inscription de la lutte contre les MTN dans les agendas de rencontres internationales à l’instar de la conférence des ministres de la santé de l’Union Africaine tenue à Addis Abeba en avril 2013 ou encore la mention des MTN comme étant une priorité dans le cadre du Plan Stratégique 2014-2020 de l’Organisation Ouest Africaine pour la santé. En janvier 2018, un indicateur sur l’indice de couverture relatif au traitement de masse contre les MTN a été intégré à la feuille de suivi de ALMA (l’Alliance des Chefs d’États Africains contre le Paludisme) et présenté lors du dernier Sommet de l’Union Africaine.
Au niveau des pays, des dispositions ont été prises à plusieurs niveaux. Il s’agit de l’érection de programmes nationaux de lutte contre les MTN, la mise en œuvre des interventions ciblant l’élimination des PC-MTN telles que les campagnes de distribution de médicaments de masse aux populations exposées.
A cela s’ajoutent l’élaboration des plans stratégiques de lutte contre ces maladies et l’orientation vers une approche multisectorielle de la réponse aux MTN.
Cette tendance d’harmonisation du dispositif de réponse aux PC-MTN des pays endémiques est un gage de réussite et d’atteinte de l’objectif d’éradication de ces maladies.
Estimez-vous que nous sommes assez outillés pour atteindre l’élimination de ces maladies sur le continent africain ?
Des exemples comme le Togo qui est le premier pays en Afrique sub-saharienne à éliminer la filariose lymphatique comme problème de santé publique ou encore le Ghana, qui est sur le point d’éliminer le trachome, nous montrent que nous en sommes capables. A travers le continent, des pays comme le Sénégal, ont atteint les niveaux de contrôle nécessaires pour arrêter les traitements de masse.
Par ailleurs, il faut souligner que les PC-MTN sont aussi celles qui infligent le plus lourd fardeau à nos pays. Nous avons une réelle opportunité de mettre un terme à ces 5 maladies car les traitements sont disponibles et gratuits. Il nous faut à présent nous assurer que nous faisons le nécessaire pour que les populations aient effectivement accès à ces traitements et que nous mettions enfin un terme à la transmission. A cet effet, d’avantage de ressources financières seront nécessaires tout comme la conduite de recherche opérationnelle pour l’élaboration de formules pédiatriques ou encore de stratégies efficaces pour éliminer l’onchocercose notamment.
Si vous aviez un message à lancer à toutes ces populations vivant dans des zones à risque, quel serait-il ?
L’élimination des maladies tropicales négligées est à notre portée, mais elle ne sera possible que grâce à l’implication de communautés informées et autonomes. Les médicaments contre ces cinq maladies sont disponibles et sont distribuées gratuitement par des membres de nos communautés à travers tout le continent. Nous sommes à la croisée des chemins et il important que nous investissions dans l’éducation de nos communautés afin qu’elles s’approprient cette lutte. Les MTN peuvent être évitées à condition que les communautés aient accès aux bonnes informations et aux moyens de prévention tels que les moustiquaires imprégnées. Les familles sont des acteurs clés lorsqu’il s’agit de passer le message à travers les communautés et pour mettre un terme aux MTN pour notre génération tout comme pour les générations futures.
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