Monsieur le président comment se porte l’Uemoa aujourd’hui ?
Globalement, l’union se porte très bien pour plusieurs raisons. D’abord, du point vue de la croissance, malgré les conflits que nous avons connu dans un passé récent, notre économie est aujourd’hui en train de se retrouver dans les économies les plus prospères du monde, avec des taux de croissance de près de 6,5%. Il y a des pays qui pointent avec des taux de croissance à deux chiffres. Cela démontre tout le dynamisme de notre économie. Cela n’est pas suffisant. Il faut faire plus. C’est pourquoi, les chefs d’Etat ont pris la décision de faire faire à notre région un saut qualitatif, en essayant d’imprimer à certaines politiques sectorielles des pas plus importants.
Comment analysez-vous l’évolution qu’il y a eu au niveau de la transposition de certaines directives ?
Il y avait un problème très difficile de transposition mais aussi d’application. Il ne s’agit pas seulement de transposer, il faut transposer et appliquer. Or comme vous le savez, la Côte d’ivoire qui avait des taux de transposition de l’ordre de 21% s’est retrouvée à des niveaux de près de 70%, après la crise. Donc, en trois ans de présence du nouveau gouvernement, la Côte d’Ivoire a fait des pas importants. Les autres pays également. Tenant compte du fait que notre région est en train de faire des pas très importants, en ce qui concerne la croissance, on a jugé qu’il fallait également renforcer le processus d’intégration. Et à ce titre, tous les pays ont fait des efforts importants allant dans le sens de la transposition et de l’application de ces directives. Aujourd’hui, il ne faut pas se glorifier de ce que nous avons, nous ne sommes pas satisfaits jusqu’à présent du taux de transposition des directives. Parce que la moyenne régionale se situe entre 59% de transposition et 50% d’application. Nous voulons aller au-delà. Et, c’est pourquoi, les chefs d’Etat avaient lors du sommet de Lomé décidé de la mise en place d’une structure chargée de veiller à la transposition et à l’application des directives. Donc, faire le point pays par pays afin de voir ce qui a été fait, cela sous la supervision des chefs de gouvernement. Une tâche que nous avons commencé à exécuter cette année. La réunion de Dakar du 24 octobre 2013 a consacré cette décision qui avait été prise au sommet de Lomé de 2012 par un acte additionnel. Le travail a été fait dans l’ensemble des huit pays de l’Union et c’est pourquoi vous avez noté un certain nombre de frémissements.
. Aujourd’hui, on vit une nouvelle expérience avec l’entrée en vigueur du tarif extérieur commun de la CDEAO, des années après celui de l’Uemoa. Comment entrevoyez-vous l’entrée en vigueur de ce Tec, surtout pour les pays de l’Uemoa ?
Nous n’avons pas d’inquiétudes. Notre union a été la première zone à avoir un tarif extérieur commun. Ce que nous avons négocié avec la CEDEAO était en grande partie bâti sur le tarif extérieur commun de l’UEMOA et donc sur l’expérience de notre Union. Par conséquent, je pense que pour nos pays, il n’y a pas d’inquiétudes. La preuve, le département chargé de la concurrence et de l’application de ces mesures a déjà commencé à travailler, en rapport bien sûr avec la CEDEAO, avec l’administration des douanes de tous les pays pour l’application effective de ce nouveau tarif extérieure commun.
Il y a de nouveaux défis à relever en ce moment surtout la paix et la sécurité. Quelles sont les solutions qui seront apportées à ces nouveaux défis qui s’imposent à l’Union ?
Les chefs d’Etat ont déjà donné une vision claire de ce que nous devons faire , en mettant en place des politiques sectorielles en ce qui concerne l’énergie, l’agriculture et le mode de financement de notre économie. Tous ces chantiers sont confiés à des chefs d’Etat. Mais, les chefs d’Etat ont compris également qu’on ne pouvait pas faire une croissance sur le long terme, une croissance qui profite aux populations, une croissance inclusive s’il y a toujours des problèmes de paix et de sécurité dans notre espace. Et si vous relisez l’histoire récente de notre région, la plupart des pays qui ont des problèmes, c’était des pays membres de notre Union. Les chefs d’Etat ont donc pensé qu’il fallait mettre en place des politiques en ce qui concerne la paix et la sécurité. Le dossier a été confié au président Macky Sall. Cependant, le travail qui est en train d’être fait par l’Uemoa dans ce cadre-là vient en complémentarité du travail fait par la CEDEAO. C’est pourquoi, nous nous sommes inscrits dans le cadre de la prévention. Nous nous sommes également inscrits dans le cadre de la formation des premières unités qui seront en contact avec les groupes qui seront tentées de commettre des actes qui ne sont pas en conformité avec la normalité que nous souhaitons dans la région. Nous voulons toujours dans le cadre de ce projet une harmonisation en matière douanière et de police, pour échanger des informations comme on le fait dans le cadre de Schengen pour certaines informations. C’est dans ce cadre que nous allons travailler pour la prévention.
Le programme économique régional (PER) nécessite un financement très lourd. Comment l’Union fera-t-elle pour profiter de l’épargne importante qui se trouve dans la sous-région afin de financer les grands projets inscrits dans le PER ?
Nous avons plusieurs volets dans ce cadre-là. Et comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est pourquoi ce chantier a été ouvert et confié à son Excellence, M. Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire. Le président Ouattara a une grande expérience de ces questions. La banque centrale a commencé à faire un travail extrêmement important que je voudrais saluer pour simplement donner du souffle nouveau à notre économie. Elle est en train de travailler sur les aspects de refinancement des banques primaires pour leur permettre d’avoir les ressources nécessaires pour financer notre économie. La Bceao est également en train de travailler sur l’allégement des coûts des services bancaires. Mais le président Alassane Ouattara avait jugé nécessaire également qu’il fallait prospecter d’autres horizons afin de pouvoir capter l’épargne qui circule au niveau international. Une épargne pour laquelle, nous pensons, compte tenu de la solidité de nos économies, pouvoir prétendre bénéficier. C’est pourquoi, instruction nous a été donnée, le président de la BOAD, le gouverneur de la BCEAO et moi-même, pour travailler sur le projet de Dubaï. C’est-à-dire travailler sur la mobilisation de ressources à partir de l’Asie. Les trois institutions ont donc travaillé ensemble, elles ont organisé cette conférence qui a permis aux investisseurs de cette région de comprendre que nous avions un besoin de financement mais également que l’on pouvait nous faire confiance. Compte tenu du cadre macro-économique solide de notre région, des taux de croissance que nous affichons mais également et surtout de la convergence de nos économies. Nous avons un taux d’endettement qui est faible, nous avons également respecté beaucoup de critères de convergences. C’est ce qui fait que l’économie de l’Uemoa en allant vers ces pays a donné un autre visage.
De grands projets sont inscrits dans le PER. Quel sera la place du secteur privé régional dans leur réalisation ?
C’est là où je veux exhorter le secteur privé régional à prendre toute sa place. Dans tous les pays, le secteur privé participe dans les processus de privatisation, les processus de partenariat public privé, notre secteur privé doit se battre pour prendre sa place. On ne peut pas développer une économie qu’elle soit nationale ou même régionale, si notre secteur privé ne s’implique pas. Il faut toujours se dire que c’est le secteur privé qui crée la valeur, qui crée les emplois. L’Etat a pour rôle de mettre en place les conditions pour que le secteur privé puisse s’exprimer de la manière la plus claire. Je pense qu’aujourd’hui, nous devons travailler de sorte à permettre à notre secteur privé d’avoir une lisibilité sur sa fiscalité. Toutes les entraves qui empêchent au secteur privé de s’exprimer, nous devons essayer de les lever. Les entraves liées par exemple à la libre circulation, les contraintes liées à la disponibilité du facteur énergie, celles liées au transport etc. Nous ne pouvons pas développer notre économie si notre secteur privé est absent. Il faut que notre secteur prenne sa place. Bien sûr avec les autres. On ne peut pas être dans un espace comme celui de l’Uemoa et dire que seul notre secteur privé sera servi. Mais notre secteur privé je le répète doit prendre toute sa place. Aussi bien dans la privatisation que dans les autres secteurs.
Y aurait-il une discrimination positive en faveur du secteur privé sous régional ?
Je pense qu’on ferait une discrimination positive pour notre secteur privé, il n’y aurait rien d’indécent. Dans les pays développés, on fait de la discrimination positive. Quand vous allez dans certains pays que je ne nommerai pas ici, il y a des secteurs qui sont exclusivement réservés aux nationaux. Mais également dans certains pays, vous ne pouvez pas accéder à certaines commandes, si les produits ne sont fabriqués au niveau national. Je pense que discriminer positivement notre secteur privé n’a rien d’indécent. Mais, il ne faut pas le faire aussi comme si nous notre secteur privé voudrais bénéficier de passes droit. Ce que notre secteur privé demande, c’est d’être dans les mêmes niveaux de compétitivité que les autres. Si notre secteur privé doit compêtir avec les autres, il faut au moins que le facteur énergie soit au même niveau, que les infrastructures soient au même niveau, afin de leur permettre aussi de ne pas subir des surcoûts qui grèvent leur compétitivité. Cela nous devons y travailler.
Entretien réalisé par Aliou Kane Ndiaye/Nouvel Horizon
Globalement, l’union se porte très bien pour plusieurs raisons. D’abord, du point vue de la croissance, malgré les conflits que nous avons connu dans un passé récent, notre économie est aujourd’hui en train de se retrouver dans les économies les plus prospères du monde, avec des taux de croissance de près de 6,5%. Il y a des pays qui pointent avec des taux de croissance à deux chiffres. Cela démontre tout le dynamisme de notre économie. Cela n’est pas suffisant. Il faut faire plus. C’est pourquoi, les chefs d’Etat ont pris la décision de faire faire à notre région un saut qualitatif, en essayant d’imprimer à certaines politiques sectorielles des pas plus importants.
Comment analysez-vous l’évolution qu’il y a eu au niveau de la transposition de certaines directives ?
Il y avait un problème très difficile de transposition mais aussi d’application. Il ne s’agit pas seulement de transposer, il faut transposer et appliquer. Or comme vous le savez, la Côte d’ivoire qui avait des taux de transposition de l’ordre de 21% s’est retrouvée à des niveaux de près de 70%, après la crise. Donc, en trois ans de présence du nouveau gouvernement, la Côte d’Ivoire a fait des pas importants. Les autres pays également. Tenant compte du fait que notre région est en train de faire des pas très importants, en ce qui concerne la croissance, on a jugé qu’il fallait également renforcer le processus d’intégration. Et à ce titre, tous les pays ont fait des efforts importants allant dans le sens de la transposition et de l’application de ces directives. Aujourd’hui, il ne faut pas se glorifier de ce que nous avons, nous ne sommes pas satisfaits jusqu’à présent du taux de transposition des directives. Parce que la moyenne régionale se situe entre 59% de transposition et 50% d’application. Nous voulons aller au-delà. Et, c’est pourquoi, les chefs d’Etat avaient lors du sommet de Lomé décidé de la mise en place d’une structure chargée de veiller à la transposition et à l’application des directives. Donc, faire le point pays par pays afin de voir ce qui a été fait, cela sous la supervision des chefs de gouvernement. Une tâche que nous avons commencé à exécuter cette année. La réunion de Dakar du 24 octobre 2013 a consacré cette décision qui avait été prise au sommet de Lomé de 2012 par un acte additionnel. Le travail a été fait dans l’ensemble des huit pays de l’Union et c’est pourquoi vous avez noté un certain nombre de frémissements.
. Aujourd’hui, on vit une nouvelle expérience avec l’entrée en vigueur du tarif extérieur commun de la CDEAO, des années après celui de l’Uemoa. Comment entrevoyez-vous l’entrée en vigueur de ce Tec, surtout pour les pays de l’Uemoa ?
Nous n’avons pas d’inquiétudes. Notre union a été la première zone à avoir un tarif extérieur commun. Ce que nous avons négocié avec la CEDEAO était en grande partie bâti sur le tarif extérieur commun de l’UEMOA et donc sur l’expérience de notre Union. Par conséquent, je pense que pour nos pays, il n’y a pas d’inquiétudes. La preuve, le département chargé de la concurrence et de l’application de ces mesures a déjà commencé à travailler, en rapport bien sûr avec la CEDEAO, avec l’administration des douanes de tous les pays pour l’application effective de ce nouveau tarif extérieure commun.
Il y a de nouveaux défis à relever en ce moment surtout la paix et la sécurité. Quelles sont les solutions qui seront apportées à ces nouveaux défis qui s’imposent à l’Union ?
Les chefs d’Etat ont déjà donné une vision claire de ce que nous devons faire , en mettant en place des politiques sectorielles en ce qui concerne l’énergie, l’agriculture et le mode de financement de notre économie. Tous ces chantiers sont confiés à des chefs d’Etat. Mais, les chefs d’Etat ont compris également qu’on ne pouvait pas faire une croissance sur le long terme, une croissance qui profite aux populations, une croissance inclusive s’il y a toujours des problèmes de paix et de sécurité dans notre espace. Et si vous relisez l’histoire récente de notre région, la plupart des pays qui ont des problèmes, c’était des pays membres de notre Union. Les chefs d’Etat ont donc pensé qu’il fallait mettre en place des politiques en ce qui concerne la paix et la sécurité. Le dossier a été confié au président Macky Sall. Cependant, le travail qui est en train d’être fait par l’Uemoa dans ce cadre-là vient en complémentarité du travail fait par la CEDEAO. C’est pourquoi, nous nous sommes inscrits dans le cadre de la prévention. Nous nous sommes également inscrits dans le cadre de la formation des premières unités qui seront en contact avec les groupes qui seront tentées de commettre des actes qui ne sont pas en conformité avec la normalité que nous souhaitons dans la région. Nous voulons toujours dans le cadre de ce projet une harmonisation en matière douanière et de police, pour échanger des informations comme on le fait dans le cadre de Schengen pour certaines informations. C’est dans ce cadre que nous allons travailler pour la prévention.
Le programme économique régional (PER) nécessite un financement très lourd. Comment l’Union fera-t-elle pour profiter de l’épargne importante qui se trouve dans la sous-région afin de financer les grands projets inscrits dans le PER ?
Nous avons plusieurs volets dans ce cadre-là. Et comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est pourquoi ce chantier a été ouvert et confié à son Excellence, M. Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire. Le président Ouattara a une grande expérience de ces questions. La banque centrale a commencé à faire un travail extrêmement important que je voudrais saluer pour simplement donner du souffle nouveau à notre économie. Elle est en train de travailler sur les aspects de refinancement des banques primaires pour leur permettre d’avoir les ressources nécessaires pour financer notre économie. La Bceao est également en train de travailler sur l’allégement des coûts des services bancaires. Mais le président Alassane Ouattara avait jugé nécessaire également qu’il fallait prospecter d’autres horizons afin de pouvoir capter l’épargne qui circule au niveau international. Une épargne pour laquelle, nous pensons, compte tenu de la solidité de nos économies, pouvoir prétendre bénéficier. C’est pourquoi, instruction nous a été donnée, le président de la BOAD, le gouverneur de la BCEAO et moi-même, pour travailler sur le projet de Dubaï. C’est-à-dire travailler sur la mobilisation de ressources à partir de l’Asie. Les trois institutions ont donc travaillé ensemble, elles ont organisé cette conférence qui a permis aux investisseurs de cette région de comprendre que nous avions un besoin de financement mais également que l’on pouvait nous faire confiance. Compte tenu du cadre macro-économique solide de notre région, des taux de croissance que nous affichons mais également et surtout de la convergence de nos économies. Nous avons un taux d’endettement qui est faible, nous avons également respecté beaucoup de critères de convergences. C’est ce qui fait que l’économie de l’Uemoa en allant vers ces pays a donné un autre visage.
De grands projets sont inscrits dans le PER. Quel sera la place du secteur privé régional dans leur réalisation ?
C’est là où je veux exhorter le secteur privé régional à prendre toute sa place. Dans tous les pays, le secteur privé participe dans les processus de privatisation, les processus de partenariat public privé, notre secteur privé doit se battre pour prendre sa place. On ne peut pas développer une économie qu’elle soit nationale ou même régionale, si notre secteur privé ne s’implique pas. Il faut toujours se dire que c’est le secteur privé qui crée la valeur, qui crée les emplois. L’Etat a pour rôle de mettre en place les conditions pour que le secteur privé puisse s’exprimer de la manière la plus claire. Je pense qu’aujourd’hui, nous devons travailler de sorte à permettre à notre secteur privé d’avoir une lisibilité sur sa fiscalité. Toutes les entraves qui empêchent au secteur privé de s’exprimer, nous devons essayer de les lever. Les entraves liées par exemple à la libre circulation, les contraintes liées à la disponibilité du facteur énergie, celles liées au transport etc. Nous ne pouvons pas développer notre économie si notre secteur privé est absent. Il faut que notre secteur prenne sa place. Bien sûr avec les autres. On ne peut pas être dans un espace comme celui de l’Uemoa et dire que seul notre secteur privé sera servi. Mais notre secteur privé je le répète doit prendre toute sa place. Aussi bien dans la privatisation que dans les autres secteurs.
Y aurait-il une discrimination positive en faveur du secteur privé sous régional ?
Je pense qu’on ferait une discrimination positive pour notre secteur privé, il n’y aurait rien d’indécent. Dans les pays développés, on fait de la discrimination positive. Quand vous allez dans certains pays que je ne nommerai pas ici, il y a des secteurs qui sont exclusivement réservés aux nationaux. Mais également dans certains pays, vous ne pouvez pas accéder à certaines commandes, si les produits ne sont fabriqués au niveau national. Je pense que discriminer positivement notre secteur privé n’a rien d’indécent. Mais, il ne faut pas le faire aussi comme si nous notre secteur privé voudrais bénéficier de passes droit. Ce que notre secteur privé demande, c’est d’être dans les mêmes niveaux de compétitivité que les autres. Si notre secteur privé doit compêtir avec les autres, il faut au moins que le facteur énergie soit au même niveau, que les infrastructures soient au même niveau, afin de leur permettre aussi de ne pas subir des surcoûts qui grèvent leur compétitivité. Cela nous devons y travailler.
Entretien réalisé par Aliou Kane Ndiaye/Nouvel Horizon