Déshabiller Woodside pour habiller Poutine ?

Jeudi 8 Août 2024

Les annonces présidentielles à grand renfort de publicité, de « renégociations » de contrats comporteraient à certains égards, des relents géopolitiques. La position des autorités sénégalaises vis-à-vis des pays de l’AES particulièrement le Premier ministre, Ousmane Sonko, a de quoi susciter un rictus.


Serait-elles tentées de déshabiller Woodside pour habiller Poutine qui, on le sait, est devenu la nouvelle coqueluche des juntes en Afrique ? Si l’on en croit à une de ses dernières déclaration,  il faisait en tout cas savoir qu’il fera tout pour « raffermir les liens et apporter sa solidarité » à ces pays (Mali, Burkina Faso et Niger). On l’a entendu dire aussi que  : « Ceux qui aujourd’hui condamnent des régimes militaires ou dictatoriaux sont pourtant enclins à aller vers d’autres régimes qui ne sont pas démocratiques, lorsqu’il s’agit de négocier du pétrole ou des marchés ».

Pétrole, cette ressource tant convoitée dans notre pays, non  pas à cause de la taille de notre gisement de Sangomar, mais bien pour des raisons géopolitiques, intéresse Poutine.
D’ailleurs, sur le pétrole de Sangomar, après un premier revers en septembre 2020, le géant pétrolier russe, LUKOIL, est revenu à la charge en février 2021, pour tenter de saisir une nouvelle opportunité  de s’y installer. Cette fois-là, avec une offre de rachat de l’australienne FAR Ltd. Pour assurer la seule condition à laquelle FAR ne cèderait pas ses 15 % de parts sur Sangomar à Woodside, il fallait que la société soit rachetée par une autre entité.

C’est là qu’avait surgi Lukoil qui, depuis sa première tentative d’entrée sur le périmètre, avait exprimé un grand intérêt pour le projet. FAR avait d’ailleurs annoncé avoir reçu une proposition conditionnelle non contraignante de Lukoil pour acquérir 100 % de ses actions dans la joint-venture RSSD (Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Deep Offshore), pour plus de 95 milliards de FCfa (170,4 millions de dollars). Cette proposition survenue après celle de 89 milliards de FCfa (159,15 millions de dollars) faite par la société d’investissement privée Remus Horizons, était suspendue à l’assemblée générale qui devait alors se tenir le 18 février 2021, pour évaluer les deux offres de rachat de FAR et la proposition de Woodside d’acquérir les 15 % de parts de FAR sur Sangomar.

L’assemblée générale en question avait été reportée au 15 avril de la même année afin de permettre à FAR de clarifier le statut de la proposition de Lukoil. Finalement, l’australienne FAR Ltd n’était plus tentée par l’offre de Lukoil.
 
Stratégie rouge
 
En réalité, la russe Lukoil a été tout bonnement « éjectée » du dossier. Il est interdit en effet, à toute entreprise ayant des capitaux américains de commercer ou d’échanger avec Lukoil, qui figure sur une liste d’entreprises russes bannies aux États-Unis.

Il demeure que les perspectives de la Russie en Afrique reposent vraisemblablement sur deux piliers : la coopération militaro-technique et l’exploitation des ressources naturelles. Dans les domaines pétrolier et gazier, les compagnies russes ont leur propre stratégie. Le Forum de St. Pétersbourg en 2018 a été l’occasion pour la société pétrolière Rosneft et son patron Igor Setshine, de signer un mémorandum d’entente avec le groupe nigérian Oranto Petroleum Ltd, afin de réaliser des projets communs d’exploration sur l’ensemble du continent africain.

Moscou cherche à suivre le sillage de son allié chinois dans sa participation au partage du « réservoir » africain, d’autant plus que le territoire russe n’a pas des ressources inépuisables pour certains métaux. Or, l’Afrique en regorge. Poutine a donné un blanc-seing à ses équipes pour combler le retard, et pré-positionner des hommes sur les espaces stratégiques où la place était encore libre. A surveiller…
 
Malick NDAW
 
 

 
Actu-Economie


Nouveau commentaire :

Actu-Economie | Entreprise & Secteurs | Dossiers | Grand-angle | Organisations sous-régionales | IDEE | L'expression du jour




En kiosque.














Inscription à la newsletter