Développement rural : un spécialiste préconise le système des exploitations agricole

Mercredi 23 Avril 2014

Le spécialiste en socio-économie rurale, Docteur Amadou Ndiaye, dans un ouvrage intitulé ‘’L’agriculture sénégalaise de 1958 à 2012 : analyse systémique et prospective’’ (Harmattan 2013), préconise le passage de l’exploitation paysanne familiale à l’installation progressive d’exploitations agricoles familiales pour ‘’toute prospective de développement rural’’.


Docteur vétérinaire de formation, l’auteur est aussi titulaire d’un DEA en sciences de l’environnement et formateur en éducation non formelle. 

Directeur régional d’une agence de conseil agricole et rural pendant près de 10 ans, il rejoint ensuite l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis comme enseignant-chercheur lors de la création de l’unité de formation et de recherche des sciences agronomiques d’aquaculture et de technologies alimentaires.

La démarche de l’auteur est sous-tendue par ‘’le système de développement agricole et rural (SDAR)’’ présenté comme un ‘’modèle d’analyse systémique et de caractérisation socio-politique et économique de l’agriculture d’un pays en vue de mieux orienter son développement’’. 

Il tente ainsi d’expliquer ‘’pourquoi les efforts des politiques agricoles du Sénégal et des investisseurs ont finalement favorisé les mauvaises personnes et n’ont pas servi le développement agricole et celui des zones rurales’’.

L’ouvrage est divisé en trois parties. Le première, qui fait l’historique des politiques du Sénégal dans le domaine agricole, passe en revue les finalités et les objectifs des politiques agricoles. Elle revient également sur les prémices des politiques agricoles (système traditionnel et initiatives politiques coloniales) et présente les quatre grandes phases des politiques agricoles du Sénégal indépendant.

Si 1958-1964 correspond à une économie agricole encadrée, la période 1965-1979 marque la décentralisation la décentralisation et la spécialisation des zones agro-écologiques. 1979-1997 c’est la politique d’ajustement structurel qui débouche sur une libéralisation et un désengagement de l’État.

Entre 1997-2012, il y a la politique de relance des infrastructures, le programme de développement local. Cette période est marquée par la relance de la recherche agronomique, la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale de 2004, le lancement en 2008 de la GOANA (Grande offensive pour la nourriture et l’abondance) et son plan d’installation des jeunes comme réponse aux mouvements migratoires.

La deuxième partie aborde le système d’analyse (le système de développement agricole et rural (SDAR) en passant en revue ses trois composantes (structures de producteurs, éducation agricole et subventions). Dans la troisième partie, l’auteur analyse l’agriculture sénégalaise à travers le SDAR et aborde sa prospective.

Selon le Docteur Ndiaye, ‘’la revue des orientations et axes d’orientation de 1958 et 2012 ne permet pas d’identifier clairement une volonté d’évolution de l’exploitation paysanne familiale pour en faire une exploitation agricole de l’économie de production’’.

‘’Ainsi, note l’auteur, le développement agricole du Sénégal est caractérisé par la perpétuation du système paysannal, après 54 ans de soutien très volontaire au secteur’’. 

Il estime que toute prospective de développement rural ‘’doit reposer sur la construction d’un système agricultural dominant’’, en mettant au centre des stratégies, ‘’l’exploitation familiale, la formation professionnelle de base et la subvention à l’exploitation’’.


Docteur Amadou Ndiaye considère que le développement agricole et rural ‘’devrait reposer sur une volonté politique de passer fondamentalement de l’exploitation paysanne familiale à l’installation progressive d’exploitations agricoles familiales’’, après 54 dans d’interventionnisme.

Toutefois, précise l’auteur, ‘’il ne s’agit pas d’un coup de bâton magique de supprimer les exploitations paysannes ni de refuser les exploitations agro-industrielles’’.

‘’Il s’agit, explique Docteur Ndiaye, de recadrer l’agriculture comme secteur économique de production au sens de l’économie politique’’. 

Il estime en effet que toute politique ou action qui veut développer le secteur agricole ‘’doit s’efforcer de créer progressivement des exploitations agricoles et de petites et moyennes tailles (familiales ou non) en lieu et place des exploitations paysannes’’. 

L’auteur insiste sur la construction d’un système, car selon lui, ‘’il ne suffit pas seulement de définir des politiques agricoles en ignorant le système’’. La construction de ce système agricultural ‘’repose sur la détermination des composantes stratégiques, l’opérationnalisation et l’identification des facteurs limitants’’. 

Parmi ces composantes, l’auteur cite la spécialisation des organismes agricoles, le financement agricole, la subvention agricole et l’éducation agricole. Le schéma d’opérationnalisation proposé par l’auteur ‘’est axé sur la construction patiente et courageux d’une éducation agricole intégrant le formel et le non formel, centré sur la formation professionnelles des agriculteurs et des para-agricoles’’.

‘’De même, soutient-il, ce schéma doit permettre la mise en place de subventions agricoles destinées aux exploitations agricoles et non aux fournisseurs d’intrants, à la construction d’infrastructures de production, à des épongements de dettes, etc.''. 

''De plus, poursuit-il, des mesures d’accompagnement devront être prises à travers le crédit, l’épargne, l’assurance et le fonds de calamité pour assurer la réussite de l’opérationnalisation’’.

L’auteur n’oublie pas les ‘’facteurs limitants’’ de ce système que sont ‘’la matériel biologique, l’eau, le foncier et la claire détermination de la mission des acteurs’’. 

Pour le Docteur Ndiaye, ‘’une attention particulière doit être portée sur ces facteurs pour mieux réussir la mise en œuvre d’un système de développement agricole centré sur l’exploitation agricole sans oublier les facteurs +temps et intérêts des acteurs+’’.

Les actions des organismes internationaux et des projets bilatéraux ne doivent pas être ignorés, souligne l’auteur, estimant que pour une véritable révolution agricole dans les pays en développement, ‘’les organismes internationaux et partenaires au développement doivent comprendre qu’ils doivent aider à la construction d’un système agricultural à la place de celui paysannal’’.
APS
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