« C'est une étape importante mais ce n'est pas suffisant. Nous devons accélérer l'action climatique pour maintenir en vie l'objectif de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré », a déclaré António Guterres dans une déclaration vidéo publiée à l'issue de la réunion de deux semaines.
Le chef de l'ONU a ajouté qu'il était temps de passer « en mode d'urgence », en mettant fin aux subventions aux combustibles fossiles, en éliminant progressivement le charbon, en fixant un prix au carbone, en protégeant les communautés vulnérables et en respectant l'engagement de 100 milliards de dollars pour le financement du climat.
« Nous n'avons pas atteint ces objectifs lors de cette conférence. Mais nous avons des éléments de base pour progresser », a-t-il déclaré.
M. Guterres a également adressé un message aux jeunes, aux communautés autochtones, aux femmes dirigeantes et à tous ceux qui mènent l'action en faveur du climat.
« Je sais que vous êtes déçus. Mais le chemin du progrès n'est pas toujours une ligne droite. Il y a parfois des détours. Parfois, il y a des fossés. Mais je sais que nous pouvons y arriver. Nous sommes dans le combat de notre vie, et ce combat doit être gagné. N'abandonnez jamais. Ne battez jamais en retraite. Continuez à aller de l'avant ».
Un aperçu de l'accord
Le document final, connu sous le nom de « Pacte de Glasgow pour le climat », invite 197 pays à rendre compte de leurs progrès en matière d'ambition climatique l'année prochaine, lors de la COP27, qui se tiendra en Égypte.
Le document final consolide également l'accord mondial visant à accélérer l'action sur le climat au cours de cette décennie.
Dans le même temps, le président de la COP26, Alok Sharma, a eu du mal à retenir ses larmes après l'annonce d'un changement de dernière minute, opéré par la Chine et l'Inde, visant à adoucir le langage diffusé précédemment dans un projet de texte sur « l'élimination progressive de l'énergie au charbon et des subventions inefficaces aux combustibles fossiles ». Tel qu'adopté samedi, le texte a été révisé pour « réduire progressivement » l'utilisation du charbon.
M. Sharma a présenté ses excuses pour « la façon dont le processus s'est déroulé » et a ajouté qu'il comprenait que certaines délégations soient « profondément déçues » que le langage plus fort n'ait pas été intégré dans l'accord final.
L'accord prévoit également des délais plus stricts pour que les gouvernements mettent à jour leurs plans de réduction des émissions.
Sur l'épineuse question du financement des pays développés à l'appui de l'action climatique dans les pays en développement, le texte souligne la nécessité de mobiliser le financement climatique « de toutes les sources pour atteindre le niveau nécessaire à la réalisation des objectifs de l'accord de Paris, y compris en augmentant sensiblement le soutien aux pays en développement parties, au-delà de 100 milliards de dollars par an ».
1,5 degré, mais avec un « pouls faible »
« Les négociations ne sont jamais faciles...c'est la nature du consensus et du multilatéralisme », a déclaré Patricia Espinosa, Secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Mme Espinosa a déclaré que pour chaque annonce faite au cours des deux dernières semaines, on s'attend à ce que les « plans et les petits caractères » de la mise en œuvre suivent.
« Profitons de ce que nous avons accompli, mais préparons-nous aussi à ce qui nous attend », a-t-elle déclaré, après avoir reconnu les progrès réalisés en matière d'adaptation, entre autres.
Dans le même temps, le président de la COP26, Alok Sharma, a déclaré que les délégations pouvaient affirmer « avec crédibilité » qu'elles avaient maintenu l'objectif de 1,5 degré à portée de main.
« Mais son pouls est faible. Et il ne survivra que si nous tenons nos promesses. Si nous traduisons nos engagements en actions rapides. Si nous répondons aux attentes formulées dans ce Pacte de Glasgow pour le climat afin d'accroître les ambitions jusqu'en 2030 et au-delà. Et si nous comblons le vaste fossé qui subsiste, comme nous devons le faire », a-t-il déclaré aux délégués.
Il a ensuite cité le Premier ministre Mia Mottley, qui, au début de la conférence, avait déclaré que pour la Barbade et d'autres petits États insulaires, « deux degrés, c'est une condamnation à mort ». Dans cet esprit, M. Sharma a demandé aux délégués de poursuivre leurs efforts pour faire circuler le financement et stimuler l'adaptation.
Il a conclu en disant que l'histoire a été écrite à Glasgow.
« Nous devons maintenant veiller à ce que le prochain chapitre marque le succès des engagements que nous avons solennellement pris ensemble dans le cadre du pacte climatique de Glasgow », a-t-il déclaré.
Le résultat le moins pire
Plus tôt, lors de la dernière plénière de bilan, de nombreux pays ont déploré que le paquet de décisions convenues ne soit pas suffisant. Certains l'ont qualifié de « décevant », mais dans l'ensemble, ils ont reconnu qu'il était équilibré par rapport à ce que les pays pouvaient accepter à ce moment précis et compte tenu de leurs différences.
Des pays comme le Nigéria, les Palaos, les Philippines, le Chili et la Turquie ont tous déclaré que, malgré les imperfections, ils soutenaient largement le texte.
« C'est (un) pas en avant progressif mais pas à la hauteur des progrès nécessaires. Il sera trop tard pour les Maldives. Cet accord n'apporte pas d'espoir dans nos cœurs », a déclaré le principal négociateur des Maldives dans un discours aigre-doux.
L'envoyé américain pour le climat, John Kerry, a déclaré que le texte « est une déclaration puissante » et a assuré les délégués que son pays s'engagera de manière constructive dans un dialogue sur les pertes et dommages et l'adaptation, deux des questions les plus difficiles à mettre d'accord entre les pays.
« Le texte représente le résultat le moins pire », a conclu le négociateur principal de la Nouvelle-Zélande.
Autres réalisations clés de la COP26
Au-delà des négociations politiques et du sommet des dirigeants, la COP26 a rassemblé environ 50 000 participants en ligne et en personne pour partager des idées et des solutions innovantes, assister à des événements culturels et établir des partenariats et des coalitions.
De nombreuses annonces encourageantes ont été faites lors de la conférence. L'une des plus importantes a été que les dirigeants de plus de 120 pays, représentant environ 90 % des forêts du monde, se sont engagés à stopper et à inverser la déforestation d'ici 2030.
Il y a également eu une promesse de réduction des émissions de méthane, menée par les États-Unis et l'Union européenne, par laquelle plus de 100 pays ont accepté de réduire les émissions de ce gaz à effet de serre d'ici à 2030.
Parallèlement, plus de 40 pays - dont de grands utilisateurs de charbon comme la Pologne, le Viet Nam et le Chili - ont accepté de renoncer au charbon, l'un des principaux générateurs d'émissions de CO2.
Le secteur privé a également fait preuve d'un engagement fort avec près de 500 entreprises mondiales de services financiers qui ont accepté d'aligner 130 000 milliards de dollars - soit quelque 40 % des actifs financiers mondiaux - sur les objectifs fixés dans l'accord de Paris, notamment la limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius.
Par ailleurs, à la surprise générale, les États-Unis et la Chine se sont engagés à renforcer leur coopération en matière de climat au cours de la prochaine décennie. Dans une déclaration commune, ils ont indiqué qu'ils avaient convenu de prendre des mesures sur une série de questions, notamment les émissions de méthane, la transition vers des énergies propres et la décarbonisation. Ils ont également réitéré leur engagement à maintenir l'objectif de 1,5°C.
En ce qui concerne les transports verts, plus de 100 gouvernements nationaux, villes, États et grandes entreprises ont signé la déclaration de Glasgow sur les voitures et les fourgonnettes à émission zéro, afin de mettre fin à la vente de moteurs à combustion interne d'ici 2035 sur les principaux marchés en 2040 dans le monde entier. Au moins 13 nations se sont également engagées à mettre fin à la vente de véhicules lourds fonctionnant aux combustibles fossiles d'ici 2040.
De nombreux engagements plus modestes mais tout aussi inspirants ont été pris au cours des deux dernières semaines, notamment celui de 11 pays qui ont créé l'Alliance « Beyond Oil and Gas » (BOGA). L'Irlande, la France, le Danemark et le Costa Rica, entre autres, ainsi que certains gouvernements infranationaux, ont lancé cette alliance, la première du genre, afin de fixer une date limite pour l'exploration et l'extraction nationales de pétrole et de gaz.
Un petit rappel sur la façon dont nous en sommes arrivés là
Pour faire simple, la COP26 a été la dernière et l'une des plus importantes étapes de l'action menée depuis des décennies par les Nations Unies pour aider à éviter ce que l'on a appelé une urgence climatique imminente.
En 1992, l'ONU a organisé un événement majeur à Rio de Janeiro, le Sommet de la Terre, au cours duquel la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été adoptée.
Dans ce traité, les nations ont convenu de « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère » afin d'empêcher toute interférence dangereuse de l'activité humaine sur le système climatique. Aujourd'hui, le traité compte 197 signataires.
Depuis 1994, date d'entrée en vigueur du traité, les Nations Unies réunissent chaque année la quasi-totalité des pays du monde pour des sommets mondiaux sur le climat ou « COP », qui signifie « Conférence des parties ».
Cette année aurait dû être le 27ème sommet annuel, mais grâce à la Covid-19, nous avons pris un an de retard en raison du report de l'année dernière - d'où la COP26.