- SITUATION ACTUELLE DU MARCHE DE L’EMPLOI DES JEUNES
Si le chômage des jeunes est un phénomène bien connu, son ampleur est devenue, en revanche, inquiétante au cours de ces dernières années. En effet, la récente crise sanitaire mondiale a eu des conséquences importantes sur l’emploi en général, celui des jeunes, en particulier.
Au Sénégal, le niveau du chômage des personnes âgées de 15 ans ou plus est évalué à 16,7% au quatrième trimestre de 2020. Le chômage est légèrement plus noté en milieu rural où 17,1% de la population active est au chômage contre 16,3% en zone urbaine (ANSD). Selon le sexe, le chômage affecte davantage les femmes (26,3%) que les hommes (9,3%).
L’âge moyen des propriétaires est identique aussi bien chez les hommes que chez les femmes. L’âge médian des propriétaires des entreprises individuelles s’élève à 39 ans. Il faut noter que 50% des chefs d’entreprise de sexe masculin ont au moins 38 ans et 50% des femmes propriétaires des unités économiques ont moins de 40 ans.
Le marché de l’emploi jeune au Sénégal est dominé par les non qualifiés qui en constituent la part la plus importante. Cette catégorie se trouve principalement dans les activités agricoles.
Pour la majorité des jeunes, l’accès à un emploi durable est le résultat incertain d’un long parcours. Cette configuration du marché du travail fait parfois de l’emploi des jeunes le lit de drames sociaux (émigration clandestine, émeutes, etc.).
- L’INSERTION ET L’EMPLOI DES JEUNES EST AU CŒUR DES POLITIQUES ECONOMIQUES DU SENEGAL
Certaines expériences essaient également d’agir sur l’accès au financement. Il existe aussi des initiatives qui poursuivent comme objectif l’amélioration de l’accès à l’information sur le marché du travail.
En dépit de ces nombreuses stratégies de promotion de l’emploi des jeunes, la situation sur le marché du travail ne s’est guère améliorée. La création d’emplois est restée limitée et la majorité des emplois créés sont le plus souvent précaires.
Ainsi, compte tenu des masses budgétaires engagées, du nombre de jeunes concernés et de la persistance des taux de chômage relativement élevés, la question de l’efficacité du dispositif d’accompagnement demeure une réelle préoccupation.
Aussi, ces initiatives restent insuffisantes devant l’ampleur des difficultés que rencontrent les jeunes. Elles doivent donc être portées à l’échelle pour permettre d’apporter une réponse appropriée et durable au chômage des jeunes. Cela nécessite que la problématique de l’emploi des jeunes soit érigée au rang de priorité nationale et partagée par tous les acteurs économiques et sociaux.
Cependant, il faut constater qu’il ya très peu d’évaluations des programmes et projets publics concernant l’impact des interventions sur le taux de chômage et l’insertion socio-professionnelle des cibles bénéficiaires.
De même, la couverture effective de ces programmes est globalement difficile à estimer ; elle semble globalement très insuffisante face à la masse de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Enfin, ces programmes sont davantage orientés vers l’appui technique et financier ainsi que la création d’emplois et d’activités économiques mais ne se préoccupent pas nécessairement de la formalisation de ces activités.
Même si les efforts de l’Etat en matière de promotion d’insertion socio-professionnelle des jeunes restent salutaires, l’analyse du cadre institutionnel et des programmes et projets laisse apparaître des faiblesses majeures, qui empêchent l’amplification de l’impact espéré des différentes initiatives entreprises pour la réduction du chômage et du sous-emploi des jeunes.
Ces faiblesses se situent principalement au niveau du cadre institutionnel, du système d’éducation et de formation professionnelle d’une part, et d’autre part, de la dispersion et de la méconnaissance des institutions de promotion de l’emploi par les jeunes, le manque d’informations fiables sur le marché de l’emploi des jeunes, enfin les difficultés d’accès aux marchés et au financement des jeunes entrepreneurs, etc.
- Faiblesses notées sur le cadre institutionnel et légal en matière de promotion de l’emploi et de l’insertion des jeunes
Il s’agit surtout de l’absence d’un cadre de concertation et d’orientation sur les stratégies et initiatives. Cette faiblesse se traduit par :- le défaut de synergies intersectorielles entre les acteurs en charge des programmes de promotion de l’insertion socio-économique et de l’emploi qui ne favorise pas une exploitation optimale des potentialités et des ressources dédiées ;
- la forte prégnance des approches administratives qui ne permet pas aux acteurs du secteur privé de jouer pleinement leur partition, alors qu’ils sont au cœur de la croissance économique et de la demande de main d’œuvre ;
- la dispersion des interventions des partenaires techniques et financiers liée à la dispersion institutionnelle des initiatives.
-Dispersion des institutions de promotion de l’emploi des jeunes
L’évaluation des institutions de promotion de l’emploi et de l’insertion socio-professionnelle révèle des dysfonctionnements organisationnels comme le dédoublement des missions ; le manque d’harmonisation des interventions. ; sans oublier le manque de stratégie d’intervention ciblée et enfin l’ absence de suivi évaluation de l’impact des interventions, qui sont les principales causes du manque d’efficacité des politiques et programme de promotion de l’emploiLa rationalisation des institutions publiques en charge de l’emploi des jeunes s’impose comme étant une nécessité.
-Manque d’informations fiables sur le marché de l’emploi des jeunes
La prise en charge efficiente du problème du chômage des jeunes est aussi handicapée par le manque d’informations fiables sur le marché du travail et de la formation professionnelle. Il existe au Sénégal plusieurs organismes producteurs de statistiques sur l’emploi des jeunes, ce qui rend difficile l’analyse fiable des données du marché du travail.Quant aux sectoriels responsables de la mise à disposition des données administratives, la difficulté réside à la remontée des informations du niveau local vers le central et cela constitue une entrave à la production périodique des rapports.
La dispersion observée en matière de production et de gestion des statistiques constitue une des contraintes majeures au bon fonctionnement du marché de l’emploi des jeunes avec comme conséquence une absence totale de visibilité et de transparence. Cette faiblesse du système d’information pose le problème de l’orientation et de l’insertion professionnelle qui souffre de l’inexistence d’une base de données cohérente, intégrant les différents secteurs, fiable et accessibles à tous.
-Dispositif de formation professionnelle et technique peu efficace sur les questions d’employabilité et d’insertion des sortants
Faute de qualification, ou ayant reçu des formations inadaptées et sans expérience de travail, les jeunes éprouvent de grandes difficultés pour décrocher un emploi. Les formations offertes par la plupart des écoles privées sont remises en cause par les entreprises qui les jugent insuffisantes pour les niveaux de qualification recherchés.Le déficit de communication et de synergie entre les structures de financement de la formation et les entreprises, empêchant d’identifier de manière précoce les besoins en formation des jeunes, constitue également un frein au développement de l’employabilité des jeunes.
Dans le cadre des initiatives prises pour accompagner la stratégie de croissance accélérée, l’Etat a adopté une politique de formation professionnelle et technique basée sur la mise en œuvre de partenariats publics privés, l’intégration de l’apprentissage traditionnel dans le dispositif et la mise en place de nouvelles modalités pédagogiques (l’approche par les compétences dans l’élaboration des curricula et la formation par alternance).
Ces orientations favorisent le rapprochement de l’offre et de la demande de formation et inscrivent l’insertion socio-professionnelle comme étant la troisième mission de tout établissement de formation après la formation initiale et la formation continue.
-Faiblesse du niveau de qualification professionnelle des jeunes
Les niveaux de qualification sont faibles et l’analphabétisme est encore important chez les jeunes. Les jeunes sortis du système scolaire de façon précoce ne possèdent pas souvent les bases nécessaires au suivi d’une formation professionnelle. Ils manquent également de compétences professionnelles et souffrent d’un accès difficile aux stages et au monde du travail de façon générale. Enfin, ils ne disposent d’informations ni sur les secteurs d’activités et les métiers, ni sur les besoins des entreprises.- Difficultés d’accès au financement des jeunes entrepreneurs
De plus, l’offre de services financiers adaptés aux besoins des jeunes est encore inexistante dans l’immense majorité des cas. Les taux d’intérêt pratiqués ainsi que les garanties exigées rendent le recours au crédit inaccessible pour la plupart des jeunes. Enfin, les difficultés d’accéder au financement limitent et freinent le potentiel de création d’entreprises et d’initiatives entrepreneuriales, en particulier pour les jeunes.

Ces faiblesses se situent entre autres au niveau du cadre institutionnel, du système d’éducation et de formation professionnelle et du cadre des investissements.
- L’harmonisation des mécanismes d’intervention par rapport à la multiplicité des acteurs et des approches
- Le renforcement des compétences et la professionnalisation des jeunes
- La formalisation, une urgence pour le développement de l’auto-emploi
L’économie sénégalaise est caractérisée par l’importance du secteur informel. Selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), 96,4% des emplois sont générés par le secteur informel contre 3,6% par le secteur formel.
Avec un capital actuel de 350 milliards de francs CFA investis à 53,8% dans l’industrie, 25,3% dans le commerce et 20,4% dans le secteur des services, le secteur informel réalise un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards et contribue à la production qui est estimée à plus de 4 000 milliards.
- Le défi de développer des services financiers adaptés et incitatifs pour les jeunes
Les jeunes entrepreneurs déplorent très souvent le manque de fonds disponibles à l’étape de démarrage, la lourdeur des frais administratifs et les niveaux élevés des taux d’intérêts, ce qui ne facilite pas le démarrage d’entreprise notamment des startups. L’accès au financement est vu par certains entrepreneurs comme un défi à surmonter parmi d’autres dans leur parcours entrepreneurial et qui procure un sentiment de fierté une fois cet obstacle franchi.
Faute de fonds propres, d’antécédents en tant qu’emprunteur, de sûretés ou de garanties suffisantes pour obtenir des prêts ou des lignes de crédit, les entreprises créées par des jeunes sont souvent considérées comme des investissements particulièrement risqués, d’où la difficulté d’obtenir un financement
En revanche, il faut souligner la méfiance des jeunes à l’égard des institutions financières. Les jeunes préfèrent bien souvent cumuler de petits emplois, afin de constituer l’épargne nécessaire au financement de leur projet, plutôt que d’avoir recours au crédit bancaire et au microcrédit.
Il est donc nécessaire de sensibiliser les jeunes à l’opportunité que peut représenter un crédit bien utilisé. Cette sensibilisation passe par la généralisation de l’éducation financière qui comprend l’apprentissage des logiques de l’épargne et de la discipline du crédit et du remboursement.
Lejecos Magazine