Loïse Tamalgo, Délégué Général du groupe Eramet en Afrique
Agence Ecofin : Que pensez-vous de la situation qui prévaut actuellement sur le marché des matières premières ?
Loïse Tamalgo : Le monde vit en ce moment une période de grand stress tant économique, social que politique en ce moment. La crise du COVID 19 qui a plombé les économies de tous les pays ne semble pas avoir dit son dernier mot. La Chine, grande économie de production et de consommation a procédé à de nouveaux confinements, faisant baisser significativement la demande de nombreux secteurs comme les mines dont elle est grande consommatrice. La guerre en Ukraine a tendu la chaine logistique notamment en ce qui concerne le fret par bateau et asséché certaines sources d’approvisionnement. Enfin, nous vivons des records de stagnation de la croissance et d’inflation des prix. Déjà le 7 juin dernier, le président de la Banque mondiale prévenait que tous ces facteurs allaient peser sur la croissance et que, pour bien des pays, il serait difficile d’échapper à la récession. Il est maintenant estimé que la croissance mondiale passerait de 5,7 % en 2021 à 2,9 % en 2022, beaucoup moins que les 4,1 % annoncé en janvier dernier.
Cette situation de tension se ressent aussi dans le secteur minier, car elle impacte les prix sur le marché ainsi que les performances des entreprises. Ajouté à cela, c’est un secteur qui est caractérisé par son aspect cyclique. Lorsqu’il y a un pic des prix, il va sans dire que cela est suivi d’un relâchement dû à l’effet des traders qui sortent leurs stocks en masse, et ensuite une autre remontée des prix lorsque ces stocks sont épuisés et que la demande monte.
Depuis les mois d’avril/mai, les prix des métaux ont amorcé une baisse et pour le manganèse, par exemple, les prix ont chuté d’environ 8 dollars la dmtu (dry metric ton unit, NDLR) à 4 dollars la dmtu et même moins sur certains marchés pour toute l’industrie. De légers signes de reprise du marché chinois qui fait des stocks avant les fêtes chinoises tirent légèrement les prix vers le haut à environ 4,8 dollars la dmtu. Il s’ensuit que le cours des actions de la plupart des grandes entreprises minières cotées en bourse connaît une baisse en raison de la contraction du marché. Les cours boursiers du secteur minier connaissent actuellement une inflexion qui traduit la fébrilité de la confiance des investisseurs. En cause, les incertitudes géopolitiques et économiques qui sont venues jeter un froid sur la demande. Des risques qui sont d’ailleurs pointés par différents analystes sectoriels.
AE : Comment se portent le groupe Eramet et ses opérations dans ce contexte assez particulier et quelles sont vos perspectives ?
LT : Le groupe Eramet, dans sa nouvelle version, est plus fort pour affronter les bas de cycle et, même s'il devra s'adapter, cela ne remet pas en cause ses projets et son engagement RSE. En effet, le groupe a connu en 2021 une très forte progression en glissement annuel de son EBITDA, grâce à la performance opérationnelle intrinsèque sur son nouveau périmètre. Cela s’est notamment traduit par une forte réduction de l’endettement net. Eramet poursuit de manière soutenue sa croissance et maintient le rythme de ses projets d’investissement stratégiques, notamment la construction d’une usine de production de lithium en Argentine, la montée en puissance de l’exploitation minière de Weda Bay en Indonésie, des investissements à hauteur de 131,4 milliards de francs CFA pour le développement de sa filiale Comilog au Gabon, incluant la construction de son nouveau complexe minier d’Okouma, par ailleurs premier producteur mondial de manganèse à haute teneur.
Au Sénégal, une nouvelle unité de traitement des sables et une autre de séparation des minerais sont en cours de construction pour permettre au pays de mieux se positionner sur le marché mondial des sables minéralisés.
La situation actuelle n’épargne pas le groupe Eramet. Toutefois, sa surface financière lui a permis de garder intacts ses projets d’investissements stratégiques qui ne seront pas ralentis ni arrêtés. Nous travaillons sur l’excellence opérationnelle et sur le contrôle de nos coûts pour générer des marges intrinsèques permettant de passer la période difficile.
Loïse Tamalgo : Le monde vit en ce moment une période de grand stress tant économique, social que politique en ce moment. La crise du COVID 19 qui a plombé les économies de tous les pays ne semble pas avoir dit son dernier mot. La Chine, grande économie de production et de consommation a procédé à de nouveaux confinements, faisant baisser significativement la demande de nombreux secteurs comme les mines dont elle est grande consommatrice. La guerre en Ukraine a tendu la chaine logistique notamment en ce qui concerne le fret par bateau et asséché certaines sources d’approvisionnement. Enfin, nous vivons des records de stagnation de la croissance et d’inflation des prix. Déjà le 7 juin dernier, le président de la Banque mondiale prévenait que tous ces facteurs allaient peser sur la croissance et que, pour bien des pays, il serait difficile d’échapper à la récession. Il est maintenant estimé que la croissance mondiale passerait de 5,7 % en 2021 à 2,9 % en 2022, beaucoup moins que les 4,1 % annoncé en janvier dernier.
Cette situation de tension se ressent aussi dans le secteur minier, car elle impacte les prix sur le marché ainsi que les performances des entreprises. Ajouté à cela, c’est un secteur qui est caractérisé par son aspect cyclique. Lorsqu’il y a un pic des prix, il va sans dire que cela est suivi d’un relâchement dû à l’effet des traders qui sortent leurs stocks en masse, et ensuite une autre remontée des prix lorsque ces stocks sont épuisés et que la demande monte.
Depuis les mois d’avril/mai, les prix des métaux ont amorcé une baisse et pour le manganèse, par exemple, les prix ont chuté d’environ 8 dollars la dmtu (dry metric ton unit, NDLR) à 4 dollars la dmtu et même moins sur certains marchés pour toute l’industrie. De légers signes de reprise du marché chinois qui fait des stocks avant les fêtes chinoises tirent légèrement les prix vers le haut à environ 4,8 dollars la dmtu. Il s’ensuit que le cours des actions de la plupart des grandes entreprises minières cotées en bourse connaît une baisse en raison de la contraction du marché. Les cours boursiers du secteur minier connaissent actuellement une inflexion qui traduit la fébrilité de la confiance des investisseurs. En cause, les incertitudes géopolitiques et économiques qui sont venues jeter un froid sur la demande. Des risques qui sont d’ailleurs pointés par différents analystes sectoriels.
AE : Comment se portent le groupe Eramet et ses opérations dans ce contexte assez particulier et quelles sont vos perspectives ?
LT : Le groupe Eramet, dans sa nouvelle version, est plus fort pour affronter les bas de cycle et, même s'il devra s'adapter, cela ne remet pas en cause ses projets et son engagement RSE. En effet, le groupe a connu en 2021 une très forte progression en glissement annuel de son EBITDA, grâce à la performance opérationnelle intrinsèque sur son nouveau périmètre. Cela s’est notamment traduit par une forte réduction de l’endettement net. Eramet poursuit de manière soutenue sa croissance et maintient le rythme de ses projets d’investissement stratégiques, notamment la construction d’une usine de production de lithium en Argentine, la montée en puissance de l’exploitation minière de Weda Bay en Indonésie, des investissements à hauteur de 131,4 milliards de francs CFA pour le développement de sa filiale Comilog au Gabon, incluant la construction de son nouveau complexe minier d’Okouma, par ailleurs premier producteur mondial de manganèse à haute teneur.
Au Sénégal, une nouvelle unité de traitement des sables et une autre de séparation des minerais sont en cours de construction pour permettre au pays de mieux se positionner sur le marché mondial des sables minéralisés.
La situation actuelle n’épargne pas le groupe Eramet. Toutefois, sa surface financière lui a permis de garder intacts ses projets d’investissements stratégiques qui ne seront pas ralentis ni arrêtés. Nous travaillons sur l’excellence opérationnelle et sur le contrôle de nos coûts pour générer des marges intrinsèques permettant de passer la période difficile.
AE : On assiste depuis quelques années maintenant à une forme de montée du nationalisme des ressources minérales en Afrique. Etats et populations locales veulent tirer un plus grand profit de l’exploitation qui est faite des richesses de leur sous-sol. Que fait le groupe Eramet sur le continent pour se différencier de ses pairs ?
LT : Depuis l’arrivée de Christel Bories à la tête d’Eramet, le groupe s’est transformé de manière significative. Il adopte la posture d’un groupe contributif et responsable, à travers une augmentation de son investissement RSE et un alignement aux normes internationales de la mine responsable comme IRMA. En Afrique, le groupe mise beaucoup sur l’intensification du dialogue avec les communautés hôtes et l’investissement pour développer des infrastructures et des logements décents. Au Gabon, un projet de diversification économique, via la Comilog, est en cours, en partenariat avec des institutions de microfinance pour booster l’entrepreneuriat local. A ce jour, de nombreux jeunes entrepreneurs de Moanda, Mounana et Bakouma, dans la province du Haut-Ogooué, ont soumis leurs dossiers pour être sélectionnés pour des financements de l’ordre de 1 à 25 millions de F CFA. Le groupe a investi également pour la mise en place d’un hub d’accélération basé à Libreville de 130 entreprises de femmes gabonaises, dénommé FEMMES D’AVENIR by Eramet and WIA, en partenariat avec l’Etat gabonais et le réseau Women In Africa. La première promotion de 35 entreprises détenues par des femmes a effectué sa rentrée et les cours et le coaching sont en cours de manière intensive.
Un partenariat avec le CHU d’Owendo est également en cours pour l’opérationnalisation du seul centre de neurochirurgie du Gabon d’ici le premier trimestre 2023 pour prendre en charge 80% des cas d’évacuation des traumatismes de la colonne vertébrale.
Au Sénégal, le groupe, via sa filiale Grande Côte Opérations, vient de restituer à l’Etat sénégalais 85 hectares de terres réhabilitées et revégétalisées pour usage agricole ou d’élevage. Le groupe apporte également sa contribution à l’accès à l’eau permettant la floraison des fameuses « Niayes » sénégalaises, très productrices de légumes aux abords des dunes. Au Cameroun, une démarche d’impact sociétal structurée est en cours avec des consultations auprès des populations locales et des audiences publiques dès le stade de l’exploration.
Notre but est d’être un véritable créateur de valeur à travers notre contribution économique et sociale aux pays hôtes et également un activateur du tissu entrepreneurial local pour chaque communauté hôte de nos sites.
https://www.agenceecofin.com
LT : Depuis l’arrivée de Christel Bories à la tête d’Eramet, le groupe s’est transformé de manière significative. Il adopte la posture d’un groupe contributif et responsable, à travers une augmentation de son investissement RSE et un alignement aux normes internationales de la mine responsable comme IRMA. En Afrique, le groupe mise beaucoup sur l’intensification du dialogue avec les communautés hôtes et l’investissement pour développer des infrastructures et des logements décents. Au Gabon, un projet de diversification économique, via la Comilog, est en cours, en partenariat avec des institutions de microfinance pour booster l’entrepreneuriat local. A ce jour, de nombreux jeunes entrepreneurs de Moanda, Mounana et Bakouma, dans la province du Haut-Ogooué, ont soumis leurs dossiers pour être sélectionnés pour des financements de l’ordre de 1 à 25 millions de F CFA. Le groupe a investi également pour la mise en place d’un hub d’accélération basé à Libreville de 130 entreprises de femmes gabonaises, dénommé FEMMES D’AVENIR by Eramet and WIA, en partenariat avec l’Etat gabonais et le réseau Women In Africa. La première promotion de 35 entreprises détenues par des femmes a effectué sa rentrée et les cours et le coaching sont en cours de manière intensive.
Un partenariat avec le CHU d’Owendo est également en cours pour l’opérationnalisation du seul centre de neurochirurgie du Gabon d’ici le premier trimestre 2023 pour prendre en charge 80% des cas d’évacuation des traumatismes de la colonne vertébrale.
Au Sénégal, le groupe, via sa filiale Grande Côte Opérations, vient de restituer à l’Etat sénégalais 85 hectares de terres réhabilitées et revégétalisées pour usage agricole ou d’élevage. Le groupe apporte également sa contribution à l’accès à l’eau permettant la floraison des fameuses « Niayes » sénégalaises, très productrices de légumes aux abords des dunes. Au Cameroun, une démarche d’impact sociétal structurée est en cours avec des consultations auprès des populations locales et des audiences publiques dès le stade de l’exploration.
Notre but est d’être un véritable créateur de valeur à travers notre contribution économique et sociale aux pays hôtes et également un activateur du tissu entrepreneurial local pour chaque communauté hôte de nos sites.
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