Face à cette situation qui selon eux risque de compromettre la viabilité de leurs activités (baisse drastique des commissions et du chiffre d’affaires avec un manque à gagner de 225.000 FCFA le mois, disparition de plusieurs services qui sont sources de revenus tels que le paiement de factures, menace de pertes d’emplois, risque de fermeture de points de services), ces intermédiaires envisageraient de facturer les opérations de dépôts et retraits effectuées directement dans leurs points de service respectifs. Ce qui pourrait constituer un surcoût financier pour les usagers finaux qui amoindrissent légèrement la baisse des tarifs de l’opérateur OMFS.
En raison des enjeux que revêt l’utilisation des services financiers à distance dans notre écosystème (facteur d’inclusion financière, masse de liquidité en circulation, emplois etc.), l’OQSF, conformément à sa mission de veille et de suivi de la conduite du marché, avait convié les opérateurs susmentionnés, les prestataires du transfert d’argent et les associations de consommateurs, à une réunion d’harmonisation.
Le marché du transfert d’argent au Sénégal est un secteur à fort potentiel, ayant connu une évolution fulgurante au cours de cette dernière décennie, tant au niveau de l’importance des sommes transférées, du nombre d’acteurs impliqués, de la nature des transferts, de l’impact socio-économique sur les bénéficiaires, qu’à celui des mécanismes utilisés.
Les transferts de fonds privés sont devenus un enjeu déterminant dans l’économie dans la mesure où ils représentent une part significative des ressources du pays et constituent une source financière importante pour les bénéficiaires. En parallèle, la mutation technologique, qui constitue le fondement des opérations et des systèmes de paiement numérique, a contribué à une explosion des transferts en volume.
Les transferts électroniques sont une forme de transfert de valeurs qui s’appuient sur des systèmes de paiement numérique. Les nombreux avantages que peuvent conférer ces transferts sont la sécurité, l’accessibilité et la rapidité des opérations effectuées. Il en va de même d’une meilleure gestion des coûts opérationnels et de la simplification de la logistique.
Dans ce contexte, notre contribution s’intéresse à la problématique de la gestion des opérations de transfert d’argent. Il s’agira d’analyser l’interaction entre les différents intervenants du marché de transfert de fonds, à savoir les banques, les opérateurs spécialisés de transfert, les prestataires de transfert et les bénéficiaires des fonds. Par ailleurs, notre étude vise à appréhender les principaux défis du marché de transfert d’argent dans le contexte actuel.
1. LA CONFIGURATION DU MARCHE DE TRANSFERT D’ARGENT AU SENEGAL
Le marché de transfert d’argent est composé de plusieurs sociétés spécialisées dites sociétés de transfert d’argent (STA). En Afrique, le transfert d’argent constituait jusqu’au début du 21ième siècle, le segment de marché de certains opérateurs que sont Western Union et MoneyGram
Deux grandes sociétés multinationales apparues en Afrique au milieu des années 90. Spécialistes du transfert d'argent, ils sont les principaux bénéficiaires de la croissance des transferts formels. Ces opérateurs ont largement contribué à la réduction des transferts informels en proposant des services mieux adaptés aux besoins des expéditeurs, notamment dans le domaine de la sécurité et de la rapidité.
L’arrivée d’autres opérateurs nationaux tels que Wari et Joni-Joni grâce à des réseaux de contact client plus étendus, avait donné une nouvelle configuration au marché de transfert d’argent qui a été longtemps sous le contrôle des banques classiques par le biais de Western Union, Money Gram, entre autres.
Plus récemment, le marché du transfert d’argent s’est encore élargi grâce aux sociétés spécialisées à travers des produits innovants tels que YUP, Orange Money, WAVE, FreeCash notamment avec l’avènement du paiement mobile plus connu sous le nom de « Mobile Money ».
2. LES PRINCIPAUX ACTEURS DU TRANSFERT D’ARGENT
Le secteur du transfert d’argent au Sénégal qui a connu un développement au cours des dernières années, fait intervenir plusieurs acteurs parmi lesquels on peut citer :
Ainsi, tel que stipulé dans l’Article 3 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’UEMOA, la Banque Centrale veille au bon fonctionnement et à la sécurité des systèmes de paiement. Elle prend toutes les mesures requises en vue d’organiser et d’assurer l’efficacité et la solidité des systèmes de paiement par compensation interbancaire et des autres systèmes de paiement au sein de l’Union et avec les pays tiers.
Il est important de mentionner que la Banque Centrale ne reconnait les structures actives telles que Wari et Wave, qu’à travers les banques avec lesquelles elles ont signées des contrats de partenariat,
Les banques ont vite cherché à compenser ces baisses par la mise en place de produits nouveaux, notamment le produit de transfert d’argent. En effet, les banques ont compris que les commerçants en particulier utilisaient déjà à grande échelle ce produit de manière informelle pour leurs opérations. Ainsi, les banques deviennent des acteurs du marché de transfert d’argent, et notamment en nouant des relations de partenariat avec des fournisseurs internationaux et professionnels de service de transfert rapide d’argent.
Cependant, l’une des spécificités du marché de transfert d’argent au Sénégal est la faiblesse du taux de bancarisation estimé à 19% à fin décembre 2019. S’y ajoute une faible couverture géographique des établissements bancaires sur le territoire national. Pour pallier cette insuffisance, les banques signèrent des partenariats de plus en plus avec des institutions de microfinance (utilisées comme des Sous-Agent de transfert d’argent) pour atteindre certaines couches de la population et bénéficier de leur présence dans les zones rurales les plus reculées.
Toutefois, grâce à des partenariats entre les STA, les banques et les institutions de microfinance, l’impact des transferts d’argent peut être optimisé en offrant aux bénéficiaires des opportunités d’accroissement de leur actif grâce aux comptes d’épargne.
Pour appuyer le crédit et répondre efficacement aux nouveaux besoins, des outils financiers et non financiers comme l’épargne, la micro‐assurance, la formation et le transfert d’argent seront mobilisés. De plus, la diversification des services et des cibles autorisait une meilleure pénétration géographique.
Les institutions de microfinance disposent d’avantages comparatifs en termes de proximité géographique et sociale pour proposer des services de transfert d’argent. Ces SFD ont su capitaliser ces avantages comparatifs pour nouer des alliances stratégiques avec des banques franchisées par des sociétés de transfert d’argent et effectuer des services de transfert d’argent.
La révolution des TIC surtout marquée par l’extension des Opérateurs Téléphoniques, n’a pas épargné l’univers des finances avec l’utilisation du téléphone portable dans les services financiers. Grâce à cet outil de communication, l’usager parvient également à ouvrir un compte virtuel dans lequel il effectue des transactions de fonds, fait de l’épargne et a la possibilité de régler ses factures. Autant d’opportunités qui constituent, selon certains analystes, une réponse au problème de la faiblesse bancarisation.
L’avènement de cette solution innovante ainsi appelée Paiement Mobile ou Mobile Money est un marché qui reste très dynamique avec de plus en plus d’acteurs qui essaient d’offrir encore plus de services qui dépassent simplement le transfert d’argent, en misant sur la convergence de plusieurs supports notamment la monétique.
Le Mobile Money présente davantage de potentiel comme vecteur de formalisation complémentaire aux STA, grâce à une disposition en un réseau important sur l’ensemble du territoire et une utilisation croissante sur le plan domestique.
Parmi ces solutions, on peut citer dont Orange Finance Mobile, WAVE, Free Cash entre autres de par leur simplicité, leur fluidité et du coût de leurs transactions. Aujourd’hui, la plupart des personnes qui n’ont pas la possibilité d’accéder aux banques et SFD, pour diverses raisons, se limitent à l’ouverture d’un compte virtuel à travers les opérateurs de téléphonie mobile.
En effet, ces solutions se substituent et concurrencent celles proposées par le système bancaire, surtout dans un contexte où le taux de pénétration de la téléphonie mobile au Sénégal est passé de 10% en 2005 à 110,73% au 31 mars 2020 contre 110,31% au 31 décembre 2019 et 107,95% en mars 2018.
Cependant, même si les opérateurs deviennent un important maillon dans toute la chaine de valeur, maitrisant de manière révéler la création et la gestion de compte client, il y a toujours une banque ou un organe financier quelconque derrière et opérant sous l’ombre de ces opérateurs.
Ces dernières années, les filiales de la Poste ont connu une profonde mutation et se sont énormément modernisées. En plus de ses services traditionnels, elle est entrée dans le marché lucratif des transferts électroniques d'argent en utilisant son propre réseau.
Cependant, le mandat poste national et international n’a malheureusement pas rencontré le succès auquel il aurait pu s’attendre. Pourtant les points de service disposent d’un positionnement concurrentiel de premier plan grâce à la densité de leur réseau et leur forte présence sur le territoire national, souvent dans des zones non desservies par les institutions financières.
Il existe également de futures dispositions prévues dans le cadre des guichets automatiques de banques (GAB) déjà en vigueur dans certains pays comme Dubaï, notamment la possibilité de faire des dépôts d’argent auprès de ces machines, qui seront ensuite transférés vers les comptes clients. Cela constitue également une forme de transfert cash to account.
Par exemple le retrait GAB (Guichet Automatique de Banque) est une transaction account to cash, car en réalité c’est un transfert qui s’opère d’un compte vers une personne qui fait un retrait d’espèce.
Comme autre exemple, quelqu’un qui désire faire un retrait de fonds dans son compte qu’il a déjà créé dans un système de transfert d’argent. Il génère automatiquement un code sur son téléphone portable, ou bien dans le système, puis se présente dans un point de service et récupère l’argent de son compte virtuel.
En outre, il a été institutionnalisé un partenariat avec l’IPRES (Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal), afin de mettre en place un système account to cash pour améliorer le paiement des pensions de retraite. En effet, la formalisation du marché de transfert d’argent présente des dispositifs mis en place, pour offrir autant d’opportunités aux clients, c'est-à-dire envoyer et recevoir rapidement leur l’argent.
Exemple : les cartes électroniques rechargeable grâce à un compte système virtuel.
Concurrent pur et parfait du virement bancaire classique, néanmoins il est important de retenir, que derrière toute STA, ayant recours à la manipulation de compte client, il y a toujours un organe financier impliqué et travaillant au profit de cette société.
Dans le système des transferts électronique d’argent offert par des sociétés spécialisées, ni l’expéditeur, ni le destinataire n’ont besoin de disposer d’un compte bancaire, les opérations étant réalisées intégralement en espèces. Cependant, les fonds ne sont pas physiquement transférés, il s’agit simplement d’un transfert virtuel.
Par conséquent, chaque opérateur spécialisé dispose d’une plateforme numérique accessible sur internet, couvrant ainsi son réseau de service. Le principe est l’inscription en compte par message électronique dans la comptabilité d’agents appartenant au même réseau, dont l’administrateur procède à intervalles réguliers au règlement après compensation des comptes. Le transfert d’argent effectué de manière quasi instantané entre l’expéditeur et le destinataire grâce à une connexion internet, d’où l’absence d’un transfert physique des fonds.
Les trois principales formes de transferts par téléphone portable utilisées sont :
5. QUELLES VOIES DE SOLUTIONS POUR LE DIFFEREND ENTRE LES OPERATEURS ET LES PRESTATAIRES DE TRANSFERT D’ARGENT ?
L’OQSF avait convié les opérateurs susmentionnés, les prestataires du transfert d’argent et les associations de consommateurs, à une réunion d’harmonisation qui avait pour objectifs :
-de donner l’opportunité aux opérateurs (OFMS, WAVE) d’expliquer aux usagers représentés par les associations consuméristes leur nouvelle politique commerciale et les contraintes du marché ;
Au titre des pistes de solutions à étudier, l’Observatoire recommande :
Habib NDAO
Ex Directeur Régional MoneyGram West & Central Africa
Secrétaire Exécutif de l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers/Sénégal
En raison des enjeux que revêt l’utilisation des services financiers à distance dans notre écosystème (facteur d’inclusion financière, masse de liquidité en circulation, emplois etc.), l’OQSF, conformément à sa mission de veille et de suivi de la conduite du marché, avait convié les opérateurs susmentionnés, les prestataires du transfert d’argent et les associations de consommateurs, à une réunion d’harmonisation.
Le marché du transfert d’argent au Sénégal est un secteur à fort potentiel, ayant connu une évolution fulgurante au cours de cette dernière décennie, tant au niveau de l’importance des sommes transférées, du nombre d’acteurs impliqués, de la nature des transferts, de l’impact socio-économique sur les bénéficiaires, qu’à celui des mécanismes utilisés.
Les transferts de fonds privés sont devenus un enjeu déterminant dans l’économie dans la mesure où ils représentent une part significative des ressources du pays et constituent une source financière importante pour les bénéficiaires. En parallèle, la mutation technologique, qui constitue le fondement des opérations et des systèmes de paiement numérique, a contribué à une explosion des transferts en volume.
Les transferts électroniques sont une forme de transfert de valeurs qui s’appuient sur des systèmes de paiement numérique. Les nombreux avantages que peuvent conférer ces transferts sont la sécurité, l’accessibilité et la rapidité des opérations effectuées. Il en va de même d’une meilleure gestion des coûts opérationnels et de la simplification de la logistique.
Dans ce contexte, notre contribution s’intéresse à la problématique de la gestion des opérations de transfert d’argent. Il s’agira d’analyser l’interaction entre les différents intervenants du marché de transfert de fonds, à savoir les banques, les opérateurs spécialisés de transfert, les prestataires de transfert et les bénéficiaires des fonds. Par ailleurs, notre étude vise à appréhender les principaux défis du marché de transfert d’argent dans le contexte actuel.
1. LA CONFIGURATION DU MARCHE DE TRANSFERT D’ARGENT AU SENEGAL
Le marché de transfert d’argent est composé de plusieurs sociétés spécialisées dites sociétés de transfert d’argent (STA). En Afrique, le transfert d’argent constituait jusqu’au début du 21ième siècle, le segment de marché de certains opérateurs que sont Western Union et MoneyGram
Deux grandes sociétés multinationales apparues en Afrique au milieu des années 90. Spécialistes du transfert d'argent, ils sont les principaux bénéficiaires de la croissance des transferts formels. Ces opérateurs ont largement contribué à la réduction des transferts informels en proposant des services mieux adaptés aux besoins des expéditeurs, notamment dans le domaine de la sécurité et de la rapidité.
L’arrivée d’autres opérateurs nationaux tels que Wari et Joni-Joni grâce à des réseaux de contact client plus étendus, avait donné une nouvelle configuration au marché de transfert d’argent qui a été longtemps sous le contrôle des banques classiques par le biais de Western Union, Money Gram, entre autres.
Plus récemment, le marché du transfert d’argent s’est encore élargi grâce aux sociétés spécialisées à travers des produits innovants tels que YUP, Orange Money, WAVE, FreeCash notamment avec l’avènement du paiement mobile plus connu sous le nom de « Mobile Money ».
2. LES PRINCIPAUX ACTEURS DU TRANSFERT D’ARGENT
Le secteur du transfert d’argent au Sénégal qui a connu un développement au cours des dernières années, fait intervenir plusieurs acteurs parmi lesquels on peut citer :
· Les superviseurs du marché de transfert d’argent
Le statut d’intervenant de la Banque Centrale, est relatif à sa position de superviseur et de sauvegarde du marché du transfert d’argent. Il faut, cependant noter, que c’est la Direction de la Monnaie et du Crédit (DMC) rattachée au Ministère des Finances et du Budget, qui règlemente les opérations de transfert.Ainsi, tel que stipulé dans l’Article 3 du Règlement n°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de l’UEMOA, la Banque Centrale veille au bon fonctionnement et à la sécurité des systèmes de paiement. Elle prend toutes les mesures requises en vue d’organiser et d’assurer l’efficacité et la solidité des systèmes de paiement par compensation interbancaire et des autres systèmes de paiement au sein de l’Union et avec les pays tiers.
Il est important de mentionner que la Banque Centrale ne reconnait les structures actives telles que Wari et Wave, qu’à travers les banques avec lesquelles elles ont signées des contrats de partenariat,
- Les banques
Les banques ont vite cherché à compenser ces baisses par la mise en place de produits nouveaux, notamment le produit de transfert d’argent. En effet, les banques ont compris que les commerçants en particulier utilisaient déjà à grande échelle ce produit de manière informelle pour leurs opérations. Ainsi, les banques deviennent des acteurs du marché de transfert d’argent, et notamment en nouant des relations de partenariat avec des fournisseurs internationaux et professionnels de service de transfert rapide d’argent.
Cependant, l’une des spécificités du marché de transfert d’argent au Sénégal est la faiblesse du taux de bancarisation estimé à 19% à fin décembre 2019. S’y ajoute une faible couverture géographique des établissements bancaires sur le territoire national. Pour pallier cette insuffisance, les banques signèrent des partenariats de plus en plus avec des institutions de microfinance (utilisées comme des Sous-Agent de transfert d’argent) pour atteindre certaines couches de la population et bénéficier de leur présence dans les zones rurales les plus reculées.
Toutefois, grâce à des partenariats entre les STA, les banques et les institutions de microfinance, l’impact des transferts d’argent peut être optimisé en offrant aux bénéficiaires des opportunités d’accroissement de leur actif grâce aux comptes d’épargne.
- Les Institutions de Microfinance
Pour appuyer le crédit et répondre efficacement aux nouveaux besoins, des outils financiers et non financiers comme l’épargne, la micro‐assurance, la formation et le transfert d’argent seront mobilisés. De plus, la diversification des services et des cibles autorisait une meilleure pénétration géographique.
Les institutions de microfinance disposent d’avantages comparatifs en termes de proximité géographique et sociale pour proposer des services de transfert d’argent. Ces SFD ont su capitaliser ces avantages comparatifs pour nouer des alliances stratégiques avec des banques franchisées par des sociétés de transfert d’argent et effectuer des services de transfert d’argent.
- Les opérateurs spécialisés et Sociétés de Téléphonie Mobile
- Le donneur d’ordre et le destinataire des fonds doivent tous les deux disposer d’un compte bancaire ;
- Les transferts effectués via le réseau bancaire international passent souvent par un ensemble de procédures et d’intermédiaires si nécessaire. Ce qui justifie qu’ils durent généralement une journée voire même plusieurs, avant que les fonds ne soient disponibles sur le compte du destinataire final.
- Le recours à ce type de transfert n’a d’intérêt que dans la mesure où l’envoyeur et le bénéficiaire des fonds disposent d’un compte bancaire au sein d’un même réseau de banques.
- Ainsi, il faut souligner désormais qu’avec les STA, le transfert d’argent est un service financier qui est accessible pratiquement à tout le monde, en ce sens qu’il ne nécessite pas d’avoir un compte dans une institution financière pour pouvoir l’utiliser.
La révolution des TIC surtout marquée par l’extension des Opérateurs Téléphoniques, n’a pas épargné l’univers des finances avec l’utilisation du téléphone portable dans les services financiers. Grâce à cet outil de communication, l’usager parvient également à ouvrir un compte virtuel dans lequel il effectue des transactions de fonds, fait de l’épargne et a la possibilité de régler ses factures. Autant d’opportunités qui constituent, selon certains analystes, une réponse au problème de la faiblesse bancarisation.
L’avènement de cette solution innovante ainsi appelée Paiement Mobile ou Mobile Money est un marché qui reste très dynamique avec de plus en plus d’acteurs qui essaient d’offrir encore plus de services qui dépassent simplement le transfert d’argent, en misant sur la convergence de plusieurs supports notamment la monétique.
Le Mobile Money présente davantage de potentiel comme vecteur de formalisation complémentaire aux STA, grâce à une disposition en un réseau important sur l’ensemble du territoire et une utilisation croissante sur le plan domestique.
Parmi ces solutions, on peut citer dont Orange Finance Mobile, WAVE, Free Cash entre autres de par leur simplicité, leur fluidité et du coût de leurs transactions. Aujourd’hui, la plupart des personnes qui n’ont pas la possibilité d’accéder aux banques et SFD, pour diverses raisons, se limitent à l’ouverture d’un compte virtuel à travers les opérateurs de téléphonie mobile.
En effet, ces solutions se substituent et concurrencent celles proposées par le système bancaire, surtout dans un contexte où le taux de pénétration de la téléphonie mobile au Sénégal est passé de 10% en 2005 à 110,73% au 31 mars 2020 contre 110,31% au 31 décembre 2019 et 107,95% en mars 2018.
Cependant, même si les opérateurs deviennent un important maillon dans toute la chaine de valeur, maitrisant de manière révéler la création et la gestion de compte client, il y a toujours une banque ou un organe financier quelconque derrière et opérant sous l’ombre de ces opérateurs.
- Les services financiers de la Poste
Ces dernières années, les filiales de la Poste ont connu une profonde mutation et se sont énormément modernisées. En plus de ses services traditionnels, elle est entrée dans le marché lucratif des transferts électroniques d'argent en utilisant son propre réseau.
Cependant, le mandat poste national et international n’a malheureusement pas rencontré le succès auquel il aurait pu s’attendre. Pourtant les points de service disposent d’un positionnement concurrentiel de premier plan grâce à la densité de leur réseau et leur forte présence sur le territoire national, souvent dans des zones non desservies par les institutions financières.
- Les opérateurs économiques
3. LES DIFFERENTS CANAUX DU TRANSFERT D’ARGENT
Le marché du transfert d’argent au Sénégal a connu une évolution rapide au cours des deux dernières décennies. Cela aussi bien au niveau de la nature et du nombre d’acteurs impliqués qu’à celui des mécanismes mis en œuvre.· Canaux formels de transfert d’argent
- Cash to Cash (envoi et réception d’espèces)
- Cash to Account (envoi d’espèces vers un compte)
Il existe également de futures dispositions prévues dans le cadre des guichets automatiques de banques (GAB) déjà en vigueur dans certains pays comme Dubaï, notamment la possibilité de faire des dépôts d’argent auprès de ces machines, qui seront ensuite transférés vers les comptes clients. Cela constitue également une forme de transfert cash to account.
- Account to Cash (envoi à partir d’un compte et retrait d’espèce)
Par exemple le retrait GAB (Guichet Automatique de Banque) est une transaction account to cash, car en réalité c’est un transfert qui s’opère d’un compte vers une personne qui fait un retrait d’espèce.
Comme autre exemple, quelqu’un qui désire faire un retrait de fonds dans son compte qu’il a déjà créé dans un système de transfert d’argent. Il génère automatiquement un code sur son téléphone portable, ou bien dans le système, puis se présente dans un point de service et récupère l’argent de son compte virtuel.
En outre, il a été institutionnalisé un partenariat avec l’IPRES (Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal), afin de mettre en place un système account to cash pour améliorer le paiement des pensions de retraite. En effet, la formalisation du marché de transfert d’argent présente des dispositifs mis en place, pour offrir autant d’opportunités aux clients, c'est-à-dire envoyer et recevoir rapidement leur l’argent.
- Account to Account (envoi à partir d’un compte vers un autre)
Exemple : les cartes électroniques rechargeable grâce à un compte système virtuel.
Concurrent pur et parfait du virement bancaire classique, néanmoins il est important de retenir, que derrière toute STA, ayant recours à la manipulation de compte client, il y a toujours un organe financier impliqué et travaillant au profit de cette société.
· Canaux informels
Les canaux de transferts informels désignent des opérations diverses et variées par lesquelles des sommes d’argent transitent en dehors des circuits financiers formels. En effet, l’essor des TIC, notamment la généralisation du téléphone et la couverture réseau des zones les plus reculées, a permis de développer significativement un marché de transfert d’argent via des circuits informels, qui repose essentiellement sur les réseaux sociaux (relations de parenté, d’amitié, de connaissance, etc.).4. MECANISMES DU SYSTEME DE TRANSFERT RAPIDE D’ARGENT
Le transfert d’argent est une opération financière consistant à envoyer en un temps court de l’argent à une personne (proches, amis, etc.) ou à payer un achat ou un service. Le dispositif des transferts de fonds a connu un développement rapide qui s’est accéléré à partir du début du 21ème siècle, avec l’entrée en jeu du GSM et de l’Internet.· Mise à disposition des plateformes de transfert d’argent via Web
Le transfert d’argent se caractérise par l’éloignement de l’expéditeur et du destinataire et se réfère à des modes de paiement scripturaux ou à des systèmes de paiement numérique, qui favorisent ainsi le transfert de valeurs sous forme de transfert électronique. L’utilisation du web comme mécanisme dans les opérations de transfert d’argent, caractérise leur rapidité d’exécution.Dans le système des transferts électronique d’argent offert par des sociétés spécialisées, ni l’expéditeur, ni le destinataire n’ont besoin de disposer d’un compte bancaire, les opérations étant réalisées intégralement en espèces. Cependant, les fonds ne sont pas physiquement transférés, il s’agit simplement d’un transfert virtuel.
Par conséquent, chaque opérateur spécialisé dispose d’une plateforme numérique accessible sur internet, couvrant ainsi son réseau de service. Le principe est l’inscription en compte par message électronique dans la comptabilité d’agents appartenant au même réseau, dont l’administrateur procède à intervalles réguliers au règlement après compensation des comptes. Le transfert d’argent effectué de manière quasi instantané entre l’expéditeur et le destinataire grâce à une connexion internet, d’où l’absence d’un transfert physique des fonds.
· Utilisation du réseau GSM comme mécanisme de transfert rapide d’argent
Le GSM (Global System for Mobile communications) est la norme de téléphonie mobile la plus répandue à travers le monde. Les transferts par téléphone portable sont une forme de transfert électronique effectuée via le réseau mobile. Le recours aux téléphones portables pour les transferts électroniques réduit considérablement le besoin d’équipements supplémentaires, y compris informatiques, d’autant plus qu’il y a un accès croissant aux téléphones portables partout dans le monde.Les trois principales formes de transferts par téléphone portable utilisées sont :
- Les tickets mobiles utilisés uniquement pour retirer de l’argent ;
- Les coupons transférés par téléphone portable utilisée pour acheter des biens (ou services) mais pas pour retirer de l’argent ;
- Les transferts monétaires par téléphone portable qui font référence à la capacité à utiliser un téléphone portable pour procéder à des transactions financières et commerciales telles que le dépôt d’argent, le retrait et le paiement. Sous réserve d’une souscription à un compte de portefeuille mobile, permettant de stocker une certaine valeur.
5. QUELLES VOIES DE SOLUTIONS POUR LE DIFFEREND ENTRE LES OPERATEURS ET LES PRESTATAIRES DE TRANSFERT D’ARGENT ?
L’OQSF avait convié les opérateurs susmentionnés, les prestataires du transfert d’argent et les associations de consommateurs, à une réunion d’harmonisation qui avait pour objectifs :
-de donner l’opportunité aux opérateurs (OFMS, WAVE) d’expliquer aux usagers représentés par les associations consuméristes leur nouvelle politique commerciale et les contraintes du marché ;
- d’écouter les usagers et les prestataires de transferts d’argent pour une remontée de leurs préoccupations à la tutelle et aux autorités monétaires en vue de favoriser une aide à la prise de décisions.
- d’étudier les voies et moyens devant permettre de renforcer l’attractivité du secteur de la monnaie électronique, de veiller à la solidité du secteur financier malgré la concurrence et à la protection des usagers.
- de trouver une solution de médiation et d’apaisement de la relation d’affaires entre les opérateurs d’une part et d’autre part entre ceux-ci et les prestataires pour éviter un effondrement du système de transfert domestique d’argent.
Au titre des pistes de solutions à étudier, l’Observatoire recommande :
- A l’Etat :
- de renforcer le contrôle sur la distribution des services de transfert d’argent (ouverture et déplafonnement des comptes, conditions d’exploitation des points de service, etc.) ;
- de veiller à une harmonisation des contrats entre les opérateurs et les prestataires ;
- de veiller à l’arrêt des dumpings de Wave et OFMS qui peuvent désarticuler le marché et exposer les emplois générés par les prestataires ;
- d’envisager un audit des pratiques commerciales et de la régularité du modèle économique des différents acteurs du marché du Mobile Money.
- Aux opérateurs de transfert :
- d’inciter davantage les prestataires à travers des actions commerciales de bonus ou de fidélisation ;
- de débloquer les comptes-agent de certains prestataires ;
- de renforcer la sécurité des plateformes notamment l’application client ;
- de raccourcir les délais de correction des erreurs de dépôt ou de transfert ;
- de veiller à la transmission systématique, à l’autorité, des contrats signés avec les prestataires;
- de renforcer la politique de diversification des produits et services (nano crédit, micro-épargne, microassurance) ;
- de mettre au point un programme d’éducation financière avec l’utilisation d’outils digitaux ;
- de renforcer la qualité de traitement des réclamations à travers une meilleure transparence tarifaire, un suivi efficient des complaintes des usagers et le développement d’un partenariat dynamique entre opérateurs et l’OQSF dans le cadre de la médiation financière.
Habib NDAO
Ex Directeur Régional MoneyGram West & Central Africa
Secrétaire Exécutif de l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers/Sénégal