L’innovation et la quête du savoir font partie des thèmes dominants de cette année dans les conférences organisées par la CEA ? Quel rôle doivent jouer les banques dans ce processus ?
Les banques sont des vecteurs de la transformation économique. Actuellement, 80 milliards de dollars dorment dans ces établissements financiers. Des instruments financiers adéquats peuvent contribuer à mobiliser ces fonds au service
du développement. C’est là où l’innovation financière à travers la recherche de produits adaptés au contexte africain peut favoriser le développement. La mobilisation des ressources domestiques au service de l’économie passe aussi par l’élargissement des activités des banques commerciales africaines qui n’interviennent que marginalement dans l’intermédiation des flux générés par les exportations des hydrocarbures et des minerais. C’est un manque à gagner énorme pour nos économies.
Comment drainer ces ressources domestiques?
La mobilisation des ressources domestiques est une nécessité à plus d’un titre. D’abord, ces ressources existent. Il y a des
liquidités disponibles à moindre frais à travers nos banques centrales et des institutionnels comme les caisses de retraite et les compagnies d’assurances. Il y a là autant de fonds qui peuvent être drainés via des véhicules financiers adaptés au bénéfice de l’investissement dans les infrastructures et dans l’industrialisation du continent. Plus que jamais, le temps est venu de changer de paradigme. Qu’on consacre plus de temps à penser aux IDE et aux transferts de la diaspora qu’à l’aide au développement.
Toutes les logiques fondées sur le seul financement du développement par la coopération ont échoué. Ladite aide au développement, de 56 milliards de dollars en 2011(flux financiers et annulations de dettes), même supérieure aux IDE (50 milliards de dollars) ne consacre qu’à peine 2% de ses fonds au secteur productif. L’aide au développement est nettement
inférieure aux transferts de la diaspora africaine (62 milliards). Ce dernier volet a besoin de toute la sollicitude du secteur bancaire
et financier en général pour une transformation qualitative. Le système bancaire doit innover pour accompagner et canaliser ce flux vers l’investissement productif nécessaire à la transformation de l’Afrique.
Faut-il le rappeler, les coûts de transferts vers l’Afrique sont les plus élevés au monde. Si ce coût peut être ramené à environ 5%, les économies africaines pourraient épargner jusqu’à 4 milliards de dollars annuels. En investissant ce compartiment, les banques peuvent inverser la donne et favoriser l’usage optimal des transferts de la diaspora.
On a parlé d’innovation et de savoir lors du Forum économique de la CEA à Marrakech. Doit-on réinventer la roue en Afrique ?
L’innovation et la quête du savoir sont des déterminants de la croissance qualitative dont il est question. Ces deux axes constituent des paramètres essentiels dans la transformation de l’économie africaine, laquelle ne doit pas reposer uniquement sur les exportations de matières premières. Or, pour passer de la collecte des ressources à l’industrialisation, nous avons besoin d’innover et de valoriser nos expériences. La success story de l’inclusion financière réussie au Kenya à travers le M Pesa, les exemples de tablette smartphone créée par le jeune congolais, Verone Mankou, le cardiopad du jeune camerounais Arthur Zang, et, entre autres la Saphonienne (appareil qui utilise la force du vent) inventé par le tunisien Anis Aouini, sont des exemples qui participent au renouveau de l’image de l’Afrique. La transformation passe aussi par la maîtrise de l’image et du récit. L’Afrique doit s’approprier le récit de son développement et de ses performances, être à tout moment capable de produire des données, des statistiques et des mesures fiables. Plus que l’agrégation des quantités, la transformation est une stratégie de rupture.
Est-ce que cet élan positif d’une Afrique en forte croissance n’est pas remis en cause aujourd’hui par la fièvre Ebola?
Il faut le dire, il y a eu une mauvaise communication sur Ebola qui rappelle à tout point de vue la fièvre SRAS qui s’était abattue sur les pays. de l’Asie du Sud-Est il y a quelques années. L’alarmisme de certains avec des chiffres privilégiant des scénarios catastrophes ont contribué à la psychose. Certains États africains ont aussi pris des mesures parfois disproportionnées contribuant à isoler les pays touchés. Aujourd’hui c’est toute l’image du continent qui est associée à Ebola qui ne concerne,
à l’heure où nous parlons, que trois pays représentants moins de 1% de nos économies. Il y a des leçons à tirer et une meilleure coordination à trouver entre États pour faire face, ensemble, aux risques communs.
Vous avez initié plusieurs réformes depuis votre arrivée à la tête de la Commission Économique pour l’Afrique, il y a deux ans. Quelles sont les nouvelles orientations de cet organisme ?
La CEA est un laboratoire d’idées pour l’Afrique. Nous devons évoluer vers un véritable Think Tank en faisant de la prospective et en accompagnant la transformation du continent. D’où notre injonction à nos experts à augmenter le rythme de leur production scientifique en contribuant intellectuellement au débat économique et social sur l’Afrique. Désormais, nos chercheurs
sont tenus à publier au moins trois études /articles dans les revues scientifiques reconnues. Ce sont là des exigences internes mais aussi des attentes externes. Nous développons des partenariats avec tous les grands centres de réflexions sur l’Afrique comme récemment avec le partenariat signé avec le Codesria.
Financialafrik
Les banques sont des vecteurs de la transformation économique. Actuellement, 80 milliards de dollars dorment dans ces établissements financiers. Des instruments financiers adéquats peuvent contribuer à mobiliser ces fonds au service
du développement. C’est là où l’innovation financière à travers la recherche de produits adaptés au contexte africain peut favoriser le développement. La mobilisation des ressources domestiques au service de l’économie passe aussi par l’élargissement des activités des banques commerciales africaines qui n’interviennent que marginalement dans l’intermédiation des flux générés par les exportations des hydrocarbures et des minerais. C’est un manque à gagner énorme pour nos économies.
Comment drainer ces ressources domestiques?
La mobilisation des ressources domestiques est une nécessité à plus d’un titre. D’abord, ces ressources existent. Il y a des
liquidités disponibles à moindre frais à travers nos banques centrales et des institutionnels comme les caisses de retraite et les compagnies d’assurances. Il y a là autant de fonds qui peuvent être drainés via des véhicules financiers adaptés au bénéfice de l’investissement dans les infrastructures et dans l’industrialisation du continent. Plus que jamais, le temps est venu de changer de paradigme. Qu’on consacre plus de temps à penser aux IDE et aux transferts de la diaspora qu’à l’aide au développement.
Toutes les logiques fondées sur le seul financement du développement par la coopération ont échoué. Ladite aide au développement, de 56 milliards de dollars en 2011(flux financiers et annulations de dettes), même supérieure aux IDE (50 milliards de dollars) ne consacre qu’à peine 2% de ses fonds au secteur productif. L’aide au développement est nettement
inférieure aux transferts de la diaspora africaine (62 milliards). Ce dernier volet a besoin de toute la sollicitude du secteur bancaire
et financier en général pour une transformation qualitative. Le système bancaire doit innover pour accompagner et canaliser ce flux vers l’investissement productif nécessaire à la transformation de l’Afrique.
Faut-il le rappeler, les coûts de transferts vers l’Afrique sont les plus élevés au monde. Si ce coût peut être ramené à environ 5%, les économies africaines pourraient épargner jusqu’à 4 milliards de dollars annuels. En investissant ce compartiment, les banques peuvent inverser la donne et favoriser l’usage optimal des transferts de la diaspora.
On a parlé d’innovation et de savoir lors du Forum économique de la CEA à Marrakech. Doit-on réinventer la roue en Afrique ?
L’innovation et la quête du savoir sont des déterminants de la croissance qualitative dont il est question. Ces deux axes constituent des paramètres essentiels dans la transformation de l’économie africaine, laquelle ne doit pas reposer uniquement sur les exportations de matières premières. Or, pour passer de la collecte des ressources à l’industrialisation, nous avons besoin d’innover et de valoriser nos expériences. La success story de l’inclusion financière réussie au Kenya à travers le M Pesa, les exemples de tablette smartphone créée par le jeune congolais, Verone Mankou, le cardiopad du jeune camerounais Arthur Zang, et, entre autres la Saphonienne (appareil qui utilise la force du vent) inventé par le tunisien Anis Aouini, sont des exemples qui participent au renouveau de l’image de l’Afrique. La transformation passe aussi par la maîtrise de l’image et du récit. L’Afrique doit s’approprier le récit de son développement et de ses performances, être à tout moment capable de produire des données, des statistiques et des mesures fiables. Plus que l’agrégation des quantités, la transformation est une stratégie de rupture.
Est-ce que cet élan positif d’une Afrique en forte croissance n’est pas remis en cause aujourd’hui par la fièvre Ebola?
Il faut le dire, il y a eu une mauvaise communication sur Ebola qui rappelle à tout point de vue la fièvre SRAS qui s’était abattue sur les pays. de l’Asie du Sud-Est il y a quelques années. L’alarmisme de certains avec des chiffres privilégiant des scénarios catastrophes ont contribué à la psychose. Certains États africains ont aussi pris des mesures parfois disproportionnées contribuant à isoler les pays touchés. Aujourd’hui c’est toute l’image du continent qui est associée à Ebola qui ne concerne,
à l’heure où nous parlons, que trois pays représentants moins de 1% de nos économies. Il y a des leçons à tirer et une meilleure coordination à trouver entre États pour faire face, ensemble, aux risques communs.
Vous avez initié plusieurs réformes depuis votre arrivée à la tête de la Commission Économique pour l’Afrique, il y a deux ans. Quelles sont les nouvelles orientations de cet organisme ?
La CEA est un laboratoire d’idées pour l’Afrique. Nous devons évoluer vers un véritable Think Tank en faisant de la prospective et en accompagnant la transformation du continent. D’où notre injonction à nos experts à augmenter le rythme de leur production scientifique en contribuant intellectuellement au débat économique et social sur l’Afrique. Désormais, nos chercheurs
sont tenus à publier au moins trois études /articles dans les revues scientifiques reconnues. Ce sont là des exigences internes mais aussi des attentes externes. Nous développons des partenariats avec tous les grands centres de réflexions sur l’Afrique comme récemment avec le partenariat signé avec le Codesria.
Financialafrik