Opportunités et risques à prévoir au cours du deuxième semestre, sur le marché africain des capitaux

Vendredi 4 Juillet 2014

Le premier semestre 2014 a été marqué par une série de faits qui ont influencé les marchés des capitaux partout sur le continent africain. La Tunisie et le Ghana ont été en ligne de mire et le sont toujours, dans la bataille qui les oppose aux déficits jumeaux. En effet dans les deux pays, les pouvoirs publics doivent faire face à la baisse des réserves de changes, mais aussi à la difficulté de faire face aux dépenses publiques. La Tunisie a eu le soutien de plusieurs bailleurs de fonds et le Ghana reste patient avec une croissance de 5,5 attendue en 2014 selon la Banque Mondiale, une performance qui pourrait exploser avec le début de la production pétrolière prévue en 2016.


Opportunités et risques à prévoir au cours du deuxième semestre, sur le marché africain des capitaux
En Egypte, le climat semble s'être éclairci, avec Al Sissi, maréchal d'armée. Bien qu'il soit arrivé au pouvoir par un coup de force contre les frères musulmans de Mohamed Morsi, son élection a été accueillie par la communauté des investisseurs et partenaires de l'économie égyptienne, comme une opportunité. Pourtant l'agenda économique du nouvel homme fort du Caire n'est pas précis. Et une des premières décisions survenues après son arrivée au pouvoir est l'adoption par le parlement d'une loi taxant les plus values et les dividendes
Taxer les plus values d'acquisition, notamment dans le secteur pétrolier et gazier, il est aussi question de cela au Kenya. Mais, dans l'urgence, le problème le plus grave est celui de la recrudescence des attaques terroristes menées par des groupes proches des Shebabs somaliens. Les conséquences ne se font pas encore sentir, mais à terme, cela pourrait peser sur le tourisme, principale source de devises du pays. La Banque mondiale a prédit d'ailleurs une croissance moins forte en 2014. Pourtant, le gouvernement kényan est parvenu à effectuer un emprunt international record (pour l'Afrique) de 2 milliards $, largement souscrit par les investisseurs. Un succès qui ouvre la voie à la réalisation d’emprunts par les entreprises kényanes.
Au Nigéria, la grande information est survenue au mois de Mars, le pays est la première économie d'Afrique, avec un Produit Intérieur brut qui a franchi la barre des 500 milliards $. Mais dans le même temps, le pays vit au rythme de l'insécurité dans sa partie nord. La banque centrale prévoyant une sortie massive des capitaux durant la période électorale, a accru la part des réserves publiques de liquidités non exploitables logées au sein des banques. Conséquence, le secteur bancaire qui a tiré les performances boursières ces dernières années, est en berne sur le Nigerian Stock Exchange. Les secteurs de la grande consommation et d’agro-industrie, sont aussi impactés.
En Afrique du sud le Rand (monnaie locale) reprend des couleurs face aux principales devises internationales. Mais le pays a souffert durant 5 mois d'une grève dans le secteur de la platine. Les conséquences macroéconomiques sont importantes, même si les entreprises du secteur ont bien résisté au choc. Dans la foulée, les agences de notation ont rabaissé les perspectives macroéconomiques du pays et de ses quatre des plus grosses banques.
L’Afrique continue de représenter un environnement frontière et attire de nombreux investisseurs, notamment des fonds de pension. Le Morgan Stanley Capital International lui a donné un coup de pouce. L'Egypte est maintenue dans le MSCI Emerging Market et de nouveaux pays, notamment le Kenya et l'ensemble des pays membres de la BRVM sont admis au MSCI frontier Market
Pourtant le deuxième trimestre qui débute ne s'annonce délicat pour les marchés financiers. Juillet -Août sont des mois de vacances et, avant, de prise de bénéfice, ce qui généralement se traduit par un déclin de la valeur net des actifs boursiers. Mais à côté de ces facteurs récurrents, l'Afrique comme plusieurs autres marchés émergents, va devoir faire avec une conjoncture internationale complexe, liée principalement à la politique économique américaine.
 D'un autre côté pourtant, l'instabilité politique au Moyen Orient, la progression vers des élections au Nigéria devrait provoquer des tensions sur les prix du pétrole brut. Par effet d'entrainement, le secteur industriel en Afrique, qui dépend aussi de l'énergie thermique, pourrait se retrouver sous pression, entraînant des augmentations de prix et aussi des risques de réduction des marges. 
Toutefois, l'année fiscale prend fin en septembre aux USA et des experts craignent que soit relancé le débat sur le relèvement du seuil d'endettement. En 2013, la question s'est enlisée, bloquant l'économie du pays durant près de deux mois.  Toujours aux Etats-Unis, des sources indiquent déjà que la réserve fédérale pourrait ouvrir publiquement le débat sur l'orientation à donner aux taux directeurs. 
Dans les deux cas, la résurgence de la volatilité du marché américain des capitaux et de celui de ses partenaires directs (Europe, Japon et autres) qui pourrait en découler, devrait redonner un regain d'intérêts pour les marchés émergents (notamment africains), aux rendements plus stables, et moins exposés aux complexités internationales, à condition que les contraintes de change ne s’imposent pas trop et soient bien maîtrisées
Par Idriss Linge, Agence Ecofin
Actu-Economie


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