Au Sénégal, le système bancaire est composé des banques commerciales et des établissements financiers gravitant autour de la Banque Centrale qui joue un rôle de régulateur et de prêteur en dernier ressort.
Il faut toutefois rappeler que les banques n’ont pas joué pleinement leur rôle de prêteur dans la vie économique du pays. Cela s’explique par le fait que le système était de loin dominé par les banques étrangères.
Cela s’est traduit par des conditions d’octroi de crédit qui étaient des plus strictes pour minorer les risques, et des taux d’intérêts exorbitants pesant fortement sur la rentabilité des industries sénégalaises et le pouvoir d’achat des ménages.
L’économie ouest africaine pour sa part, a connu un vent de libéralisation ces dernières années avec comme corolaire une meilleure organisation sous-régionale au sein de l’UEMOA qui demeure un modèle d’intégration économique et monétaire réussi sous l’impulsion de la BCEAO.
D’ailleurs l’illustration de ce phénomène est l’explosion du nombre d’acteurs dans l’environnement bancaire qui comptait 18 banques en 2009, qui est passé à 25 banques en 2020 soit une évolution de 38% en une décennie.
Cette situation est toutefois loin de s’estomper au regard des perspectives d’exploitation de ressources pétrolières et gazières dans un futur proche qui inciteront d’autres banques à venir s’installer au pays de la Téranga.
L’Etat n’est d’ailleurs pas en reste dans cette dynamique et a pris une batterie de mesures pour l’accompagner. La mise en place d’une banque nationale, la BNDE qui jusque-là s’illustre positivement dans l’accompagnement d’industriels nationaux s’inscrit dans cette lancée. D’autres structures comme la DER (la Délégation à l’Entreprenariat Rapide) ont aussi vu le jour avec pour mission première d’accompagner les petites et moyennes entreprises, les femmes et les jeunes. Le FONGIP aussi est un fonds destiné à garantir des projets auprès des institutions financières.
Tout cela crée naturellement des changements dans le secteur si l’on sait que la croissance économique réelle du pays reste en déphasage avec la croissance du nombre d’acteurs financiers dans un environnement de plus en plus réglementé.
Pour schématiser, on peut dire que nous sommes face à un gâteau dont la taille reste la même alors que le nombre d’acteurs autour de ce gâteau ne cesse d’augmenter.
Nous voyons ainsi de nouveaux comportements surgir et généralement au bénéfice des clients qui deviennent de plus en plus exigeants car profitant de cette concurrence. C’est ainsi qu’on assiste entre autres à une guerre des taux, au réveil des banques classiques traditionnelles qui réajustent leur stratégie en conséquence, d’une part, et d’autre part, le développement de l’innovation financière, le développement des activités de marché et du « trade finance », la gestion de trésorerie, etc.
Ainsi le paysage bancaire s’est fortement redessiné ces dernières années avec 4 groupes : le top 5, le top 10, le middle market et les dernières de la classe.
Au top 5, on retrouve la Société Générale Sénégal et la CBAO Attijariwafabank qui de leur position de banques historiques, continuent à mener le marché. Ces deux banques ont représenté en 2020 quasiment 28% des ressources du marché et 26% des emplois directs.
La Société Générale Sénégal après une période de turbulence au début de la dernière décennie a pu assainir ses comptes, reprendre sa place de leader du marché au détriment de la CBAO. Elle a de ce fait démarré une ère d’expansion commerciale tout en surveillant de très près ses arrières avec un suivi rapproché des engagements de la clientèle.
L’arrivée de la Banque Islamique du Sénégal (BIS) en 3ème position en 2020 en gagnant 3 places, constitue une suite logique de tous les efforts consentis par cette banque au courant de ses dernières années à savoir la forte augmentation du capital social, le renforcement des équipes avec de nouveaux recrutements et l’élargissement de la base clientèle. Le total de ses dépôts a augmenté de plus de 16% en 12 mois passant de FCFA 286 Milliards à 317 Milliards. Les emplois directs ont cru de 23% en 2019 et 2020 passant de FCFA 292 Milliards à FCFA 361 Milliards.
Au regard de la syndication opérée avec FBN Sénégal pour l’approvisionnement de la SAR en pétrole brut portant sur une ligne globale de 200 Millions d’EUR, la BIS dispose encore d’une marge de progression correcte et est appelée à jouer un rôle de premier plan dans le secteur bancaire.
ORABANK a connu une percée fulgurante au classement et son entrée fracassante dans le top 5 peut dans un sens constituer une surprise. Avant dernière banque en 2014 avec une part de marché avoisinant presque 1%, cette banque a connu une forte croissance pour se hisser à la 12eme place sur un total de 26 banques en 2018. Une ascension qui s’est faite grâce essentiellement aux clients de la banque qui lui ont fait confiance mais aussi à la qualité des services offerts, sans oublier l’expertise des équipes qui ont lancé une offensive sur le marché.
La stratégie portée sur la massification, une agressivité commerciale et une bonne prise de risque donne finalement ses performances que tout le marché salue.
Sur le Top 10, on remarque aussi l’arrivée remarquée de CORIS BANK en 9ème position. Cette institution qui caracolait à la 19ème position en 2018 a su gagner 10 places en 2 ans. L’arrivée d’un nouveau Directeur général en 2019, un homme du sérail bancaire, ancien Directeur général de la Banque de Dakar (BDK) et ancien trésorier de la Banque Régionale des Marchés (BRM), constitue l’explication principale de cette performance. Il a pu bien s’entourer avec une équipe, jeune et ambitieuse et a su ficeler des accords rentables notamment avec des acteurs du secteur Oil and Gas (la SENELEC, la SAR, DER MOND OIL, LOCAFRIQUE, WEST AFRICAN ENERGY, etc.)
Quant au middle market , il s’agit principalement des banques de taille moyenne qui se situent au milieu du tableau et qui font preuve de beaucoup de résilience. On y retrouve la BNDE, la Banque Atlantique, la BDK, le Crédit du Sénégal ou UBA. Ce sont des banques qui font leur bonhomme de chemin avec une croissance certes faible mais stable sur les dernières années.
Le reste, le bottom market , ce sont généralement les 5 dernières du classement. Des banques de taille relativement modeste qui jusque-là peine à percer le marché du fait de problèmes de stratégies mais aussi sans doute d’hommes. Nous pouvons en citer la Banque Outarde, la BIMAO, la BCI et le Crédit International. Toutefois, pour la BIMAO, l’espoir est permis depuis l’arrivée de Mbaye Dione à la tête de cette institution, en atteste son résultat bénéficiaire en 2020. Ces banques doivent se réinventer rapidement en affinant leur stratégie et en revoyant leurs ambitions au risque de s’exposer à des chocs qui pourraient compromettre leur évolution.
Malgré les contretemps conjoncturels notamment avec l’avènement de la Covid 19, la plupart des banques s’adaptent, font preuve de résilience et se réinventent afin de pouvoir continuer à garder leur place sur le marché.
La libéralisation du secteur avec la multiplication d’acteurs favorise la concurrence, cela permet progressivement d’assouplir l’accès au financement et la baisse salutaire du coût du crédit.
Lejecos Magazine
Il faut toutefois rappeler que les banques n’ont pas joué pleinement leur rôle de prêteur dans la vie économique du pays. Cela s’explique par le fait que le système était de loin dominé par les banques étrangères.
Cela s’est traduit par des conditions d’octroi de crédit qui étaient des plus strictes pour minorer les risques, et des taux d’intérêts exorbitants pesant fortement sur la rentabilité des industries sénégalaises et le pouvoir d’achat des ménages.
L’économie ouest africaine pour sa part, a connu un vent de libéralisation ces dernières années avec comme corolaire une meilleure organisation sous-régionale au sein de l’UEMOA qui demeure un modèle d’intégration économique et monétaire réussi sous l’impulsion de la BCEAO.
D’ailleurs l’illustration de ce phénomène est l’explosion du nombre d’acteurs dans l’environnement bancaire qui comptait 18 banques en 2009, qui est passé à 25 banques en 2020 soit une évolution de 38% en une décennie.
Cette situation est toutefois loin de s’estomper au regard des perspectives d’exploitation de ressources pétrolières et gazières dans un futur proche qui inciteront d’autres banques à venir s’installer au pays de la Téranga.
L’Etat n’est d’ailleurs pas en reste dans cette dynamique et a pris une batterie de mesures pour l’accompagner. La mise en place d’une banque nationale, la BNDE qui jusque-là s’illustre positivement dans l’accompagnement d’industriels nationaux s’inscrit dans cette lancée. D’autres structures comme la DER (la Délégation à l’Entreprenariat Rapide) ont aussi vu le jour avec pour mission première d’accompagner les petites et moyennes entreprises, les femmes et les jeunes. Le FONGIP aussi est un fonds destiné à garantir des projets auprès des institutions financières.
Tout cela crée naturellement des changements dans le secteur si l’on sait que la croissance économique réelle du pays reste en déphasage avec la croissance du nombre d’acteurs financiers dans un environnement de plus en plus réglementé.
Pour schématiser, on peut dire que nous sommes face à un gâteau dont la taille reste la même alors que le nombre d’acteurs autour de ce gâteau ne cesse d’augmenter.
Nous voyons ainsi de nouveaux comportements surgir et généralement au bénéfice des clients qui deviennent de plus en plus exigeants car profitant de cette concurrence. C’est ainsi qu’on assiste entre autres à une guerre des taux, au réveil des banques classiques traditionnelles qui réajustent leur stratégie en conséquence, d’une part, et d’autre part, le développement de l’innovation financière, le développement des activités de marché et du « trade finance », la gestion de trésorerie, etc.
Ainsi le paysage bancaire s’est fortement redessiné ces dernières années avec 4 groupes : le top 5, le top 10, le middle market et les dernières de la classe.
Au top 5, on retrouve la Société Générale Sénégal et la CBAO Attijariwafabank qui de leur position de banques historiques, continuent à mener le marché. Ces deux banques ont représenté en 2020 quasiment 28% des ressources du marché et 26% des emplois directs.
La Société Générale Sénégal après une période de turbulence au début de la dernière décennie a pu assainir ses comptes, reprendre sa place de leader du marché au détriment de la CBAO. Elle a de ce fait démarré une ère d’expansion commerciale tout en surveillant de très près ses arrières avec un suivi rapproché des engagements de la clientèle.
L’arrivée de la Banque Islamique du Sénégal (BIS) en 3ème position en 2020 en gagnant 3 places, constitue une suite logique de tous les efforts consentis par cette banque au courant de ses dernières années à savoir la forte augmentation du capital social, le renforcement des équipes avec de nouveaux recrutements et l’élargissement de la base clientèle. Le total de ses dépôts a augmenté de plus de 16% en 12 mois passant de FCFA 286 Milliards à 317 Milliards. Les emplois directs ont cru de 23% en 2019 et 2020 passant de FCFA 292 Milliards à FCFA 361 Milliards.
Au regard de la syndication opérée avec FBN Sénégal pour l’approvisionnement de la SAR en pétrole brut portant sur une ligne globale de 200 Millions d’EUR, la BIS dispose encore d’une marge de progression correcte et est appelée à jouer un rôle de premier plan dans le secteur bancaire.
ORABANK a connu une percée fulgurante au classement et son entrée fracassante dans le top 5 peut dans un sens constituer une surprise. Avant dernière banque en 2014 avec une part de marché avoisinant presque 1%, cette banque a connu une forte croissance pour se hisser à la 12eme place sur un total de 26 banques en 2018. Une ascension qui s’est faite grâce essentiellement aux clients de la banque qui lui ont fait confiance mais aussi à la qualité des services offerts, sans oublier l’expertise des équipes qui ont lancé une offensive sur le marché.
La stratégie portée sur la massification, une agressivité commerciale et une bonne prise de risque donne finalement ses performances que tout le marché salue.
Sur le Top 10, on remarque aussi l’arrivée remarquée de CORIS BANK en 9ème position. Cette institution qui caracolait à la 19ème position en 2018 a su gagner 10 places en 2 ans. L’arrivée d’un nouveau Directeur général en 2019, un homme du sérail bancaire, ancien Directeur général de la Banque de Dakar (BDK) et ancien trésorier de la Banque Régionale des Marchés (BRM), constitue l’explication principale de cette performance. Il a pu bien s’entourer avec une équipe, jeune et ambitieuse et a su ficeler des accords rentables notamment avec des acteurs du secteur Oil and Gas (la SENELEC, la SAR, DER MOND OIL, LOCAFRIQUE, WEST AFRICAN ENERGY, etc.)
Quant au middle market , il s’agit principalement des banques de taille moyenne qui se situent au milieu du tableau et qui font preuve de beaucoup de résilience. On y retrouve la BNDE, la Banque Atlantique, la BDK, le Crédit du Sénégal ou UBA. Ce sont des banques qui font leur bonhomme de chemin avec une croissance certes faible mais stable sur les dernières années.
Le reste, le bottom market , ce sont généralement les 5 dernières du classement. Des banques de taille relativement modeste qui jusque-là peine à percer le marché du fait de problèmes de stratégies mais aussi sans doute d’hommes. Nous pouvons en citer la Banque Outarde, la BIMAO, la BCI et le Crédit International. Toutefois, pour la BIMAO, l’espoir est permis depuis l’arrivée de Mbaye Dione à la tête de cette institution, en atteste son résultat bénéficiaire en 2020. Ces banques doivent se réinventer rapidement en affinant leur stratégie et en revoyant leurs ambitions au risque de s’exposer à des chocs qui pourraient compromettre leur évolution.
Malgré les contretemps conjoncturels notamment avec l’avènement de la Covid 19, la plupart des banques s’adaptent, font preuve de résilience et se réinventent afin de pouvoir continuer à garder leur place sur le marché.
La libéralisation du secteur avec la multiplication d’acteurs favorise la concurrence, cela permet progressivement d’assouplir l’accès au financement et la baisse salutaire du coût du crédit.
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