Entre le fisc et le développement, il y a une relation très ténue. L’un ne peut pas aller sans l’autre. Et cela, le Sénégal l’a très tôt compris. C’est la raison pour laquelle, il a entamé en 2013 une refonte de son système fiscal pour amorcer son développement économique et social. C’est d’ailleurs, la conviction de Mamadou Fall, Kane, Conseiller en Economie, Finance et Investissement à la Présidence de la république du Sénégal.
Selon lui, face à la précarité des ressources alternatives comme l’aide publique au développement et les ressources naturelles, le Sénégal a très tôt pris conscience de l’importance de la mobilisation des recettes fiscales dans le financement du développement.
Mamadou Fall Kane intervenait à la cérémonie d`ouverture des Cycles de Conférences sur «les Stratégies Economiques et Sociales pour accélérer la Croissance et l`Emergence des Pays Africains et ayant pour Enjeux des politiques fiscales dans la transformation économique en Afrique à l’horizon 2025». Cette rencontre se tient à Casablanca, au Maroc à l`initiative de AllAfrica Global Média et Casablanca Média Partners.
La réforme a comme effet immédiat, la réalisation d’un taux de pression fiscal de 18,6% sur la période 2009-2013, soit le plus élevé de l’UEMOA, avec des glissements annuels allant jusqu’à plus de 10%. En 2015, le taux de pression fiscale est attendu à 19,2%. Ce qui a permis au Sénégal aujourd’hui d’arriver à 60% de mobilisation des ressources intérieures dans son budget consolidé d’investissement. Toutefois, Mamadou Fall Kane estime qu’il y a du chemin à faire avec une législation fiscale désuète ou inadaptée pour prendre en charge les problèmes liés aux prix de transfert, au développement de l’économie numérique. De même, une législation fiscale trop généreuse en raison des dépenses fiscales importantes accordées via les régimes dérogatoires comme le Code des investissements, le Code minier et le Code pétrolier ; entre autres.
Mamadou Fall Kane demeure convaincu que pour financer son développement, l’Afrique devra définir une fourchette mobilisation de ses ressources internes et permettre la mise en œuvre d’au moins 70 à 80% de ses programmes et projets de développement avec ces ressources intérieures. Donc, la transformation économique de l’Afrique doit être fondée essentiellement sur des ressources financières mobilisées à l’intérieur des pays dans un premier temps avant de compter sur les ressources extérieures.
Ismaila Ba, envoyé spécial à Casablanca