AGRICULTURE : L’ANIDA prévoit de réaliser 450 fermes agricoles d’ici à 2019

Samedi 4 Août 2018

Dix ans après la première ferme agricole qu’elle a érigée, en 2008, à Djilakh, dans le département de Mbour, l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (ANIDA) a prévu de réaliser encore 450 nouvelles fermes agricoles d’ici à 2019. Au début de l’aventure , la ferme agricole de Djilakh faisait 45 hectares ; aujourd’hui, elle fait 95 hectares, avec un atelier de production laitière. Cette évolution s’est faite sans pour autant que l’Etat ne revienne pour y mettre des ressources budgétaires, a fait remarquer le directeur général de l’ANIDA, El Hadji Malick Sarr, comme pour dire que c’est parce que leur première initiative a été une réussite qu’il a été très facile d’en avoir d’autres.


‘’C’est grâce à l’ouverture et à la coopération avec des partenaires économiques que les fermiers ont pu contracter une convention qui a permis à un investisseur de faire l’extension de la ferme pour l’amener à 95 ha. Si vous voulez mesurer une réussite, un développement, vous l’avez à travers cet indicateur très pertinent. Ensuite, si on reste toujours ici, au moment des récoltes, c’est un gisement de main-d’œuvre’’, a affirmé M. Sarr qui révèle qu’environ 800 femmes travaillent quotidiennement dans la ferme de Djilakh pour la récolte du haricot, le triage, le conditionnement.
 
« En trois années, entre 2017 et 2019, ANIDA doit réaliser 450 fermes alors que de 2008 à 2012, elle n’en a pu réaliser qu’une cinquantaine »

Et au-delà de ceux qui y travaillent, l’impact de cette ferme est visible dans toutes les familles, y compris en termes d’offres alimentaires par l’autoconsommation qui impacte également sur la qualité nutritionnelle des femmes, a-t-il indiqué avant d’ajouter  que : ‘’Si on devrait maintenant aller à l’échelle de l’intervention de  l’ANIDA, cette même croissance notée à Djilakh est notée au plan national. A ce jour, l’Agence est présente dans les 14 régions du pays. En trois années, entre 2017 et 2019, ANIDA doit réaliser 450 fermes alors que de 2008 à 2012, elle n’en a pu réaliser qu’une cinquantaine. C’est une évolution plus qu’exponentielle et toutes les régions vont être couvertes’’, a insisté M. Sarr.

El Hadji Malick Sarr s’exprimait jeudi à la cérémonie de clôture du séjour de sept stagiaires canadiens au niveau de la ferme agricole de Djilakh, dans le département de Mbour, sous la présidence du nouveau sous-préfet de l’arrondissement de Sindia, Ibrahima Ndiaye. Il s’agissait notamment d’une activité de rayonnement qui marque la fin de la deuxième édition du stage de ces jeunes, entrant dans le cadre du Programme Québec sans frontière (QSF), mis en œuvre par le programme Uniterra, en partenariat avec l’ANIDA. La cérémonie a été une occasion de découverte du patrimoine culturel sérère mais aussi canadien par des pratiques culturelles.

L’Agence bénéficie aujourd’hui de la confiance de la Banque mondiale à travers le Pôle de développement Casamance où l’ANIDA s’est vu confier la composante réalisation de fermes.  Elle bénéficie également de la confiance de l’Union européenne (UE) qui vient de financer, en relation avec les coopérations espagnole et italienne, un programme de développement agricole avec comme objectif de réduire la migration clandestine pour une enveloppe de 20 millions d’Euros (13 milliards de FCFA), dans huit régions du Sénégal.

‘’La coopération espagnole qui était là à Djilakh dès le départ va également financer avec la coopération italienne, la réalisation de neuf grandes fermes agricoles. Mais aussi  avec le financement de 107 fermes familiales qui sont en cours de réalisation dans le sud du pays. La coopération italienne nous a confié un programme dénommé PAPSEN pour laquelle la composante réalisation de 50 fermes est confiée à l’ANIDA. Elle vient de nous confier à nouveau dans la région de Kaolack, un programme de réalisation de 15 nouvelles fermes, en
plus de ce que l’Etat du Sénégal donne comme ressources budgétaires annuellement pour la réalisation de nouvelles fermes’’, a précisé El Hadji Malick Sarr.

« La modernisation de l’agriculture est devenue une réalité à travers tout ce que le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural est en train de faire, au titre des programmes et des projets »

D’après lui, l’agriculture sénégalaise est en train de se moderniser pour aller vers des cultures de contre-saison. Là où on faisait une seule campagne pendant l’hivernage, l’agriculture offre, par la maitrise de l’eau et la valorisation des eaux souterraines pour l’irrigation, la possibilité de faire trois campagnes. ‘’C’est cela la croissance, c’est ça l’émergence et c’est ça aussi la transformation structurelle de l’économie. Là où vous faisiez une campagne, vous en faites trois maintenant et là où les revenus étaient autour de 250 000 francs CFA l’année pour l’agriculteur sénégalais, les revenus dépassent aujourd’hui le million de francs. C’est dire donc que la modernisation de l’agriculture est devenue une réalité à travers tout ce que le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural est en train de faire, au titre des programmes et des projets sous la conduite du Dr Papa Abdoulaye Seck’’, a fait noté M. Sarr.

Pour rappel, Uniterra est un programme canadien de coopération volontaire et de développement international, mis en œuvre par le Centre canadien d’étude et de coopération internationale (CECI-EUMC) et vise le renforcement des capacités d’organisations et de réseaux par la mise en commun d’expertises et de savoir-faire. Il contribue ainsi à améliorer les conditions socioéconomiques des communautés locales de 14 pays d’Afrique, d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Asie.

‘’Dans sa phase 3, le programme Uniterra appuie le développement de systèmes de marchés inclusifs afin de s’attaquer aux causes profondes des défaillances du marché et de faciliter la recherche de solutions pour des changements systématiques au sein des marchés’’, a dit Mme Marianne Coulibaly Seck, qui a représenté le directeur pays du CECI, Mouhamadou Lèye, coordonnateur du programme Uniterra qui intervient, au Sénégal, dans des sous-secteurs agricoles à haute valeur ajoutée que sont les filières riz, arachide, maraichage et aviculture.

Selon elle, la mise en œuvre de ce programme permet aussi d’apporter des services spécifiques, à travers le renforcement des capacités des acteurs et actrices stratégiques du marché, pour permettre à des milliers de personnes, dont une majorité de femmes et de jeunes, issus de communautés pauvres et marginalisées, d’améliorer leur bien-être socioéconomique. ‘’En développant des synergies d’actions avec des partenaires stratégiques comme l’ANIDA, Uniterra contribue à l’amélioration, à la fois, de la qualité et de la pertinence des services et facilite ainsi l’accès aux opportunités économiques pour les femmes et les jeunes, principales cibles du programme’’, a expliqué Mme Seck.

Ce stage de 75 jours des jeunes venus du Québec, avait pour objectif de permettre à trente femmes, jeunes et hommes de renforcer leurs compétences entrepreneuriales, afin d’optimiser l’exploitation et la rentabilité de la ferme agricole moderne de Djilakh, de maximiser leurs revenus et d’accroître leur bien-être socioéconomique.

Au cours de leur séjour dans ce village de la commune de Sindia, les stagiaires, en collaboration avec les membres de la ferme, ont mené plusieurs activités de formation théoriques et pratiques permettant d’améliorer leurs compétences et connaissances dans les domaines de l’organisation, de la gestion d’entreprise, de la gestion financière, en commercialisation et marketing, en prospection de marché, etc. Mme Marianne Coulibaly Seck a également rappelé que ce projet prévoit aussi un stage de réciprocité d’un membre de la ferme agricole de Djilakh au Canada. A ce titre, Mme Ami Diouf a été désignée, à l’unanimité, par les autres membres.

Pour l’agent de coordination à l’Ambassade du Canada au Sénégal, Mme Yolande Andrade Cornah,  les programmes de volontariat du gouvernement fédéral du Canada,  contribuent à faire progresser les priorités de la politique d’aide internationale féministe du Canada en matière de développement, visant à éliminer la pauvreté et à bâtir un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère.
 
Elle a salué l’engagement des stagiaires au service des autres, qui ont mis leur expertise et leur expérience au bénéfice des producteurs et productrices de la ferme agricole de Djilakh.

‘’L’agriculture, qui est l’une des activités économiques les plus importantes au Sénégal, touche 60% de la population en majorité rurale. Il est aisément compréhensible que le Sénégal veuille atteindre ses objectifs de développement, en maximisant la contribution des populations rurales, et en misant sur le grand secteur de l’agriculture comme moteur du développement économique’’, a-t-elle dit.

‘’C’est pourquoi je voudrais saluer les interventions de l’ANIDA, qui cherche à promouvoir le développement d’une agriculture moderne à travers le partenariat entre le CECI-EUMC et l’ANIDA, car le but de ces fermes villageoises, c’est de créer des emplois durables dans les métiers de l’agriculture et de lutter ainsi contre le manque de revenus, notamment pour les femmes et les jeunes, et de lutter contre la pauvreté et l’exode rural’’, a soutenu Mme Yolande Andrade Cornah.

Auparavant, le DG de l’ANIDA s’est dit très satisfait et honoré d’apprendre que le Bureau de la Coopération québécoise à Dakar va être érigé en Délégation générale de la Coopération québécoise et que celle-ci va être la première ouverte en territoire africain.

Serigne Makhtar Fall
 
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