Afrique: Décentralisation et gouvernance locale - Quelle est la situation en Afrique ?

Samedi 4 Octobre 2014

Une étude a été menée dans les deux secteurs. Elle a porté sur le bilan de l'aide internationale française à la décentralisation et à la gouvernance locale. Le rapport qui en est issu sera remis ce mois au ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.


Ce rapport dresse un bilan alarmiste de l'évolution de la décentralisation en Afrique. Réalisé par le Centre international pour le développement local (Ciedel) sous le titre : « l'évaluation thématique de l'appui de la France à la décentralisation et la gouvernance locale », pour le compte du Quai d'Orsay, ce rapport indique que la période d'enchantement de la décentralisation - fin des années 1980 et début des années 1990 - grâce à l'aide française, est derrière nous. Elle se traduit par la mise en place d'un cadre de décentralisation et de collectivités territoriales.
Le contexte a radicalement changé. En fonction des pays, Il y a soit un arrêt, soit un recul, soit une pause de la décentralisation. Dans certains pays, le processus serait même « en panne ». La décentralisation ne fait plus partie des priorités des États. En effet, d'autres enjeux se jouent entre le pouvoir central et le pouvoir local. La décentralisation aura permis la « mise en place de nouveaux canaux qui remettent en cause le contrôle de l'État et des politiques, ce qui a engendré une perte sur la rente que constitue l'aide », d'après le vice-président du Conseil des collectivités territoriales de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (CCT-Uemoa), Boubacar Bah.
L'aide française à la décentralisation et à la gouvernance locale a manqué de performance
Le contexte économique de la France y serait pour beaucoup. Selon l'Ocde, entre 2008 et 2012, cette aide s'élevait en moyenne à 4,7 millions d'euros par an, ce qui représentait 0,05% de l'aide publique au développement (APD) dans une enveloppe globale de 9 milliards d'euros. Pour les auteurs du rapport, cette aide représentait entre 14 et 15 millions d'euros par an, soit 0,15% de l'APD. Mais surtout l'utilisation de cette aide qui est remise en cause, à cause des « actions excessivement fragmentées », selon l'auteur du rapport, Christophe Mestre, qui appelle à des réformes pour redynamiser le dispositif française.
En effet, Christophe Mestre pense que les expériences de coopération doivent être « repérées, capitalisées pour développer une expertise nationale et régénérer » la volonté des décideurs. Pendant les premières décennies de la décentralisation, priorité a été donnée à l'amélioration du cadre institutionnel, aujourd'hui ce sont les moyens de fonctionnement des collectivités territoriales qu'il faudrait accroître, mais aussi faire cesser de penser à un modèle unique, y compris le modèle français, et miser plutôt sur des réponses adaptées aux territoires, prenant en compte que la décentralisation peut également être asymétrique. Pour y parvenir, Christophe Mestre invite à « un portage clair et affirmé ».
Le rapport souligne des risques pour la paix et la sécurité
Le recul de la décentralisation, la restriction de l'autonomie locale concédée aux autorités locales, la diminution ou la stagnation des transferts de ressources seraient autant de facteurs qui iraient dans le sens de la rupture du contrat social entre les acteurs locaux et l'État. Des facteurs qui porteraient « le germe d'un éloignement des citoyens de la chose publique d'une montée des mouvements sociaux, voire de l'adhésion de certaines personnes ou groupes à des idéologies extrémistes ou à des mouvements terroristes », souligne le rapport, pour qui « il n'est plus temps de se poser des questions du bien-fondé de la décentralisation », mais de réussir le processus dans la perspective d'une contribution à la paix et à la sécurité.
Pour le secrétaire général des Cités et gouvernements locaux unis- Afrique (CGLU-Afrique), Jean-Pierre Elong Mbassi, « il faut réfléchir à la décentralisation du futur en fonction des enjeux du futur : le développement durable, les femmes, les jeunes ».
Les Dépêches de Brazzaville/allafrica.com
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