Afrique : La croissance de l’emploi ne représente que la moitié de la croissance de la production

Vendredi 19 Janvier 2018

Une croissance soutenue devrait créer des emplois, ce qui favoriserait la réduction de la pauvreté et rendrait la croissance plus inclusive.


Toutefois, souligne le rapport sur les Perspectives économiques en Afrique 2018(PEA) publié par la Banque africaine de développement, les taux de croissance élevés qui ont récemment été enregistrés en Afrique ne se sont pas accompagnés de taux élevés de croissance de l’emploi. Entre 2000 et 2008, l’emploi a augmenté en moyenne annuelle de 2,8 %, soit environ la moitié du taux de croissance économique.
Seuls cinq pays (Algérie, Burundi, Botswana, Cameroun, Burundi et Maroc) ont enregistré une croissance de l’emploi de plus de 4 %. Entre 2009 et 2014, la croissance annuelle de l’emploi a augmenté à 3,1 % en moyenne, malgré une croissance économique plus lente. Mais ce chiffre reste inférieur de 1,4 point de pourcentage à la croissance économique moyenne.
La croissance lente de l’emploi a surtout affecté les femmes et les jeunes (15–24 ans). L’on estime que l’Afrique comptait 226 millions de jeunes en 2015 – un chiffre qui devrait augmenter de 42 % pour atteindre 321 millions en 2030. L’absence de croissance de l’emploi a freiné la réduction de la pauvreté.
Bien que la proportion de personnes pauvres en Afrique soit tombée de 56 % en 1990 à 43 % en 2012, l’incidence numérique de la pauvreté a augmenté. L’inégalité a également augmenté, le coefficient de Gini passant de 0,52 en 1993 à 0,56 en 2008 (la dernière donnée disponible).
L’Afrique deviendra le continent le plus jeune et le plus peuplé au cours des prochaines décennies. Sa population active passera de 620 millions en 2013 à près de 2 milliards en 2063. Un «dividende démographique» pourrait constituer une excellente opportunité pour l’Afrique et le reste du monde, qui devrait connaître d’importantes pénuries de main-d’œuvre.
Mais les progrès technologiques pourraient en réduire la valeur. Face à l’accroissement rapide de la population et aux risques accrus de troubles ou de mécontentement sociaux, la croissance sans emploi est la préoccupation la plus sérieuse des décideurs politiques africains.
Il est impératif de mettre urgemment en œuvre des réformes pour attirer l’investissement étranger direct dans les industries à fort potentiel compétitif et permettre ainsi au secteur privé de créer suffisamment d’« emplois de qualité». Bon nombre de des réussites du continent (pics de croissance non suivis de crises) peuvent servir de source d’inspiration pour les décideurs africains afin d’identifier des moyens qui permettent d’éviter les échecs de décollage.
Les expériences de pays comme l’Île Maurice, l’Éthiopie et le Rwanda fournissent des enseignements utiles pour l’ensemble du continent. Les décollages réussis exigent une croissance de la productivité. Les transferts de main-d’œuvre des secteurs traditionnels, de subsistance et à faible productivité vers les secteurs modernes à forte productivité doivent être un élément clé de l’accélération de la croissance en Afrique.
Pathé TOURE
 
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