Pour la première édition française des conversations "Dialogue pour l'avenir", Nathalie Gabala, responsable régionale de la Fondation Mastercard pour l'Afrique de l'Ouest, du Centre et du Nord, se joint à Amadou Mahtar Ba, co-fondateur et président exécutif de AllAfrica, pour discuter des programmes de résilience de la Fondation sur le continent au lendemain de la pandémie COVID-19.
Quel est l’impact à travers le continent du programme de rétablissement et de résilience de la Covid-19 de la Mastercard Foundation?
Nous avons lancé ce programme de relance et de résilience des économies en mars 2020. Le premier objectif était de répondre à l'urgence sanitaire non seulement avec l'approvisionnement en matériel de santé et sécurité sanitaire, mais aussi en soutenant les travailleurs du secteur de la santé dans les différentes communautés.
Le deuxième objectif était de soutenir la résilience économique des individus et des communautés. Sur ce deuxième objectif nous avons détaillé notre intervention sur trois niveaux. Le premier est un soutien aux PME-PMI qui représentent une grosse partie de l'économie de la plupart des pays africains.
Le deuxième est une contribution au renforcement des solutions digitales dans des secteurs tels que l'enseignement, la santé et le commerce. Le troisième niveau est un apport à la sécurité alimentaire.
Au cours de la pandémie, nous avons remarqué qu'un apport était nécessaire pour le maintien et l'efficacité de certains circuits d'appui alimentaire. Dans ce sens, nous avons approuvé 87 programmes à travers les sept pays dans lesquels nous travaillons en plus de quelques programmes régionaux.
Pour citer quelques exemples, au Sénégal nous avons signé un partenariat avec Téranga Capital afin de soutenir les PME-PMI y compris celles du secteur informel.
Au Ghana, nous avons lancé un programme similaire avec NBSA et aussi un programme de soutien psychologique et de mentorat pour les jeunes en partenariat avec SOLIDARIDAD, ce programme ayant pour but d'aider les jeunes à trouver des sources de revenus alternatives.
L'un de nos plus grands projets régionaux qui est en partenariat avec Africa CDC consiste en l'approvisionnement en tests de dépistage pour les Etats africains mais aussi au déploiement et à la formation de travailleurs de santé communautaire responsables des tests, du traçage et de l'éducation des populations en matière de gestes barrières.
Dans les trois grands projets auxquels vous faites allusions, on note qu'il n' y a que Africa CDC qui est une organisation gouvernementale. S'agit-il d'une stratégie voulue ou est ce simplement par la force des choses ? Est-ce que vos participations vont aller dans les fonds de résilience qui ont été mis en place par les Etats?
Comme je l'ai dit, il y a 87 programmes et je n'en ai cité que trois. Nous travaillons avec d'autres institutions gouvernementales non seulement au niveau national mais aussi régional. C’est le cas du programme de soutien au développement des économies en partenariat avec la CEDEAO. Du fait de la flexibilité de la Mastercard Foundation en matière de choix de partenaires, nous avons la possibilité d'intervenir en fonction des besoins.
Nous travaillons aussi bien avec le secteur public que le secteur privé. Nous travaillons aussi avec les communautés, les groupes de jeunes, les associations et les ONG. L'intérêt pour nous est de toujours être en accord avec les priorités gouvernementales car il est difficile de prétendre avoir de l'impact sans tenir compte de ces priorités.
Nous mettons un point d'honneur à travailler en accord avec les pays dans lesquels nous œuvrons ainsi qu'avec tous les partenaires qui s'inscrivent dans le développement durable
Jusqu'à présent, comment êtes-vous accueillis dans les différents pays? Comment vous sentez-vous dans ces pays?
L'exemple le plus probant à ce sujet est celui du Ghana. Nous tenons à ce que nos partenaires dans le pays travaillent avec humilité tout en sachant que les pays connaissent leurs besoins et que l'engagement avec ces pays doit être dans un but d'autonomisation et qui devra amener à la pérennité de toutes les solutions qui seront développées. Au Ghana, nous sommes en consultation régulière avec les institutions étatiques et nos programmes sont jusqu'ici très bien accueillis. Du fait des valeurs d'humilité et de cocréation de la Mastercard Foundation, nous avons la possibilité de fédérer différents types d’acteurs du secteur privé, public, communautaire pour arriver à des solutions qui aident les populations.
Les jeunes savent ce qu'il faut pour créer des emplois. Il nous faut travailler avec une réelle volonté d'aider, d'apprendre et aussi beaucoup d'humilité afin de pouvoir les soutenir.
Au regard de la propagation de la pandémie de coronavirus et de son impact sur les communautés et sur le monde des affaires par exemple, avez-vous noté des différences significatives d'un pays à un autre ou d'une région à une autre dans la sphère dans laquelle vous évoluez
Nous avons noté plus de similarités que de différences. Ces similarités nous amènent justement à repenser notre stratégie parce que depuis 2019 nous sommes en train d'exécuter un programme essentiel de la Mastercard Foundation qui est la stratégie Young Arica Works.
Suite à la pandémie nous avons dû nous poser la question de savoir si nous devions toujours poursuivre la même stratégie et cela nous a amené à revoir quels sont les points communs des sept pays dans lesquels nous sommes présents. La grande similarité que nous avons identifiée dans ces pays est que les PME et PMI ont besoin de plus de soutien afin d'atteindre leur pleine capacité de développement.
L' accès au financement pour les PME et PMI devient de plus en plus essentiel. Nous avons la possibilité et le devoir de contribuer à l'accélération de l'implémentation des solutions digitales en soutien à l'effort déjà fourni par les gouvernements. Il y a énormément de créativité chez les jeunes, et cela est démontré par le fait qu'on a jamais vu autant d'innovations en Afrique que lors de la période de la COVID-19.
Il est intéressant de noter aussi une réelle envie de consommer local chez les populations africaines. Les gouvernements africains sont en train de mettre les mécanismes en place afin de soutenir les entrepreneurs locaux et favoriser la transformation des matières premières sur le continent. Je suis heureuse aussi de voir qu'on repense les chaines alimentaires et que l'on cherche des solutions pour favoriser l'agriculture pour aller vers l'auto- suffisance alimentaire.
En plus de l'accès aux capitaux, il y a la question de la formation au sein des PME-PMI qui se pose aussi.
Je suis tout à fait d' accord avec vous. Je dirais même que c 'est prioritaire car il ne sert à rien de donner de l'argent si nous ne pouvons pas être certains de son bon usage. À la Mastercard Foundation, nous accordons une importance toute particulière à l'éducation qui est la pierre angulaire de plusieurs de nos programmes.
Aujourd'hui, avec Young Africa Works nous sommes en train de travailler non seulement à l 'accès au financement mais aussi au renforcement des incubateurs d'entreprise et de l'assistance technique aux PME-PMI. Nous planifions aussi de travailler avec les gouvernements au renforcement de l'éducation secondaire et supérieure.
Parlez nous un peu plus du programme Young Africa Works? Ce programme est-il présent dans les pays francophones dans lesquels vous opérez?
Nous l'avons mis en place dans les pays d'Afrique de l'Ouest mais à différents niveaux. Au Sénégal, nous sommes en train de travailler avec le Ministère de l'Éducation Technique et Professionnelle afin de participer à la réforme du système technique et professionnel qui est en cours actuellement. Nous menons une réflexion avec la mise en place de centres qui permettront non seulement de former les jeunes mais surtout de mettre l'accent sur la transition numérique. Aujourd'hui, on se rend compte qu'en plus de la technicité dont les jeunes ont besoin, ils ont également besoin d'être bien préparés au marché de l'emploi et c'est ce à quoi nous allons nous atteler au Sénégal.
Au Ghana, nous travaillons avec le gouvernement sur le renforcement du système éducatif à travers l'inclusion des compétences demandées sur le marché de l'emploi qui sont l'entrepreneuriat, la technicité, les sciences et technologies, l' accès au digital, l'accès aux fondamentaux que sont la numération et l' alphabétisation.
La Mastercard Foundation a récemment publié un rapport sur l'éducation secondaire en Afrique et comment préparer la jeunesse aux métiers de demain. Quelles sont les grandes lignes de ce document que vous pouvez partager avec nous?
Nous avons identifié sept compétences qui sont importantes et qui devraient faire partie de tout curricula de formation en Afrique. En plus de cela, nous parlons de la nécessité de former massivement. Nous avons estimé que l'Afrique atteindra les 10.8 millions d'emplois à combler.
Nous parlons aussi de la nécessité de créer des passerelles entre l'enseignement technique et l'enseignement général qui vont de pair de nos jours. Par ailleurs, nous abordons la capacité d'adaptabilité de nos gouvernements. Dans un contexte d'évolution perpétuelle, il est important de pouvoir s'adapter afin de pouvoir faire face aux nouveaux défis en matière d'éducation. Enfin, nous évoquons la nécessité d'avoir une éducation solidaire et gratuite en fonction des familles. Ceci permettra aux différents gouvernements d'offrir une éducation de qualité et accessible à tous.
Cette gratuité doit s'appliquer au niveau primaire ou secondaire? Parce que l'éducation primaire est normalement gratuite dans beaucoup de pays.
Le focus de notre rapport c'est sur l'éducation secondaire. Un autre point important est l'établissement d'un dialogue entre les secteurs privé et public notamment entre éducateurs et employeurs. Aujourd'hui, il y a une demande qui évolue en parallèle avec le problème des jeunes formés mais qui ne sont pas prêts à l'emploi.
L'Afrique a beaucoup appris de cet te tragédie . L'idée que la pandémie pourrait représenter une opportunité pour le continent d'explorer de nouveaux systèmes plus performants et plus intelligents fait son chemin. Pour cela, il faudra investir massivement dans les infrastructures technologiques pour pouvoir faire du e-learning, e-médicine e-commerce etc. Quelle est votre avis sur cette question ?
Je vais utiliser un terme anglophone (leapfrog) c'est ça que la crise nous démontre. Nos Etats en sont conscients. Honnêtement, avant cette crise, nous avions rarement vu des États réagir de manière aussi rapide pour prendre des mesures visant à favoriser la digitalisation des opérations par exemple. Aussi bien les Etats que les individus ainsi que les institutions privées sont désormais ouverts à l’innovation.*
Vous avez été récemment désignée parmi les 100 femmes les plus influentes du continent. Parlez-nous un peu de votre parcours? Et quel conseil avez-vous pour les jeunes filles ou jeunes femmes qui débutent leur carrière?
J' ai passé la première partie de ma carrière dans le secteur de la finance, dans le monde commercial et puis dans celui du private equity . J' ai passé les dix derrières années dans un fonds d'investissement avant de rejoindre le milieu du développement. J'ai eu une expérience enrichissante qui m'a permis de travailler à travers toute l'Afrique. J'ai fait l'Afrique du Sud, l'Afrique de l'Est, les régions Ouest et Centrale, ce qui m'a permis de voir beaucoup de richesses du continent, la résilience, le potentiel de la jeunesse africaine. En termes de conseil pour les jeunes filles et femmes, je leur dis qu'elles ont le droit de vouloir une famille et une carrière, c'est plus qu'un droit, c'est un devoir car d'autres se sont battus pour le leur conférer. Je leur dirais aussi qu'elles doivent apprendre à établir un réseau familial et professionnel et à déléguer. Elles ne pourront pas y arriver toutes seules.
Allafrica.com
Nous avons lancé ce programme de relance et de résilience des économies en mars 2020. Le premier objectif était de répondre à l'urgence sanitaire non seulement avec l'approvisionnement en matériel de santé et sécurité sanitaire, mais aussi en soutenant les travailleurs du secteur de la santé dans les différentes communautés.
Le deuxième objectif était de soutenir la résilience économique des individus et des communautés. Sur ce deuxième objectif nous avons détaillé notre intervention sur trois niveaux. Le premier est un soutien aux PME-PMI qui représentent une grosse partie de l'économie de la plupart des pays africains.
Le deuxième est une contribution au renforcement des solutions digitales dans des secteurs tels que l'enseignement, la santé et le commerce. Le troisième niveau est un apport à la sécurité alimentaire.
Au cours de la pandémie, nous avons remarqué qu'un apport était nécessaire pour le maintien et l'efficacité de certains circuits d'appui alimentaire. Dans ce sens, nous avons approuvé 87 programmes à travers les sept pays dans lesquels nous travaillons en plus de quelques programmes régionaux.
Pour citer quelques exemples, au Sénégal nous avons signé un partenariat avec Téranga Capital afin de soutenir les PME-PMI y compris celles du secteur informel.
Au Ghana, nous avons lancé un programme similaire avec NBSA et aussi un programme de soutien psychologique et de mentorat pour les jeunes en partenariat avec SOLIDARIDAD, ce programme ayant pour but d'aider les jeunes à trouver des sources de revenus alternatives.
L'un de nos plus grands projets régionaux qui est en partenariat avec Africa CDC consiste en l'approvisionnement en tests de dépistage pour les Etats africains mais aussi au déploiement et à la formation de travailleurs de santé communautaire responsables des tests, du traçage et de l'éducation des populations en matière de gestes barrières.
Dans les trois grands projets auxquels vous faites allusions, on note qu'il n' y a que Africa CDC qui est une organisation gouvernementale. S'agit-il d'une stratégie voulue ou est ce simplement par la force des choses ? Est-ce que vos participations vont aller dans les fonds de résilience qui ont été mis en place par les Etats?
Comme je l'ai dit, il y a 87 programmes et je n'en ai cité que trois. Nous travaillons avec d'autres institutions gouvernementales non seulement au niveau national mais aussi régional. C’est le cas du programme de soutien au développement des économies en partenariat avec la CEDEAO. Du fait de la flexibilité de la Mastercard Foundation en matière de choix de partenaires, nous avons la possibilité d'intervenir en fonction des besoins.
Nous travaillons aussi bien avec le secteur public que le secteur privé. Nous travaillons aussi avec les communautés, les groupes de jeunes, les associations et les ONG. L'intérêt pour nous est de toujours être en accord avec les priorités gouvernementales car il est difficile de prétendre avoir de l'impact sans tenir compte de ces priorités.
Nous mettons un point d'honneur à travailler en accord avec les pays dans lesquels nous œuvrons ainsi qu'avec tous les partenaires qui s'inscrivent dans le développement durable
Jusqu'à présent, comment êtes-vous accueillis dans les différents pays? Comment vous sentez-vous dans ces pays?
L'exemple le plus probant à ce sujet est celui du Ghana. Nous tenons à ce que nos partenaires dans le pays travaillent avec humilité tout en sachant que les pays connaissent leurs besoins et que l'engagement avec ces pays doit être dans un but d'autonomisation et qui devra amener à la pérennité de toutes les solutions qui seront développées. Au Ghana, nous sommes en consultation régulière avec les institutions étatiques et nos programmes sont jusqu'ici très bien accueillis. Du fait des valeurs d'humilité et de cocréation de la Mastercard Foundation, nous avons la possibilité de fédérer différents types d’acteurs du secteur privé, public, communautaire pour arriver à des solutions qui aident les populations.
Les jeunes savent ce qu'il faut pour créer des emplois. Il nous faut travailler avec une réelle volonté d'aider, d'apprendre et aussi beaucoup d'humilité afin de pouvoir les soutenir.
Au regard de la propagation de la pandémie de coronavirus et de son impact sur les communautés et sur le monde des affaires par exemple, avez-vous noté des différences significatives d'un pays à un autre ou d'une région à une autre dans la sphère dans laquelle vous évoluez
Nous avons noté plus de similarités que de différences. Ces similarités nous amènent justement à repenser notre stratégie parce que depuis 2019 nous sommes en train d'exécuter un programme essentiel de la Mastercard Foundation qui est la stratégie Young Arica Works.
Suite à la pandémie nous avons dû nous poser la question de savoir si nous devions toujours poursuivre la même stratégie et cela nous a amené à revoir quels sont les points communs des sept pays dans lesquels nous sommes présents. La grande similarité que nous avons identifiée dans ces pays est que les PME et PMI ont besoin de plus de soutien afin d'atteindre leur pleine capacité de développement.
L' accès au financement pour les PME et PMI devient de plus en plus essentiel. Nous avons la possibilité et le devoir de contribuer à l'accélération de l'implémentation des solutions digitales en soutien à l'effort déjà fourni par les gouvernements. Il y a énormément de créativité chez les jeunes, et cela est démontré par le fait qu'on a jamais vu autant d'innovations en Afrique que lors de la période de la COVID-19.
Il est intéressant de noter aussi une réelle envie de consommer local chez les populations africaines. Les gouvernements africains sont en train de mettre les mécanismes en place afin de soutenir les entrepreneurs locaux et favoriser la transformation des matières premières sur le continent. Je suis heureuse aussi de voir qu'on repense les chaines alimentaires et que l'on cherche des solutions pour favoriser l'agriculture pour aller vers l'auto- suffisance alimentaire.
En plus de l'accès aux capitaux, il y a la question de la formation au sein des PME-PMI qui se pose aussi.
Je suis tout à fait d' accord avec vous. Je dirais même que c 'est prioritaire car il ne sert à rien de donner de l'argent si nous ne pouvons pas être certains de son bon usage. À la Mastercard Foundation, nous accordons une importance toute particulière à l'éducation qui est la pierre angulaire de plusieurs de nos programmes.
Aujourd'hui, avec Young Africa Works nous sommes en train de travailler non seulement à l 'accès au financement mais aussi au renforcement des incubateurs d'entreprise et de l'assistance technique aux PME-PMI. Nous planifions aussi de travailler avec les gouvernements au renforcement de l'éducation secondaire et supérieure.
Parlez nous un peu plus du programme Young Africa Works? Ce programme est-il présent dans les pays francophones dans lesquels vous opérez?
Nous l'avons mis en place dans les pays d'Afrique de l'Ouest mais à différents niveaux. Au Sénégal, nous sommes en train de travailler avec le Ministère de l'Éducation Technique et Professionnelle afin de participer à la réforme du système technique et professionnel qui est en cours actuellement. Nous menons une réflexion avec la mise en place de centres qui permettront non seulement de former les jeunes mais surtout de mettre l'accent sur la transition numérique. Aujourd'hui, on se rend compte qu'en plus de la technicité dont les jeunes ont besoin, ils ont également besoin d'être bien préparés au marché de l'emploi et c'est ce à quoi nous allons nous atteler au Sénégal.
Au Ghana, nous travaillons avec le gouvernement sur le renforcement du système éducatif à travers l'inclusion des compétences demandées sur le marché de l'emploi qui sont l'entrepreneuriat, la technicité, les sciences et technologies, l' accès au digital, l'accès aux fondamentaux que sont la numération et l' alphabétisation.
La Mastercard Foundation a récemment publié un rapport sur l'éducation secondaire en Afrique et comment préparer la jeunesse aux métiers de demain. Quelles sont les grandes lignes de ce document que vous pouvez partager avec nous?
Nous avons identifié sept compétences qui sont importantes et qui devraient faire partie de tout curricula de formation en Afrique. En plus de cela, nous parlons de la nécessité de former massivement. Nous avons estimé que l'Afrique atteindra les 10.8 millions d'emplois à combler.
Nous parlons aussi de la nécessité de créer des passerelles entre l'enseignement technique et l'enseignement général qui vont de pair de nos jours. Par ailleurs, nous abordons la capacité d'adaptabilité de nos gouvernements. Dans un contexte d'évolution perpétuelle, il est important de pouvoir s'adapter afin de pouvoir faire face aux nouveaux défis en matière d'éducation. Enfin, nous évoquons la nécessité d'avoir une éducation solidaire et gratuite en fonction des familles. Ceci permettra aux différents gouvernements d'offrir une éducation de qualité et accessible à tous.
Cette gratuité doit s'appliquer au niveau primaire ou secondaire? Parce que l'éducation primaire est normalement gratuite dans beaucoup de pays.
Le focus de notre rapport c'est sur l'éducation secondaire. Un autre point important est l'établissement d'un dialogue entre les secteurs privé et public notamment entre éducateurs et employeurs. Aujourd'hui, il y a une demande qui évolue en parallèle avec le problème des jeunes formés mais qui ne sont pas prêts à l'emploi.
L'Afrique a beaucoup appris de cet te tragédie . L'idée que la pandémie pourrait représenter une opportunité pour le continent d'explorer de nouveaux systèmes plus performants et plus intelligents fait son chemin. Pour cela, il faudra investir massivement dans les infrastructures technologiques pour pouvoir faire du e-learning, e-médicine e-commerce etc. Quelle est votre avis sur cette question ?
Je vais utiliser un terme anglophone (leapfrog) c'est ça que la crise nous démontre. Nos Etats en sont conscients. Honnêtement, avant cette crise, nous avions rarement vu des États réagir de manière aussi rapide pour prendre des mesures visant à favoriser la digitalisation des opérations par exemple. Aussi bien les Etats que les individus ainsi que les institutions privées sont désormais ouverts à l’innovation.*
Vous avez été récemment désignée parmi les 100 femmes les plus influentes du continent. Parlez-nous un peu de votre parcours? Et quel conseil avez-vous pour les jeunes filles ou jeunes femmes qui débutent leur carrière?
J' ai passé la première partie de ma carrière dans le secteur de la finance, dans le monde commercial et puis dans celui du private equity . J' ai passé les dix derrières années dans un fonds d'investissement avant de rejoindre le milieu du développement. J'ai eu une expérience enrichissante qui m'a permis de travailler à travers toute l'Afrique. J'ai fait l'Afrique du Sud, l'Afrique de l'Est, les régions Ouest et Centrale, ce qui m'a permis de voir beaucoup de richesses du continent, la résilience, le potentiel de la jeunesse africaine. En termes de conseil pour les jeunes filles et femmes, je leur dis qu'elles ont le droit de vouloir une famille et une carrière, c'est plus qu'un droit, c'est un devoir car d'autres se sont battus pour le leur conférer. Je leur dirais aussi qu'elles doivent apprendre à établir un réseau familial et professionnel et à déléguer. Elles ne pourront pas y arriver toutes seules.
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