Afrique du Sud: vers une suspension imminente de l’AGOA

Lundi 4 Janvier 2016

Sauf rebondissement de dernière minute, l’Afrique du Sud devrait être suspendue de l’African Growth Opportunity Act (AGOA) ce jour. Cette suspension interviendrait suite au non-respect de l’ultimatum de 60 jours fixé par le président américain Barack Obama, le 5 novembre passé.


Ce dernier avait ainsi exprimé son exaspération face à Pretoria qui n’avait pas respecté son engagement à ouvrir son marché aux exportations américaines de volailles et de viande de bœuf. Après de longues discussions, ponctuées de menaces relatives au renouvellement de l’AGOA, la nation arc-en-ciel avait décidé de lever les barrières tarifaires qu’elle applique aux volailles en provenance des USA depuis l’an 2000 afin de préserver leur marché du dumping.
Washington et Pretoria s’étaient accordés sur l’entrée en Afrique du Sud d’un quota annuel de 65 000 tonnes de volailles provenant de régions des Etats-unis non affectées par la grippe aviaire. La pomme de discorde, cette fois-ci, est relative aux normes sanitaires sud-africaines. En effet, l’Afrique du Sud exige que la volaille américaine soit certifiée exempte de salmonelle (une bactérie qui est détruite à la cuisson). «Personne ne mange de volaille crue.», rétorque un dirigeant américain qui exprime ainsi la position des USA selon laquelle ces normes ne sont pas basées sur des principes scientifiques.
Autre pierre d’achoppement, la régulation sanitaire relative aux viandes bovines. Si Pretoria a levé, en août dernier, la barrière destinée à protéger son marché de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ou maladie de la vache folle, les importations américaines doivent encore franchir un dernier cap avant d’entrer en Afrique du sud. En effet, le cheptel américain est composé de bovins importés du Mexique et du Canada que Prétoria veut voir exclus des lots dirigés vers son territoire. «Impossible», répondent les Américains à cette requête.
 En Afrique du Sud, cette situation inquiète autant qu’elle divise. Si certains partis politiques comme l’Alliance démocratique (DA) blâment le manque de leadership du ministre sud-africain du commerce, Rob Davies, et son incapacité à résoudre cette crise, la position du responsable reçoit cependant l’approbation de certains acteurs de l’industrie agroalimentaire. Ainsi, indique Kevin Lovell, directeur général de l’association sud-africaine des éleveurs de volailles : «Nous avons de bonnes raisons de ne pas accepter les conditions américaines. Nos volailles contiennent moins de salmonelles que les leurs. Notre position est basée sur des faits scientifiques. L’industrie locale aurait été très très déçue si notre pays avait reculé et revu ses standards à la baisse».
En attendant, Pretoria devra payer le prix de son engagement à maintenir ses standards. En effet, l’AGOA, qui avait été renouvelé en juin dernier, exempte de taxes l’entrée aux USA de plus de 7000 produits provenant de 39 pays d’Afrique subsaharienne. 1/5 des exportations sud-africaines vers les USA bénéficient de ce régime. Les agrumes sud-africains devraient être particulièrement affectés. Ils ont généré 60,2 millions de $ entre janvier et octobre 2015 contre 51,9 millions de $, un an plus tôt. Cependant, les producteurs ont exprimé leur inquiétude. En effet, ils ne pensent pas être en mesure de concurrencer les Péruviens, les Uruguayens et autres Chiliens si l’AGOA venait à être suspendu.
Les USA sont le 3ème partenaire commercial de  l’Afrique du Sud derrière la Chine et l’Allemagne. En 2014, les échanges entre les deux pays s’élevaient à environ 15,5 milliards de dollars.
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