Amadou Kane, ancien ministre de l"Economie et des Finances
Dans sa communication, à la conférence inaugurale de l’Assemblée générale de la Fanaf dont le thème est : Risque systémique : « Assurance et résilience M. Kane soutient que ce thème est on ne peut plus actuel au regard du contexte mondial si tourmenté avec les conflits en cours, les conséquences de la crise du Covid-19, l’accentuation des fractures sociales, la crise climatique qui menace, sans parler de l’augmentation des cybers risques !
« Venant du secteur de la banque et faisant mes premiers pas dans le monde de l’Assurance, vous comprendrez aisément que ma première réaction a été de comparer ces deux sphères de la finance. Je n’apprendrai pas grand-chose aux distingués et avertis auditeurs que vous êtes, en disant que le modèle économique de la banque diffère assez sensiblement de celui de l’industrie de l’assurance et de la réassurance : - les banques financent leurs prêts à moyen et long terme par des ressources à plus court terme », a déclaré M. Kane qui se présente comme ayant débuté sa carrière dans le secteur des assurances.
Il a relevé que les assureurs fonctionnent en mode « inversion du cycle économique » c’est-à-dire que les primes sont encaissées avant paiement des sinistres éventuels et connaissance réelle de leur coût.
«Les marges de solvabilité sont plus confortables dans le secteur de l’assurance et notamment dans la réassurance ; - les assureurs et réassureurs disposent d'actifs réglementés, plutôt liquides, de sorte qu’ils soient à même de faire face à tout moment à des engagements incertains ; - etc… Ainsi, faiblement endettée, peu exposée au risque de liquidité du fait de ce cycle de production inversé et de la réglementation du secteur, moyennement soumise au risque de contagion avec une réassurance qui ne représente que 5,1% de ses primes, l’industrie de l’assurance est peu « suspecte » de pouvoir être à l’origine d’un risque systémique », note M. Kane. Surtout si on définit selon lui, ce risque systémique comme étant « la probabilité d’occurrence d’un dysfonctionnement, qui, par réactions en chaine, finit par paralyser une très grande partie du dispositif financier dans une vaste zone du monde par le biais des engagements croisés, première étape avant des faillites en chaine par effet de domino.
«Mais attention qu’en dédouanant ainsi d’emblée le secteur des assurances, je garde à l’esprit que le monde a eu des sueurs froides en 2008 lors de la débâcle de Aig (American international group) qui n’a dû son salut qu’à l’injection de 182 milliards de dollars par le gouvernement américain ! », a expliqué Amadou Kane. Selon lui, c’est probablement en cela que le Conseil de stabilité financière (Csf) estime que les secteurs de l’assurance et de la réassurance devraient être considérés, même si à un degré moindre que les banques, comme sources possibles de risque systémique. Il a rappelé que la dernière grande crise systémique de 2007/2011 n’avait pas beaucoup impacté notre continent. En effet la base de cette crise c’étaient les subprimes et celles-ci étaient quasi-inexistantes dans nos marchés émergents et très peu sophistiqués). «Ce qui parait, en revanche, beaucoup plus évident, - et là nous sommes au cœur du thème de notre panel - ce seraient les conséquences d’une vaste crise financière sur les sociétés d’assurances. Cette crise, en effet aurait un impact direct sur leurs bilans tant à l’actif qu’au passif du fait de l’effondrement des cours des actions et ses effets sur les fonds qu’elles détiennent, de la chute de l’immobilier ou encore des pertes sur les produits financiers ou autres produits dérivés », a confié Amadou Kane.
Il a indiqué que l’organisation verticale et hiérarchique de l’industrie de l’assurance (assureurs-réassureurs-rétrocessionnaires) favoriserait la mutualisation, limiterait les effets de propagation et ferait donc de cette sphère financière une force stabilisatrice qui renforcerait sa propre résilience. Après avoir examiné si l’industrie des assurances pouvait être ou non à l’origine d’une crise systémique, après avoir jaugé l’impact sur cette industrie d’une crise systémique générée par des causes qui lui sont externes, il conviendrait à son avis que les exposés et échanges de ces rencontres de la Fanaf apprécient ce que l’Assurance pourrait représenter comme facteur de mitigation des conséquences d’une telle crise voire de stabilisation du système économique dans son ensemble.
Bassirou MBAYE
« Venant du secteur de la banque et faisant mes premiers pas dans le monde de l’Assurance, vous comprendrez aisément que ma première réaction a été de comparer ces deux sphères de la finance. Je n’apprendrai pas grand-chose aux distingués et avertis auditeurs que vous êtes, en disant que le modèle économique de la banque diffère assez sensiblement de celui de l’industrie de l’assurance et de la réassurance : - les banques financent leurs prêts à moyen et long terme par des ressources à plus court terme », a déclaré M. Kane qui se présente comme ayant débuté sa carrière dans le secteur des assurances.
Il a relevé que les assureurs fonctionnent en mode « inversion du cycle économique » c’est-à-dire que les primes sont encaissées avant paiement des sinistres éventuels et connaissance réelle de leur coût.
«Les marges de solvabilité sont plus confortables dans le secteur de l’assurance et notamment dans la réassurance ; - les assureurs et réassureurs disposent d'actifs réglementés, plutôt liquides, de sorte qu’ils soient à même de faire face à tout moment à des engagements incertains ; - etc… Ainsi, faiblement endettée, peu exposée au risque de liquidité du fait de ce cycle de production inversé et de la réglementation du secteur, moyennement soumise au risque de contagion avec une réassurance qui ne représente que 5,1% de ses primes, l’industrie de l’assurance est peu « suspecte » de pouvoir être à l’origine d’un risque systémique », note M. Kane. Surtout si on définit selon lui, ce risque systémique comme étant « la probabilité d’occurrence d’un dysfonctionnement, qui, par réactions en chaine, finit par paralyser une très grande partie du dispositif financier dans une vaste zone du monde par le biais des engagements croisés, première étape avant des faillites en chaine par effet de domino.
«Mais attention qu’en dédouanant ainsi d’emblée le secteur des assurances, je garde à l’esprit que le monde a eu des sueurs froides en 2008 lors de la débâcle de Aig (American international group) qui n’a dû son salut qu’à l’injection de 182 milliards de dollars par le gouvernement américain ! », a expliqué Amadou Kane. Selon lui, c’est probablement en cela que le Conseil de stabilité financière (Csf) estime que les secteurs de l’assurance et de la réassurance devraient être considérés, même si à un degré moindre que les banques, comme sources possibles de risque systémique. Il a rappelé que la dernière grande crise systémique de 2007/2011 n’avait pas beaucoup impacté notre continent. En effet la base de cette crise c’étaient les subprimes et celles-ci étaient quasi-inexistantes dans nos marchés émergents et très peu sophistiqués). «Ce qui parait, en revanche, beaucoup plus évident, - et là nous sommes au cœur du thème de notre panel - ce seraient les conséquences d’une vaste crise financière sur les sociétés d’assurances. Cette crise, en effet aurait un impact direct sur leurs bilans tant à l’actif qu’au passif du fait de l’effondrement des cours des actions et ses effets sur les fonds qu’elles détiennent, de la chute de l’immobilier ou encore des pertes sur les produits financiers ou autres produits dérivés », a confié Amadou Kane.
Il a indiqué que l’organisation verticale et hiérarchique de l’industrie de l’assurance (assureurs-réassureurs-rétrocessionnaires) favoriserait la mutualisation, limiterait les effets de propagation et ferait donc de cette sphère financière une force stabilisatrice qui renforcerait sa propre résilience. Après avoir examiné si l’industrie des assurances pouvait être ou non à l’origine d’une crise systémique, après avoir jaugé l’impact sur cette industrie d’une crise systémique générée par des causes qui lui sont externes, il conviendrait à son avis que les exposés et échanges de ces rencontres de la Fanaf apprécient ce que l’Assurance pourrait représenter comme facteur de mitigation des conséquences d’une telle crise voire de stabilisation du système économique dans son ensemble.
Bassirou MBAYE