L'économie américaine serait-elle en passe d'accélérer ? On pourrait le penser, après l'annonce d'une croissance plus forte que prévu cet été. Elle a atteint 3,5% en rythme annuel, au troisième trimestre, au lieu des 3% attendus.
Les Etats-Unis, où le chômage est au plus bas (moins de 6% de la population active), seraient donc sur la voie d'une expansion à vive allure. Rien à voir avec la stagnation de la zone euro, qui flirte avec la déflation. La Fed aurait donc eu raison d'annoncer mercredi soir l'arrêt des mesures monétaires non conventionnelles de soutien à l'économie.
Un bilan pas si flatteur
A regarder les chiffres de plus près, le bilan apparaît moins flatteur. D'abord, en dépit de ces chiffres très élevés du troisième trimestre -à tout le moins en regard avec la situation européenne- la hausse du PIB ne devrait guère dépasser 2% en volume cette année. Pas de quoi pavoiser en regard des performances habituelles de l'économie américaine en phase de reprise, qui tangentent souvent les 4%.
En outre, le rebond du troisième trimestre tient beaucoup à une forte hausse des dépenses publiques de Défense -assimilées à l'investissement. Ces dépenses contribuent pour plus 20% à la croissance de ces trois mois. Il ne fait guère de doute qu'elles ne se renouvelleront pas tous les trimestres.
Le commerce extérieur s'est bien tenu également, contribuant pour près de 40% à la croissance, grâce à une hausse des exportations et une baisse des importations. Mais là aussi, cette tendance est fragile.
Une consommation fragile
Quant à la consommation, elle a augmenté sur un rythme annuel de 1,8%. Là aussi, ce chiffre peut paraître favorable, eu égard aux « standards » européens, mais il est faible pour les Etats-Unis. Si ce chiffre se confirme sur l'ensemble de l'année 2014, ce sera l'une des plus faibles hausse de la consommation depuis 15 ans, crise de 2008-2009 mise à part.
Une vraie rupture s'est produite dans le rythme de la consommation américaine depuis la crise. Elle peut être reliée à l'envolée des inégalités de revenus. Depuis 2010, la quasi-totalité de la hausse des revenus est accaparée par une infime partie de la population -1% des ménages, les plus aisés, une minorité qui ne peut évidemment consommer indéfiniment. Elle contribue donc à la hausse du taux d'épargne constaté (il a atteint 5,5% au troisième trimestre, là aussi un taux élevé en regard des moyennes américaines).
Gaz de schiste et faibles salaires
Ce qui soutient notamment la croissance américaine, c'est une reprise industrielle, marquée dans les Etats du sud, fondée sur une énergie bon marché -gaz de schiste, pétrole non conventionnel- et des salaires très faibles. Le smic américain a vu son pouvoir d'achat baisser de 33% depuis 1968!
Latribune.fr
Les Etats-Unis, où le chômage est au plus bas (moins de 6% de la population active), seraient donc sur la voie d'une expansion à vive allure. Rien à voir avec la stagnation de la zone euro, qui flirte avec la déflation. La Fed aurait donc eu raison d'annoncer mercredi soir l'arrêt des mesures monétaires non conventionnelles de soutien à l'économie.
Un bilan pas si flatteur
A regarder les chiffres de plus près, le bilan apparaît moins flatteur. D'abord, en dépit de ces chiffres très élevés du troisième trimestre -à tout le moins en regard avec la situation européenne- la hausse du PIB ne devrait guère dépasser 2% en volume cette année. Pas de quoi pavoiser en regard des performances habituelles de l'économie américaine en phase de reprise, qui tangentent souvent les 4%.
En outre, le rebond du troisième trimestre tient beaucoup à une forte hausse des dépenses publiques de Défense -assimilées à l'investissement. Ces dépenses contribuent pour plus 20% à la croissance de ces trois mois. Il ne fait guère de doute qu'elles ne se renouvelleront pas tous les trimestres.
Le commerce extérieur s'est bien tenu également, contribuant pour près de 40% à la croissance, grâce à une hausse des exportations et une baisse des importations. Mais là aussi, cette tendance est fragile.
Une consommation fragile
Quant à la consommation, elle a augmenté sur un rythme annuel de 1,8%. Là aussi, ce chiffre peut paraître favorable, eu égard aux « standards » européens, mais il est faible pour les Etats-Unis. Si ce chiffre se confirme sur l'ensemble de l'année 2014, ce sera l'une des plus faibles hausse de la consommation depuis 15 ans, crise de 2008-2009 mise à part.
Une vraie rupture s'est produite dans le rythme de la consommation américaine depuis la crise. Elle peut être reliée à l'envolée des inégalités de revenus. Depuis 2010, la quasi-totalité de la hausse des revenus est accaparée par une infime partie de la population -1% des ménages, les plus aisés, une minorité qui ne peut évidemment consommer indéfiniment. Elle contribue donc à la hausse du taux d'épargne constaté (il a atteint 5,5% au troisième trimestre, là aussi un taux élevé en regard des moyennes américaines).
Gaz de schiste et faibles salaires
Ce qui soutient notamment la croissance américaine, c'est une reprise industrielle, marquée dans les Etats du sud, fondée sur une énergie bon marché -gaz de schiste, pétrole non conventionnel- et des salaires très faibles. Le smic américain a vu son pouvoir d'achat baisser de 33% depuis 1968!
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