Lors du sommet annuel du Forum Économique Mondial de Davos, Walter Kielholz, président de Swiss Re, et l’ancien Premier ministre britannique Gordon Brown ont encouragé la création d’un nouveau type d’actifs pour les infrastructures – ainsi que nous l’avions déjà fait précédemment. Donc, comment le monde peut-il exploiter au mieux ce potentiel qu’offre l’argent privé dans les infrastructures ?
La taille du gâteau est gigantesque, tout comme le sont les opportunités pour les investisseurs privés. Le portefeuille de projets d’infrastructure dans les marchés émergents aurait dépassé mille milliards de dollars – dont 150 milliards de dollars doit provenir de sources privées. Dans les marchés matures, les investissements dans les infrastructures devraient atteindre quatre mille milliards de dollars en 2017.
Notre analyse des investissements couvre les dix-huit derniers mois et montre que les partenariats public-privé se tournent de plus en plus vers les marchés de capitaux pour trouver des fonds, même si les banques ont resserré leur politique de crédit afin de respecter les provisions règlementaires établies par le troisième accord de Bâle. Les liquidités restent limitées après la crise financière de 2008 qui a entrainé un régime règlementaire peu propice aux investissements à long terme. Si les investissements dans les infrastructures publiques ont retrouvé leur niveau de 2008, seule une part réduite de ce financement concerne de nouveaux projets. La plupart des fonds ont été consacrés à des infrastructures déjà existantes – des investissements jugés relativement sûrs, puisqu’ils impliquent peu ou pas de risque de construction et ont fait la preuve de leur potentiel à générer des revenus liquides stables.
Pour surmonter ces obstacles à l’investissement, nous proposons la création d’un type d’actifs que nous appellerons « d’achat et de conservation ». Ces actifs se placeraient entre les traditionnels investissements par emprunt et ceux par actions : les investisseurs pourraient conserver leurs participations pendant quinze ans ou plus. Les retours sur investissement seraient proches de ceux des investissements en fonds propres, mais avec une part des risques atténuée par le long terme de l’échéance.
Les risques pourraient aussi être atténués par la participation d’investisseurs importants et influents, comme les fonds souverains, les fonds de pension, et éventuellement les institutions financières internationales. Les contributions publiques, qui pourraient être soutenues par des prêteurs multilatéraux, leur octroieraient un profil proche de celui des risques souverains. Enfin, la nature régulée des flux de liquidités permettrait de meilleures structures pré-définies de retours que ceux proposés par les titres de participation ou d’emprunt classiques.
Le développement de titres dits d’achat et de conservation nécessiterait une nouvelle plateforme d’investissements du secteur privé, structurée de manière à personnaliser les retours en fonction de ses participants. Le secteur privé proposerait son expertise en matière d’investissements dans les infrastructures, tandis que les fonds souverains et les institutions financières internationales fourniraient la plus grosse part du capital et la stabilité. Naturellement, cette plateforme se spécialiserait dans des projets dotés de garanties de trésorerie et contractuelles (par exemple, adossées à une combinaison de stratégies d’atténuation des risques) sur vingt à trente ans.
Mais ce nouveau type de titres ne serait pas adapté à tous les projets d’infrastructures. Les plus appropriés seraient les actifs physiques irremplaçables ou essentiels à l’économie d’un pays. Les actifs dotés d’avantages concurrentiels, de protections contre l’inflation, d’une perméabilité limitée au cycle économique, et d’une trésorerie précise et à long terme sont aussi pertinents.
Idéalement, la plateforme d’investissement va constituer un portefeuille de projets durables en mettant en place une structure financée par le secteur privé qui ne dépende pas uniquement des gouvernements ou des institutions financières internationales pour raviver le marché. La plateforme agirait non seulement comme un vecteur d’investissements, mais aussi comme un initiateur de projets, d’opportunités minières partout dans le monde, pour les identifier et les classer selon une approche systématique. Tous les sites seront étudiés, qu’ils soient vierges ou requalifiés.
La plateforme produirait son propre capital, et toute l’expertise technique, opérationnelle, et de gestion nécessaires au classement de ces projets selon les risques, ce qui permettrait de créer des indices que les investisseurs pourraient analyser. Dans le cas de projets jugés sûrs, la plateforme pourrait agir comme catalyseur pour les investissements à long terme typiques des fonds de pension et des investisseurs institutionnels.
Bien conçu, ce nouveau type d’actifs d’achats et de conservation pour les infrastructures privées et publiques pourrait libérer les forces du marché dans l’intérêt du bien public. Compte tenu des contraintes, notamment budgétaires, auxquelles les gouvernements sont soumis, il ferait œuvre utile.
Justin Yifu Lin, ancien chef économiste et vice-président de la Banque Mondiale, est professeur et doyen honoraire de l’Ecole nationale du développement de l’université de Pékin, et directeur fondateur du Centre de recherche économique de la Chine. Kevin Lu est professeur à l’initiative placements privés globaux de l’INSEAD et directeur exécutif chez Partners Group, société mondiale de placements privés. Cledan Mandri-Perrott est gestionnaire par intérim de la plateforme Finance Infrastructure de la Banque Mondiale à Singapour.
La taille du gâteau est gigantesque, tout comme le sont les opportunités pour les investisseurs privés. Le portefeuille de projets d’infrastructure dans les marchés émergents aurait dépassé mille milliards de dollars – dont 150 milliards de dollars doit provenir de sources privées. Dans les marchés matures, les investissements dans les infrastructures devraient atteindre quatre mille milliards de dollars en 2017.
Notre analyse des investissements couvre les dix-huit derniers mois et montre que les partenariats public-privé se tournent de plus en plus vers les marchés de capitaux pour trouver des fonds, même si les banques ont resserré leur politique de crédit afin de respecter les provisions règlementaires établies par le troisième accord de Bâle. Les liquidités restent limitées après la crise financière de 2008 qui a entrainé un régime règlementaire peu propice aux investissements à long terme. Si les investissements dans les infrastructures publiques ont retrouvé leur niveau de 2008, seule une part réduite de ce financement concerne de nouveaux projets. La plupart des fonds ont été consacrés à des infrastructures déjà existantes – des investissements jugés relativement sûrs, puisqu’ils impliquent peu ou pas de risque de construction et ont fait la preuve de leur potentiel à générer des revenus liquides stables.
Pour surmonter ces obstacles à l’investissement, nous proposons la création d’un type d’actifs que nous appellerons « d’achat et de conservation ». Ces actifs se placeraient entre les traditionnels investissements par emprunt et ceux par actions : les investisseurs pourraient conserver leurs participations pendant quinze ans ou plus. Les retours sur investissement seraient proches de ceux des investissements en fonds propres, mais avec une part des risques atténuée par le long terme de l’échéance.
Les risques pourraient aussi être atténués par la participation d’investisseurs importants et influents, comme les fonds souverains, les fonds de pension, et éventuellement les institutions financières internationales. Les contributions publiques, qui pourraient être soutenues par des prêteurs multilatéraux, leur octroieraient un profil proche de celui des risques souverains. Enfin, la nature régulée des flux de liquidités permettrait de meilleures structures pré-définies de retours que ceux proposés par les titres de participation ou d’emprunt classiques.
Le développement de titres dits d’achat et de conservation nécessiterait une nouvelle plateforme d’investissements du secteur privé, structurée de manière à personnaliser les retours en fonction de ses participants. Le secteur privé proposerait son expertise en matière d’investissements dans les infrastructures, tandis que les fonds souverains et les institutions financières internationales fourniraient la plus grosse part du capital et la stabilité. Naturellement, cette plateforme se spécialiserait dans des projets dotés de garanties de trésorerie et contractuelles (par exemple, adossées à une combinaison de stratégies d’atténuation des risques) sur vingt à trente ans.
Mais ce nouveau type de titres ne serait pas adapté à tous les projets d’infrastructures. Les plus appropriés seraient les actifs physiques irremplaçables ou essentiels à l’économie d’un pays. Les actifs dotés d’avantages concurrentiels, de protections contre l’inflation, d’une perméabilité limitée au cycle économique, et d’une trésorerie précise et à long terme sont aussi pertinents.
Idéalement, la plateforme d’investissement va constituer un portefeuille de projets durables en mettant en place une structure financée par le secteur privé qui ne dépende pas uniquement des gouvernements ou des institutions financières internationales pour raviver le marché. La plateforme agirait non seulement comme un vecteur d’investissements, mais aussi comme un initiateur de projets, d’opportunités minières partout dans le monde, pour les identifier et les classer selon une approche systématique. Tous les sites seront étudiés, qu’ils soient vierges ou requalifiés.
La plateforme produirait son propre capital, et toute l’expertise technique, opérationnelle, et de gestion nécessaires au classement de ces projets selon les risques, ce qui permettrait de créer des indices que les investisseurs pourraient analyser. Dans le cas de projets jugés sûrs, la plateforme pourrait agir comme catalyseur pour les investissements à long terme typiques des fonds de pension et des investisseurs institutionnels.
Bien conçu, ce nouveau type d’actifs d’achats et de conservation pour les infrastructures privées et publiques pourrait libérer les forces du marché dans l’intérêt du bien public. Compte tenu des contraintes, notamment budgétaires, auxquelles les gouvernements sont soumis, il ferait œuvre utile.
Justin Yifu Lin, ancien chef économiste et vice-président de la Banque Mondiale, est professeur et doyen honoraire de l’Ecole nationale du développement de l’université de Pékin, et directeur fondateur du Centre de recherche économique de la Chine. Kevin Lu est professeur à l’initiative placements privés globaux de l’INSEAD et directeur exécutif chez Partners Group, société mondiale de placements privés. Cledan Mandri-Perrott est gestionnaire par intérim de la plateforme Finance Infrastructure de la Banque Mondiale à Singapour.