Énergie : Le rapport Annan veut des investissements lourds

Mardi 9 Juin 2015

Pour doper la croissance africaine le rapport Annan suggère aux États africains de mettre le paquet en investissant davantage dans le secteur énergétique.


Le rapport Annan est sans équivoque.  Si le continent veut libérer ses potentialités, les gouvernements africains, les investisseurs et les institutions financières internationales doivent augmenter de manière significative leurs investissements dans le secteur énergétique  de l’Afrique afin de  libérer  son potentiel de superpuissance en matière  de faibles émissions de carbone.
Tel est le message central d'un nouveau rapport, «Énergie, Population, Planète : Saisir les opportunités énergétiques et climatiques de l’Afrique »,  publié par  l’Africa Progress Panel de  Kofi Annan. Ce rapport appelle à multiplier par dix la production actuelle d'énergie afin de garantir à tous les Africains  l’accès à l'électricité d'ici 2030. Cela réduirait la pauvreté et les inégalités, stimulerait la croissance.
« Nous rejetons catégoriquement l'idée selon laquelle l'Afrique doit choisir entre la croissance économique  et un développement à faible émission de carbone », a déclaré Kofi Annan, président de l'Africa Progress Panel. « L'Afrique doit utiliser tous ses atouts énergétiques à court terme, tout en construisant les fondations d'une infrastructure énergétique à faible émission de carbone et compétitive. »
En Afrique subsaharienne, 621 millions de personnes n'ont pas accès à l'électricité, et ce nombre   augmente.  Mis à part  l'Afrique du Sud, qui produit à elle seule la moitié de l'électricité de toute la région, l'Afrique subsaharienne utilise moins d'électricité que l'Espagne. Un Tanzanien mettrait, en moyenne, huit ans pour consommer autant d'électricité qu'un Américain en un mois. Une personne qui utilise sa bouilloire électrique  deux fois par jour au Royaume-Uni consomme en un an  cinq fois plus d'électricité qu'un Éthiopien au cours de la même année.
Le rapport révèle que les  ménages vivant avec moins de 2,50  dollars US par jour dépensent collectivement 10 milliards de dollars chaque année en produits  énergétiques, tels que le charbon, le kérosène, les bougies et les torches. Sur une base unitaire, les  ménages  les plus pauvres d'Afrique dépensent environ 10 dollars/kWh pour l’éclairage, soit 20 fois plus que les ménages africains les plus riches. En comparaison, le coût national moyen de l'électricité est de 0,12 dollars/kWh aux États-Unis et de 0,15 dollars/kWh au Royaume-Uni.
De même le rapport  encourage les dirigeants africains  à  entreprendre une révolution énergétique qui permettra de raccorder les populations au réseau électrique  et de répondre aux besoins des consommateurs, des entreprises et des investisseurs pour une électricité abordable et fiable.
Le rapport met au défi les gouvernements africains et leurs partenaires internationaux d'élever le niveau  d’ambition  à l’occasion du sommet  crucial sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre et en appelle à une réforme globale du système de financement climatique fragmenté et doté de ressources
 
« En refusant de prendre des risques et en attendant que d'autres fassent le premier pas, certains gouvernements jouent au poker avec la planète et la vie des générations futures. L'heure n'est pas aux faux-fuyants, aux intérêts personnels à court terme ni aux ambitions  réduites, mais plutôt à un leadership mondial audacieux et à  l’action décisive », conclu Kofi Annan.
Pathé TOURE
 
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