FFI : Mamadou Goita Directeur exécutif de l’IRPAD/Afrique « Il faut comprendre le phénomène des flux financiers illicites pour le combattre »

Mercredi 7 Octobre 2015

Dans l’entretien qu’il a accordé à LEJECOS.COM, Mamadou Goita Directeur exécutif de l’Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement en Afrique (IRPAD/Afrique) basé à Bamako se prononce sur les conséquences des flux financiers illicites(FFI) en Afrique, la façon de combattre ce phénomène. Il tire également le bilan des actions de l’IRPAD.


Mamadou Goita Directeur exécutif de l’Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement en Afrique (IRPAD/Afrique)
Mamadou Goita Directeur exécutif de l’Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement en Afrique (IRPAD/Afrique)
Bilan des actions de l’IRPAD ?
Comme son nom l’indique l’Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement en Afrique (IRPAD/Afrique), qui est basé à Bamako, fait de la recherche sur différentes thématiques notamment sur les questions économiques, financières mais aussi sur tout ce qui concerne l’élevage et la pêche, l’éducation etc. C’est un entonnoir de recherche et d’action parce que nous travaillons beaucoup avec les organisations paysannes et de la société civile. Nous avons mené plusieurs types d’études. Actuellement nous avons coordonné au niveau des cinq pays de la sous-région (Burkina Faso, Niger, Guinée, Mali et Mauritanie) des études et de la recherche avec des universités sur les flux financiers illicites. Nous engagerons un autre processus très bientôt et qui consiste à faire une étude approfondie des politiques de gestion des ressources naturelles qui va aboutir à la formation des parlementaires du Sénégal, du Niger et du Mali, mais aussi d’organiser des visites d’échanges sur cette problématique pour que les parlementaires qui sont des décideurs, puissent des mesures et des textes de loi qui puissent répondre aux besoins des communautés. Nous allons aussi former des journalistes. Il y aura cinq journalistes par pays, donc 15 journalistes, qui vont venir dans un des trois pays (nous n’avons pas décidé pour le moment) pour faire une formation pour qu’ils puissent avoir une vue d’ensemble du phénomène afin qu’ils aient les instruments pour faire les investigations au niveau de la gestion des ressources naturelles de leur pays. Et au-delà, chaque pays va organiser des débats publics. Cette campagne qu’on va lancer aujourd’hui va être le chapeau de toutes ces actions que nous sommes en train de mener au niveau de ces pays. D’autre part, nous sommes en train de travailler sur beaucoup de documents de population mais aussi nous participons à des équipes comme cette équipe de l’Union Africaine qui a travaillé sur les flux financiers illicites. Nous avons aussi participé à des équipes qui ont travaillé sur les investissements dans l’agriculture par exemple au niveau de la FAO. Personnellement au nom de l’IRPAD, nous allons publier  des rapports mondiaux qui donnent l’état des lieux d’une situation ou les perspectives qu’on peut dessiner au niveau de notre continent. Voila certaines choses que nous menons au niveau de l’IRPAD avec beaucoup d’actions de formation puisque nous avons un centre de formation.
Conséquences des flux financiers illicites en Afrique?
Elles sont énormes. Je l’ai souligné dans le panel. 50 milliards de dollars ont été identifiés dans le rapport qui a été commandité (NDLR : Rapport du groupe de haut niveau sur les flux financiers illicites en Afrique) et qui indique bien que ces sommes sont supérieures à tous les montants des investissements que l’Afrique reçoit de l’extérieur. Cela veut dire quoi ? Les 50 milliards de dollars dépassent de loin tous les projets cumulés en Afrique (projets agricoles, projets d’infrastructures etc.). Si vous prenez 50 milliards de dollars et que vous preniez le coût moyen d’un hôpital de luxe de la sous région avec 2 ou 2,5 milliards de FCFA à peu près, vous vous rendez compte que 50 milliards de dollars que vous multipliez par 500 FCFA, combien d’hôpitaux, d’écoles on peut créer, combien de personnes peuvent avoir accès à la santé avec ce montant. Donc, il y a un phénomène qui peut anéantir les efforts d’investissement et de développement dans nos différents Etats.
Comment lutter contre les flux financiers illicites en Afrique ?
D’abord il faut comprendre le phénomène parce qu’il n’est pas bien compris. Cela aide à trouver les voies et moyens à le contrecarrer. Un pays qui a des textes suffisamment clairs, qui criminalise les sorties de ressources et qui met un dispositif de contrôle dans les zones minières peut éviter le phénomène des flux financiers illicites. Ensuite il faut une éducation très forte des populations mais aussi et surtout de l’Etat. Tout appareil de l’Etat qui se rend complice de flux financiers illicites doit être considéré comme un ennemi de l’Etat. Les sources qui permettent d’avoir ces flux financiers illicites sont les fraudes au niveau commercial c’est-à-dire qu’on baisse les prix sur le marché international dans l’optique de gagner de l’argent supplémentaire, on refuse de payer les impôts. Donc les services des impôts doivent être outillés pour pouvoir déterminer les chiffres d’affaires que font les entreprises pour pouvoir taxer convenablement, d’éviter à ce qu’on corrompre les agents de l’Etat pour ne pas payer les taxes. Les questions des exonérations doivent être contrôlées scrupuleusement dans nos Etats. Parce que c’est à travers les exonérations que les gens utilisent beaucoup de stratégies pour faire des flux financiers illicites.
Entretien réalisé par Ismaila BA
 
 
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