Cette crise s'était produite lorsque le transport maritime de conteneurs s'est avéré incapable de soutenir la reprise des échanges internationaux à partir de la fin de l'année 2020. Les fermetures d'installations dues à la COVID-19 et le manque de personnel dans les ports ont contraint les navires à rester à quai pendant des jours, voire des semaines, avant de décharger leur cargaison, ce qui a eu pour effet de réduire le nombre de porte-conteneurs disponibles pour le transport de marchandises. La concurrence pour les créneaux horaires des navires a immédiatement fait grimper en flèche les tarifs d'expédition : le coût a été multiplié par huit sur les itinéraires entre l'Asie et l'Europe ou l'Amérique du Nord par rapport à 2019.
La source des tensions sur les chaînes d'approvisionnement est différente aujourd'hui, mais le résultat pourrait être le même.
Le chiffre le plus élevé est comparable à la capacité bloquée en 2021 au plus fort de la crise liée à la COVID-19, telle que mesurée par l'indice de tension sur les chaînes d'approvisionnement mondiales mis au point par la Banque mondiale (figure 1). Cet indice est une estimation de la capacité immobilisée lorsque des retards excessifs sont constatés par rapport aux délais habituels de transport de port à port (ligne noire). Il est fortement corrélé aux volumes de fret, qui sont sensibles aux changements à court terme de l'offre et de la demande. La zone rose de la figure 1 indique les prévisions pour la période allant de janvier à mai 2024.
Figure 1 : L'indice de tension sur les chaînes d'approvisionnement mondiales a bondi au plus fort de la crise de la COVID-19 et devrait augmenter à nouveau si les attaques en mer Rouge se poursuivent.
Les taux spot ont encore plus augmenté (figure 2). Le tarif pour un trajet de l'Asie vers l'Europe a grimpé à plus de 3 000 dollars par conteneur de 40 pieds, soit trois fois plus que le tarif le plus bas en 2023 (environ 1 000 dollars). Cela pourrait refléter le fait que les exportateurs asiatiques se disputent à nouveau les créneaux d'expédition en prévision de perturbations majeures de la chaîne d'approvisionnement. Heureusement, les mois de janvier et février sont des périodes calmes pour le transport maritime, de sorte que la capacité existante suffira probablement à supporter l'allongement d'itinéraire dans les semaines à venir. Néanmoins, la poursuite des attaques navales jusqu'en mars pourrait à nouveau avoir un impact significatif sur le commerce international et les chaînes de valeur mondiales.
Figure 2 : Les taux spot depuis l'Asie ont commencé à grimper en flèche fin 2023.
Banque mondiale