G20 : les ministres de l’Energie plaident pour l’accès à l’électricité, mais peu pour le climat

Samedi 3 Octobre 2015

A quelques semaines de la COP 21, la toute première réunion des ministres de l’Energie du G20 prend une dimension particulière. Si les grandes puissances soutiennent un plan global d'accès à l’électricité, les déclarations sur les subventions accordées aux énergies fossiles ou en faveur du climat restent discrètes.


G20 : les ministres de l’Energie plaident pour l’accès à l’électricité, mais peu pour le climat
Pour l'occasion, - la première réunion des ministres de l'énergie de l'histoire du G20 - le président turc Recep Tayyip Erdoğan, les traits tirés et le visage grave, avait fait le déplacement. Devant un parterre de ministres et de représentants du monde de l'énergie, il n'a pas hésité à marteler les trois principes auxquels s'est engagée la présidence turque du G20 : inclure davantage les pays non membres du G20, la mise en application des recommandations des sommets précédents, et l'investissement pour doper la croissance.
Le président turc a également plaidé pour "la mise en œuvre d'une croissance durable et globale", tout en précisant que "cette stabilité était nécessaire". A quelques semaines de la COP 21, il ne pouvait évidemment pas omettre de glisser un mot sur la question du climat assurant que "la politique énergétique doit être définie à travers les énergies renouvelables et la sécurité énergétique". De leur côté, les ministres se sont finalement mis d'accord en fin de journée, ce vendredi 2 octobre, sur un communiqué final  qui reprend très largement les 9 principes détaillés à Brisbane (Australie) en 2014.

Un plan d'accès à l'énergie pour l'Afrique subsaharienne

"1,1 milliard de personnes vivent sans électricité, dont un grand nombre dans des régions défavorisées (...) L'accès à l'électricité est un facteur déterminant pour avoir un meilleur niveau de vie, vaincre la pauvreté et améliorer la croissance. L'accès insuffisant agit comme un obstacle au développement économique et social dans de nombreux pays", note le communiqué. Le constat n'est pas nouveau mais, cette fois, le G20 de l'énergie se félicite que la question de l'accès à l'énergie soit inscrite dans le programme de développement des Nations unies pour 2030. Il promet de faire en sorte que cet objectif soit accompli avant.
En priorité, le G20 s'est engagé à concentrer son action sur la situation en Afrique sub-saharienne, longuement discutée la veille avec de nombreux ministres africains. "Nous nous engageons au renforcement de la coopération du G20 dans son programme d'accès à l'énergie à travers le plan 2030". Au programme : développement, investissements, prise en compte des besoins et des contextes nationaux. Le défi est de taille :  dans cette région du monde 290 millions de personnes sur 915 millions sont privés d'électricité, et leur nombre ne cesse de croître.
Toujours dans une logique de coopération, les ministres des plus grandes puissances mondiales souhaitent rendre les institutions internationales de l'énergie plus représentatives pour les pays émergents et en développement. C'était déjà l'engagement numéro 2 du sommet de Brisbane.
Transparence des marchés énergétiques
Quatrième engagement du G20 pour l'énergie en 2014, les ministres réitèrent la nécessité de renforcer la transparence des marchés. "Nous pensons que la transparence et la compétitivité des marchés énergétiques sont des conditions sine qua non à la sécurité énergétique et pour encourager les investisseurs". L'initiative pour la transparence énergétique (JODI) sera donc "renforcée"  détaille communiqué.
Les ministres se disent prêts "à surveiller" l'évolution du programme. Ils reconnaissent également l'importance de rendre publiques ce type d'informations. S'ils s'engagent à renforcer la sécurité du marché énergétique, les ministres n'ont toutefois pas détaillé des propositions concrètes. Et se contentent de reconnaître la "nécessité de diversifier les sources d'énergie".
Réduire les énergies fossiles, un vœu pieux ?
En 2009, le G20 s'était déjà engagé à rationaliser et à réduire les subvention "inefficaces" aux énergies fossiles (pétrole, gaz et le charbon) afin d'encourager une consommation plus raisonnable. Six ans plus tard, le G20 "salue les progrès réalisés par un certain nombre de pays pour rationaliser et réduire les subventions aux énergies fossiles qui encouragent la surconsommation".
Pourtant, un rapport publié en novembre 2014 par Overseas Development Institute, un think tank indépendant et Oil Change International, une ONG pro-environnementale révèle que les pays du G20 accordent en moyenne 70 milliards d'euros par an à l'exploitation des énergies fossiles. Dans le détail, les deux organisations font le distinguo entre les subventions accordées par des entreprises d'Etat (49 milliards de dollars par année) des fonds versés via des aides publiques directes et des exemptions fiscales (23 milliards de dollars), et, enfin, des financements par les banques publiques dont la Banque mondiale (16 milliards de dollars).
Déclarations timides sur le climat
Enfin, le G20 souligne "l'importance des énergies renouvelables et son potentiel de croissance à long terme", et reconnait"l'importance des technologies innovantes" pour assurer à tous un accès à l'électricité. Les ministres ont également pris note du rapport de l'Agence de l'énergie internationale (AIE), présenté à Istanbul. Ce dernier prévoit un développement rapide des énergies renouvelables dans les prochaines années, passant de 22% en 2013 à 26% en 2020.  Et s'engagent à adopter une feuille de route de déploiement volontaire en faveur des énergies renouvelables.
Il faut toutefois attendre la fin du communiqué final pour que les ministres glissent un mot sur le changement climatique. Sur ce point, les ministres se contentent de soutenir le CCNUCC, la convention cadre des Nations unies pour le climat, dans sa démarche "pour négocier le changement climatique". Tout un symbole à quelques semaines de la COP 21.
Latribune.fr
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