La Syrie risque de s'inviter à l'ordre du jour du G20 qui s'ouvre jeudi 5 septembre à Saint-Pétersbourg. Les cinq membres du conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, France, Russie, Royaume-Uni et Chine), qui s'affrontent en ce moment sur l'opportunité de punir le régime de Bachar al-Assad, se retrouvent avec les 15 autres grandes économies de la planète pour parler croissance, fiscalité et finance.
En plein débat sur les preuves d'utilisation d'armes chimiques, pas sûr que le rééquilibrage de l'économie mondiale reste l'unique sujet de discussion des grandes puissances. Les prises de position des chefs d'Etat sur une potentielle intervention pourraient même faire de l'ombre aux nombreuses avancées que visaient initialement les participants au sommet.
Le sujet est pourtant de taille. Alors que l'Europe, l'Amérique du Nord et le Japon tentent de garder le cap de la sortie de crise, les pays émergents doivent gérer un atterrissage brutal. Les Etats-Unis attirent de nouveau les capitaux qui délaissent les pays émergents, en proie à l'inflation, au ralentissement économique et à la révolte sociale. Les grandes puissances doivent donc discuter monnaie et régulation financière.
Le G20 risque-t-il de servir de levier pour peser sur le dossier Syrien ? "On n'y trouve pas tout à fait les mêmes négociateurs qu'à l'Onu", note Denis Bauchard, spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut français des relations internationales (Ifri). Il semble en tout cas que la lutte contre l'évasion fiscale des multinationales, également à l'ordre du jour, n'en fera pas les frais. "Les sherpas en charge de négocier le communiqué final du sommet depuis des semaines n'ont pas reçu la consigne de traîner les pieds pour peser sur la géopolitique méditerranéenne", explique un fin connaisseur de la question.
Ils se sont même entendus sur un texte actant la généralisation de l'échange automatique de données bancaires, nouveau standard qui permettra - par exemple au fisc français - de mettre la main sur les comptes non déclarés à l'étranger. Quant aux travaux de l'OCDE sur l'imposition des grandes entreprises, ils devraient recevoir enfin le soutien politique nécessaire à leur mise en application, ainsi qu'un calendrier crédible. "Business as usual, nous voyons des positions consensuelles", explique-t-on peu avant l'ouverture.
Le G20 pourrait même être l'occasion pour certains conseillers économiques des grandes capitales de discuter entre deux couloirs de la question du pétrole. Car bien que les moteurs d'une potentielle intervention occidentale en Syrie restent "avant tout politiques", comme le rappelle Denis Bauchard, économiquement parlant, un accroissement des tensions dans la région ne serait pas sans conséquence. En raison de l'implication des principaux pays exportateurs de pétrole et de gaz.
Le prix du baril a déjà grimpé. "De 107 dollars en début d'année, il est passé à 115 dollars", note Jean-Louis Schilansky, directeur de l'Union française des industries pétrolières. "Pourtant la Syrie est un très faible producteur", explique Francis Perrin, rédacteur en chef de la revue "Pétroles et gaz arabes". Mais quand les traders regardent la situation politique, ils jouent à la hausse. "C'est une nouvelle source d'inquiétude sur les approvisionnements en hydrocarbures, qui s'ajoute aux agitations en Libye, aux attentats en Irak, et aux sanctions internationales en Iran, qui freinent la production, ainsi qu'aux tensions en Egypte, qui menacent le passage des pétroliers par le canal de Suez", rappelle-t-il.
Pour l'instant, la hausse profite aux exportateurs : les pays producteurs, leurs entreprises nationales, et les compagnies privées comme BP, Shell ou Total. L'Arabie saoudite fournit 9 des 90 millions de barils produits quotidiennement dans le monde. La Russie, également impliquée dans la guerre civile, mais côté Assad, est désormais le premier producteur d'hydrocarbures. Pour les importateurs comme l'Europe, en revanche, le renchérissement du coût de l'énergie est une très mauvaise nouvelle, qui risque de peser sur le prix à la pompe et la facture de gaz.
Pour l'instant, l'Arabie saoudite a les moyens d'augmenter sa production pour contenir la hausse. Mais en cas d'intervention, gare au choc pétrolier. "L'Iran pourrait viser certains bâtiments dans le détroit d'Ormuz", explique Denis Bauchard. L'impact ne se limiterait pas aux pays occidentaux. Cela poserait problème à un soutien de l'Iran et de la Syrie au conseil de sécurité de l'Onu : la Chine. Le pays importe 20% de son pétrole d'Arabie saoudite. "Les Chinois auraient alors besoin de la flotte américaine pour sécuriser leurs approvisionnements", explique Jean-François Dufour, de DCA Chine-analyse. Dans ce scénario, la croissance mondiale prendrait un sérieux coup.
Lenouvelobservateur
En plein débat sur les preuves d'utilisation d'armes chimiques, pas sûr que le rééquilibrage de l'économie mondiale reste l'unique sujet de discussion des grandes puissances. Les prises de position des chefs d'Etat sur une potentielle intervention pourraient même faire de l'ombre aux nombreuses avancées que visaient initialement les participants au sommet.
Le sujet est pourtant de taille. Alors que l'Europe, l'Amérique du Nord et le Japon tentent de garder le cap de la sortie de crise, les pays émergents doivent gérer un atterrissage brutal. Les Etats-Unis attirent de nouveau les capitaux qui délaissent les pays émergents, en proie à l'inflation, au ralentissement économique et à la révolte sociale. Les grandes puissances doivent donc discuter monnaie et régulation financière.
Business as usual...
Ils se sont même entendus sur un texte actant la généralisation de l'échange automatique de données bancaires, nouveau standard qui permettra - par exemple au fisc français - de mettre la main sur les comptes non déclarés à l'étranger. Quant aux travaux de l'OCDE sur l'imposition des grandes entreprises, ils devraient recevoir enfin le soutien politique nécessaire à leur mise en application, ainsi qu'un calendrier crédible. "Business as usual, nous voyons des positions consensuelles", explique-t-on peu avant l'ouverture.
Le G20 pourrait même être l'occasion pour certains conseillers économiques des grandes capitales de discuter entre deux couloirs de la question du pétrole. Car bien que les moteurs d'une potentielle intervention occidentale en Syrie restent "avant tout politiques", comme le rappelle Denis Bauchard, économiquement parlant, un accroissement des tensions dans la région ne serait pas sans conséquence. En raison de l'implication des principaux pays exportateurs de pétrole et de gaz.
La menace d'un choc pétrolier
Pour l'instant, la hausse profite aux exportateurs : les pays producteurs, leurs entreprises nationales, et les compagnies privées comme BP, Shell ou Total. L'Arabie saoudite fournit 9 des 90 millions de barils produits quotidiennement dans le monde. La Russie, également impliquée dans la guerre civile, mais côté Assad, est désormais le premier producteur d'hydrocarbures. Pour les importateurs comme l'Europe, en revanche, le renchérissement du coût de l'énergie est une très mauvaise nouvelle, qui risque de peser sur le prix à la pompe et la facture de gaz.
Pour l'instant, l'Arabie saoudite a les moyens d'augmenter sa production pour contenir la hausse. Mais en cas d'intervention, gare au choc pétrolier. "L'Iran pourrait viser certains bâtiments dans le détroit d'Ormuz", explique Denis Bauchard. L'impact ne se limiterait pas aux pays occidentaux. Cela poserait problème à un soutien de l'Iran et de la Syrie au conseil de sécurité de l'Onu : la Chine. Le pays importe 20% de son pétrole d'Arabie saoudite. "Les Chinois auraient alors besoin de la flotte américaine pour sécuriser leurs approvisionnements", explique Jean-François Dufour, de DCA Chine-analyse. Dans ce scénario, la croissance mondiale prendrait un sérieux coup.
Lenouvelobservateur