Mais là n'est peut-être pas l'essentiel. Cette vague de protestation, qui fait suite à de précédentes manifestations au début de l'été et en novembre 2012, lève le voile sur un aspect de la reprise économique que les Etats-Unis sont en train de découvrir. Les salariés des services, à commencer par les 2,5 millions employés de fast-foods, constituent le gros du bataillon des travailleurs qui réussissent à retrouver un emploi après la crise, contribuant ainsi à faire baisser le taux de chômage, qui s'établissait en juillet à 7,4 % de la population (le taux réel est certainement plus du double lorsqu'on intègre tous les sans-emploi, qui, pour des raisons diverses ont renoncé à chercher un travail). Au cours des deux dernières années, les créations d'emploi dans les services (restauration, distribution, hôtellerie etc.) se sont élevées à 1,7 million, représentant 43 % du total des créations d'emploi. Mais à quel prix ? C'est la question que souhaitent poser en filigrane les protestataires. "Les propriétaires des chaînes de fast-food voudraient nous faire croire que ces salariés sont essentiellement des 'teenagers'. Ce n'est pas le cas, affirme Latisha James, une conseillère municipale de la ville de New York chargée des affaires familiales, qui participait jeudi aux manifestations sur Union Square à Manhattan. Ce sont surtout des femmes, qui ont des enfants et qui se battent pour joindre les deux bouts. C'est une question de justice économique."
UN POUVOIR D'ACHAT EN CHUTE LIBRE
Selon les statistiques fédérales, le salaire des employés de fast-food est en moyenne de 8,74 dollars de l'heure. Il existe également une sous-catégorie de salariés, les "tipped workers", employés payés au pourboire, qui eux bénéficient d'un salaire minimum de 2,13 de l'heure, qui n'a pas été revalorisé depuis 1991."En terme de pouvoir d'achat, le niveau du salaire minimum est 30 % en-dessous de ce qu'il était en 1968", dénonce le National Employment Law Project (NELP), une association de défense des travailleurs pauvres. Cette situation tient beaucoup au lobbying efficace de la National Restaurant Association (NRA, à ne pas confondre avec le puissant lobby des armes à feu, la National Rifle Association) qui, comme elle l'explique sur son site Internet est parvenue à stopper les hausses de salaires dans 27 des 29 Etats qui comptaient relever les minima légaux. De la même façon, la NRA s'est opposée à l'instauration d'un congé maladie dans une douzaine d'Etats. L'argument avancé par la chaînes de restauration est toujours le même : une augmentation des salaires ou des avantages tuerait des emplois.
De son côté, la NELP fait remarquer que, au cours de la reprise économique que connaît actuellement le pays, les emplois les moins bien payés ont augmenté 2,7 fois plus vite que ceux qui se situent dans le milieu de la fourchette et les emplois les mieux payés. "Cette grève est une illustration de la grande frustration qui monte depuis longtemps. Cela reflète le fait que les gens sont vraiment concernés par l'accroissement des inégalités, estime Arne Kalleberg, professeur de sociologie à l'université de Caroline du Nord, interrogé par le New York Times. Un porte-parole de l'enseigne Wendy's, interrogé vendredi par le Wall Street Journal, répondait : "Nous sommes fiers que Wendy's permette à des gens possédant des parcours et des niveaux d'éducation différents d'entrer dans le monde du travail". En tout cas, le gouvernement semble vouloir s'emparer du sujet. Le secrétaire au travail, Thomas E. Perez, a déclaré que ces grèves illustraient une évidence : les salaires doivent augmenter. De combien ? Le président, Barack Obama, a déjà déclaré qu'il était favorable à un salaire minimum de 9 dollars. Mais les Républicains sont de leur côté sur la même longueur d'onde que le lobby de la restauration : toute hausse de salaire aurait inévitablement des conséquences négatives sur l'emploi.
Lemonde.fr
UN POUVOIR D'ACHAT EN CHUTE LIBRE
Selon les statistiques fédérales, le salaire des employés de fast-food est en moyenne de 8,74 dollars de l'heure. Il existe également une sous-catégorie de salariés, les "tipped workers", employés payés au pourboire, qui eux bénéficient d'un salaire minimum de 2,13 de l'heure, qui n'a pas été revalorisé depuis 1991."En terme de pouvoir d'achat, le niveau du salaire minimum est 30 % en-dessous de ce qu'il était en 1968", dénonce le National Employment Law Project (NELP), une association de défense des travailleurs pauvres. Cette situation tient beaucoup au lobbying efficace de la National Restaurant Association (NRA, à ne pas confondre avec le puissant lobby des armes à feu, la National Rifle Association) qui, comme elle l'explique sur son site Internet est parvenue à stopper les hausses de salaires dans 27 des 29 Etats qui comptaient relever les minima légaux. De la même façon, la NRA s'est opposée à l'instauration d'un congé maladie dans une douzaine d'Etats. L'argument avancé par la chaînes de restauration est toujours le même : une augmentation des salaires ou des avantages tuerait des emplois.
De son côté, la NELP fait remarquer que, au cours de la reprise économique que connaît actuellement le pays, les emplois les moins bien payés ont augmenté 2,7 fois plus vite que ceux qui se situent dans le milieu de la fourchette et les emplois les mieux payés. "Cette grève est une illustration de la grande frustration qui monte depuis longtemps. Cela reflète le fait que les gens sont vraiment concernés par l'accroissement des inégalités, estime Arne Kalleberg, professeur de sociologie à l'université de Caroline du Nord, interrogé par le New York Times. Un porte-parole de l'enseigne Wendy's, interrogé vendredi par le Wall Street Journal, répondait : "Nous sommes fiers que Wendy's permette à des gens possédant des parcours et des niveaux d'éducation différents d'entrer dans le monde du travail". En tout cas, le gouvernement semble vouloir s'emparer du sujet. Le secrétaire au travail, Thomas E. Perez, a déclaré que ces grèves illustraient une évidence : les salaires doivent augmenter. De combien ? Le président, Barack Obama, a déjà déclaré qu'il était favorable à un salaire minimum de 9 dollars. Mais les Républicains sont de leur côté sur la même longueur d'onde que le lobby de la restauration : toute hausse de salaire aurait inévitablement des conséquences négatives sur l'emploi.
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