Monsieur Komara, bientôt deux ans que vous êtes à la tête de l’OMVS. Quels sont les faits saillants de ces 2 années de mandat?
Ce furent 2 années intenses pendant lesquelles les dossiers de l’Organisation ont été gérés au pas de charge, grâce à l’engagement de tous mes collaborateurs et des autres responsables du système OMVS, sans compter le soutien sans faille de nos plus hautes autorités. Si je devais esquisser un bilan, j’aimerais d’abord évoquer, dans le secteur de l’Energie, l’inauguration de notre 3ème ouvrage, le barrage hydroélectrique de Félou, qui injecte 320 à 350 GWH/ AN supplémentaires sur le réseau ; et l’élaboration d’une Politique Energétique Commune des pays membres de l’OMVS et du Plan Directeur de Développement du Réseau de Transport Electrique de l’OMVS. Par ailleurs les Chefs d’Etat nous ont donné à Conakry une nouvelle inspiration pour l’accélération de la réalisation du futur barrage hydroélectrique de Koukoutamba. J’aimerais aussi évoquer la négociation, avec la Banque Mondiale et d’autres partenaires, du financement de la seconde phase du Programme de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (le PGIRE 2) dont l’enveloppe (212,5 millions USD) a doublé; Le Projet PGIRE a été formulé pour renforcer l’intégration régionale entre les Etats membres, impulser la croissance et améliorer très sensiblement les revenus des communautés par le développement des usages multiples de l’eau. C’est la première fois qu’un financement de cette importance est consacré au développement local depuis la création de l’Omvs. Au plan interne, nous avons conduit avec succès le processus d’harmonisation des salaires au sein du système OMVS, qui s’est traduit par une augmentation appréciable des revenus des travailleurs, et ceci essentiellement à partir d’économies budgétaires.
La navigabilité, l’édification des barrages et la production d’électricité à partir de l’énergie hydroélectrique font partie des missions de l’organisation. Où en est-on avec ces trois volets ?
Des efforts énormes sont en train d’être fournis par l’ensemble des structures du système par rapport à ces deux secteurs d’activités qui regroupent l’essentiel des projets structurants de seconde génération de l’OMVS. Pour ce qui est de la navigation, des actes décisifs ont été posés en vue du démarrage effectif des activités de transport sur le fleuve Sénégal. Nous avons procédé à la signature des contrats de travaux et de supervision des travaux de dragage des chenaux d’accès et des aires d’accostage aux quais de Rosso (Mauritanie), Podor (Sénégal) et Ambidédi (Mali). La délimitation physique des domaines de la rive gauche et du port fluvial terminus d’Ambidédi est faite. Les documents de consultation pour la réalisation des études APD de la rénovation et la modernisation de l’écluse du barrage de Diama, du port fluviomaritime de Saint-Louis, de l’aménagement du chenal navigable et de l’évaluation de l’impact environnemental et social des travaux de réalisation des infrastructures portuaires et de l’aménagement du chenal navigable ont été élaborés. Nous avons aussi engagé la concertation avec les sociétés minières et les développeurs de projets le long du fleuve, dans l’optique de capter un marché potentiel de transport à terme. Le dernier jalon décisif est la signature, le 11 mars 2015, par les Chefs d’Etat des quatre pays membres, du Code international
de la navigation et des transports sur le fleuve Sénégal.
Si nous en venons au secteur de l’Energie, je signalerai, entre autres faits notables, la mise en place d’une société filiale de SOGEM chargée d’assurer l’exploitation des installations de Manantali et de Félou, suite au retrait de Eskom Energie de Manantali-EEM.sa. La filiale dénommée SEMAF.sa (Société d’exploitation de Manantali et Félou) opère normalement depuis le 1er juillet 2014, pour une durée de 4 ans. Nous sommes, par ailleurs, bien avancés dans la préparation des prochains ouvrages: les dernières conditionnalités sont en train d’être remplies pour un démarrage très prochain des travaux du barrage de Gouina ; les études complémentaires du projet d’aménagement hydroélectrique de Koukoutamba ainsi que les études du barrage de Bouréya sont financées par la Banque mondiale dans le cadre du PGIRE ; le processus de bouclage du financement de Koukoutamba va être accéléré ; le barrage à buts multiples
de Gourbassi, d’un coût global de 250 millions USD, est inscrit parmi les 50 projets prioritaires du continent Africain dans le cadre du Programme de Développement des Infrastructures de l’Afrique (PIDA) du NEPAD.
Par ailleurs, nous avons inscrit la réalisation des lignes haute tension pour l’évacuation du productible de Gouina vers le Mali, la Mauritanie et le Sénégal dans le projet Patrimoine Energie de la SOGEM. La seconde phase du même projet prévoit l’étude et la construction d’une ligne haute tension d’interconnexion avec la centrale de Koukoutamba en Guinée, et la construction d’une ligne Koukoutamba- Conakry.
Le financement et l’entretien des barrages en référence à Diama, Manantali, Félou et Gouina en ce moment pose un problème d’endettement qui n’est pas évident pour les pays membres. Ya-t-il des alternatives?
Il est vrai que le financement et l’entretien des gros ouvrages tels que les barrages peuvent souvent poser des problèmes de financement. Mais, pour ce qui concerne les ouvrages cités, il convient de faire une distinction entre financement de l’investissement et celui de l’entretien. Pour ce qui est du financement de l’investissement, les barrages de Diama, Manantali, Félou et Gouina, ne sont pas concernés. Les trois premiers sont déjà fonctionnels. Le coût d’investissement du 4ème, Gouina, est totalement supporté par Eximbank de Chine à hauteur de 95%, et par la Société de Gestion de Manantali pour les 5% restant.
Quant au financement de l’entretien, Félou est en exploitation depuis un an seulement. Il est exploité par la société qui l’a construit et donc, pour le moment, il ne rencontre pas de problème majeur d’entretien. Gouina est au stade de construction. Par contre, pour l’entretien et la maintenance des barrages de Diama et de Manantali, des problèmes de financement se sont posés, mais ils sont en cours d’être résolus.
Il faut reconnaître que le barrage de Diama et ses ouvrages annexes et connexes, n’ont jamais fait l’objet d’entretien majeur depuis leur mise en service. A ce souci, il faut ajouter la vieillesse de l’ouvrage et l’existence d’un environnement agressif (plantes nuisibles, ensablement etc). Face à cette situation, nous avons mis au point un programme de rénovation et de réhabilitation du barrage et de ses ouvrages annexes et connexes. Le coût global de ce programme, qui s’élève à 70 millions USD, est financé partiellement, pour 10 millions USD, par la Banque mondiale, à travers le PGIRE2. Les démarches sont en cours, en relation avec les 4 Etats, pour la mobilisation des 60 millions USD restants. Concernant le barrage de Manantali, les installations avaient, elles aussi, commencé à montrer des signes de faiblesse et de disfonctionnement important qui requièrent une intervention rapide. En effet, trois groupes de la centrale avaient enregistré des pannes successives en 2013. Face à cette situation, la nouvelle équipe de la SOGEM a lancé un vaste projet de 420 milliards de francs CFA pour la remise en état, le renouvellement et le renforcement de son patrimoine Energie.
La Banque Mondiale cofinancera ce projet dans le cadre de l’Initiative Sahel, par une enveloppe substantielle de
150 millions UDS. Une partie de ce financement complétera les efforts propres de la SOGEM pour la réhabilitation du patrimoine existant, le reste sera consacré au renforcement et à l’extension du réseau existant. Des démarches sont menées vers d’autres bailleurs de fonds pour boucler le financement nécessaire à ce programme d’extension et de modernisation de notre reseau. Il faut noter bien entendu, qu’une partie du financement sera apportée par la SOGEM elle-même.
A moyen terme, pourrait-imaginer une OMVS exportatrice d’énergie dans la sous-région?
Conformément à la Politique Energétique Commune (PEC) de l’OMVS, l’équilibre offre / demande d’énergie électrique dans l’espace OMVS, dans la période 2014-2030 laisse apparaitre une marge relativement confortable variant de 163 MW en 2014 à 710 MW en 2030. Ce solde positif permettra à l’OMVS, dans sa politique d’interconnexion avec les autres réseaux d’électricité de la sous région, comme celui du WAPP , de placer une partie de sa production dans un espace régional plus grand.
Comment se répartit le budget de fonctionnement de l’OMVS entre les différents pays qui le composent ? Quelle est la part des bailleurs de fonds?
Les bailleurs de fonds n’interviennent pas dans le financement des budgets de fonctionnement des structures du système OMVS qui sont entièrement supportés par les Etats membres. Les ressources dégagées par ces derniers à cet effet, sont reparties de façon équitable. Conscient que ces efforts pèsent énormément, depuis la création de l’OMVS, sur les budgets des Etats, le Haut- commissariat de l’OMVS, sur instruction de ses organes délibérants (Conseil de Ministres et Conférence des Chef d’Etat et de Gouvernement) a entrepris un processus d’étude d’un mécanisme de financement autonome. Cette étude sera lancée dans les meilleurs délais.
Aujourd’hui, quelles sont vos principales priorités à la tête de cette institution ?
Les priorités de l’OMVS résultent des directives des XVème et XVIème Conférences des Chefs d’Etat et de Gouvernement tenues respectivement en mars 2013 à Nouakchott (Mauritanie) et mars 2015 à Conakry (Guinée). Ces directives portent sur la réalisation des projets de sécurité alimentaire et de réduction du déficit énergétique important qui fragilise le développement des économies des pays membres. En substance, il s’agit des projets dits de seconde génération, qui englobent la réalisation des prochains barrages cités plus haut, la construction des réseaux d’interconnexion au Réseau Interconnecté de l’OMVS et au Réseau Interconnecté de Manantali, dans le domaine de l’Energie ; la réalisation des deux composantes du Système Intégré de Transport Multimodal (SITRAM). Le premier volet du SITRAM est la Navigation de base, qui prévoit : l’aménagement d’un chenal fluvial, d’une largeur de 35m, la construction d’un port fluvial à Ambidédi (Mali) et d’un port fluvio-maritime à Saint Louis (Sénégal), la construction d’une dizaine d’escales portuaires sur les 2 rives au Sénégal et en Mauritanie. Le second volet est le volet Transport minéralier sur le fleuve. Il facilitera l’exploitation et l’évacuation à moindre cout des différentes richesses minières existant le long du fleuve dans les 3 pays. Cette composante prévoit : la construction d’un port maritime en eau profonde aux environs de Saint Louis, de quais minéraliers a Matam et Boghé dans un premier temps, l’extension de l’aménagement du chenal navigable à 75m de largeur, à terme, la construction de quais minéraliers au Mali.
Pour les autres axes prioritaires, il s’agit également de la réhabilitation du barrage de Diama, du démarrage effectif du PGIRE 2 et de la mobilisation du financement du Plan d’Action Régional pour l’Amélioration des Cultures Irriguées, PARACI, pour les volets développement de l’agriculture et adduction d’eau.
Monsieur le Haut Commissaire, l’Union Européenne est née autour d’un marché commun du charbon et de l’acier. L’OMVS n’est-elle pas, au-delà de ses objectifs techniques, un projet concret d’intégration économique et politique ouest-africaine ?
Je crois pouvoir dire que c’était, dès l’origine, la vision qu’en avaient les pères fondateurs. La création de l’OMVS en 1972 résulte de la volonté des dirigeants des trois pays membres fondateurs (Mali, Mauritanie et Sénégal), rejoints en 2006 par la Guinée, d’appliquer une approche transfrontalière dans l’exploitation rationnelle des ressources, pour engager solidairement les investissements nécessaires, stimuler la croissance dans les pays et améliorer les conditions de vie des populations. Cette vision constitue, donc, un véritable projet d’intégration économique des Etats membres. Mais par delà les enjeux économiques, il y a une sincère volonté de renforcer la cohésion entre les peuples, la paix et la fraternité. Le dernier témoignage en sens date de la XVIème Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement du 11 mars 2015, qui s’est tenue à Conakry ; à cette occasion les 4 Présidents ont rendu un bel hommage à l’histoire et aux valeurs de l’OMVS, et réaffirmé leur attachement à l’Organisation sous–régionale. j’estime que c’est là un solide gage de confiance dans les capacités de l’OMVS à relever les défis à venir.
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Ce furent 2 années intenses pendant lesquelles les dossiers de l’Organisation ont été gérés au pas de charge, grâce à l’engagement de tous mes collaborateurs et des autres responsables du système OMVS, sans compter le soutien sans faille de nos plus hautes autorités. Si je devais esquisser un bilan, j’aimerais d’abord évoquer, dans le secteur de l’Energie, l’inauguration de notre 3ème ouvrage, le barrage hydroélectrique de Félou, qui injecte 320 à 350 GWH/ AN supplémentaires sur le réseau ; et l’élaboration d’une Politique Energétique Commune des pays membres de l’OMVS et du Plan Directeur de Développement du Réseau de Transport Electrique de l’OMVS. Par ailleurs les Chefs d’Etat nous ont donné à Conakry une nouvelle inspiration pour l’accélération de la réalisation du futur barrage hydroélectrique de Koukoutamba. J’aimerais aussi évoquer la négociation, avec la Banque Mondiale et d’autres partenaires, du financement de la seconde phase du Programme de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (le PGIRE 2) dont l’enveloppe (212,5 millions USD) a doublé; Le Projet PGIRE a été formulé pour renforcer l’intégration régionale entre les Etats membres, impulser la croissance et améliorer très sensiblement les revenus des communautés par le développement des usages multiples de l’eau. C’est la première fois qu’un financement de cette importance est consacré au développement local depuis la création de l’Omvs. Au plan interne, nous avons conduit avec succès le processus d’harmonisation des salaires au sein du système OMVS, qui s’est traduit par une augmentation appréciable des revenus des travailleurs, et ceci essentiellement à partir d’économies budgétaires.
La navigabilité, l’édification des barrages et la production d’électricité à partir de l’énergie hydroélectrique font partie des missions de l’organisation. Où en est-on avec ces trois volets ?
Des efforts énormes sont en train d’être fournis par l’ensemble des structures du système par rapport à ces deux secteurs d’activités qui regroupent l’essentiel des projets structurants de seconde génération de l’OMVS. Pour ce qui est de la navigation, des actes décisifs ont été posés en vue du démarrage effectif des activités de transport sur le fleuve Sénégal. Nous avons procédé à la signature des contrats de travaux et de supervision des travaux de dragage des chenaux d’accès et des aires d’accostage aux quais de Rosso (Mauritanie), Podor (Sénégal) et Ambidédi (Mali). La délimitation physique des domaines de la rive gauche et du port fluvial terminus d’Ambidédi est faite. Les documents de consultation pour la réalisation des études APD de la rénovation et la modernisation de l’écluse du barrage de Diama, du port fluviomaritime de Saint-Louis, de l’aménagement du chenal navigable et de l’évaluation de l’impact environnemental et social des travaux de réalisation des infrastructures portuaires et de l’aménagement du chenal navigable ont été élaborés. Nous avons aussi engagé la concertation avec les sociétés minières et les développeurs de projets le long du fleuve, dans l’optique de capter un marché potentiel de transport à terme. Le dernier jalon décisif est la signature, le 11 mars 2015, par les Chefs d’Etat des quatre pays membres, du Code international
de la navigation et des transports sur le fleuve Sénégal.
Si nous en venons au secteur de l’Energie, je signalerai, entre autres faits notables, la mise en place d’une société filiale de SOGEM chargée d’assurer l’exploitation des installations de Manantali et de Félou, suite au retrait de Eskom Energie de Manantali-EEM.sa. La filiale dénommée SEMAF.sa (Société d’exploitation de Manantali et Félou) opère normalement depuis le 1er juillet 2014, pour une durée de 4 ans. Nous sommes, par ailleurs, bien avancés dans la préparation des prochains ouvrages: les dernières conditionnalités sont en train d’être remplies pour un démarrage très prochain des travaux du barrage de Gouina ; les études complémentaires du projet d’aménagement hydroélectrique de Koukoutamba ainsi que les études du barrage de Bouréya sont financées par la Banque mondiale dans le cadre du PGIRE ; le processus de bouclage du financement de Koukoutamba va être accéléré ; le barrage à buts multiples
de Gourbassi, d’un coût global de 250 millions USD, est inscrit parmi les 50 projets prioritaires du continent Africain dans le cadre du Programme de Développement des Infrastructures de l’Afrique (PIDA) du NEPAD.
Par ailleurs, nous avons inscrit la réalisation des lignes haute tension pour l’évacuation du productible de Gouina vers le Mali, la Mauritanie et le Sénégal dans le projet Patrimoine Energie de la SOGEM. La seconde phase du même projet prévoit l’étude et la construction d’une ligne haute tension d’interconnexion avec la centrale de Koukoutamba en Guinée, et la construction d’une ligne Koukoutamba- Conakry.
Le financement et l’entretien des barrages en référence à Diama, Manantali, Félou et Gouina en ce moment pose un problème d’endettement qui n’est pas évident pour les pays membres. Ya-t-il des alternatives?
Il est vrai que le financement et l’entretien des gros ouvrages tels que les barrages peuvent souvent poser des problèmes de financement. Mais, pour ce qui concerne les ouvrages cités, il convient de faire une distinction entre financement de l’investissement et celui de l’entretien. Pour ce qui est du financement de l’investissement, les barrages de Diama, Manantali, Félou et Gouina, ne sont pas concernés. Les trois premiers sont déjà fonctionnels. Le coût d’investissement du 4ème, Gouina, est totalement supporté par Eximbank de Chine à hauteur de 95%, et par la Société de Gestion de Manantali pour les 5% restant.
Quant au financement de l’entretien, Félou est en exploitation depuis un an seulement. Il est exploité par la société qui l’a construit et donc, pour le moment, il ne rencontre pas de problème majeur d’entretien. Gouina est au stade de construction. Par contre, pour l’entretien et la maintenance des barrages de Diama et de Manantali, des problèmes de financement se sont posés, mais ils sont en cours d’être résolus.
Il faut reconnaître que le barrage de Diama et ses ouvrages annexes et connexes, n’ont jamais fait l’objet d’entretien majeur depuis leur mise en service. A ce souci, il faut ajouter la vieillesse de l’ouvrage et l’existence d’un environnement agressif (plantes nuisibles, ensablement etc). Face à cette situation, nous avons mis au point un programme de rénovation et de réhabilitation du barrage et de ses ouvrages annexes et connexes. Le coût global de ce programme, qui s’élève à 70 millions USD, est financé partiellement, pour 10 millions USD, par la Banque mondiale, à travers le PGIRE2. Les démarches sont en cours, en relation avec les 4 Etats, pour la mobilisation des 60 millions USD restants. Concernant le barrage de Manantali, les installations avaient, elles aussi, commencé à montrer des signes de faiblesse et de disfonctionnement important qui requièrent une intervention rapide. En effet, trois groupes de la centrale avaient enregistré des pannes successives en 2013. Face à cette situation, la nouvelle équipe de la SOGEM a lancé un vaste projet de 420 milliards de francs CFA pour la remise en état, le renouvellement et le renforcement de son patrimoine Energie.
La Banque Mondiale cofinancera ce projet dans le cadre de l’Initiative Sahel, par une enveloppe substantielle de
150 millions UDS. Une partie de ce financement complétera les efforts propres de la SOGEM pour la réhabilitation du patrimoine existant, le reste sera consacré au renforcement et à l’extension du réseau existant. Des démarches sont menées vers d’autres bailleurs de fonds pour boucler le financement nécessaire à ce programme d’extension et de modernisation de notre reseau. Il faut noter bien entendu, qu’une partie du financement sera apportée par la SOGEM elle-même.
A moyen terme, pourrait-imaginer une OMVS exportatrice d’énergie dans la sous-région?
Conformément à la Politique Energétique Commune (PEC) de l’OMVS, l’équilibre offre / demande d’énergie électrique dans l’espace OMVS, dans la période 2014-2030 laisse apparaitre une marge relativement confortable variant de 163 MW en 2014 à 710 MW en 2030. Ce solde positif permettra à l’OMVS, dans sa politique d’interconnexion avec les autres réseaux d’électricité de la sous région, comme celui du WAPP , de placer une partie de sa production dans un espace régional plus grand.
Comment se répartit le budget de fonctionnement de l’OMVS entre les différents pays qui le composent ? Quelle est la part des bailleurs de fonds?
Les bailleurs de fonds n’interviennent pas dans le financement des budgets de fonctionnement des structures du système OMVS qui sont entièrement supportés par les Etats membres. Les ressources dégagées par ces derniers à cet effet, sont reparties de façon équitable. Conscient que ces efforts pèsent énormément, depuis la création de l’OMVS, sur les budgets des Etats, le Haut- commissariat de l’OMVS, sur instruction de ses organes délibérants (Conseil de Ministres et Conférence des Chef d’Etat et de Gouvernement) a entrepris un processus d’étude d’un mécanisme de financement autonome. Cette étude sera lancée dans les meilleurs délais.
Aujourd’hui, quelles sont vos principales priorités à la tête de cette institution ?
Les priorités de l’OMVS résultent des directives des XVème et XVIème Conférences des Chefs d’Etat et de Gouvernement tenues respectivement en mars 2013 à Nouakchott (Mauritanie) et mars 2015 à Conakry (Guinée). Ces directives portent sur la réalisation des projets de sécurité alimentaire et de réduction du déficit énergétique important qui fragilise le développement des économies des pays membres. En substance, il s’agit des projets dits de seconde génération, qui englobent la réalisation des prochains barrages cités plus haut, la construction des réseaux d’interconnexion au Réseau Interconnecté de l’OMVS et au Réseau Interconnecté de Manantali, dans le domaine de l’Energie ; la réalisation des deux composantes du Système Intégré de Transport Multimodal (SITRAM). Le premier volet du SITRAM est la Navigation de base, qui prévoit : l’aménagement d’un chenal fluvial, d’une largeur de 35m, la construction d’un port fluvial à Ambidédi (Mali) et d’un port fluvio-maritime à Saint Louis (Sénégal), la construction d’une dizaine d’escales portuaires sur les 2 rives au Sénégal et en Mauritanie. Le second volet est le volet Transport minéralier sur le fleuve. Il facilitera l’exploitation et l’évacuation à moindre cout des différentes richesses minières existant le long du fleuve dans les 3 pays. Cette composante prévoit : la construction d’un port maritime en eau profonde aux environs de Saint Louis, de quais minéraliers a Matam et Boghé dans un premier temps, l’extension de l’aménagement du chenal navigable à 75m de largeur, à terme, la construction de quais minéraliers au Mali.
Pour les autres axes prioritaires, il s’agit également de la réhabilitation du barrage de Diama, du démarrage effectif du PGIRE 2 et de la mobilisation du financement du Plan d’Action Régional pour l’Amélioration des Cultures Irriguées, PARACI, pour les volets développement de l’agriculture et adduction d’eau.
Monsieur le Haut Commissaire, l’Union Européenne est née autour d’un marché commun du charbon et de l’acier. L’OMVS n’est-elle pas, au-delà de ses objectifs techniques, un projet concret d’intégration économique et politique ouest-africaine ?
Je crois pouvoir dire que c’était, dès l’origine, la vision qu’en avaient les pères fondateurs. La création de l’OMVS en 1972 résulte de la volonté des dirigeants des trois pays membres fondateurs (Mali, Mauritanie et Sénégal), rejoints en 2006 par la Guinée, d’appliquer une approche transfrontalière dans l’exploitation rationnelle des ressources, pour engager solidairement les investissements nécessaires, stimuler la croissance dans les pays et améliorer les conditions de vie des populations. Cette vision constitue, donc, un véritable projet d’intégration économique des Etats membres. Mais par delà les enjeux économiques, il y a une sincère volonté de renforcer la cohésion entre les peuples, la paix et la fraternité. Le dernier témoignage en sens date de la XVIème Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement du 11 mars 2015, qui s’est tenue à Conakry ; à cette occasion les 4 Présidents ont rendu un bel hommage à l’histoire et aux valeurs de l’OMVS, et réaffirmé leur attachement à l’Organisation sous–régionale. j’estime que c’est là un solide gage de confiance dans les capacités de l’OMVS à relever les défis à venir.
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